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  • Premières lignes #18

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
    Pour ma part, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœurs !

     

    Cette semaine, je vous présente Avec tes yeux de Sire Cédric.

     

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    Verts.
    Ils sont verts.
    Mêlés de vagues bleues.
    Tels deux lagons. Ronds. Frémissants.
    Ses yeux sont de cette couleur-là.
    Brillants de terreur.
    Mouillés par les larmes qui coulent à flots sur son visage couvert d’hématomes.
    Il a voulu cette femme dès l’instant où il l’a croisée.
    Il n’a cessé d’y penser depuis. Comptant les heures. Se préparant.
    Quand il a découvert sa maison, isolée des autres, en bordure de forêt, il a compris que c’était un signe du destin.
    Il fallait qu’il le fasse.
    Encore une fois.
    Pour cette femme-là. Ces yeux-là. Ce vert profond mêlé de bleu.
    — Lisa, susurre-t-il à la silhouette ensanglantée, recroquevillée à ses pieds. Tu t’appelles Lisa, n’est-ce pas ? Inutile de crier. Personne ne t’entend. Tu ne peux pas empêcher ce qui va arriver…



    Lisa ne doit pas écouter cet homme. Surtout pas.
    Ne pas perdre espoir.
    Elle lutte pour retenir ses larmes. En vain. La panique l’empêche de réfléchir, tout se mélange dans sa tête.
    Elle ne parvient toujours pas vraiment à comprendre ce qui se passe. Pourquoi cela lui arrive à elle.
    Le plus terrifiant, c’est qu’elle n’a rien vu venir.
    Elle ignore comment l’individu a pu s’introduire chez elle. Elle est certaine d’avoir mis l’alarme en service et verrouillé la porte en rentrant, elle le fait systématiquement. C’est le bon sens le plus élémentaire quand on est une femme de vingt-six ans habitant seule dans un coin reculé.
    Elle n’a pas entendu s’approcher son agresseur, non plus. Elle somnolait devant une série dans le salon, comme elle aime le faire le dimanche soir, pour profiter des dernières heures du week-end. Elle a juste senti une présence derrière elle. Ou plutôt, elle a senti l’odeur. Inattendue. Nauséabonde. Un relent de viande avariée. L’instant suivant, des mains puissantes l’ont prise à la gorge. L’homme l’a arrachée du canapé et jetée au sol. Elle a hurlé, a essayé de lui échapper en se glissant sous la table, mais l’intrus a écarté le meuble d’un seul geste et l’a tirée par les chevilles. Il l’a frappée au visage, violemment, faisant éclater la pulpe de ses lèvres, l’a rouée de coups jusqu’à ce qu’elle reste clouée au sol, haletante, brisée par la douleur.
    — Par pitié, balbutie-t-elle, arrêtez… Quoi que vous vouliez… Je vous donnerai tout ce que j’ai…
    Chaque syllabe est une torture. Le sang inonde sa bouche. Sa pommette gauche est fendue, elle lui fait particulièrement mal. L’os est sans doute cassé. Ses cheveux collent au sang qui ruisselle sur son visage.
    Elle tente néanmoins d’atteindre la cuisine en rampant. Il y a des couteaux, dans cette pièce. Si elle parvenait à s’en approcher…

     

    Alors, tentés?

  • TAG C'est la rentrée

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    Le meilleur moment de l'école, c'était la rentrée! (Et uniquement la rentrée). Alors, comme aujourd'hui, je n'ai plus de rentrée (oui, septembre existe toujours, mais quand on a une semaine de vacances en juillet et deux en septembre, ça perd beaucoup de son charme), j'ai décidé de faire un TAG pour la rentrée, histoire de retrouver un peu de cette sensation.
    Après quelques recherches, j'ai trouvé ce TAG sur la chaîne de LilyBooks. Il me semble qu'il a été créé par Pocket Jeunesse.

     

    Pouvez-vous citer... ?

     

    1) Un livre qui se passe dans une école.

    Moi et Becca

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    2) Un livre qui met en scène un professeur que vous aimez.

    Harry Potter (le professeur Flitwick)

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    C'est vrai, on oublie trop souvent Flitwick, pourtant c'est un prof génial! Perso je préfère le look de gauche!

     

    3) Un livre où le héros rentre dans la vie active.

    50 nuances de Grey (Ana vient d’avoir son diplôme et entre dans la vie active)

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    4) Un livre où certaines scènes se passent dans une bibliothèque/une librairie.

    Parfaite de Caroline Kepnes. Un des personnages principaux, Joe, travaille dans une librairie

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    5) Un livre avec au moins un livre représenté sur la couverture.

    Le garçon qui se taisait d’Irina Drozd

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    6) Le premier livre que vous avez lu/que vous allez lire une fois vos vacances terminées.

    Mes vacances se sont terminées le 16 septembre et le premier livre que j'ai lu est: 

    Jack l'éventreur, affaire classée de Patricia Cornwell

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    7) Un livre 'one shot' de plus de 500 pages.

    Tu tueras le père de Sandrone Dazieri (552p)

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    8) Un livre que vous avez lu pour l'école et que vous avez aimé.

    A judgement in stone de Ruth Rendall (L’analphabète en VF)

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    9) Un livre avec une belle histoire d'amitié.

    Belle époque. Malgré les circonstances, j’ai trouvé qu’il y avait une belle amitié qui se créait entre Maude et Isabelle.

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    10) Un livre avec un personnage "intello".

    Hermione Granger est quand même la porte-parole des intellos, alors forcément : Harry Potter !

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    11) Un livre qui est une réécriture d'un classique.

    Constance et séduction de Jess Swann, réécriture de Raison et sentiments de Jane Austen

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    12) Un livre qui se déroule au XIXème  siècle.

    Autant en emporte le vent. L’histoire commence en 1861 et se fini aux alentours de 1873, donc on est bien en plein XIXème siècle

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    13) Un livre avec une carte.

    Le trône de fer, tome 1 comporte une carte du nord en fin de volume

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    14) Un livre avec un titre en anglais.

    Station Eleven, d’Emily St. John Mandel

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    N'hésitez pas à me donner vos réponses en commentaire ou à me donner le lien vers votre article si vous décidez de reprendre ce TAG

     

  • [Livre] 13 ½

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    Résumé : 13 1/2 : un juge, douze jurés et même pas une moitié de chance...

    Minnesota, 1968. Quand Dylan, onze ans, se réveille dans sa maison couvert de sang, il ne se souvient de rien. Pourtant, tout prouve qu'il vient de massacrer ses parents et sa petite sœur à la hache. Seul survivant : Richard, son frère aîné. Dylan est désormais le célèbre "petit Boucher".

    La Nouvelle-Orléans, 2007. Dans une petite ville dévastée par l'Ouragan Katrina vivent sous le même toit deux frères, Marshall et Danny... en réalité Richard et Dylan. Nouveau départ, nouvelle identité, mais qui est qui ? Lorsque Marshall rencontre Polly, mère de deux filles, c'est le coup de foudre. Mais en entrant dans la vie des deux hommes, Polly vient de se jeter avec ses enfants dans la gueule du loup.


    Auteur : Nevada Barr

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2010

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Dès le premier chapitre on se doute de ce qu’il s’est réellement passé dans la maison de Dylan et Richard. Mais ce que j’ai trouvé intéressant, c’est la psychologie des personnages. Au final on se fiche un peu de savoir qui, de Dylan ou Richard est un meurtrier. Ce qui est fascinant c’est la manière dont chacun des deux va vivre cette partie de leur vie puis la suite.
    Pendant une partie du roman on se demande qui est qui. Comme les garçons ont changé d’identité et sont devenus Marshall et Danny, j’ai envisagé plusieurs hypothèses. Deux en fait, basées toutes les deux sur le fait que Danny semble ouvertement hostile à l’idée que Marshall épouse Polly.
    Ma première hypothèse était que Marshall était le tueur de la famille et que Danny ne voulait pas que Polly entre dans la famille sachant de quoi son frère est capable.
    Ma seconde hypothèse était que Danny était le tueur et ne voulait pas que Marshall se marie de peur de perdre l’ascendant qu’il avait sur lui.
    Vous remarquerez que dans mes hypothèses je n’ai pas relié les anciens noms aux nouveaux.
    Même si très vite, j’ai compris qui était le tueur, j’avais du coup quand même un doute sur l’identité réelle de Marshall et Danny et surtout, je ne voyais pas qu’elles étaient les motivations du tueur. J’avais bien quelques idées (mais je me suis royalement plantée !). Quand est venu le temps des révélations, j’avais bien raison sur certains points mais il y a des choses que je n’avais pas du tout vu venir.
    J’ai passé tout mon temps de lecture dans une certaine tension comme quand on connait le coupable au début du livre et qu’on aimerait crier aux inspecteurs ou à l’entourage qu’ils se font mener en bateau.
    J’ai trouvé dommage que ce livre s’attire de mauvaises critiques au seul motif que sa construction est différente des thrillers habituels : « meurtre – recherche du suspect – découverte du coupable ».
    J’ai trouvé qu’au contraire, bouleverser un peu l’ordre de lecture, en permettant au lecteur de se douter dès le début de l’identité du tueur, était très intéressant et permettait d’avoir un tout autre rapport avec l’histoire.
    Un thriller que j’ai vraiment apprécié.

     

    Un extrait : Richard était grièvement blessé. Il le savait, avec cette atroce certitude que l’on ressent à la seconde où l’on comprend que c’est la dernière erreur que l’on commettra sur terre, quand l’horreur dure une éternité avant que votre corps s’écrase sur les rochers en contrebas.
    Une lueur effrayante se faufilait à travers la tempête de neige, l’orange éclatant des lampadaires avalé et recraché par dix milliards de facettes verglacées : le ciel, le sol, les branches d’arbres, l’air. Les pièces de la maison étaient orange, le monde entier pareil à l’intérieur d’une citrouille d’Halloween.
    Dans cette lumière incandescente, Richard n’arrivait pas à déterminer quelle quantité de sang il perdait. Beaucoup. Beaucoup trop. Il le sentait jaillir en petites giclées contre la paume de sa main. L’espace d’une seconde étourdissante, il eut la sensation que le sang pénétrait en lui en une vague nocturne et s’écoulait de ses veines en un étang, un lac, une étendue d’eau sans cesse grandissante.
    Son petit frère était étendu en travers du lit où il était tombé. Sur le pyjama de Dylan, les cow-boys et les indiens étaient noyés d’un rouge écarlate, une guerre de flanelle avait eu lieu. Du sans imprégnait le drap contre la joue droite du visage de Dylan.
    Il semblait mort.
    « Dyl ? » Richard essaya de crier, mais il n’eut que la force de murmurer. « Dylan, t’avise pas de mourir. » Richard se mit à pleurer, puis s’interrompit. Il prit une profonde inspiration et essaya de nouveau, « Dylan si t’es réveillé, appelle les secours, la police. »
    Son frère ne bougea pas.
    Pour l’avoir appris chez les scouts et à la télé, Richard savait que s’il retirait sa main de la blessure ouverte sur l’intérieur de sa cuisse, il mourrait d’hémorragie.
    Pendant un battement de cœur ou deux, il envisagea de céder, de lâcher prise et de regarder sa vie jaillir de son corps. Elle paraissait si pressée de le quitter, et il y avait eu un tel carnage, pourquoi ne pas abandonner, se laisser aller au néant ?
    Dylan gémit doucement. Malgré l’aspect étouffant de ses rêveries morbides, dans le silence total d’une nuit enneigée, le son grinça à plein volume dans les oreilles de Richard. Il ne l’avait pas tué – son frère était vivant.
    Le rêve s’évapora ; le néant cessa de l’attirer. Soudain, Rich voulut vivre. « Frangin », murmura-t-il. Les paupières de Dylan frémirent. Richard aperçut l’éclair blanc de son orbite, éclatant au milieu du masque d’un rouge séché. « Réveille-toi, petit frère. S’il te plait. »
    A l’aide de sa main et de sa jambe intacte, son autre paume pressée contre sa blessure, Richard essaya de se traîner à travers la chambre. Le tissu et le sang le clouaient au parquet. Centimètre par centimètre – deux, sept, dix – il avança vers Dylan. L’effort était si intense qu’il n’y avait plus de place pour ses pensées.

     

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  • [Livre] Pourvu que la nuit s’achève

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    Résumé : Lorsque Zeba est retrouvée devant chez elle, le cadavre de son mari à ses pieds, il paraît évident aux yeux de tous qu’elle l’a tué. Depuis son retour de guerre, Kamal était devenu un autre homme, alcoolique et violent. Mais cette mère de famille dévouée est-elle capable d’un tel crime ? Présumée coupable, Zeba est incarcérée dans la prison pour femmes de Chil Mahtab, laissant derrière elle ses quatre enfants. C’est à Yusuf, revenu des États-Unis pour régler une dette symbolique envers son pays d’origine, l’Afghanistan, que revient la défense de ce cas désespéré. Mais la prisonnière garde obstinément le silence. Qui cherche-t-elle à protéger en acceptant de jouer le rôle du suspect idéal ? Et dans ces conditions, comment faire innocenter celle qu’on voit déjà pendue haut et court ?


    Auteur : Nadia Hashimi

     

    Edition : Milady

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 07 juillet 2017

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Nadia Hashimi a le don de nous transporter en Afghanistan dans chacun de ses romans. Déjà, dans la perle et la coquille, on se passionnait pour la coutume des Basha Posh et le bouleversement que le retour à leur condition de femme pouvait entrainer pour ces jeunes filles qui s’étaient si longtemps conduites en garçon et avaient si longtemps été traité comme tels.
    Aujourd’hui, avec Pourvu que la nuit s’achève, on découvre la justice afghane et surtout la justice appliquée aux femmes et, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle est sommaire.
    Déjà, concernant Zeba, elle est arrêtée et emprisonnée sans que la moindre enquête soit menée par la police. Pourquoi mener une enquête après tout ? C’est son mari qui a été tué et elle était juste à côté du corps. C’est donc forcément elle la coupable. Et avec la coutume Afghane de ne jamais dire du mal des morts, l’homme, violent, bon à rien, mauvais musulman (ce qui, dans ce pays est un crime), passerait presque pour un saint.
    Mais ce qui m’a le plus choquée, outre l’histoire de Zeba, c’est les raisons de l’emprisonnement des autres femmes. La plupart sont là pour crimes moraux. Certes on savait qu’en Afghanistan, le fait pour une femme de tomber amoureuse, était un crime qui pouvait la conduire à la mort pour « laver l’honneur de la famille ». La plupart des femmes sont donc plus en sécurité derrière les barreaux que dans leur foyer. Mais il y a quand même des cas qui dépassent l’entendement, même dans ce pays !
    Pour n’en citer que 2 qui m’ont marqués : une femme, la soixantaine, est condamnée à 30 ans de prison parce que son fils s’est enfui avec une jeune fille. Le couple a été rattrapé, le fils tué, mais cela ne suffisait pas à la famille de la jeune fille. La mère a donc payé pour la « faiblesse » du fils.
    Le second cas est encore plus ahurissant car il va à l’encontre même des traditions du pays. Une jeune fille est emprisonnée parce que ses parents ont refusé la demande en mariage d’un homme puis ont arrangé son mariage avec un autre. La famille du prétendant éconduit l’a donc fait emprisonnée pour « zina » comprendre « acte sexuel en dehors du mariage » alors même qu’elle n’a probablement pas eu son mot à dire dans le choix de son mari.
    Le crime de zina est d’autant plus pratique que le témoignage d’une femme à moitié moins de valeur que celui d’un homme. Si un homme accuse une femme de zina, sa propre parole ne fait pas le poids contre lui.
    Au fil des réunions entre l’avocat, le procureur et le juge, on tombe des nues en découvrant que l’Afghanistan est bel et bien doté d’un code pénal. Mais celui-ci est interprété selon le bon vouloir du juge, ce qui va rarement dans le sens de l’intérêt de la femme, mais plutôt selon l’intérêt de celui qui le paie le plus cher.
    Le mystère de la mort du mari de Zeba se lève lentement et on ne peut que saluer le courage de cette femme qui risque la pendaison mais garde le silence, pensant aux autres avant elle-même.
    J’ai aimé aussi le minuscule brin d’espoir que constituent certaines des faits que rapporte Yusuf : un violeur qui a pris 20 ans de prison, un mollah agresseur de petite fille qui a été violement sanctionné par la famille de la gamine, la réaction du père d’une des petites voisines de Zeba devant le drame vécu par sa fille. Ce ne sont que des grains de sable, mais cela reste un espoir car ces pères-là n’ont pas fait peser le poids de la honte sur leurs filles et les ont reconnus pour ce qu’elles sont : des victimes innocentes. Grain de sable par grain de sable, on ne peut qu’espérer que le sort des femmes d’Afghanistan puisse s’améliorer, avec peut-être l’aide de la pression internationale.

    Un extrait : Basir et ses sœurs franchirent le portail perçant le haut mur qui isolait leur foyer de la rue et des voisins. En entendant les pleurs de Rima, les cris d’un bébé appelant sa maman les bras tendus, Basir fut saisi d’une sourde angoisse. Les filles se précipitèrent dans la maison, et en un éclair, Shabnam souleva Rima pour la bercer sur sa hanche. Le visage du bébé était rouge, son nez coulait. Karima regarda sa sœur avec hébétude, tandis que l’odeur des gombos brûlés imprégnait l’air tel un mauvais présage. Aucun signe de Madar-jan. Quelque chose n’allait pas.

    Sans un mot, Basir jeta un bref coup d’œil dans les deux chambres puis dans la cuisine. Les mains tremblantes, il poussa la porte donnant sur la cour. Des pantalons bouffants, des foulards, des chemises flottaient sur la corde à linge. Un faible gémissement attira son attention vers le fond du jardin, où se trouvait la remise, contiguë au mur extérieur du voisin.

    Il fit un pas, puis deux. Comme il aurait aimé remonter le temps, revenir au matin, quand tout était encore normal ! Comme il aurait aimé faire demi-tour, trouver sa mère dans la cuisine en train de remuer des haricots verts dans une lourde marmite, en s’inquiétant de ne pouvoir nourrir correctement ses enfants.

    Mais rien ne serait plus jamais comme avant. Basir le comprit dès qu’il contourna la remise, dès l’instant où la vie qu’il connaissait se noya dans le sang et la violence. Zeba, sa mère, leva vers lui un visage blême et hagard. Elle était assise, dos contre le mur, dans une atmosphère macabre. Ses mains étaient noires de sang, ses épaules tremblaient.

    — Madar-jan, commença-t-il.

    Une silhouette avachie reposait quelques mètres plus loin.

    — Bachem, dit-elle d’une voix faible.

    Sa respiration s’accéléra. Zeba se mit à sangloter, la tête entre les genoux.

    — Rentre à la maison, mon fils… Rentre à la maison… Tes sœurs, tes sœurs… Rentre à la maison…

    Basir sentit sa poitrine se serrer. Comme son père, il n’avait rien vu venir.

     

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  • [Livre] Bébé boum

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    Résumé : Lorsque Lili tombe enceinte pour la première fois, elle est certaine que les neuf prochains mois seront un véritable conte de fées pour elle et son chum. Ils ont tellement désiré ce bébé !

    Esther, mère de deux enfants, accueille une grossesse imprévue en silence : son couple bat de l’aile et son mari vasectomisé pourrait croire qu’elle lui est infidèle.

    Pour Frédérique, la croix qui apparaît sur le test de grossesse est synonyme d’un paquet d’emmerdes dont il faut se débarrasser au plus vite. Difficile de savoir qui est le père quand on jongle avec autant d’amants…

    Même après des années d’essais infructueux, Jeannine espère, à quarante-trois ans, revivre le miracle d’une grossesse avant qu’il ne soit trop tard. Plus qu’un enfant, il s’agit pour elle d’une indispensable rédemption.

    Quatre femmes, quatre personnalités, quatre visions complètement différentes, autant de bébés boums. Quatre trames qui s’entremêlent pour tisser une foule de situations savoureuses, de sautes d’hormones cocasses et de rebondissements incessants.


    Auteur : Josée Bournival

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Chick lit

     

    Date de parution : 04 juin 2014

     

    Prix moyen : 10€

     

    Mon avis : Le premier bon point de ce livre est que, même s’il est écrit par une québécoise, il est parfaitement compréhensible pour une française de France. Il ne regorge pas d’expression typique et, si certaines tournures de phrase font un peu grincer des dents car grammaticalement incorrectes en France, on s’y fait vite (sans pour autant cesser de les remarquer, on nous a trop seriné le contraire en cours pour qu’on puisse l’oublier aussi vite).
    Chacune des quatre femmes a une histoire particulière avec sa grossesse. Il y a Lili et Jeannine qui ont eu beaucoup de mal à tomber enceinte et ont eu recours à l’aide de la médecine, mais Lili est une jeune fille tandis que Jeannine a dépassé la quarantaine. Il y a Esther qui est enceinte pour la 3e fois et qui ne sait pas comment l’annoncer à son mari, lequel, en plus de clamer partout qu’il a assez donné avec la maternité, a subi une vasectomie et pourrait bien mal digérer la nouvelle. Enfin il y a Frédérique qui n’a aucune envie d’avoir un enfant et serait bien incapable de dire qui est le père de celui qui vient de s’inviter dans son ventre.
    L’histoire m’a beaucoup plu mais j’ai été freinée dans ma lecture parce je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages.
    Lily est une petite cruche égoïste. Avant même de tomber enceinte, elle se montrait exigeante et capricieuse mais lorsqu’elle attend son bébé c’est pire que tout : elle semble incapable de faire la distinction entre fantasme et réalité et fait des crises dès que les choses ne se passent pas exactement comme elle le voudrait.
    Esther ne doit jamais avoir dit la vérité à qui que ce soit. Elle se pose en mère et épouse parfaite alors qu’elle fait n’importe quoi et est prête à inventer n’importe quel mensonge pour garder son apparence de perfection. J’avoue que je n’avais pas vu venir certaines révélations la concernant, mais avec le recul, je me dis que j’aurais dû m’en douter.
    Jeannine n’a aucune limite. Elle s’impose dans la vie des autres sans se demander les dégâts qu’elle peut causer ou simplement si ses attentions sont les bienvenues. Elle est complètement intrusive. 
    Enfin, Frédérique est celle à laquelle j’aurais pu m’attacher si elle n’avait pas eu une attitude inqualifiable quand elle apprend qu’elle est enceinte.
    La lecture n’était pas mauvaise mais les personnages trop énervantes pour que je lise les suites qui ont été faites.

     

    Un extrait : Le lendemain midi, Lili semblait déjà avoir repris du poil de la bête. Sa déception était de courte durée en comparaison avec les mois précédents. Thomas attribuait ce changement aux bons soins dont il entourait Lili. Il s’apprêtait d’ailleurs à lui servir un repas mijoté avec amour lorsqu’il sentit que la respiration de Lili s’était interrompue. Elle fixait son assiette, les yeux embués. Thomas hésitait sur la marche à suivre. Devait-il ignorer cet excès d’émotivité ou y plonger au risque de devoir ramer pendant de longues minutes afin d’en repêcher Lili ?

    - Est-ce que c’est trop chaud ?

    - Non. Ça a l’air parfait.

    - Ça manque d’assaisonnement ?

    - Non. C’est parfait.

    Thomas savait bien que son repas n’était pas en cause. Lili n’avait pas touché à son assiette, comment pouvait-elle prétendre que l’assaisonnement était adéquat ? A regret, Thomas plongea au cœur de la tempête.

    - Pourquoi t’as envie de pleurer, Lili ?

    - Les carottes.

    Le cerveau de Thomas tournait à mille à l’heure pour comprendre ce que Lili sous-entendait. Thomas avait cuisiné un mijoté de porc auquel il avait pris soin d’ajouter de belles petites carottes biologiques. Un légume que Lili appréciait en temps normal. Mais un lendemain de test de grossesse négatif n’était pas en temps normal.
    Le silence dura suffisamment longtemps pour que Lili lève les yeux et comprenne que Thomas avait besoin d’un peu plus d’explications.

    - T’as fait des minicarottes.

    - T’aimes pas ça ?

    - Thomas, t’as fait des bébés carottes. Des BEBES carottes !

     

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  • C'est lundi que lisez vous? #175

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog de Galleane.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Je dois dire que la reprise du travail a été assez difficile. Ce n'était peut-être pas une bonne idée de commencer cette reprise avec un livre aussi dense que celui-ci qui, de plus, n'est pas une fiction mais plutôt un documentaire. 
    J'espère que ça ira mieux cette semaine!

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    Nos âmes jumelles.jpg

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    Après la fin.jpg Au dessus de tout soupçon.jpg Billie.jpg

    Confess.jpg Dolorine à l'école.jpg Dracula tiré du film.jpg

    irrésistible T04.jpg Jack l'éventreur affaire classée.jpg La meute du phenix T01.jpg

    L'autre soeur.jpg Le ferry.jpg Le jour où les lions mangeront de la salade verte.jpg

    Le roi des fauves.jpg Le souffle de midas.jpg L'encyclopédie du merveilleurx.jpg

    Moi Simon, 16 ans, Homo Sapiens.jpg Ni mariée ni enterrée T01.jpg Nos âmes jumelles.jpg

    Nous les filles de nulle part.jpg November 9.jpg Une irrésistible envie de bonheur.jpg


    Et vous, que lisez-vous?

  • Premières lignes #17

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
    Pour ma part, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœurs !

     

    Cette semaine, je vous présente Une vraie famille de Valentin Musso dont vous pouvez lire le résumé et ma chronique ICI

     

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    À 10 h 18, il franchit le porche d’entrée et pénétra dans la cour d’honneur de l’université.
    Si les touristes désireux d’admirer la chapelle et les vieux bâtiments en pierre de taille se faisaient refouler à longueur de journée par le vigile, lui était passé sans encombre. Avec son jean, ses sneakers, ses lunettes à monture écaille de tortue et son sac à dos, il n’était qu’un étudiant parmi d’autres. Invisible.
    Un nuage se déchira, le soleil vint frapper la cour d’une lumière vive, presque surnaturelle. Il y vit un signe d’encouragement.
    Il suivit du regard deux pigeons qui finirent par se poser sur le parvis, à quelques mètres de lui. Ils lui apparurent comme deux anges descendus du ciel pour célébrer sa mission.
    Plusieurs étudiants étaient assis sur les marches, en bordure de la galerie. Leurs silhouettes se découpaient devant ces étranges peintures murales qu’il avait eu si souvent l’occasion d’observer. Elles représentaient des hommes à cheval avançant bravement sous les étendards, au son des fifres et des tambours. Un cortège en liesse les suivait. Il était seul, mais il traversa la cour aussi fièrement que ces chevaliers. Pas d’épée ni de bouclier à la main. Il avait mieux que ça.
    Une ou deux têtes lui étaient familières. Sans doute avait-il été assis un jour à côté de ces garçons dans un amphithéâtre. Peut-être leur avait-il déjà parlé, peut-être aurait-il pu devenir ami avec eux. Qu’importe… Ils n’étaient plus aujourd’hui que des êtres noyés dans un parfait anonymat.
    Il entra par la façade nord et se retrouva dans le grand vestibule à arcades, orné de statues des grands hommes du passé. Le cadre était solennel, grandiose, à la hauteur de l’acte qu’il allait accomplir.
    Dans son sac à dos, ni livres ni mémoire de recherche. Seulement un pistolet semi-automatique dix-sept coups. Six cents grammes. Canon et culasse en acier. Poignée en polymère. Une arme qu’il n’avait jamais utilisée que sur des cibles dans les stands de tir.
    Il resta immobile, planté au centre du hall. Quelques personnes passèrent devant lui en le dévisageant. Il ne leur prêta aucune attention. Des images s’animèrent dans sa tête. Il se représentait les visages suffisants des psychiatres médiatiques qui défileraient le lendemain sur toutes les chaînes nationales pour débiter des discours définitifs censés expliquer son geste.
    Les battements de son cœur s’accélérèrent mais il n’éprouvait pas de panique. Il se sentait bien, au contraire, les sens aiguisés par l’excitation.
    Il s’engagea dans le couloir qui longeait la bibliothèque. C’est là que son instinct lui disait d’aller. Il lui suffisait d’écouter la voix… De suivre les instructions.
    À 10 h 40, quelqu’un hurla. Ce fut un cri étrange, asexué, qui ne traduisait rien d’autre qu’un effroi hébété. Une plainte incongrue qui déchira la quiétude habituelle du lieu.
    Des têtes se levèrent. Des yeux cherchèrent l’auteur du hurlement plus que ce qui l’avait provoqué. Il y eut un moment de flottement, de ceux où l’on ne sait pas bien à quoi se raccrocher… Comme si ce cri d’alerte pouvait augurer du pire ou n’être en définitive qu’un simple canular.
    L’individu tenait son arme à bout de bras, vers un point invisible. Il avait reculé la culasse pour engager la première balle dans la chambre. Les autres suivraient toutes seules. L’intérêt d’un semi-automatique…

     

    Alors, tentés?

  • [Livre] L’enfer de Kathy

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    Résumé : L'enfer, Kathy ne craint pas d'y aller, elle y a vécu toute son enfance. C'était en Irlande, au début des années 1970.
    Maltraitée par un père colérique, violée pour la première fois à sept ans, la veille de sa première communion, elle est placée à huit ans dans un foyer de redressement où elle subit abus et maltraitance, et où elle est de nouveau violée. Quand elle dénonce son agresseur - un prêtre catholique -, on la « sauve » en l'envoyant à l'hôpital psychiatrique, où elle servira de cobaye pour de nouveaux traitements, dont les électrochocs !
    Puis c'est dans un couvent des sœurs de Marie-Madeleine (les tristement célèbres Magdalene Sisters) de Dublin qu'elle est internée. Dans cette institution religieuse accueillant les jeunes filles dites « perdues », elle prie et trime toute la journée, pour expier ses fautes.
    Mais de quels péchés doit se repentir une enfant dont le seul tort est de se voir abandonnée de tous ? Comment garder espoir face à la cruauté d'adultes censés veiller sur elle ?


    Auteur : Kathy O’Beirne

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 05 juillet 2012

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Kathy décrit avec précision les horreurs infligées à des jeunes filles sans défense par des personnes à la moralité soi-disant exemplaire.
    Tout commence mal pour la petite fille qui, dès l’âge de 5 ans, est battue, humiliée, voire torturée par son père. Aujourd’hui adulte, Kathy ne sait toujours pas pourquoi son père a fait preuve d’une telle cruauté envers elle. Qu’avait-elle de différent de ses deux sœurs ? De ses frères ?
    Mais même si les agissements de l’homme sont à vomir, ce n’est rien à côté de ce que les institutions religieuses ET d’Etats ont pu faire subir à Kathy. Une école religieuse dans laquelle elle trimait comme une bête sans jamais voir l’intérieur d’un livre de classe, un hôpital psychiatrique où elle sert de cobaye pour de nombreux produits et actes « thérapeutiques » dans lequel on ne l’a envoyé que parce qu’elle a dénoncé le prêtre qui l’avait violé, puis le comble de l’horreur avec une des tristement célèbres couvents des sœurs Madeleine (qu’on préfère appeler aujourd’hui les laveries des sœurs Madeleine, comme si cela justifiait les traitements infligés aux détenues, car oui, c’était des détenues), dont les agissements ont été portés à la connaissance du public international avec le film Magdalene sisters de Peter Mullan en 2001. Quand on sait que le dernier de ces couvents de l’horreur n’a été fermé qu’on 1996, on croit rêver, et quand on apprend par Kathy que, loin d’avoir été libérées, les anciennes Madeleines sont souvent, encore aujourd’hui, détenues dans des hôpitaux psychiatriques, on se demande à quoi joue le gouvernement irlandais (et les organisations internationale : il n’y a pas que dans le tiers monde qu’il faut se battre pour le respect des droits de l’homme).
    Kathy O’Beirne a gardé la foi car qu’on soit croyant ou non, il semble évident que les personnes qui ont commis ces atrocités ne méritent pas de représenter la communauté des fidèles, quelle que soit leur religion.

     

    Un extrait : Je suis en train de courir dans un grand couloir. Devant moi, la lumière du soleil filtre à travers le carreau d’une porte. On dirait la lumière du paradis. Derrière se cache un ciel bleu azur sous lequel une plage dorée s’étire à l’infini le long des vagues chargées d’écume. C’est là que je voudrais être : sentir la chaleur du soleil sur ma peau, construire des châteaux de sable, nager dans l’eau. Mon enfance idéale. Mon paradis.
    En atteignant la porte, je suis presque éblouie par cette lumière. Je tente de l’ouvrir, mais il n’y a pas de poignée et des barreaux protègent la vitre. Je frappe contre eux en hurlant mais personne de l’autre côté ne peut m’entendre. Dans mon dos, des bruits de pas résonnent et se rapprochent lentement. Je ferme les yeux et tombe à genoux, les mains jointes.
    Les larmes ruissellent sur mes joues tandis que les pas s’immobilisent derrière moi. La lumière au-dessus de ma tête s’évanouit en même temps que le soleil, la mer et le sable sont absorbés par une nuit obscure, sans lune. Me voici plongée dans les ténèbres de ma sinistre enfance. Je m’agrippe aux barreaux et laisse échapper un hurlement de douleur, de honte, de rage et de haine mêlées. Je suis une fillette prise sous le joug cruel d’un cauchemar sans fin.

     

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  • [Livre] Les sorcières de Salem

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    Résumé : 1692, Salem, Massachusetts. Deux jeunes filles ont perdu conscience suite à une sortie dans les bois. Le révérend Parris, père de Betty, a retrouvé sa fille et sa nièce Abigail dansant nues avec d’autres filles dans la forêt et prie pour sa fille tandis que les villageois en colère crient à la sorcellerie dans son salon ...


    Auteur : Arthur Miller

     

    Edition : Robert Laffon

     

    Genre : Théâtre

     

    Date de parution : 15 avril 2010

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé cette pièce, mais je regrette un peu de l’avoir lu dans l’édition que j’ai. En effet, j’ai lu la pièce traduite et adaptée par Marcel Aymé mais, contrairement au texte intégral, du moins d’après ce que j’ai pu déduire d’autres critiques, il n’y avait pas dans mon livre la richesse qu’offre le texte original. En effet, je n’ai eu ni didascalies à rallonge, donnant presque à la pièce des airs de romans, ni description détaillée des personnages.
    Il suffit de voir le nombre de pages, 238 dans mon éditions et 435 dans l’édition « Le livre de poche » pour se rendre compte de tout ce qui a disparu entre les deux.
    En réalité, je ne sais pas si j’aurais autant apprécié la pièce si je n’avais pas déjà connu l’adaptation cinéma et l’histoire vraie qui l’a inspirée.
    Pendant toute la pièce on en peut être qu’outré devant l’attitude des juges. Que les accusatrices soient des manipulatrices, comme dans la pièce, où qu’elles aient été empoisonnées à l’ergot de seigle, ce qui aurait provoqué des hallucinations collectives, puis interrogées jusqu’à ce que, poussées par la peur, elles donnent des noms, comme l’une des explications possibles avancée par les historiens pour expliquer ce phénomène d’hystérie collective, elles restaient des enfants (Si dans la pièce Abigaïl Williams a 17 ans, dans les faits, elle n’en avait que 11) et c’étaient aux juges de faire preuve d’impartialité. Mais on dirait que les juges ont été pris d’une boulimie d’exécution, signant des arrêts de mort à tour de bras sans même s’encombrer de preuves un tant soit peu solides. Comme si faire le plus de victimes possible allait garantir leur salut. Quand on sait qu’il suffisait de ne pas savoir dire ses 10 commandements pour qu’on commence à vous regarder de travers (Et les commandements c’est comme les nains de Blanche-Neige, il en manque toujours 1).
    D’ailleurs, l’indignation a été énorme déjà à l’époque puisque c’est le clergé de Boston, indigné, qui est intervenu auprès du gouverneur royal du Massachusetts pour mettre un terme aux agissements des juges de Salem et que l’un d’eux, Increase Mather, a déclaré dans un essai : « Il apparaît préférable que dix sorcières suspectées puissent échapper, plutôt qu'une personne innocente soit condamnée ». Comme quoi, ils avaient pas tous la même vision des choses !

    Un extrait : ABIGAÏL : Mon oncle, je n’ai rien voulu dire devant Suzanna, mais vous savez qu’au village le bruit commence à se répandre d’un mal surnaturel, justement. On va même jusqu’à dire que Betty s’est envolée.

    PARRIS : Envolée… Betty envolée… Voilà bien la fable la plus absurde qu’on puisse inventer.

    ABIGAÏL : Ne voulez-vous pas descendre ? Le parloir est plein de gens venus aux informations.

    PARRIS : Et que veux-tu que je leur dise, moi ? Que j’ai trouvé ma fille et ma nièce en train de danser la nuit comme des païennes dans une clairière de la forêt ?

    ABIGAÏL : Pourquoi pas ? Ce serait le meilleur moyen de couper court aux racontars.

    PARRIS : Abigaïl, je ne peux pas me présenter devant mes paroissiens alors que vous me cachez la vérité.

    ABIGAÏL : Mais je vous l’ai dit, elle est des plus simples, mon oncle. Nous dansions dans la clairière et quand vous avez brusquement surgi des buissons, Betty a eu si peur qu’elle s’est évanouie. Et voilà toute l’histoire. Il n’y a rien à dire de plus.

    PARRIS : Enfant, assieds-toi. Si tu sais quelque chose qui puisse aider le médecin, pour l’amour de Dieu, dis-le-moi.

    ABIGAÏL, tremble en s’asseyant : Je n’ai pas voulu faire de mal à Betty. J’ai toujours beaucoup aimé Betty.

    PARRIS : Réfléchis, mon enfant. Tu vois, je ne te gronde pas, je ne te punis pas. Mais si vous êtes allées dans la forêt pour évoquer les esprits, je dois le savoir tout de suite, car mes ennemis, eux, ne tarderont pas à l’apprendre et ce sera ma ruine.

    ABIGAÏL : Mais nous n’avons jamais évoqué les esprits.

    PARRIS : Une bouilloire était suspendue sur le grand feu autour duquel vous dansiez avec les autres jeunes filles. Pourquoi cette bouilloire ?

    ABIGAÏL : Nous avions froid, et Tituba nous a apporté de la soupe.

    PARRIS : Tu m’as dit que vous étiez allées au bois pour vous rafraîchir. Voilà maintenant qu’il vous fallait de la soupe pour vous réchauffer. (Abigaïl baisse les yeux.) Abigaïl, regarde-moi. Comprends-tu que j’ai de nombreux ennemis ?

    ABIGAÏL : Je le sais, mon oncle.

    PARRIS : Il y a dans le village une faction qui a juré de m’arracher à mon ministère, le comprends-tu ?

    ABIGAÏL : Je crois que oui.

    PARRIS : Eh bien, c’est précisément cette faction-là qui se réjouira d’apprendre que ma propre famille se livre dans la forêt à je ne sais quelles pratiques obscènes ! À quelles abominations !

     

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  • [Livre] Treize raisons

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    Résumé : Clay Jensen reçoit sept cassettes enregistrées par Hannah Baker avant qu'elle ne se suicide. Elle y parle de treize personnes qui ont, de près ou de loin, influé sur son geste. Et Clay en fait partie. D'abord effrayé, Clay écoute la jeune fille en se promenant au son de sa voix dans la ville endormie. Puis il découvre une Hannah inattendue qui lui dit à l'oreille que la vie est dans les détails. Une phrase, un sourire, une méchanceté ou un baiser et tout peut basculer...


    Auteur : Jay Asher

     

    Edition : Le Livre de Poche

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 30 mai 2012

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Je ne sais pas si c’est parce que je ne suis plus une ado, mais je n’ai pas ressentie d’empathie particulière pour Hannah. J’ai eu l’impression d’une jeune fille qui a monté en épingle des bêtises et qui n’a jamais rien fait pour que les choses réellement graves s’arrêtent. Par exemple, à aucun moment, elle n’envisage de parler à ses parents, à l’infirmière du lycée ou encore à un professeur de l’attitude de certains garçons après qu’elle a été noté sur « la liste ».
    J’ai eu plus de peine pour ses parents et pour Clay, à qui elle pourri la vie en toute connaissance de cause. Quand j’ai lu « la cassette » qui concernait le jeune homme, je me suis dit : « non mais pour de bon, elle a osé lui faire ça ? »
    Tout ce qu’Hannah a fait en prévision des jours/semaines suivant sa mort, elle aurait pu le faire de son vivant.
    Ce qui m’a dérangée, c’est que Hannah met au même niveau un poème publié contre son gré dans le journal du lycée et un viol. Comme si les deux faits étaient d’égales importances. Il y a aussi le fait qu’elle ramène tout à elle : ce viol a fait partie des faits l’ayant poussé au suicide dit-elle… sauf qu’elle n’est pas la victime. Elle est un témoin qui s’est tu, qui a laissé faire. Je ne vois pas en quoi elle est à plaindre quand on sait qu’elle a laissé faire sans réagir et qu’après les faits, elle a gardé le silence.
    Le sujet est grave, parfois tabou, et j’ai vraiment eu l’impression qu’il était traité un peu de manière légère. J’aurais apprécié que Clay, dans ses observations au fil de la lecture, nous dise quel impact la mort d’Hannah a eu sur la communauté.
    Sur la manière de traiter le sujet, j’ai trouvé que la série était plus explicite et plus profonde en mettant en avant ce que ressentent les parents d’Hannah, le procès qu’ils intentent au lycée, la réaction de Clay aux divers récits qui est moins passives… bref, je trouve que la série lève plus le tabou que le livre qui m’a laissée sur ma faim.
    En fait, je crois que c’est cette histoire même de cassettes qui m’a mise mal à l’aise. L’auteur présente le suicide d’Hannah comme une vengeance ; comme si faire souffrir et culpabiliser des petits cons valaient la vie humaine. Là on n’est pas dans le cas, malheureusement fréquent, d’ados harcelés qui un jour, craquent, et, ne voyant pas d’autre alternative, mettent fin à leurs jours. Ici on a une jeune fille qui a passé des heures à enregistrer ces cassettes, à organiser leur diffusion… Bref, j’ai trouvé qu’il y avait presque une banalisation du suicide en en faisant une arme. Et j’ai trouvé que ce n’était pas rendre justice à la souffrance que ressent un ado qui commet ce geste.
    Pour autant l’écriture n’est pas désagréable et je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé ma lecture. J’ai aimé le style, la manière d’écrire, mais je suis plus réservée sur le contenu.

     

    Un extrait : Salut, tout le monde. Ici Hannah Baker. En live et en stéréo.

    Je n'en crois pas mes oreilles.

    Il n'y aura pas d'autres dates. Pas de rappels. Et cette fois, aucune intervention du public.

    Non, c'est impossible. Hannah Baker s'est suicidée.

    J'espère que vous êtes prêts, parce que je vais vous raconter l'histoire de ma vie. Ou plus exactement, la raison pour laquelle elle s'est arrêtée. Et si vous êtes en train d'écouter ces cassettes, c'est que vous êtes l'une de ces raisons.

    Hein ? Non !

    Je ne vous dirai pas laquelle de ces cassettes vous concerne personnellement. Mais n'ayez crainte : si vous avez reçu cette charmante petite boîte, votre nom surgira à un moment ou à un autre... c'est promis.

    Et la parole d'une morte, c'est sacré

    Tiens ! Ça me rappelle une blague. Quel est l'autre nom du croque-mort ? Réponse : Le mord-bide.

    C'est un genre de lettre d'adieu tordue, ou quoi 

    Allez. Riez.

    Bon, tant pis. Je trouvais ça drôle.

    Avant sa mort, Hannah a enregistré des cassettes audio. Pourquoi ?

    Les règles sont simples. Et au nombre de deux seulement. Petit un : écouter. Petit deux : faire passer les cassettes à la personne suivante. L'un comme l'autre, je l'espère, devraient vous être très pénibles.

    — Qu'est-ce que tu écoutes ?

    — Maman !

    Je me jette sur la platine, presse plusieurs boutons à la fois. 

    — Tu m'as fait peur. C'est rien. Juste un devoir pour le lycée. Ma réponse automatique, idéale en toutes circonstances.

     

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