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Premières lignes #39

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Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
Pour ma part, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœurs !

 

Cette semaine, je vous présente Heartless de Marissa Meyer dont vous pouvez lire ma chronique ICI.

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Trois alléchantes tartes au citron luisaient sous le regard de Catherine. Elle enfonça dans le four ses mains entortillées dans des serviettes, ignorant la chaleur qui enveloppait ses bras et lui cuisait les joues, puis sortit la plaque. La garniture dorée des tartes frémit – à croire qu’elle était soulagée d’échapper à cette prison de pierre.
Cath tenait la plaque avec autant de déférence que s’il s’était agi de la couronne du Roi. Elle traversa la cuisine sans la quitter des yeux pour la déposer en douceur sur la table. Les tartes tremblotèrent brièvement avant de s’immobiliser, scintillantes et parfaites.
Posant ses serviettes, elle piocha parmi les écorces de citron enrobées de sucre qu’elle avait étalées sur un parchemin et les disposa en rosaces sur ses tartes, les enfonçant délicatement dans la garniture encore chaude. Des arômes de citron frais et de pâte au beurre assaillirent ses narines.
Elle se recula d’un pas pour admirer son œuvre.
Faire les tartes lui avait pris toute la matinée. Cinq heures à peser le beurre, le sucre et la farine, à mélanger, pétrir et rouler la pâte, à fouetter, cuire à petit feu et filtrer les jaunes d’œufs et le jus de citron pour leur donner une consistance crémeuse, couleur de boutons-d’or. Elle avait glacé la pâte et découpé les bords comme un napperon en dentelle. Elle avait fait bouillir les écorces de citron dans du sirop et broyé finement des cristaux de sucre pour la décoration. L’envie la démangeait d’en saupoudrer le dessus des tartes, mais elle se retint. Elles devaient d’abord refroidir, sans quoi le sucre fondrait en grumeaux disgracieux à la surface.
Ces tartes étaient un condensé de tout ce qu’elle avait appris dans les vieux livres cornés rangés sur l’étagère de la cuisine. Catherine n’avait précipité aucune étape, négligé aucun geste, n’avait employé que des ingrédients de la meilleure qualité. Elle avait fait preuve d’une méticulosité sans faille. Elle y avait mis tout son cœur.
Elle prolongea son inspection, scrutant chaque repli de pâte, chaque centimètre carré de la surface luisante.
Avant de s’autoriser enfin un petit sourire.
Elle avait sous les yeux trois tartes absolument divines, et tout le royaume de Cœur – depuis les dodos jusqu’au Roi en personne – devrait reconnaître qu’elle était la meilleure pâtissière. Même sa propre mère serait bien forcée d’en convenir.
Soulagée, elle sautilla sur la pointe des pieds et battit des mains.
— Vous êtes ma plus grande fierté, proclama-t-elle en écartant les bras au-dessus des tartes comme pour les adouber. À présent, partez à la conquête du monde avec votre volupté citronnée et faites naître des sourires sur toutes les bouches que vous remplirez de vos délices.
— On s’adresse encore à la nourriture, lady Catherine ?
— Ah ! mais pas à n’importe quelle nourriture, Cheshire. (Elle leva un doigt sans se retourner.) Je te présente les plus merveilleuses tartes au citron jamais préparées dans le glorieux royaume de Cœur.
Une queue rayée s’enroula autour de son épaule droite. Une tête poilue ornée de longues moustaches apparut sur sa gauche. Le ronronnement pensif de Cheshire vibra le long de son dos.
— Stupéfiant, dit le chat, sur ce ton que Catherine ne savait jamais comment interpréter.
Il disparut de ses épaules pour réapparaître sur la table, une patte griffue tendue au-dessus des tartes. Cath bondit pour l’écarter.
— Pas touche ! Elles sont destinées au Roi, sale bête.
Les moustaches de Cheshire tressaillirent.
— Au Roi ? Encore ?
Cath attrapa un tabouret, l’approcha de la table en faisant crisser ses pieds sur le sol et s’assit dessus.
— Je pensais lui en réserver une et faire servir les autres au banquet. Sa Majesté est si heureuse quand je lui cuisine quelque chose. Et le bonheur du Roi…
— … fait celui du royaume.

 

Alors, tentés?

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