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[Livre] Emprise

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Résumé : Styliste free-lance de 29 ans, Claire est une célibataire heureuse. Tout change lorsqu’elle rencontre Mark, un beau gosse charmeur. Elle qui ne voulait pas d’un homme chez elle le voit s’installer au bout de quelques semaines, et la voilà mariée après quelques mois de relation. Plus encore, elle quitte tout pour suivre Mark en Arabie Saoudite, où il est missionné afin d’ouvrir un laboratoire de haute sécurité. Arrivée à Riyad, elle est à la fois séduite par l’Orient et déroutée par toutes les contraintes imposées aux femmes. Commence alors pour Claire une longue descente aux enfers. Forcée de se soumettre à de nouvelles règles, elle va peu à peu perdre sa combativité et son identité alors que son mari fait preuve d’une violence insoupçonnée...


Auteur : Valérie Gans

 

Edition : Le livre de poche

 

Genre : Drame

 

Date de parution : 02 Mai 2018

 

Prix moyen : 8€

 

Mon avis : Je ne sais pas si c’est parce que j’ai côtoyé ce type de personnes, ou si c’est vraiment évident pour tout le monde sauf pour les personnages du livre, mais, à l’instant même où on rencontre Marc, j’ai vu les mots « pervers narcissique » qui se sont mis à clignoter en néons tricolores à l’arrière de mon cerveau.
Vous me direz que si j’avais lu le résumé présent sur livraddict, j’aurais pu voir qu’on nous prévient quand même pas mal. Celui que j’ai mis est plus discret sur le sujet, mais celui présent sur le site est assez explicite et ne fait pas mystère de la personnalité de Marc.
Mais ce n’est pas grave d’identifier à l’avance la vraie nature de Marc parce que ce qui est prenant, dans ce livre, c’est de voir comment une jeune femme épanouie, équilibrée, avec un métier qui la passionne, très entourée par ses amies et sa famille, avec une vie de quartier d’une grande richesse, a pu tomber sous l’emprise d’un tel homme. Il est vraiment important d’avoir des récits qui montrent que tout le monde, absolument tout le monde, peut être victime de ce genre de manipulateur a haute toxicité (ou manipulatrice d’ailleurs). On voit tout le mécanisme d’isolement et de dénigrement qui permet au prédateur de cerner sa proie.
Pour arranger les choses, le couple part vivre en Arabie Saoudite. Là est le seul côté négatif que j’ai trouvé à ce roman. Déjà, il n’y a pas besoin d’être dans un pays aussi hostile aux femmes pour être prise au piège d’une relation toxique. Ensuite, Claire tombe des nues quand elle découvre qu’en Arabie les femmes doivent porter le voile intégral, n’ont pas le droit de conduire (droit obtenu il y a seulement quelques mois), d’utiliser les équipements sportifs, d’entrer dans un café etc… Mais honnêtement, on se demande dans quelle grotte elle a vécu pour ignorer l’absence de droits des femmes de ce pays, absence de droits qui sont souvent sur le devant de la scène internationale ! Qu’elle soit ignorante à ce point manque de crédibilité et ne cadre pas avec le personnage. Enfin, l’auteur semble dire que Claire n’aurait pas été sous l’emprise de Marc s’ils n’avaient pas été dans ce pays. Je trouve que c’est extrêmement réducteur. Que ça minimise l’ampleur de la toxicité des pervers narcissique et que ça projette la faute sur l’environnement plutôt que sur le manipulateur.
En revanche, j’ai beaucoup aimé la description de la vie en Arabie saoudite : le spectre de l’arrivée d’une seconde épouse qui plane sans cesse sur les mariages, l’alcool qui coule à flot à l’abri des maisons alors qu’il est interdit dans le royaume, l’intolérance religieuse, l’exploitation de la main d’œuvre étrangère et en particulier des ouvriers philippins qui sont littéralement prisonnier d’un pays, leur employeur refusant de demander pour eu le visa de sortie nécessaire pour quitter le pays.
Malgré le danger, on voit que les saoudiennes tentent de s’entraider dans la mesure de leurs faibles moyens.
C’est vraiment un livre que je recommande car il permet de prendre conscience de certaines choses sur lesquelles on ne s’attarde pas assez souvent.

 

Un extrait : Le premier rendez-vous eut lieu dans le café de la rue des Abbesse où, lorsqu’elle n’était pas coincée chez elle par une « charrette », à dessiner nuit et jour pour remettre un projet dans les délais, Claire avait l’habitude de descendre, le matin, avaler un café et un croissant en faisant des croquis des passants. Sa manière à elle de prendre des notes, tout en s’imprégnant de l’air du temps.
Stéphane, le patron, l’aimait bien. Même quand son bistrot était bondé, il lui laissait volontiers occuper deux tables, afin qu’elle pût déployer tout son attirail, comme il disait. Un grand bloc de papier canson, des fusains et une trousse remplie de crayons.
En échange, Claire lui offrait de temps en temps un dessin, qu’il faisait encadrer et accrochait derrière le bar, non sans une certaine fierté. C’est une amie, disait-il lorsqu’on le complimentait sur ces scénettes au trait nerveux et enlevé, tantôt humoristiques, tantôt pleines de poésie, prises sur le vif sur la terrasse ou au comptoir.
- Claire ! Je suis content de te voir, ça fait un bail, dis donc ! l’accueillit Stéphane en rapprochant deux tables en terrasse à son intention.

- Une capsule à rendre !

Claire l’embrassa sur la joue, avant de s’asseoir et d’étaler ses longues jambes au soleil. Comme Stéphane la regardait avec des yeux ronds, elle précisa :

- Une capsule, c’est une mini-collection ! Hmm… ça fait du bien de souffler…

- Tu m’en diras tant ! Je te sers un petit café ?

Sans attendre la réponse, Stéphane était déjà en train de se diriger vers la machine à expresso.

- Non, non, Stéph, pas tout de suite ! Je euh… j’attends quelqu’un !

Claire rougit malgré elle.

- Ah !

Imperceptiblement, Stéphane se renfrogna. Sans vouloir se l’avouer, il était un peu amoureux de Claire et, même s’il savait pertinemment qu’il n’y aurait jamais rien entre eux, il détestait l’idée qu’elle pût avoir des amants. S’il la voyait assez souvent pour être quasiment certain qu’elle n’avait personne dans sa vie, le fait que ce matin elle « attende quelqu’un » et le lui confie en rougissant ne lui disait rien qui vaille.

- Ah ! répéta-t-il avant d’aller passer un coup de torchon sur son zinc, qui n’en avait pas besoin. Tu me diras, alors…

 

Beaucoup aimé 4 étoiles.jpg

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