Résumé : Qui est cette femme dont le corps a été retrouvé dans un casier à crabes au fond des eaux froides du Puget Sound ? Pour retrouver son tueur, Tracy Crosswhite doit découvrir l’identité de la victime, malgré les efforts de cette dernière pour la garder secrète. Que cherchait-elle à fuir ? Plus Tracy Crosswhite plonge dans le passé de la victime, plus les indices se révèlent contradictoires et mènent à de fausses pistes. Avec l'équipe de l'Unité des crimes violents de la police de Seattle, elle se retrouve confrontée à une affaire sombre et complexe, faite de trahison et de cupidité, qui la renvoie au souvenir douloureux du meurtre de sa propre sœur. Hantée par ce drame, Tracy est prête à tout pour affronter le meurtrier, quitte à mettre sa vie en jeu
Auteur : Robert Dugoni
Edition : Amazon Crossing
Genre : Thriller
Date de parution : 13 mars 2018
Prix moyen : 10€
Mon avis : Comme dans les précédents livres de Robert Dugoni, l’histoire se déroule en alternance entre présent et passé bien que cette dernière partie finisse par rejoindre le récit au présent. Contrairement aux autres tomes, ici les passages dans le passé ne sont pas des récits à la 3ème personne mais le point de vue à la première personne d’un des protagonistes, qui commence bien avant le début de l’enquête.
On pourrait se dire que, grâce à ce presque journal intime, on aurait une longueur d’avance sur Tracy et son équipe, mais en fait, non. Enfin, on sait que certains points sont exacts ou non avant eux, mais au final, ça ne nous donne aucun avantage dans cette enquête qui nous balade de fausse piste en fausse piste.
Côté enquêteurs, j’ai été contente d’en apprendre un peu plus sur l’équipe (oui, même sur Nolasco). L’évolution du couple que forment Dan et Tracy est sans surprise, mais comme c’est quand même ce qu’on a envie de voir, ce n’est pas grave. Et puis des surprises, il y en a bien assez du côté de l’enquête !
Entre les guerres de juridiction et les multiples fausses pistes, l’enquête est plus complexe que celles des précédents livres.
Les chapitres sont relativement courts mais se terminent toujours sur un élément qui ne donne qu’une envie : entamer le suivant. Le résultat est que le livre est difficile à lâcher et que son rythme ne s’essouffle jamais.
Pour une fois, Tracy est moins sur la sellette que d’habitude dans son travail. Elle ne rentre pas vraiment dans le rang, mais elle semble avoir appris à présenter les choses de manière diplomate plutôt que de foncer dans le tas. Et si Nolasco ne la soutien pas plus que d’habitude, il ne cherche pas à toute force à la faire virer pour une fois (peut être que lui aussi a appris à surveiller son attitude !).
Les lieux sont décrits à la perfection, nous donnant l’impression de découvrir en vrai le lac, le phare, les restaurants… sans pour autant que ces description ne soient trop présentes et ne viennent prendre le pas sur l’enquête en créant des longueurs.
Ne pas avoir lu les précédents tomes ne gène pas la lecture, l’enquête étant totalement indépendante et les divers évènements ayant eu lieu précédemment sur le plan de la vie personnelle des protagonistes étant rappelés par de discrètes mentions qui s’insèrent parfaitement dans le récit sans qu’on ait l’impression d’avoir un encart : « dans les épisodes précédents » (en mode séries télévisées).
Le livre se termine sur un événement personnel qu’on attendait beaucoup pour Tracy, et, au vu de ses dernières interrogations, on attend avec impatience le prochain tome, qui, si Tracy obtient ce qu’elle souhaite dans sa vie personnelle, risque d’être assez intéressant !
Un extrait : Tracy Crosswhite gara son pick-up Ford F-150 face au nord sur Beach Drive SW, ramena ses cheveux en arrière et les noua rapidement en queue-de-cheval avec un élastique. Elle ne portait plus que rarement une queue-de-cheval. À quarante-trois ans, elle ne tenait pas à ressembler à ces femmes qui voulaient encore se donner l’air d’une vingtaine guillerette ; à cette heure matinale, elle ne se sentait guère guillerette, et se fichait pas mal de son apparence. Elle ne s’était pas douchée, et n’avait pas pris la peine de se maquiller.
Elle ouvrit l’application bloc-notes de son mobile, et fit défiler l’écran juste en dessous de sa première entrée. Elle avait dicté l’heure à laquelle elle avait reçu l’appel de Billy Williams, son sergent à l’Unité des crimes violents de la police de Seattle. Elle activa la touche du micro et annonça : « Heure : 5 h 45. Garée sur Beach Drive SW près de Cormorant Cove ».
Williams l’avait appelée environ vingt minutes plus tôt. Les répartiteurs avaient reçu un appel d’urgence à propos d’un corps retrouvé dans le Puget Sound, et le crâne de la mort était suspendu dans l’alcôve de Tracy – un vrai faux crâne que les enquêteurs accrochaient à l’alcôve de l’équipe de la Criminelle désignée de garde ; dans le cas présent, Tracy et son équipier, Kinsington Rowe. Williams lui avait dit qu’il continuait de collecter les faits, mais quelqu’un avait signalé la découverte du corps près de Cormorant Cove, qui se trouvait à quelques kilomètres à peine de la maison que louait Tracy dans l’Admiral District, à West Seattle. Elle avait battu tout le monde de vitesse, à l’exception des agents qui avaient répondu à l’appel, dont les voitures de patrouille étaient garées de l’autre côté de la rue, dans le sens opposé.
Tracy descendit de la cabine du pick-up. Le croissant d’une lune pâlissante dans un ciel bleu clair lui souriait. La température déjà agréable présageait d’une nouvelle journée de chaleur désagréable. Au bout de six jours au-dessus de 32 oC, ce mois de juin s’annonçait comme le plus chaud jamais enregistré.
Tracy dicta une nouvelle note : « Le temps est clair, pas de vent notable. » Elle consulta son application météo et ajouta : « 11, 6 oC à West Seattle ».
Un samedi matin, les plages et la promenade surélevée n’allaient pas tarder à grouiller de chiens accompagnés de leurs maîtres, de joggeurs et de familles en balade. La rencontre avec un cadavre sur la plage allait sacrément refroidir leur début de week-end.