Résumé : Une semaine avant sa mort, Nel a appelé sa sœur, Julia. Qui n’a pas voulu lui répondre. Alors que le corps de Nel vient d’être retrouvé dans la rivière qui traverse Beckford, leur ville natale, Julia est effrayée à l’idée de revenir sur les lieux de son enfance. De quoi a-t-elle le plus peur ? D’affronter le prétendu suicide de sa sœur ? De s’occuper de Lena, sa nièce de quinze ans, qu’elle ne connaît pas ? Ou de faire face à un passé qu’elle a toujours fui ? Plus que tout encore, c’est peut-être la rivière qui la terrifie, ces eaux à la fois enchanteresses et mortelles, où, depuis toujours, les tragédies se succèdent.
Auteur : Paula Hawkins
Edition : Sonatines
Genre : Thriller
Date de parution : 08 juin 2017
Prix moyen : 22€ (broché) ; 8,50€ (poche)
Mon avis : Comme dans son premier roman, La fille du train, ce thriller est plus psychologique que rempli d’action. Il ressemble à un puzzle qui se reconstitue lentement sous nos yeux, où certaines pièces, qui ont l’air de ne pas cadrer avec l’ensemble, prennent tout leur sens une fois posée à côté des autres. Le suspense est aussi prenant que dans le premier roman de Paula Hawkins mais comporte moins de longueur. De toute évidence, l’auteur a appris de ses erreurs.
Il y a beaucoup de personnages, ce qui peut déstabiliser au début de la lecture. Mais chacun de ces personnages détenant un fragment de l’énigme, on se fait vite à leur présence, d’autant plus que les ramifications qui les relient les uns aux autres ne sont pas difficiles à retenir. Chacun de ces personnages a donc un fragment de la solution, tout en ignorant les fragments que possèdent les autres. Mais comme chacun d’entre eux a ses propres raisons de ne pas dire tout ce qu’il sait, on avance lentement vers la résolution du mystère.
Les passages sur Libby Seeton et Annie Ward sont plaisants à lire mais je ne trouve pas qu’ils apportent grand-chose à l’histoire si ce n’est pour appuyer la phrase écrite par Nel : « Beckford n’est pas un lieu à suicide. Beckford est l’endroit où l’on se débarrasse des femmes à problèmes. ». Et comme c’est quand même cette phrase qui fait que Julia, la sœur de Nel, doute de son suicide, elle est quand même importante.
Ce qui fait la force de ce roman, c’est que pas moins de 5 personnages avaient l’opportunité et le mobile pour tuer Nel. On peut même dire 6 avec Nel elle-même si on considère la thèse du suicide qui n’est pas formellement écartée.
J’ai beaucoup aimé la manière dont Julia semble (re)découvrir sa sœur et régler certains problèmes de leur passé ayant laissé une profonde rancune à Julia.
Nel n’apparait pas comme particulièrement sympathique mais sa mort va faire remonter à la surface d’autres drames et permettre de les clarifier.
Malgré le grand nombre de personnages, je n’ai jamais perdu le fil de ma lecture tant l’auteur n’a rien laissé au hasard, ni dans la structure de son roman ni dans l’histoire elle-même.
Malgré les différentes possibilités, j’ai très vite eu mon idée sur le coupable. On ne peut pas dire que je me sois complètement trompée mais il me manquait un élément, et pas des moindres !
Si j’ai un bémol à formuler, c’est que le sort de l’un des personnages reste en suspens alors même que l’auteur a pris la peine de nous renseigner sur celui de tous les autres.
Mais en dehors de ça, c’était un thriller psychologique très bien mené et très prenant.
Un extrait : Tu voulais me dire quelque chose, c’est ça ? Qu’est-ce que tu essayais de me dire ? J’ai l’impression d’avoir dérivé loin de cette conversation il y a si longtemps. J’ai arrêté de me concentrer, j’ai pensé à autre chose, j’ai continué d’avancer, je n’écoutais plus, et j’ai perdu le fil. Ça y est, tu as toute mon attention à présent. Pourtant, je n’arrive pas à m’empêcher de penser que je suis passée à côté de l’essentiel.
Quand ils sont venus m’annoncer la nouvelle, ça m’a mise en colère. J’ai d’abord été soulagée, parce que quand deux policiers se présentent à la porte au moment où on cherche son billet de train juste avant de filer au travail, on craint le pire. J’ai eu peur pour les gens auxquels je tiens – mes amis, mon ex, mes collègues. Mais ce n’était pas eux, m’ont-ils dit, c’était toi. Alors j’ai été soulagée, juste un instant, puis ils m’ont expliqué ce qui s’était passé, ce que tu avais fait, et quand ils m’ont dit que tu étais allée dans l’eau, ça m’a rendue furieuse. Et ça m’a fait peur.
J’ai cherché ce que j’allais pouvoir te dire en arrivant, je savais que tu avais fait ça exprès pour me faire du mal, pour me contrarier, pour m’effrayer, pour bouleverser ma vie. Pour attirer mon attention, pour me forcer à revenir. Alors bravo, Nel, tu as réussi : me voilà de retour dans cet endroit que je ne voulais plus jamais revoir, sommée de m’occuper de ta fille, et de remettre de l’ordre dans tout ton bordel.