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Historiques - Page 7

  • [Livre] Impératrice Orchidée T02 – La souveraine

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    Résumé : Veuve de l'empereur de Chine, Orchidée assure l'éducation de son fils, le jeune prince Tongzhi, mais sa tâche n'est pas simple car elle doit louvoyer entre les manigances de la corégente, Nuharoo, l'ambition du prince Kung qui prend une place de plus en plus grande au sein du gouvernement, les révoltes des musulmans dans les lointaines provinces et les exigences croissantes des Occidentaux.
    Sa mission devient d'autant plus délicate que Tongzhi meurt bientôt, victime de la débauche. Le fils adoptif et neveu d'Orchidée monte alors sur le trône sous le nom de Guangxu. Dotée d'une volonté de fer, l'impératrice est acculée à prendre parfois des décisions impitoyables, souvent mal comprises, mais toujours destinées à préserver la grandeur de l'Empire du Milieu.
     

     

    Auteur : Anchee Min

     

    Edition : J’ai lu

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 2008

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’ai eu un problème avec le début de ce livre : les incohérences. Dans les premières pages, Orchidée dit qu’elle a débutée comme concubine du 3eme rang alors qu’elle se voit attribué le rang de concubine du 4ème rang dans le 1er tome (et que la vraie Cixi était concubine du 5ème rang, le plus bas). Son époux meurt quand son fils a 5 ans. A un moment elle dit que son époux est mort depuis presque 10 ans et que son fils a 10 ans…ça ne colle pas…
    Mais ces petites incohérences du début sont vite oubliées quand on plonge dans la lecture.
    Au fil de ma lecture, il est devenu très clair que l’auteur avait décidé de faire de l’impératrice Cixi une malheureuse victime n’ayant jamais pris de décision cruelle volontairement mais en y étant forcé par tel ou tel autre.
    Je veux bien admettre que les historiens, dans leur ensemble, aient peut être un peu diabolisé l’impératrice en se basant sur des articles de presse étrangères qui avait intérêt à lever l’opinion internationale contre elle. Mais je ne crois pas non plus qu’elle ait été la douce agnelle menée au sacrifice que l’on décrit ici.
    Car pour obtenir et conserver, envers et contre tout, le pouvoir qu’elle a exercé, il a bien fallut qu’elle écarte de son chemin les obstacles qui se sont présentés devant elle.
    L’histoire la décrit comme une victime, Anchee Min comme un ange…La vérité a du se trouver quelque part entre les deux…

    Un extrait : Tongzhi se plaignit de maux d’estomac et ne put assister à l’audience matinale mais, l’après midi, j’envoyais An-te-hai le chercher. Mon fils allait avoir treize ans et il était empereur depuis sept années. Je comprenais pourquoi il haïssait ses devoirs et s’esquivait chaque fois qu’il le pouvait, mais cela ne m’empêchait pas d’être déçue.

    Je ne cessai de penser à lui alors que, assise sur le trône, j’écoutais Yung Lu lire une lettre de Tseng Kuo-fan évoquant le remplacement du gouverneur Ho et de Sheng Pao. Aucune décision n’avait encore été prise et j’avais du mal à me concentrer. Les yeux rivés sur la porte, j’espérais entendre l’annonce de l’entrée de mon fils. Enfin il arriva et les cinquante hommes présents dans la salle tombèrent à genoux pour se frapper le front sur le sol. Tongzhi prit place sur le trône sans même leur accorder un regard.

    Mon beau garçon s’était rasé pour la première fois. Il avait beaucoup grandi dernièrement. Ses yeux et sa voix douce me rappelaient son père. Devant la cour, il semblait sûr de lui mais je savais que l’instabilité de son caractère ne faisait qu’augmenter.

    Je laissais Tongzhi seul la plupart du temps parce que l’ordre m’en avait été donné. Nuharoo m’avait fait comprendre qu’il était de son devoir d’exprimer les besoins de l’empereur. « Tongzhi doit pouvoir mûrir selon ses propres critères. », avait-elle précisé.
    La cour avait du mal à maîtriser le caractère sauvage de Tongzhi. Un jour, Tsai-chen, fils du prince Kung, arriva pour devenir le compagnon d’étude de mon fils. Bien que n’ayant pas pris part à cette décision, j’étais impressionnée par ses bonnes manières et je fus soulagée de constater que les deux garçons se lièrent aussitôt d’amitié.

    Tsai-chen avait deux ans de plus que Tongzhi et son expérience du monde extérieur fascinait le jeune empereur qui n’avait pas le droit de franchir les portes de la cité interdite. Les deux garçons partageaient en outre le même intérêt pour l’opéra chinois.

    Contrairement à Tongzhi, Tsai-chen était robuste et solidement bâti. Il adorait monter à cheval et j’espérais que, sous l’influence de son ami, mon fils suivrait la tradition des hommes de Bannière, celle des guerriers mandchous qui avaient vaincu la Chine des Han deux siècles auparavant. Les peintures de famille montraient les empereurs mandchous participant à des évènements tout au long de l’année, qu’il s’agisse d’arts martiaux, d’équitation ou de chasse automnale. Depuis six générations, la tradition était respectée et je verrai mon rêve se réaliser, si, un jour, Tongzhi montait enfin à cheval.

     

  • [Livre] Impératrice Orchidée T01 – La concubine

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    Résumé : Devenir concubine de l'empereur de Chine, la jeune et jolie Orchidée en rêve pour arracher à la misère sa famille de petite noblesse, totalement ruinée.
    Et elle pourrait ainsi échapper au mariage qu'on lui a arrangé avec un cousin débile. Mais elles sont des milliers de jeunes filles à l'espérer ! Elle tente malgré tout sa chance lorsque le palais annonce qu'il va recruter deux cents demoiselles pour les plaisirs du souverain... Sa beauté lui permet de figurer parmi les élues. Sans se laisser décourager par l'étiquette écrasante et rigide de la Cité interdite qu'elle découvre, ni par les humiliations venues de ses rivales et de l'impératrice douairière, Orchidée se lie avec un eunuque pour intriguer et rencontrer l'empereur.
    Parvenue à la couche royale, elle apprivoise peu à peu cet homme malade et superstitieux et, par de longues conversations, s'initie aux affaires politiques. La naissance d'un fils lui assure bientôt une position solide...

     

    Auteur : Anchee Min

     

    Edition : J’ai lu

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : Mars 2007

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Nous avons ici le premier tome sur deux de la biographie romancée de Cixi qui fut la dernière impératrice de Chine et qui sera la vraie détentrice du pouvoir, de 1861 à sa mort en 1908 et ce malgré des débuts au rang le plus bas, celui de concubine du 4ème rang.
    Tout aura commencé par la mort et la disgrâce de son père. Ruinée, la famille d’Orchidée s’installe chez un oncle qui ne rêve que de les voir partir pour louer leurs chambres à plus offrants. Pour leur permettre de rester, il exige le mariage d’Orchidée avec son fils, atteint de déficience mentale. La recherche par l’empereur de 200 jeunes femmes pour être, pour 7 d’entre elles ses épouses, et pour les autres, ses concubines, tombe donc à pic pour tenter d’échapper à ce mariage.
    A son grand bonheur, Orchidée fait partie des élues et sa famille est couverte d’argent et de cadeaux impériaux qui la sort enfin de sa misère. Ne plus revoir les siens est une perspective difficile à accepter mais le jeu en vaut la chandelle pour Orchidée.
    La voilà à présent au cœur de la cité interdite, avec son étiquette, ses codes et ses dangers.
    Avec un époux quasiment impuissant, qui n’honorent quasiment jamais ses épouses et concubines, la grossesse d’Orchidée et la naissance de son fils déchaîne les jalousies. Alors qu’elle avait sympathisée avec Nuharoo lors de leur présentation à l’empereur, celle-ci se révèle être sa pire ennemie, distillant les servantes comme espionne dans les palais de ses rivales et n’hésitant pas à se servir de son rang pour leur rendre la vie impossible (ce qui coutera la vie à l’une des concubines).
    S’il y a un reproche à faire à se premier tome, c’est d’avoir rendu Orchidée trop angélique : elle est la douceur incarnée. Or, pour arriver à survivre dans le panier de crabes qu’était la cour interdite et se hisser au rang qu’elle a occuper sous le nom de Cixi, il est fort à parier qu’elle ait montré moins de scrupules à écarter ses ennemis que ce que l’auteur veut nous le faire croire. Comme ce premier tome est axé sur la jeunesse de l’impératrice, j’attends de voir si l’auteur nous la dépeint toujours comme une fleur délicate dans le second tome, où on découvrira sa vie de souveraine.

    Un extrait : Ce fut un hiver terrible. Après une tempête de neige, on découvrit des corps gelés dans les rues de Pekin. Je donnais tout ce que je gagnais à ma mère, mais cela ne suffisait pas à nos dépenses. Les prêteurs faisaient la queue devant la maison. La porte s’était plusieurs fois écroulée. Onzième oncle était mal à l’aise et son visage reflétait ses pensées. Je savais qu’il voulait nous voir partir. Mère fut engagée comme servante, mais congédiée dès le lendemain car elle était tombée malade. Elle devait se cramponner au lit pour se lever et sa respiration était rauque. Ma sœur Rong lui prépara une décoction de simples. En plus de feuilles amères, le médecin lui prescrivit des cocons de ver à soie. Une odeur désagréable imprégnait mes habits et mes cheveux. Mon frère Kuei Hsiang allait emprunter de l’argent aux voisins. Au bout d’un moment, personne ne lui ouvrit plus sa porte. Mère acheta des vêtements de deuil bon marché, une tunique noire qu’elle portait toute la journée.
    « Tu n’auras pas à me changer si tu me trouve morte dans mon lit », me dit-elle.
    Un après-midi, Onzième Oncle vint avec son fils auquel je n’avais jamais été présentée. Il s’appelait Ping, « Bouteille ». Je savais qu’oncle avait eu un fils avec une prostituée et qu’il le cachait parce qu’il était gêné.
    J’ignorais que Bouteille était un arriéré.

     

  • [Livre] Reines, maitresses et favorites – La marquise de Pompadour

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    Résumé : Jeanne-Antoinette Poisson nait à Paris en 1721. Son père, écuyer du duc d’Orléans, est contraint à l’exil après des malversations et c’est l’un des amants de sa mère qui l’élèvera. A 20 ans, la jeune femme « belle à miracle » épouse l’un des riches neveux de son protecteur. Femme d’esprit d’une grande beauté, elle fréquente tous les salons à la mode et s’y fait remarquer. Mais sa vie change radicalement le jour où elle croise, lors d’une chasse, le roi Louis XV.

    Auteur : Collectif

     

    Edition : Hachette Collection      

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : septembre 2014

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Cet ouvrage est sur le même format que la reine Margot, à savoir un texte chronologique centré sur la personne présentée, ici Jeanne Poisson, agrémenté d’encarts présentant les divers personnages qui gravitent autour d’elles, de magnifiques illustrations, reproductions pour la plupart d’œuvres de maîtres, et de pages détaillant des points particuliers comme les usages de la cour.
    Le livre est très complet et j’ai appris des choses que je n’avais encore jamais lues, comme le fait que Louis XV ait élevé la marquise au rang de duchesse, bien qu’elle n’en ait pas eu le titre.

    A la fin du livre, on a une frise chronologique qui nous indique sur une double page les moments clefs de la vie de la marquise. Ils sont ainsi visibles du premier coup d’œil.

    Bien sur, en 55 pages, le livre n’aborde que superficiellement la vie de la Marquise mais cette série permet de connaître l’essentiel et peut être très utile pour parfaire un peu sa culture générale (et servira aussi pour les exposés des collégiens/lycéens.)

     

    Un extrait : Après avoir fait ses études au couvent des Ursulines à Poissy de 1726 à 1730, le petite Jeanne-Antoinette, surnommée Reinette, prend des cours de théâtre avec l’auteur dramatique Crébillon. On fait aussi appel aux meilleurs professeurs pour lui enseigner la danse et le dessin. Mais c’est dans le chant, auquel la jeune fille est formée par le célèbre ténor Jélyotte, qu’elle excelle.

    Allié à sa beauté, ce talent la fait vite remarquer dans les meilleurs salons parisiens. Reçue chez Mme D’Angervilliers, elle suscite l’enthousiasme général en interprétant le grand air d’Armide, de Lully. On la retrouve chez Mme de Tencin, où elle fait la connaissance de Montesquieu, de Marivaux, de Fontenelle, de Piron et de Duclos. Ravie de côtoyer des hommes de lettres aussi célèbres, l’adolescente écoute avec fascination leurs conversations brillantes et rit volontiers à leurs bons mots.

     

  • [Livre] Reines, maitresses et favorites - La Reine Margot

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    Résumé : Fille de Catherine de Médicis et sœur de trois rois de France, Marguerite de Valois, se devait, elle aussi, d’accéder à un statut royal. Ce fut fait lorsque sa mère la maria à un homme bourru et bon vivant, Henri, roi de Navarre et futur Henri IV. Ce mariage éminemment politique, visant à réconcilier catholiques et protestants, amène à Paris les factions des deux camps. Le massacre de la Saint-Barthélemy clôture leurs noces d’une façon tragique. Femme de lettre, cultivée, mécène et généreuse, la Reine Margot est aussi une redoutable amante, dont le nom est synonyme d’intrigues et de scandale. Délaissée par son coureur de mari et capturée sur ordre de son frère Henri III, elle sera emprisonnée durant dix-neuf ans…


    Auteur
     : Collectif

     

    Edition : Hachette Collection      

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution :

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : En 55 pages, ce livre purement historique et non romancé, tente de transcrire les étapes cruciales de la vie de Marguerite de Valois que l’Histoire a retenue sous le nom de la Reine Margot, magnifiquement interprétée dans le film éponyme par Isabelle Adjani.
    Magnifiquement illustré par des reproductions de tableaux ou de gravures d’époque, le texte est entouré d’encarts qui précisent des points particuliers (petit historique d’un lieu, petite biographie succincte de personnages secondaires à la vie de Marguerite et de sa famille.)
    Le texte principal débute avec l’accident mortel d’Henri II alors que Marguerite n’a que 6 ans.

    Plusieurs pages sont consacrées à la Saint-Barthélemy qui a lieu seulement 6 jours après les noces de Marguerite et Henri de Navarre, mariage auquel Marguerite aura tenté jusqu’au bout de se soustraire.

    Mais l’ouvrage ne s’arrête pas sur cet épisode sanglant et poursuit l’histoire de Marguerite, ses déboires avec son frère, Henri III dont elle était pourtant si proche dans sa jeunesse, sa vie à Nérac, son emprisonnement au château d’Usson… et tout ce qu’elle a vécu d’important jusqu’à sa mort.
    A la fin de l’ouvrage, une double-page, sous forme de frise chronologique, récapitule les dates clefs de la vie de celle qui a été immortalisée par Alexandre Dumas dans son roman « La reine Margot ».

    Un extrait : Un mariage en vue
    Durant ce voyage, la reine mère rencontre le duc d’Albe pour évoquer un éventuel mariage de sa fille Marguerite avec l’infant Don Carlos d’Espagne. Malheureusement, le roi d’Espagne Philippe II est peu enclin à satisfaire Catherine de Médicis. En effet, il n’apprécie guère la politique de la France, trop tolérante à son goût avec les protestants.
    A la consternation de la Reine mère, les discussions ne servent à rien. Le 2 juillet 1565, Marguerite embrasse sa sœur Elisabeth, qui rentre en Espagne.

    Cette dernière s’éteindra quatre ans plus tard sans que les deux sœurs ne se soient revues. La famille royale poursuit son voyage avant de revenir à Blois, où les habitants catholiques réservent un accueil chaleureux au roi. Après avoir passé l’hiver à Moulins, on rentre enfin à Ambroise le 1er mai 1566. Pendant ce long périple, Marguerite s’est métamorphosée en une ravissante brune de treize ans qui rêve déjà à l’amour, à cette époque où l’âge de la maturité étaient plus précoce que de nos jours.

  • [Livre] Les adieux à la reine

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    Résumé : Une femme, Agathe-Sidonie Laborde, ancienne lectrice de Marie-Antoinette, se souvient de Versailles et, plus précisément (parce que c'est pour elle une hantise), des 14, 15, et 16 juillet 1789, jours d'effondrement durant lesquels, Louis XVI ayant cédé sur tout, les intimes de la famille royale et une grande partie de la Cour se dispersent. 

     

    Auteur : Chantal Thomas

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 28 août 2002

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : 1810. Agathe-Sidonie Laborde, ancienne lectrice de la reine, se souvient, quasiment heure par heure, de ses trois derniers jours à Versailles. Cette jeune femme, qui n’est pas une aristocrate mais pas tout à fait non plus une domestique, fascinée par la Reine qu’elle idolâtre, refuse la réalité. Elle refuse de croire que la Bastille est tombée, elle refuse de croire que le peuple se soulève, elle refuse de croire que la royauté touche à sa fin.
    Ce déni ne va pas résister aux nouvelles qui arrivent à la Cour ainsi qu’à la Panique, qu’elle personnifie comme étant une femme vêtue de haillons ensanglantés.
    Contrairement au film du même nom, Mme Laborde ne se retrouve que très rarement en présence de la Reine pendant son récit. Le plus souvent elle est dans les couloirs, avec le reste de ceux qui logent sur place, à essayer d’en savoir plus sur les événements. Alors que dans le film la Reine lui montre de l’amitié et de la tendresse, ici, c’est à peine si elle lui jette un regard, à peine si elle l’écoute d’ailleurs lors des séances de lectures.
    Pourtant, à être trop près des puissants, Sidonie en oublie qu’elle n’est pas des leurs. Elle regarde de haut domestiques, valets et peuple, comme les aristocrates la regardent. Pour le peuple et pour la domesticité, elle fait partie des « grands » ; pour l’aristocratie, elle est entre-deux : pas assez insignifiante pour qu’on l’ignore totalement, pas assez importante pour être leur égale.
    Certains passages historiques sont assez pointus, lorsque Sidonie parle de familles nobles. On peut vite être perdu dans les personnages. Mais cela ne dure pas et il n’y a pas de personnages importants excepté le Roi, la Reine, la duchesse de Polignac et Sidonie. Les autres personnages sont presque secondaires car il s’agit ici d’un tout, de la réaction de la noblesse et non pas des sentiments de tel ou tel autre personnage particulier.
    Chantal Thomas décrit parfaitement les dessous de Versailles. Exit la splendeur, les meubles richement décorés, bonjour l’humidité, le délabrement d’un domaine impossible à garder en état, les aliments qui pourrissent dans les appartements, dans les couloirs, les punaises, les puces, les odeurs des corps qui ne sont jamais lavés (On regardait Marie-Antoinette avec méfiance car elle se lavait avant de s’habiller le matin, quelle extravagance !), les rats qui devenaient, le soir tombé, les vrais maîtres des lieux…
    Ce qui frappe, c’est l’incompréhension. Parce que les personnes que l’on croise, à l’instar de Sidonie, ne s’occupent pas de politique. Ils ne comprennent donc pas pourquoi le peuple est mécontent. Bon c’est vrai que la Reine est parfois un peu froide, mais c’est une autrichienne… mais le roi, il est si gentil, comment peut-on lui en vouloir ? Ils n’ont aucune conscience des réalités vécues par le peuple et cela les rend d’autant plus angoissés des événements car ils ne les comprennent pas.
    Et puis, il y aura la demande insensée de la Reine, que Sidonie n’imagine pas refuser, mais qui démontre tout de même l’indifférence de Marie-Antoinette à son égard.
    Malgré quelques longueurs, ce fut une bonne lecture, qui égratignait un peu le mythe de Versailles tout en racontant les choses de l’intérieur.

    Un extrait : C’était un matin un peu frais pour un mois de juillet, voilà ce que je me disais, je crois, montée sur un escabeau, la tête passée à travers la fenêtre mansardée de ma chambre, scrutant un ciel de pluie. Je m’habillai rapidement. J’enfilai des bas d’hiver et glissai, par-dessus le jupon de coton épais avec lequel j’avais dormi, une robe violet sombre presque noire. J’ajoutai un paletot gris, un foulard et empoignai un grand parapluie. Pour le missel, je n’avais pas à le prendre, il était toujours dans la poche de ma robe ; je le déplaçais quand je changeais de robe. Je me hâtai vers l’église Saint-Louis pour y entendre la première messe. Je connaissais le chemin par cœur, cela ne m’empêcha pas de me tromper et de continuer trop loin par la rue de la Chancellerie, au lieu de prendre à droite tout de suite par la rue des Récollets. Erreur légère certes en termes de distance, mais dont je sentis la gravité en atteignant les abords du marché. Des grappes de miséreux y végétaient dans la pourriture et la crasse. Ils étaient prêts à tout pour améliorer un ordinaire constitué des pires déchets, des immondices que les chiens n’auraient pas mangés : il leur arrivait de se battre pour boire l’huile dans laquelle baignaient les mèches des réverbères. Je ne les voyais pas, mais je les devinais, massés contre des baraquements, disséminés, cachés dans tout ce qui pouvait servir d’abri, ou simplement couchés ivres morts dans le ruisseau. Je marchais le plus vite possible. Je dérapai sur ce qui me sembla être quelques pelures de légumes et lâchai ma robe un peu trop longue, dont l’ourlet, par ce mouvement, trempa dans la boue, dans l’horrible mixture de crasse et de sang où baignait cet agglomérat de baraques. Ça bougeait tout près de moi, il y avait des trafics, des voix d’hommes. J’aurais dû faire attention, ne pas traverser seule et dans le jour gris qui ne se levait pas, ce mauvais quartier du Parc-aux-Cerfs.

    Lorsque j’atteignis l’église Saint-Louis, j’avais le cœur battant et m’absorbai avec ferveur dans la prière. Il nous était recommandé de beaucoup prier pour le salut du royaume et pour l’âme du Dauphin, ce pauvre enfant, décédé le 4 juin. Le Roi avait ordonné mille messes pour l’âme de son fils. Je priai passionnément, avec le sentiment confus qu’il y avait un lien entre la mort du fils aîné du Roi et quelque chose d’inquiétant qui menaçait la France. Malgré l’heure matinale, l’église était pleine. Le long des rangées, des silhouettes sombres, agenouillées, chuchotaient. Les cierges éclairaient en bordure, c’était d’eux et non des vitraux qu’un peu de lumière venait. Le prêtre monta en chaire. Ce n’était pas l’abbé Jean-Henri Gruyer, vicaire de Saint-Louis, mais l’abbé Bergier, confesseur de la Reine, du comte de Provence, frère du Roi, et de son épouse. Tout ce que ce prêtre savait, et taisait ! À travers ses mots, j’essayai de distinguer un autre message, subtil, qu’il nous aurait indirectement révélé, d’après ce qu’il avait appris dans le secret de la confession. L’abbé Bergier, bien sûr, ne laissa rien passer. Sur le ton plutôt sec et exceptionnellement modeste qui était le sien, il fit l’apologie de saint Bonaventure, dont c’est, le 14 juillet, la fête.

    Pour rentrer au château je pris le bon chemin, le long du Potager du Roi puis par la rue de la Surintendance. Ce trajet pouvait paraître plus sûr, de l’extérieur ; en fait, il m’émut encore davantage. Dans cet ancien quartier, qui avait été autrefois le village de Versailles, s’étaient logés beaucoup de députés du Tiers État. La perspective de croiser ces hommes en habit triste et qui parlaient entre eux comme d’autres gens se frappent n’avait rien d’engageant. Pourtant, je surmontai mon appréhension et réussis à parcourir toute la rue sans rien voir. Ce n’est que lorsque je touchai à la première grille du château que je me sentis assez en sécurité pour retrouver le don de la vue. Dans la Cour Royale, la relève de la garde se faisait. J’accompagnai en chantonnant la musique des trompettes et des tambours ; je pris au passage un broc d’eau dans la soupente de la petite Alice, femme de chambre de madame de Bargue (laquelle avait la chance d’avoir un appartement avec une fontaine), et rejoignis ma chambre pour me faire une grande toilette. Je changeai mes bas de laine contre des bas de filoselle, et remplaçai mon foulard par un châle écossais noir et blanc. Je me coiffai avec soin. Je voulais aussi mieux préparer l’ordre des lectures que j’avais prévues pour la Reine. J’en avais été avertie la veille : ce jour était un jour où elle me demandait.

     

  • [Livre] Chronologie des rois de France

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    Résumé
     : Offrant un tableau complet de la monarchie française, cet ouvrage couvre quinze siècles de royauté.
    Il s'étend de sa période la plus obscure, l'histoire des Mérovingiens, à l'établissement du royaume de France à travers les rois fondateurs, Philippe Auguste, Saint-Louis et Philippe le Bel.
    Le lecteur traverse l'exercice de la monarchie absolue sous Louis XIV jusqu'à la monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe.
    Dynastie par dynastie, roi par roi, cet ouvrage présente la vie et les grandes réalisations de chacun, leur apport à la construction du royaume de France, leur vision politique, leurs divertissements ainsi que leur caractère.

     

    Auteur : Pierre Vallaud

     

    Edition : Archipoche  

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 17 août 2011

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Ce livre est une sorte de petit mémento. Il est intéressant dans le sens où il répertorie tous les rois, même les plus insignifiants, ayant régné depuis Clovis.
    Il sera ainsi utile pour un élève de primaire, de collège ou de lycée qui a besoin d’un petit rappel de dates ou de faits importants. A la fin du livre, quelques cartes montrent l’évolution du royaume de France.
    Les passionnés d’histoire apprécieront de découvrir des rois qui ont régné si peu de temps qu’on ne les étudie pas à l’école, mais regretteront certaines approximations (dans le paragraphe sur Louis XVI, il est dit qu’il est arrêté à Varennes le 20 juin ; dans celui sur Louis XVII, c’est le 25 juin), certains déroulements qui ne sont pas chronologiques (On parle de la mort de Louis XV avant de parler de son mariage), des omissions (pas un mot sur le 1er mariage annulé de Louis XV avec Maria Anna Victoria, infante d’Espagne), ou encore des faits cités sans être expliqués (l’affaire des brus de Philippe le Bel) ce qui obligent ceux qui ne connaissent pas ces événements à faire des recherches annexes pour tout comprendre.
    Enfin, j’ai regretté un certain manque de partialité de l’auteur (il présente la reine Isabeau de Bavière comme une traîtresse, frivole et dévergondée, sans préciser que dès sa nuit de noce, qui fut un cauchemar selon les témoignages, elle a du, pendant des années, faire face, seule, aux crises de violences d’un roi dément).
    Voilà pourquoi je trouve que cet ouvrage, bien qu’intéressant, n’est rien de plus qu’un mémento, une énumération des différents monarques, et a plus sa place sur le bureau d’un élève que dans la bibliothèque d’un lecteur, car il tient plus de l’ouvrage scolaire que du livre historique.
    Cela dit, on ne pouvait guère attendre plus d’un livre qui couvre près de 14 siècles et 70 monarques en seulement 144 pages.

    Un extrait : CLOVIS IV
                        v. 682 – 695
    Roi des Francs (691-695)

    FILS AÎNÉ de Thierry III, il est désigné par le maire du palais et vrai souverain du royaume, Pépin de Herstal, pour monter sur le trône à la mort de son père. Pépin de Herstal fait ainsi réapparaître le droit d’aînesse. Placé sous l’étroite tutelle du maire du palais, ce fantôme de roi règne nominalement pendant quatre ans avant de mourir à l’âge de treize ans.

    CHILDEBERT III

    v. 683 - 711

    Roi des Francs (695-711)

     

    DEUXIÈME FILS de Thierry III, il devient roi en 695, à la mort de son frère, Clovis IV. Placé sous l’étroite tutelle du maire du palais, Pépin de Herstal, il ne dispose d’aucun pouvoir réel. Plusieurs campagnes sont menées contre les Frisons et les Alamans sous son règne. Il meurt à l’âge de vingt-huit ans, après seize ans de règne, un record de longévité pour les rois fainéants.

    DAGOBERT III

    v. 699 - 715

    (711-715)

     

    FILS DE CHILDEBERT III, il devient roi en 711, à l’âge de douze ans. Le maire du palais, Pépin de Herstal, et véritable maître du royaume, l’a choisi de préférence à son oncle, Clotaire, majeur, mais le jeune homme meurt à l’âge de seize ans.

    Il est l’un des derniers Mérovingiens, rois sans pouvoir presque tous morts dans la fleur de l’âge. Aussi est-il clair aux yeux de tous les Francs que c’est la famille de Pépin qui est désormais considérée comme royale. 

     

  • [Livre] L'échange des princesses

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    Résumé : En 1721, Philippe d’Orléans est Régent, dans l’attente que Louis XV atteigne la maturité légale. L’exercice du pouvoir est agréable, il y prend goût. Surgit alors dans sa tête une idée de génie : proposer à Philippe V d’Espagne un mariage entre Louis XV, âgé de onze ans, et la très jeune Infante, Maria Anna Victoria, âgée de quatre ans, qui ne pourra donc enfanter qu’une décennie plus tard. Ce laps de temps permet l’espoir d’un "malheur" qui l’assiérait définitivement sur le trône de France… Et il ne s’arrête pas là : il propose aussi de donner sa fille, Mademoiselle de Montpensier, comme épouse au jeune prince des Asturies, futur héritier du trône d’Espagne, pour conforter ses positions. La réaction à Madrid est enthousiaste, et les choses se mettent vite en place. L’échange des princesses a lieu début 1722, en grande pompe, sur une petite île au milieu de la Bidassoa, la rivière qui fait office de frontière entre les deux royaumes. Tout pourrait aller pour le mieux. Mais rien ne marchera comme prévu. Louis XV dédaigne l’Infante perdue dans l’immensité subtile et tourbillonnante du Louvre et de Versailles ; en Espagne, Mademoiselle de Montpensier ne joue pas le jeu et se refuse à son mari, au grand dam de ses beaux-parents Philippe V et Elisabeth de Farnèse. À la fin, un nouvel échange a lieu, beaucoup plus discret cette fois : chacune des princesses retourne dans son pays…

    Auteur : Chantal Thomas

    Edition : Le seuil français

    Genre : historique

    Date de parution : 22 août 2013

    Prix moyen : 8€

    Mon avis : Chantal Thomas nous livre une version un peu romancée d’un épisode méconnu de l’histoire de France et d’Espagne.
    J’ai trouvé un peu dommage les passages sur les poupées de l’infante, auxquelles l’auteur prête vie, passages qui, à mon sens, n’avaient pas leur place dans un roman historique.
    J’ai beaucoup aimé, en revanche, les extraits de lettres échangés entre l’infante et sa famille, et celles envoyées par Mlle de Montpensier qui sont historiques et recopiées dans les archives de l’époque.
    Même si je sais qu’à l’époque les enfants princiers étaient éduqués, dès le berceau, comme des adultes miniatures, j’ai parfois eu un peu de mal avec les réactions de l’infante et je me suis demandé si cela reflétait vraiment ses sentiments et paroles ou si tout cela n’avait pas été enjolivé, car, l’infante ne sachant ni lire, ni écrire, les lettres étaient prises « sous la dictée », il était alors facile pour les adultes d’écrire des lettres politiquement correctes et en conformité avec ce que l’on attendait d’une reine de France.
    Mais à trois ans, Anna Maria Victoria avait elle vraiment conscience d’être reine ? A-t-elle compris les enjeux de cet échange entre elle et Mlle de Montpensier ? Et celle-ci, à moins de douze ans, l’a-t-elle également compris ? Plus sans doute que Anna Maria Victoria.
    La vie de ces enfants, que ce soit les princesses ou les époux, sont faites et défaites en fonction des aspirations politiques de ceux qui les entourent.
    Le régent voulaient placer sa fille dans une position élevée qui l’élèverait lui-même et ne voulait, pour le roi, qu’une épouse de paille, incapable de lui donner des enfants avant de nombreuses années, afin de conserver une chance de prendre le pouvoir.
    Le ministre qui lui succède, lui, au contraire, veut abolir tout ce que son adversaire à fait, il veut que le roi ait au plus vite une descendance afin d’assurer la continuité de la dynastie et c’est lui qui lui choisira une épouse plus âgée que lui de 7 ans, afin qu’elle soit capable de porter des enfants au plus vite (Elle donnera 10 enfants à la France, mais un seul fils).
    J’ai bien aimé, dans ce roman, l’alternance de récit entre ce qui se passe pour Maria Anna Victoria et Louise Elisabeth (Mlle de Montpensier) et la situation, à l’opposée l’une de l’autre, dans laquelle elles se trouvent.
    Maria Anna Victoria qui aime éperdument son mari lequel l’a prise en aversion dès le premier jour pour une raison puérile qui reflète son immaturité et son jeune âge (Il n’est âgé que de 10/11 ans).
    Louise Elisabeth, abandonnée, délaissée par sa propre famille, affublée d’un mari qui prétend l’aimer mais semble, tout comme son père n’être qu’un obsédé sexuel et qui refuse obstinément de se laisser toucher par ce gringalet maladif (Il ne sera roi que 7 mois avant de succomber à la maladie).
    L’échange s’était fait en grandes pompes et les voyages des deux princesses avaient pris énormément de temps. Le second échange se fera dans la précipitation, dans le secret, comme pour effacer cet épisode des mémoires au plus vite.

    Un extrait : À l’annonce de ces mariages entre la France et l’Espagne, entre les Bourbons de France et les Bourbons d’Espagne, bouclage d’alliances entre les deux royaumes les plus puissants et réunion d’une seule famille, autrement dit la hantise même de l’Europe, la réaction immédiate de Saint-Simon est de garder la chose secrète, afin de ne pas provoquer la fureur des autres pays. La réponse du duc d’Orléans, pour une fois dépourvu de culpabilité, est : « Vous avez bien raison, mais il n’y a pas moyen, parce qu’ils veulent en Espagne la déclaration tout à l’heure, et envoyer ici l’infante dès que la demande sera faite et le contrat de mariage signé. » Curieuse hâte, souligne Saint-Simon, on a des années devant nous, étant donné les âges de tous ces fiancés. De précoces fiancés, il faut l’avouer. Si le prince des Asturies a quatorze ans, la fille du Régent n’en a que douze. Louis XV, né le 15 février 1710, va vers ses douze ans. Quant à Anna Maria Victoria, infante d’Espagne, elle est née le 31 mars 1718. La future épouse de Louis XV et reine de France n’a pas encore quatre ans !

    L’âge des fiancés ne surprend pas Saint-Simon. Comme les auteurs du pacte, il n’y attache pas une seule pensée. Ce qui l’ébaubit, c’est le coup d’audace de faire épouser une fille de la famille d’Orléans par un fils de Philippe V, véritablement pétri de haine pour cette famille et spécialement pour le Régent. Un peu plus tard, revenu de sa stupeur, Saint-Simon pense à tirer parti de ce projet. Il demande au Régent à se rendre à la cour de Madrid apporter le contrat à signer. Dans le même élan, il propose de se faire accompagner de ses deux fils, Jacques-Louis, vidame de Chartres, et Armand-Jean, afin d’obtenir pour lui-même et pour eux le titre de grand d’Espagne. Saint-Simon désire la grandesse. Le Régent a un sourire. Car si le duc de Saint-Simon n’est pas grand, Jacques-Louis, l’aîné, est encore plus petit que son père. On le surnomme « le Basset ».

    Le Régent accepte. Saint-Simon sera donc « ambassadeur extraordinaire » pour un mariage peu ordinaire.

     

  • [Livre] Les derniers jours des rois

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    Résumé : Des souverains de France, on connaît la vie et l'empreinte laissée sur le pays. Beaucoup moins les circonstances tragiques et éminemment politiques de leur mort. Leur histoire révèle sa part de mystère, de crimes, de souffrance ou d'exil, et explique celle de la nation.
    Réunis par Patrice Gueniffey, des historiens retracent les derniers jours des rois et empereurs, de Charlemagne à Napoléon III. Un éclairage inédit et original sur le pouvoir en France.


    Auteur : Sous la direction de Patrice Gueniffey

    Edition : France loisirs

    Genre : Historique

    Date de parution : 23 janvier 2014

    Prix moyen : 19,90€

    Mon avis : « Le roi est mort ! Vive le roi »
    Tout le monde a entendu cette phrase au détour d’un cours d’histoire. Cette phrase censée rappeler, qu’en France, la monarchie ne meurt pas, puisqu’elle passe immédiatement au prochain sur la liste.
    Et pourtant, si la monarchie est une question divine, ceux qui l’ont incarnée, eux, étaient bel et bien mortels les braves hommes (puisque qu’en France, loi salique oblige, les femmes peuvent aller se rhabiller, et puis non tiens, pas de couronne pour elles, mais il faut bien pondre l’héritier, et plusieurs même, Louis XIV peut en témoigner, lui qui a enterré toute sa famille et du transmettre la couronne à un arrière petit-fils, ça mourrait sec à l’époque).
    Mais justement comment meurt un roi ? Debout, comme au théâtre ? A cheval ? Dans son lit ? Sans souffrance protégé par Dieu dont il tient ses pouvoirs ?
    Et ses proches ? Sont-ils dévastés ? Pressés de le voir enfin passer de vie à trépas (enfin surtout l’héritier qui doit récupérer la couronne) ?

    Et parce que le roi n’est pas un homme comme les autres, sa mort se doit d’être mise en scène. Un roi ne meurt pas comme un homme du peuple, sous peine de mettre en péril l’équilibre de la nation, de provoquer des crises… qu’il meure de maladie, assassiné ou même de vieillesse, tout un cérémonial entoure son trépas.
    En nous livrant leurs derniers instants, Patrice Gueniffey et son équipe d’historiens nous apprennent également quelques pans méconnus de leur vie et de l’héritage qu’ils ont tenté de transmettre, du contexte politique dans lequel leurs forces ont déclinées.
    Au travers des 19 souverains les plus importants de notre histoire, il retrace aussi certaines évolutions (du temps de Charlemagne, le roi suivant était sacré du vivant de son prédécesseur).

    Petit bémol, peut-être : les récits peuvent être inégaux, j’ai eu plus de mal à aller au bout de l’histoire de certains souverains, l’historien chargé de la transmettre ne donnant pas un récit aussi vivant et passionnant que ses confrères.
    Mais pour un passionné d’histoire, de la vraie, pas de celle plus qu’édulcorée, simplifiée et arrangée que l’on trouve dans les manuels scolaires, ce livre est une vraie mine d’or.

    Un extrait : Louis XIII va survivre jusqu’au 14 mai et, durant ces semaines, sa santé ne va pas cesser de se dégrader. Compte tenu du jeune âge du dauphin (né le 5 septembre 1638), c’est la question de la régence qui occupe jusqu’à l’obsession toute la scène politique.
    Le roi ne peut se résoudre à voir sa femme, la reine Anne d’Autriche, en qui il n’a nulle confiance, ou son frère Gaston d’Orléans, qui l’a si souvent trahi, l’exercer, et tout est suspendu à sa volonté et à son humeur incertaine : il est devenu « si chagrin qu’on n’osait plus parler à lui, de si méchante humeur qu’il gourmandait tout le monde et faisait des rebuffades à tous ceux qui l’abordaient, si maigre et si pâle, qu’on le voyait diminuer à vue d’œil » (Montglat).
    Dans un premier temps (1er décembre 1642), il en exclut formellement son frère, avant de revenir sur cette décision et de rendre publique (20 avril 1643) une déclaration échafaudant un système complexe destiné à ligoter la reine. Celle-ci est bien nommée régente […] Mais bien que régente, Anne d’Autriche voit son pouvoir limité et ne pourra pas mettre à mal les options politiques de Louis XIII et Richelieu ; elle devra composer avec son beau-frère Gaston d’Orléans et s’accommoder de la tutelle d’un Conseil de régence dont la composition lui est imposée.
    […]
    Tout comme Louis XIII enfant, Louis XIV, alors âgé de cinq ans, avait été confronté à la mort de son père et en resta marqué. A la sortie de la chambre où il avait été admis auprès du mourant :
    « Dupont, l’huissier de la chambre de Sa Majesté, qui était de garde auprès de monsieur le dauphin, prit la parole et dit : Monsieur, voudriez vous bien être roi ?
    Monsieur le dauphin répartit : non
    Dupont reprit : « Et si votre papa mourait ?
    Monsieur le dauphin dit de son propre mouvement, la larme à l’œil : Si mon papa mourait, je me jetterais dans le fossé » (Dubois)

    De son père, Louis XIV n’aura guère eu que l’image peu séduisante d’un malade maussade, puis d’un agonisant ; pourtant, il semble avoir développé un réel attachement affectif à ce vieillard stoïque ; et de cette fidélité filiale témoignera le respect qu’il portera au petit château de Versailles, si cher à Louis XIII.

     

  • [Livre] Dans la peau de Marie Stuart

    Saut temporel, folie ou machination ?

    Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

     

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    Résumé : Jeune Anglaise frivole, Susan ne s’intéresse guère à l’histoire de son pays, contrairement à son fiancé James. Mais le décès d’un oncle la propulse dans un cottage des bords du Loch Leven, où Marie Stuart avait été emprisonnée en 1567. Elle se découvre de surprenantes affinités avec la reine déchue, tandis que flotte sur elle l’ombre de la mystérieuse et antipathique Moïra Mac Grégor, ancienne gouvernante de son oncle. Et son voyage en Écosse se transforme en un saut temporel totalement inattendu.

    Auteur : Marie Laurent

    Edition : Artalys


    Genre : Inclassable


    Date de parution : 16 décembre 2013


    Prix moyen : 1,99€


    Mon avis : Une petite nouvelle de 54 pages agréable à lire. Ici, l’auteur va droit l’essentiel. Dès les premières pages le décor est planté. On souligne la ressemblance physique de Susan et Marie Stuart et on explique pourquoi elle et son fiancé se rendent en Ecosse.

    Le malaise s’installe dès le second jour en Ecosse, quand ils visitent le Loch Leven. Puis le saut temporel a lieu.
    Celui-ci se termine très vite (ben oui, 54 pages) et une explication est donnée. Une explication qui est assez logique avec un peu d’imagination. C’est plausible et inattendu.

    Je ne m’attendais pas à cette explication là, j’ai vraiment été surprise !

    Le style est direct, il n’est pas alambiqué et, après avoir lu des livres qui font des détours incroyables pour aller de A à B, j’ai apprécié d’avoir l’impression que l’auteur savait exactement où elle allait.
    Contrairement à beaucoup de nouvelles, celle-ci est parfaitement dosée. Il n’y a pas une histoire qui s’étire en « longueur » pour ensuite rapidement bâcler la fin.

    Ici, chaque partie de l’histoire est dosée en fonction de l’importance que l’auteur semble vouloir lui donner et l’ensemble apparaît assez harmonieux.
    C’est une lecture sympathique quand on veut faire une petite pause entre deux pavés.


    Un extrait : Ils se mirent en quête du jeune Mac Grégor et le trouvèrent en train de ravauder ses filets. Âgé d’une vingtaine d’années, les cheveux blond paille, le visage constellé de taches de son, Will ne ressemblait pas à sa mère. Ses yeux bleus se posèrent sur Susan avec une admiration dont elle avait l’habitude. James ne s’en formalisa pas. Il était davantage préoccupé par l’état de la barque.

    « Elle est petite, mais robuste, se défendit le garçon. C’est sur un esquif de ce genre que notre pauvre reine s’est évadée, avec la complicité de ses gardiens.

    — Mais elle a été reprise, signala James, et son armée défaite à Langside.

    — Vous connaissez son histoire, je vois. Ça fait des siècles que Kinross en vit. Ici, on compte plus de boutiques de souvenirs que de pubs. »

    Tout en ramant, il leur conta quelques anecdotes relatives au séjour forcé de Mary à Loch Leven, sans quitter Susan du regard. Celle-ci l’écoutait à peine tandis que James était suspendu à ses lèvres. Ces vieux récits la rasaient ; en plus, elle avait envie de vomir. Ce doit être le mal de mer, pensa-t-elle. Bizarre sur des eaux dormantes. Au fur à mesure qu’ils s’approchaient de l’île, ses nausées s’amplifièrent. James ne s’était aperçu de rien, il discutait avec Will avec animation.

    Le jeune homme amarra la barque à un ponton, presque au pied du château. De l’ancien mur d’enceinte, il ne restait plus qu’un talus de terre. Susan et James le gravirent et se retrouvèrent dans une cour rectangulaire, envahie par les herbes folles. Des deux côtés de la cour, des pans de murs dévorés par le lierre. Le donjon que Susan avait aperçu de la chambre occupait un coin ; il avait encore fière allure bien que dépourvu de toit. À l’opposé, se dressait une tour ronde, mieux conservée en apparence.

    « C’est ici que logeait la reine, expliqua James. Je vais voir si l’escalier est assez solide pour nous supporter.

    — Comme tu veux. Je ne bouge pas d’ici. Fais quand même attention ! Ces marches vermoulues sont traîtres. »

    La perspective d’être enfermée dans cet endroit humide ne tentait guère Susan. Ses nausées avaient diminué, mais pas complètement cessé. Elle s’assit sur une pierre tiédie par le soleil et ferma les yeux. Une force qui la dépassait l’obligea à les rouvrir. Son regard fut attiré par une autre pierre, contiguë à celle où elle avait pris place. Large et plate, d’une forme régulière. Ça ressemblait à une stèle. Intriguée, elle écarta les fougères qui la recouvraient presque entièrement. Des inscriptions en latin apparurent. Susan regretta d’avoir séché ce cours. Elle guetta le retour de James qui ne tarda pas à revenir.

    « Impossible de monter à l’étage, annonça-t-il, dépité. Une marche sur deux est cassée.

    — J’ai découvert une tombe ; enfin, je crois. »

    James la regarda caresser la pierre d’un geste plein de tendresse. Ce geste l’étonna de la part d’un être aussi terre-à-terre que sa Susie. La magie du lieu opérait peut-être.

    « Une tombe ? s’écria-t-il. Tu es sûre ? Voyons un peu. »

    Il s’agenouilla dans l’herbe et déchiffra :

    « Mary et Elisabeth, 1567 : deux noms pour une seule date. Il doit s’agir des jumelles mort-nées de Mary Stuart. »

    Susan fut submergée par un chagrin inexplicable, comme si la brève existence de ces enfants l’avait concernée personnellement.

    « Mort-nées ? balbutia-t-elle, le cœur serré. Quelle chose affreuse ! »

    James fut une fois de plus déconcerté par sa réaction, mais l’érudit prit vite le pas sur le fiancé.

    « Oui. Au début de sa captivité, Mary a accouché de deux filles, issues de son union avec James Hepburn, comte de Bothwell, son troisième époux : un reître, brutal et sans cœur.

    — James…murmura Susan, sans cesser de fixer les deux noms gravés.

    — Oui, mon amour ? »

    Il effleura la main de Susan ; elle était glacée.

    « Tu aurais dû mettre des gants », ajouta-t-il.

    Elle s’arracha enfin à sa contemplation pour le regarder. Il fut frappé de l’expression douloureuse de ses yeux. Son joli visage semblait avoir vieilli de plusieurs années en quelques minutes. Une ride se creusait entre ses sourcils et des plis d’amertume s’esquissaient aux commissures de ses lèvres.

    « Susie, dit-il avec douceur, ces bébés sont morts depuis des siècles ; il ne reste d’eux qu’une poignée d’os. »

    Il étendit le bras pour la toucher, mais elle se leva d’un bond et recula hors de sa portée.

    « Tais-toi ! répliqua-t-elle, tu n’as pas le droit de parler ainsi de mes petites fleurs. »

    Brusquement, elle éclata en sanglots et enfouit son visage entre ses mains. James, qui ne l’avait jamais vu pleurer, la contemplait, les bras ballants, ne sachant quoi faire pour apaiser cette douleur incompréhensible.

    « Je n’aurais pas dû t’amener voir ces ruines, finit-il par dire. Ce lieu est sinistre. Allons-nous-en ! Il n’est pas trop tard pour Perth.

    — Non, restons encore un peu. Pardon, je ne sais pas ce qui m’a pris, c’est stupide. »

    Susan redressa la tête, essuya sa figure inondée de larmes avec un mouchoir en papier, puis se moucha un bon coup. James fut soulagé. Il avait de nouveau devant lui sa Susan habituelle. La ride entre les sourcils dorés avait disparu ; de même les lignes autour de la bouche dont les coins se relevaient en un faible sourire. James l’entraîna hors de la cour. Ils se promenèrent bras-dessus, bras-dessous, dans les prés entourant le château, puis à l’heure convenue, rejoignirent le jeune Will. Malgré ses craintes au sujet de Susan, James ne put se retenir d’évoquer leur découverte. Le garçon haussa les épaules :

    « Ah ! La tombe ! Les gens du pays la connaissent, mais vous êtes les premiers touristes à vous y intéresser.

    — Évidemment ! s’exclama Susan avec virulence. Si aucun guide ne la mentionne…

    — Ce n’est pas étonnant, dit James. Le fait est mineur, sans incidence sur la biographie de la reine. »

    Susan prit un air scandalisé. Ça recommence, pensa-t-il, navré, que va-t-elle me sortir, cette fois ? Mais elle ne dit rien.

     

  • [Livre] La Reine Clandestine

    Le destin à la fois incroyable et douloureux d’une jeune veuve que rien ne destinait à devenir reine

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    Résumé : 1464, L'Angleterre se déchire. La maison d'York, avec à sa tête le roi Édouard IV, s'oppose à la maison de Lancastre, qui souhaite lui reprendre le trône. Le jeune roi fait alors la connaissance d'Élisabeth Woodville, veuve et mère de deux garçons. Séduit par son extrême beauté, il l'épouse en secret.
    Richard Neville, comte de Warwick, cousin et principal conseiller du roi, réprouve cette union qui contrecarre ses desseins politiques. Il voit de plus son influence décroître au profit des proches d'Élisabeth. Neville passe alors à l'ennemi et rejoint la maison de Lancastre.

    Auteur : Philippa Gregory

    Edition : L’archipel

    Genre : Historique

    Date de parution : 3 janvier 2013

    Prix moyen : 8,65 €

    Mon avis : Après deux sœurs pour un roi, qui relate la période « Anne Boleyn », puis l’héritage Boleyn, qui raconte l’histoire d’Angleterre entre la mort de celle-ci et la mort d’Henry VIII (récit à plusieurs voix), Philippa Gregory revient en arrière, bien avant la folie conjugale d’Henry VIII, avec la reine clandestine qui nous fait connaître la période entre la guerre de pouvoirs des York et des Lancastre et la montée sur le trône d’Henry Tudor, sous le titre d’Henry VII.
    Voilà un jeune roi qui épouse en secret la veuve d’un homme du « camp adverse ». Elle verra le pouvoir changer de main, l’Angleterre s’enflammer. Elle tremblera pour elle-même et ses enfants. Elle sera la mère des princes de la Tour de Londres, les deux petits princes mystérieusement disparus, supposés assassinés, mais dont l’histoire n’a jamais pu déterminer le sort ni les assassins si assassins il y a. Philippa nous livre d’ailleurs sa version personnelle de l’affaire, un point de vue intéressant et aussi crédible que tous ceux qui ont été avancés au cours des années. Elle sera aussi la mère d’Elizabeth York, fiancée à Richard III, puis épouse d’Henry Tudor. Celle qui sera la mère d’Henry VIII et qui donnera son prénom à la plus grande reine que l’Angleterre ait connu : Elizabeth Ière.
    Comme à son habitude, Philippa Gregory nous livre une version romancée mais très documentée de l’histoire d’Angleterre. C’est vraiment un plaisir de la lire et d’être transportée, pour quelques heures à cette époque très belle mais d’une cruauté sans nom.
    Les mauvais points du livre (il faut bien qu’il y en ait) sont l’insertion dans l’histoire d’une descendance de la mère de l’héroïne de la fée Mélusine. L’histoire est assez riche sans avoir besoin de rajouter de la sorcellerie, surtout que de la manière dont c’est raconté, on ne pense pas seulement qu’Elizabeth et sa mère y croient seulement, mais que c’est un fait avéré. J’aurais préféré qu’elle insiste sur le fait que ces femmes croient qu’elles sont des sorcières, plutôt que de laisser entendre qu’elles en étaient effectivement.
    Le second point « négatif, est qu’il y a parfois quelques longueurs au milieu du bouquin. Mais rien d’insurmontable.
    Cela reste quand même un livre qui fait partie de mes coups de cœur 2014 !

    Un extrait : Automne 1469
    Warwick revient à la cour dans la peau de l’ami fidèle et du mentor loyal. Nous devons donner l’image d’une famille que les désaccords poussent parfois à se quereller mais dont l’affection ne se dément jamais. Édouard joue son rôle avec succès. Pour ma part, j’accueille le comte avec froideur. Il m’est imposé de recevoir avec aménité cet homme qui assassina mon père ainsi que mon frère et emprisonna mon époux. Fort bien, je ne laisserai échapper aucune récrimination. Toutefois, Warwick n’ignore nullement qu’il s’est attiré une dangereuse ennemie pour le restant de ses jours.

    — Votre Majesté, me salue-t-il d’un ton suave à son arrivée, sûr de son impunité.

    Je suis prise d’un sentiment familier d’infériorité en sa présence. Ce grand homme avait pris en main l’avenir du royaume quand je devais encore obéissance à mon premier époux et respect à la mère de celui-ci. À ses yeux, ma place est à Grafton, à nourrir les poules.

    J’aspire à me montrer froide mais je crains d’apparaître boudeuse en prononçant contre mon gré :

    — Je vous souhaite la bienvenue à la cour.

    — Votre Altesse est trop bonne, sourit-il. Une souveraine née.

    Mon fils, Thomas Grey, laisse échapper une exclamation encolérée et quitte la pièce. Le sourire de Warwick s’élargit.

    — Ah, la jeunesse, s’exclame-t-il. Que voici un jeune homme plein de promesses.

    — Je me réjouis seulement qu’il ne se soit point trouvé en compagnie de son oncle et de son grand-père à Edgecote Moor, réponds-je, le cœur débordant de fiel.

    — Oh, moi de même !

     Peut-être fait-il naître en moi ce sentiment d’être stupide et impuissante, mais je dispose d’autres forces. Au fond de mon coffret à bijoux gît un médaillon d’argent noirci. Dans celui-ci se trouvent son nom, Richard Neville, et celui de Georges, duc de Clarence, que j’écrivis de mon sang sur un fragment déchiré de l’ultime lettre de mon père. Ma malédiction pèse sur mes ennemis. Ils n’échapperont pas à la mort.