Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[Livre] Rue du bonheur

Rue du bonheur.jpg

 

Résumé : Johanna, aide-soignante et célibataire, est la mère de deux adolescentes. Son ex-mari, Calle, s'est installé à Stockholm avec sa nouvelle petite amie et rechigne à lui payer sa pension alimentaire. Johanna tente de joindre les deux bouts et d'élever au mieux ses filles. Un jour, elle gagne 20 millions de couronnes au loto. 


Auteur : Anna Fredriksson

 

Edition : France Loisirs

 

Genre : Roman contemporain

 

Date de parution : 2015

 

Prix moyen : 20€

 

Mon avis : Dans ce roman, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages. A part Fanny, la nouvelle compagne de Calle, et Sara, sa fille, les autres me sont apparus comme plutôt antipathiques.
Johanna semble incapable d’essayer d’être heureuse. Malgré son gain qui la sort de sa situation difficile, elle continue à se comporter comme lorsqu’elle n’avait pas assez d’argent pour acheter à manger. Elle est terne, ne fait rien pour se faire des amies malgré les diverses tentatives de ses collègues de travail. Elle se pose en victime permanente, surtout dans son divorce avec Calle. Au début, je pensais que Calle l’avait quitté du jour au lendemain pour Fanny, plus jeune, plus pétillante, plus riche. Mais on se rend vite compte que sa relation avec la jeune femme est récente. Et j’ai été sidérée quand j’ai connu les circonstances de leur séparation.
Calle ne vaut pas tellement mieux. Il ne vit que pour l’argent, l’ascension sociale. Si je peux comprendre qu’il prend là une revanche sur son enfance malheureuse, il y a des limites et Calle est insupportable d’arrogance. Il est dans la représentation permanente. Un vrai m’as-tu-vu. La seule chose qui compte pour lui est l’image qu’il montre aux autres.
L’auteur présente les petites villes comme des lieux peu évolués où les mentalités volent au ras des paquerettes. Le harcèlement que subit Sara en est l’exemple majeur (d’ailleurs, la colère m’a pris quand j’ai vu les excuses invoquées. Sara aurait une part de responsabilité dans ce harcèlement parce qu’elle serait trop intelligente et qu’elle aurait du se mettre au niveau de ses camarades).
Je trouve injuste et réducteur de laisser entendre qu’une telle chose n’aurait pas pu avoir lieu dans une grande ville, « tellement plus évoluées intellectuellement » et plus ouvertes d’esprit que les bourgades étriquées.
Si le harcèlement scolaire n’avait pas lieu dans les grandes villes, ça se saurait.
Finalement, Fanny est la seule qui relève le niveau : gentille, volontaire, forte et déterminée, c’est une vraie bouffée d’air frais dans cette famille recomposées.
Il n’y a pas de grand retournement de situation dans la lignée du « Bon sang, mais c’est… bien sûr » du capitaine Bourrel dans les cinq dernières minutes.
Juste l’histoire d’une famille recomposée, parfois un peu décomposée, où chacun essaie simplement de trouver sa place.

 

Un extrait : Elles dorment encore toutes les deux, paquets informes sous leur couette.
— Coucou, les filles, lance Johanna. Il est l’heure de se réveiller. Papa ne va pas tarder à arriver.
Elles commencent à gigoter, lentement et à contrecoeur.
Johanna parcourt la pièce des yeux. Des vêtements sont éparpillés sur le sol, les chaises et les montants des lits. Des brosses à cheveux, du maquillage et des manuels scolaires. Les valises sont béantes, à moitié prêtes. Une bande dessinée gît, ouverte, à côté du lit de Sara.
— Ne vous rendormez pas. Il faut que vous ayez le temps de finir vos valises. Allez, debout.
Elle leur passe la main dans les cheveux.
— Mhm. Deux minutes.
Comme d’habitude, seule Agnes répond. Sara reste muette. Pourvu qu’elle n’ait pas en tête de refuser d’y aller. Ça lui arrive parfois, et il faut alors une sérieuse séance de négociations pour la faire changer d’avis.
Johanna attrape quelques habits sur un tas et essaie de déterminer s’ils sont propres ou sales. Elle aperçoit un jean, un t-shirt et un chemisier qu’elle a repassés l’autre jour, à nouveau froissés. 
Elle continue à sélectionner des affaires dans la pile de vêtements, sans vraiment savoir ce qu’elle cherche à faire. Mettre de l’ordre dans ce chaos semble mission impossible. Puis elle attrape un sweat-shirt en coton roulé en boule. Il est humide et dégage une odeur désagréable.
- Sara

Pas de réponse.

- Sara

- Mhm ?

Sara ouvre les yeux. Johanna tend le sweat sous son nez.

- Qu’est ce que c’est que ça ?

- Quoi ?

- Le sweat. Il est humide et il sent mauvais. Qu’est-ce que tu as fait ?

Sara se tourne vers le mur et referme les yeux.
- Tu as renversé quelque chose ? Pourquoi ne l’as-tu pas mis à la lessive ?

- C’est rien.

- Vraiment ? Tu ne peux pas me regarder ?

Sara se contorsionne. Johanna lui montre le vêtement.

- Qu’est-ce qui sent comme ça ?

- Du lait.

Une brève pause.

- Comment ça se fait ?

Sara garde le silence, puis elle se redresse dans son lit et se frotte les yeux.
— C’est des copains de classe, mais c’était juste pour rigoler.
— Ils ont versé du lait sur ton sweat ? s’étonne Johanna. Pour rigoler ?
Agnes relève la tête de son oreiller et les observe.
Elle a cette expression déterminée dans les yeux, ce regard mûr, qui n’exprime pas seulement la révolte, mais impose le respect. À quinze ans, elle est sensiblement plus adulte et raisonnable que Sara, âgée de treize ans. Il se passe beaucoup de choses en deux ans.
— Bon, d’accord, abdique Johanna. Levez-vous et habillez-vous maintenant.
Elle emporte le sweat et le jette dans la corbeille à linge en passant devant sa chambre. Elle consulte l’heure : dix heures et demie. Elle entend ses filles se lever et commencer à se préparer. Bien. Pas de mutinerie cette fois-ci.

 

bonne lecture 3 étoiles.jpg

Écrire un commentaire

Optionnel