Résumé : Elka n’a aucun souvenir de sa vie d’avant. D’avant le Grand Basculement qui a renvoyé le monde à la vie sauvage et restauré la loi du plus fort. Recueillie à l’âge de sept ans par Trappeur, un chasseur solitaire, alors qu’elle errait affamée, elle a appris à survivre dans la forêt. Mais Trappeur dissimule un horrible secret. Trappeur est un tueur. Un monstre qui n’a jamais laissé aucune proie s’échapper.
Maintenant qu’elle le sait, Elka décide de s’enfuir. Armée de son seul couteau, traquée par le prédateur qui l’a élevée, elle part vers le Nord, à la recherche de ses vrais parents.
Son voyage au cœur des ténèbres commence, hanté par les souvenirs qui lui reviennent peu à peu. Féroce et vulnérable à la fois, indomptable et sensible, Elka n’est peut-être pas celle qu’elle croit
Auteur : Beth Lewis
Edition : Bragelonne
Genre : Thriller
Date de parution : 18 janvier 2017
Prix moyen : 22€
Mon avis : Dans ce livre, on se retrouve dans une société post apocalyptique, après qu’une guerre, nommée « la chute » ou « la grosse cata » ait ramené la civilisation plusieurs siècles en arrière.
Dans ce monde dur et hostile règne la loi du plus fort et même les marshals, qui font régner une justice impitoyable et aveugle, sont plus féroces que les pires bandits.
Les retombées des bombes tombées pendant le conflit ont créées l’apparition de « tempêtes-monstres » dévastatrices. C’est pendant l’une d’elle que l’héroïne perd sa grand-mère, sa seule famille depuis que ses parents l’ont laissé sous sa garde pour aller chercher fortune dans le nord.
Nommée Elka par l’homme qui l’a recueillie dans la forêt et qui va l’élever, elle apprend tout ce qu’elle doit savoir pour survivre dans cet univers hostile : chasser, allumer un feu, repérer des traces, s’orienter etc…
Elle grandit ainsi aux côté de celui qu’elle appelle Trappeur jusqu'à jour où un marshal, Jennifer Lyon, lui apprend la vérité sur celui qu’elle considère comme son père : Trappeur, de son vrai nom Kreagar est un prédateur de la pire espèce, coupable d’une dizaine de meurtres sordides. D’abord incrédule, Elka additionne certains des comportements de Trappeur et, convaincue, décide de ficher le camp.
A partir de là, commence un vraie chasse à l’homme. Kreagar poursuit Elka, même si elle ne le sait pas pendant une grande partie du roman contrairement à nous, lecteur, car elle nous raconte l’histoire après les faits et du coup à un recul lui permettant de nous en dire plus que ce qu’elle savait elle-même au moment où elle a vécu les évènements. Le marshal Lyon poursuit Kreagar et Elka, qu’elle soupçonne de complicité. Enfin Elka poursuit un rêve : retrouver ses vrais parents.
Elka est forte, volontaire, indépendante, débrouillarde, en revanche elle est d’une naïveté affligeante, ne connaît rien aux émotions et ne sait absolument pas juger ses semblables ce qui va la mettre à plusieurs reprises dans des situations difficiles.
Sur sa route, Elka va rencontrer une jeune fille, elle-même porteuse d’ennuis et de secrets, Penelope, et, au contact de cette jeune fille déterminée, elle s’humanise un peu. Malgré ses propres problèmes, Penelope va lui permettre de s’ouvrir un peu.
Je ne spoile rien en vous disant que les choses vont mal se terminer soit pour Elka, soit pour Kreagar. C’est inévitable avec deux personnalités pareilles qui s’affrontent (et puis, on sait ce qu’il va se passer dès le prologue).
Cependant, les rebondissements ne manquent pas et il y a beaucoup de choses que je n’avais pas vu venir.
J’ai toutefois un regret, ou plutôt deux en fait. Le premier est de ne pas avoir vu Loup plus que cela. J’aimais bien la relation entre Loup et Elka et j’ai trouvé que tout se terminait un peu en queue de poisson.
Le second est de ne pas avoir eu d’information sur les raisons de ce nouveau monde. Certes on sait pas mal de choses mais j’aurais aimé en savoir un peu plus.
En dehors de ces deux points, j’ai beaucoup aimé ma lecture.
Un extrait : Par un temps pareil, notre petite cabane de deux pièces au fin fond de la forêt n’avait pas l’ombre d’une chance. Mamie disait que grand-père et elle l’avaient rafistolée une centaine de fois avant qu’il meure pendant le Second Conflit, une vingtaine d’années plus tôt, et qu’elle avait bien dû la reconstruire toute seule une centaine de fois depuis. Elle et moi, on n’arrêtait pas de se disputer, mais je ne gardais pas que de mauvais souvenirs de ma vie avec elle ; alors, quand la tempête est venue, j’aurais vraiment aimé qu’elle soit là pour me serrer dans ses bras puissants.
J’ai vu la tempête approcher depuis le nord, roulant entre les collines au sommet de la vallée. Foutue vallée. Elle a agi comme un corral, un entonnoir où le vent s’est engouffré, droit vers la forêt jusqu’à notre porte, et Ridgeway quelques kilomètres plus loin. La tempête a emporté des rochers, cassé des branches et mélangé le tout avec de la glace et de la pluie. Je l’ai vue par la fenêtre, dévalant la colline tel un grizzly en chaleur.
Le sol a tremblé. J’ai eu froid à mes doigts de pied. Le toit a été arraché et s’est écrasé contre les cèdres. Je suis certaine d’avoir hurlé, même si je ne m’en souviens pas. J’ai eu l’impression que l’enfer tombait sur mes jeunes épaules. Le tonnerre a failli me rendre sourde. La grêle et la pluie m’ont complètement gelée. Je me suis cachée sous la table de la cuisine, cramponnée à un pied comme un bébé, et j’ai crié pour que ça s’arrête, pour qu’on me laisse tranquille. Pour réclamer le retour de mamie aussi. Je l’ai maudite plus d’une fois.
Puis j’ai été emportée dans les airs. La table s’est soulevée comme une feuille morte et, avant que j’aie eu le temps de réagir, je me suis retrouvée trop haut pour lâcher prise. J’ai enfoncé mes ongles dans le bois, les yeux plissés. Je me suis éraflé les bras et les jambes sur des rochers, des branches m’ont tirée par les cheveux. De petites billes de glace m’ont frappée au visage, on aurait dit de la limaille de fer. Ce vent nous a ballottées, la table et moi, comme si on ne pesait rien. Il s’amusait avec nous. La table a été arrachée, ou bien j’ai lâché, je ne sais plus. Je tourbillonnais dans tous les sens, je ne savais plus ce qui était en haut et en bas, ou si j’étais morte.
Je ne sais pas grand-chose de ce qui s’est passé après. Les éléments ont dû me relâcher, après avoir assez joué avec moi. Tout à coup, j’étais en train de tomber, tiraillée par les courants d’air, et la tempête s’éloignait vers l’est. J’ai plongé la tête la première dans la forêt. J’ai traversé les branches, avec autour de moi des odeurs de cèdre, d’aulne et de cyprès. Elles m’ont bercée, ont freiné ma chute, jusqu’à ce que l’une d’entre elles refuse de me lâcher. Mon gilet est resté accroché et je me suis balancée à trois mètres du sol. J’ai senti le sang sur moi, mes coupures me piquaient et j’avais la gorge à vif à force de crier. Puis mon gilet a cédé et je suis tombée. J’ai atterri sur la mousse avec un bruit sourd et j’ai eu très mal au dos.
Étourdie, j’étais. Je m’en souviens comme si c’était hier. La tempête s’est épuisée au-dessus de la crête. Ça ne dure jamais bien longtemps, mais ça ne s’oublie pas. J’oscillais sur mes jambes, tâchant de mettre de l’ordre dans mes pensées, de donner un sens à ce que je venais de vivre dans ma tête de gamine. Il s’est peut-être écoulé dix minutes. Ou une demi-journée. Je crois que c’est la faim qui m’a rappelée à la réalité.
Tout était vert et brun. Impossible de distinguer le ciel à travers les branches. Je ne voyais pas à plus d’un mètre devant moi. Heureusement, ma petite taille me permettait de me faufiler entre les troncs.
— Mamie ! j’ai crié. Mamie, t’es où ?
Mais la forêt n’a pas répondu. Il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que mamie ne viendrait pas.
On habitait dans le sud de la vallée. Mais Ridgeway était encore plus au sud. Un jour, mamie me l’avait montré sur une carte. La tempête était venue du nord – une direction à éviter, donc. Ma jeune tête m’a conseillé d’aller vers le sud. En bas sur la carte. Alors, je suis partie par là.
Je me suis perdue assez vite.