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Historiques - Page 5

  • [Livre] Les 76 jours de Marie-Antoinette à la Conciergerie – T01 – la conjuration de l’œillet

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    Résumé : Jetant sur l'épouvantable épisode de la Terreur un éclairage original nourri de plusieurs années de recherches dans les archives de la Révolution, Paul Belaiche-Daninos révèle la lutte acharnée du baron Jean de Batz pour libérer Marie-Antoinette de la prison de la Conciergerie. Aidé dans son combat par le chevalier Alexandre de Rougeville, le baron de Batz monte un vaste complot contre-révolutionnaire en achetant à prix d'or tous les responsables de la détention de la Reine. C'est cette intrigue qui restera dans l'Histoire sous le nom de "conjuration de l'Oeillet". Réquisitoire contre la peine de mort, dénonciation de la folie sanguinaire des artisans de la Terreur et récit palpitant de ces soixante-seize jours de détention, cet ouvrage publié par Actes Sud a séduit un grand nombre de lecteurs avant d'être couronné par le prix Jacques de Fouchier de l'Académie française

     

    Auteur : Paul Belaiche-Daninos

     

    Edition : Actes Sud

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 08 mars 2006

     

    Prix moyen : 13€

     

    Mon avis : Ce premier tome, qui est consacré au premier mois de l’incarcération de la Reine à la conciergerie, nous relate au jour le jour non seulement les conditions dégradantes et inacceptables de la détention de Marie-Antoinette mais également le déroulement de la conjuration des œillets que les révolutionnaires vont réduire au rang d’intrigue de prison par peur du ridicule.
    L’auteur se montre incisif envers les révolutionnaires, pointant sans relâche non seulement leur avidité de pouvoir mais aussi leur soif de sang et leur haine.
    L’auteur, qui s’est documenté pendant plus de quatre ans, qui dans son récit qu’il nous livre sous forme de roman nous livre les paroles réellement prononcées par les protagonistes dès lors qu’il en a trouvé une trace, nous livre des statistiques qui montrent bien l’hypocrisie des révolutionnaires.
    En effet, la majorité des victimes de la révolution, la majorité des 40 000 personnes envoyées à la guillotine sous le moindre prétexte, était des gens du peuple (84% des guillotinés sont issus du peuple, 14% sont issus de la noblesse et seulement 2% des privilégiés).
    La lâcheté de l’empereur d’Autrice, neveu de la Reine, ainsi que le manque de réaction de ceux qui avaient juré de la protéger lorsqu’elle est devenue dauphine de France, comme le comte de Mercy Argenteau, qui se désintéresse du sort de Marie-Antoinette au seul prétexte qu’elle ne peut rien lui apporter, est une honte. L’impératrice Marie-Thérèse n’aurait jamais toléré une telle attitude.
    L’auteur ne se montre guère tendre avec Axel de Fersen qu’il dépeint comme une royaliste refusant la moindre concession et dont les mauvais conseils aurait fait du tort à la Reine en faisant échouer la monarchie constitutionnelle.
    Finalement, ce sont le baron Jean de Batz et surtout le peuple (notamment les perruquiers qui se retrouvent sans travail, mais aussi les simple commerçants, pris à la gorge par la loi du maximum qui les empêche d’avoir une vie décente).
    On ne peut qu’être choqué par certaines pratiques comme le fait de condamner une personne à la place d’une autre à cause de noms similaires mais de refuser de réparer son erreur, de pré-remplir les actes d’accusation avec le même motif de comparution pour tous, ou encore de déférer devant le tribunal des jurés qui n’auraient pas voté la peine de mort d’un accusé.
    A la lecture de ce tome, sentiment qui ne va sûrement pas s’arranger avec le second tome, comment garder ne serait-ce qu’une once de sympathie pour toute une clique qui a utilisé les souffrances du peuple pour s’emparer du pouvoir (sans pour autant améliorer les conditions de vie de ceux qu’ils prétendaient vouloir sauver). Cela me fait penser au peuple iranien qui a destitué le Shah d’Iran pour mettre au pouvoir l’ayatollah Khomeiny qui, très vite, s’est révélé bien pire que celui qu’il a remplacé.
    Ici, on peut se poser la même question, les rois, quelques aient été leurs fautes, ont-ils réellement été pire que les hommes assoiffés de sang qui leur ont succédés ?

     

    Un extrait : Poussée par ses geôliers, la Reine Marie-Antoinette pénètre dans les profondeurs de la Conciergerie. Louis Larivière le guichetier ouvre devant elle une lourde grille de fer qui donne accès à une première salle appelée « avant-greffe ».
    L’avant-greffe est le passage obligé pour tout visiteur qui entre ou qui sort de la Conciergerie. C’est le vestibule de la prison. On lui a donné le nom d’«avant-greffe » parce qu’il précède une autre salle appelée « chambre du greffe », véritable antichambre de la mort où les condamnés attendent le bourreau pour être conduits à l’échafaud.
    A la Conciergerie, chaque issue est barrée par une grille que garde un factionnaire en armes escorté d’un molosse. Ces grilles s’appellent « guichets » et leurs gardiens « guichetiers » ou « porte-clefs ». La grille en fer disposée à l’intérieur même d’une porte ajourée est limitée dans sa partie inférieure par une haute dalle de pierre contraignant le visiteur à lever le pied, et dans sa partie supérieure par une poutre basse l’obligeant à se courber profondément. Cette disposition a été conçue pour ralentir la fuite éventuelle d’un prisonnier.
    La Reine, en franchissant ce premier carrefour de la mort, entend la lourde porte métallique se refermer derrière elle. C’est habituellement là, dans l’avant-greffe, que Richard se tient derrière une grande table, bien installé dans un grand fauteuil de cuir noir à oreilles. Derrière lui, des casiers contiennent les dossiers des prisonniers. C’est à ce fauteuil que les victimes du régime s’adressent pour solliciter l’appui du maître, dont  l’humeur changeante peut être un regard foudroyant ou une attitude bienveillante. Quand le groupe  atteint l’avant-greffe, le concierge se précipite aussitôt au devant de Michonis
    - Bonsoir citoyen administrateur ! Tout est prêt ! 

     

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  • [Livre] Les femmes au quotidien de 1750 à nos jours

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    Résumé : On lit souvent des propos du genre «La femme au XIXe siècle était comme ci, celle du XVIIIe siècle comme ça...». Or, il n'y a pas une femme, mais des femmes. Lorsqu'on en parle au singulier, c'est qu'on évoque seulement celle qui a laissé des écrits, publié des mémoires, bref la femme issue de la noblesse ou de la haute bourgeoisie, la femme lettrée, femme de lettres parfois. Comme ces dictionnaires qui mettent des vignettes sur les costumes du Moyen Âge à nos jours et qui ne dessinent que des costumes de cour : les petits écoliers sont persuadés, en toute bonne foi, que leur aïeule portait sous Louis XIV une haute perruque poudrée garnie de perles et de plumes ainsi qu'une vaste robe à cerceaux. Combien de femmes étaient habillées ainsi en réalité ? Une toute petite minorité. La minorité qu'on appelait à la Belle Époque «le monde» ou «la société», comme s'il n'existait rien en dehors d'elle.

    C'est tout le mérite de cet ouvrage de tenter d'aborder, époque par époque, les différentes conditions féminines. Synthèses et portraits issus de généalogies ou d'interviews se succèdent pour approcher au mieux et de façon très vivante, la multiplicité des parcours. Une approche originale qui permet une véritable compréhension du passé.

     

    Auteur : Marie-Odile Mergnac

     

    Edition : Archives et Culture

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 2011

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Ce livre est un petit ouvrage bien conçu, racontant, demi-siècle par demi-siècle, les conditions de vie des femmes par classe sociale. Au fil des ans, on voit des catégories disparaitre et d’autres apparaitre. Les paysans disparaissent au profit des agriculteurs, les ouvriers puis les fonctionnaires font leur apparition. De l’enfant trouvée à la jeune aristocrate, en passant par la petite bourgeoise, la petit paysanne, l’ouvrière, l’artisane, la commerçante… l’auteur nous explique en page de gauche des idées générales sur la vie de cette classe sociale, sans oublier de nous expliquer que dans la classe des artisans, par exemple, on peut trouver des notables (comme le meunier) et des miséreux (comme les rempailleurs). En page de droite, elle nous raconte la vie d’une fillette. Chaque classe sociale a droit à deux doubles pages, correspondant à l’enfance puis à l’âge adulte.
    Quelques petits bémols toutefois, le premier est une mention d’un procès qui a eu lieu en 2006 dans lequel un enfant placé chez des agriculteurs par la DASS a attaqué l’administration pour l’avoir laissé avec des personnes qui l’ont fait travailler sans jour de congé (ni weekend, ni vacances). L’auteur est très critique face à ce procès qu’elle juge ridicule au motif que « les animaux mangent aussi le weekend ». Pour autant elle semble oublier qu’un enfant n’a pas à effectuer le travail d’un adulte. Si au lieu de paysans on avait eu des ouvriers des mines qui auraient envoyé l’enfant travailler à la mine pendant son temps libre, aurait-elle trouvé cela normal aussi ? J’ai trouvé ce mépris face à l’exploitation des enfants un peu limite.
    L’autre point négatif est un nombre incalculable de coquilles. Peu de fautes (« sœurs convers » au lieu de « sœur converses » et, de mémoire, un « du l’enfant » au lieu de « de l’enfant ») mais énormément de mots manquant, au point parfois de rendre la phrase incompréhensible si elle était sortie du contexte (par exemple : « Clarisse sans doute qui lui appartenait en propre » Quand on lit le texte en entier, on sait qu’il s’agit d’un livre d’étude, mais il manque clairement quelques mots).
    Peut-être que la maison d’édition pourrait être plus vigilante sur les textes qui partent à l’impression.
    Mais excepté ces points là, ce livre est très intéressant que ce soit pour agrémenter des recherches généalogiques que pour sa simple culture générale.

     

    Un extrait : Chaque village a autrefois son notaire et huit mariages sur dix sont précédés d’un contrat de mariage. Cela semble naturel et il n’est pas nécessaire que les fiancés soient très fortunés pour qu’un contrat de mariage soit établi. Le contrat décrit l’apport de chaque conjoint, notamment la dot de la fille, ou ses « espérances » (pour les familles plus fortunées, la fortune que la jeune fille peut espérer toucher un jour par héritage).
    Le contrat aborde toujours le paiement de cette fameuse dot. Comme il est difficile pour les familles de réussir à la payer, surtout dans une société rurale où l’argent circule peu, des stratégies matrimoniales d’échanges de dot se pratiquent souvent : par exemple un frère et une sœur épousent le même jour une sœur et un frère, ce qui évite à chaque famille d’avoir à sortir la dot de la fille. Si le versement de la dot est inévitable, le paiement est en général fait en plusieurs fois, avec des dates d’échéances précisées lors du contrat, par exemple lors de certaines fêtes : à la Saint-Jean, à la Saint-Martin… Il est ainsi fort rare que la dot soit payée « devant notaire voyant », c'est-à-dire le jour même.
    Parfois, dans les campagnes, la dot n’est pas en monnaie sonnante et trébuchante mais en bonne pièces de toile, en bestiaux ou en ruches de mouches à miel… Un mélange des deux types d’apport est également pratiqué (par exemple de l’argent accompagnant un trousseau en nature, des meubles, des robes et des draps ou bien du bétail, ou bien encore des ruches d’abeilles).
    Le contrat de mariage sert aussi à préciser le rôle des différentes générations : les parents apportent la dot, mais font parfois inscrire qu’ils seraient logés et nourris chez leurs enfants. « Les parents donataires et les enfants humblement remerciant » s’engagent alors à « vivre sous le même toit, ne faire qu’un feu, manger au même pot », les parents promettant d’aider le jeune couple de « tous leurs petits pouvoirs ».
    Cette communauté de génération, plus fréquente dans le sud de la France que dans le nord, s’avère aussi de fréquence très variable selon les époques. Cependant, de façon générale, on n’en trouve pas d’exemple dans la noblesse et peu dans la bourgeoisie : elle correspond à un mode d’organisation familial essentiellement paysan.
    (Nées vers 1800 dans la paysannerie)


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  • [Livre] Retour à Charleston

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    Résumé : Sur la plantation de la famille Tradd, en Caroline du Sud, l’année 1900 semble augurer d’un avenir radieux pour Stuart Tradd, qui épouse la ravissante et frivole Margaret Garden. Mais, très vite, celle-ci devra assumer seule la charge de la grande propriété et renoncer à toute vie mondaine.

    C’est sa fille, Garden Tradd, cette sauvageonne à la beauté troublante, qui remportera tous les succès dont rêvait Margaret. Garden est fêtée, adulée, entourée de toutes les attentions. Et quand elle épouse Sky, un riche New-Yorkais, son bonheur ne connaît plus de frontières. Dans les salons les plus fermés de Charleston, les palais de New York, Nice ou Monte-Carlo, à bord du Train bleu ou sur les yachts les plus extravagants, dans le Paris des années folles, Garden triomphe.

    Mais, en coulisses, une terrible machination se trame. Pour sauver son amour, Garden se laisse entraîner dans une vertigineuse spirale. Devra-t-elle donc payer les erreurs d’un passé que tout le monde croyait oublié ?

     

    Auteur : Alexandra Ripley

     

    Edition : Archipoche

     

    Genre : Romance historique

     

    Date de parution : 26 février 2001

     

    Prix moyen : 10€

     

    Mon avis : A peine avais-je terminé le tome 1, Charleston, que je n’ai pas pu m’empêcher de me plonger dans « retour à Charleston » pour continuer cette saga familiale.
    Dans ce second volet, on entre dans le vingtième siècle avec tous les évènements qui ont marqués cette période comme la 1ère guerre mondiale, les années folles, le crack boursier de 29 ou encore la prohibition.
    Dans cette suite, on va suivre Garden, la petite nièce d’Elizabeth.
    Comme dans le premier tome, l’héroïne principale du roman met un certain temps à arriver sur le devant de la scène. En effet, l’histoire commence avec le mariage de sa mère avec Stuart Tradd, le fils aîné du seul frère survivant d’Elizabeth. Un double drame va venir entacher ce mariage et va provoquer la rupture d’Elizabeth avec sa famille.
    Personnellement, je n’aimais déjà pas trop Stuart sénior dans le premier tome, je le trouvais détestable. Et non seulement il ne s’est pas amélioré avec le temps, mais son fils aîné est aussi imbuvable que lui.
    Quant à Margaret, la mère de Garden, elle est immature, superficielle et franchement pénible.
    Dans les premières lignes, on apprend que Stuart a mis enceinte deux filles de 16 ans : Margaret, qu’il épouse, et Victoria, la fille de Joe Simmons, amoureux éternellement éconduit d’Elizabeth. D’ailleurs, petite parenthèse, à la fin du 1er tome, je pensais vraiment que ces deux-là allaient se marier et j’ai été très déçue de voir que ce n’avait pas été le cas. Bref, fin de la parenthèse. Donc Joe vient demander des comptes à Stuart, ce qui va provoquer le drame dont je parlais tout à l’heure et qui est le point de départ de l’histoire.
    Franchement, s’il est vrai que Start junior n’a rien d’honorable, il n’a pas non plus violé Victoria. Pourquoi alors Joe et Elizabeth agissent comme s’il était le seul responsable ? Ces deux écervelées sont bien entrées dans son lit de leur plein gré, donc soit elles sont inconscientes, soit elles espérer le piéger dans un mariage et là, forcément, elles se mettaient en position d’essuyer un refus.
    Garden, la fille de Margaret, délaissée par sa mère dans un premier temps, se révèle être une vraie beauté et Margaret va vouloir vivre son entrée dans le monde à travers elle. Soucieuse de plaire à sa mère, Garden se plie à tout.
    Mais le monde change, les règles de bienséances, les bals codifiés, n’ont guère plus cours que dans le sud et les Yankee commencent déjà à banaliser les robes moulantes, les sorties, les danses débridées et le divorce.
    Garden, fraichement mariée, va se retrouver prise dans un tourbillon que son éducation ne l’avait pas préparée à affronter.
    Victoria, la fille de Joe, est affreuse. Elle est vraiment fourbe, manipulatrice, dénuée de scrupules et complètement folle. Je ne suis pas sûre que la vengeance soit une motivation suffisante pour devenir comme elle est. Je pense sincèrement qu’à ce désir de vengeance se greffe des problèmes psychiatriques.
    Et les problèmes de Garden ne vont pas s’arrêter à une simple dégradation de sa réputation et elle va devoir faire face à de sacrés défis.
    La fin est plus ou moins semblable à la fin de Charleston, en ce sens ou un troisième tome, sur la génération suivante, aurait sans problème pu être écrit. Mais comme il faut bien s’arrêter un jour, à nous d’imaginer la suite !

     

    Un extrait : Billy qui l’observait sentit son désarroi le gagner à son tour. Quant à Margaret, froissée de se voir négligée par Stuart, elle entreprit de se venger en flirtant outrageusement avec Anson, qui jusque-là mangeait en silence, le nez dans son assiette. Penchée vers lui, elle se mit à chuchoter, posant sa main sur la sienne. Anson s’écarta d’elle comme s’il venait de s’ébouillanter. Billy lut la souffrance sur son visage ; il risqua un coup d’œil en direction de Henrietta mais, comme toujours, elle ne semblait pas s’apercevoir du calvaire de son fils.

    — Tu n’es vraiment pas drôle, Anson, déclara Margaret gaiement. Enfin nous avons une réception, et toi tu boudes dans ton coin. La prochaine fois, nous ne t’inviterons pas, n’est-ce pas, madame Hen ?

    Henrietta sourit d’un air vague.

    — On avisera, le moment venu.

    — Quand est-ce que ce sera, hein, madame Hen ? Qui inviterons-nous ? Maintenant que l’été est fini, les gens viendront plus facilement à la campagne. Si on recevait à la maison ? Oh, et avec un petit bal ! Rien de grandiose, mais dansant certainement. Qu’en dites-vous, madame Hen ? Combien de temps faudrait-il pour tout organiser ? Trois semaines ? Est-ce suffisant ? Ou plutôt quatre ? Ce serait mieux : on sera à l’époque de Thanksgiving, et vous avez toujours organisé une chasse et un barbecue pour Thanksgiving. On dira simplement à tout le monde de rester après le barbecue, de se reposer ou de faire un tour dans le jardin, puis ce sera le moment de s’habiller pour la soirée et pour le bal. Ce serait merveilleux ! Je dirai à Zanzie de me faire la plus belle robe qu’on ait jamais vue. Quelle couleur devrais-je choisir, Stuart ? Le bleu peut-être. Tu aimes bien le bleu, n’est-ce pas ?

    Henrietta ne laissa pas à Stuart le temps de répondre.

    — Vous savez bien, Margaret, qu’il ne peut être question de recevoir ou de danser dans les mois qui viennent. Nous sommes en deuil. Maintenant qu’il commence à faire frais, nous porterons à nouveau le noir.

    — Non ! cria Margaret. Ce n’est pas juste. Je déteste le noir, il me donne une mine épouvantable. Comment pouvez-vous être aussi mesquine, madame Hen ?

    — Il ne s’agit pas de « mesquinerie », Margaret, mais de respect à l’égard de mon mari.

    Le regard dur, Henrietta s’était raidie. Désarçonnée par ce changement, Margaret se tut. Pour rompre le silence embarrassant, Billy et Koger se mirent à parler à Susan en même temps.

    Mais Margaret les interrompit.

    — Je ne vois vraiment pas pourquoi je porterais du noir et croupirais à la campagne à cause du juge. Ce n’était pas mon mari.

    — C’était mon père, dit Stuart. Maintenant tais-toi et tiens-toi bien, Margaret. Tu contraries maman.

    Les beaux yeux de Margaret s’emplirent de larmes.

    — Je ne veux pas que tu prennes parti contre moi, Stuart. Depuis ce matin, tu es absolument odieux avec moi.

    — Stuart, intervint Henrietta, vous pourriez peut-être en discuter plus tard, lorsque vous serez seuls. (Elle regarda Susan, et son expression se radoucit.) Venez-vous d’une famille nombreuse, mademoiselle Hoyt ?

    — Oui, madame. J’ai deux frères et quatre sœurs.

    La voix de Susan s’était affermie. Sur son visage, on lisait le respect pour Henrietta.

    Herklis entra avec un plateau surchargé.

    — Nous avons reçu de très belles pommes de votre contrée cette année, mademoiselle Hoyt, dit Henrietta. Tout le monde en raffole ici. La tarte aux pommes de Chloé est un vrai régal, et je pense qu’il fait encore suffisamment doux pour déguster un peu de glace. Herklis, sers-en une grosse part à Mlle Margaret. Elle adore la tarte aux pommes.

    Margaret éclata en sanglots.

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  • [Livre] Charleston

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    Résumé : Charleston au siècle dernier. Ville d'extravagance où l'on s'enivre de plaisirs et de luxe. Ville bientôt déchirée par la guerre de Sécession, ses violences et ses larmes. Mais, sitôt la paix revenue, Charleston veut revivre. A fond. Rattraper le temps perdu.

    Au milieu de ces bouleversements, Elizabeth. Adorable, impertinente, elle provoque, séduit sans jamais s'attacher... mais ne sait résister au charme arrogant de Lucas. Fiançailles, mariage somptueux. Parcours idyllique que va vite interrompre un drame inéluctable.

    Mais Elizabeth, déchirée, seule, sait qu'elle doit se battre. Pour survivre... pour trouver enfin le véritable amour auquel elle n'a jamais cessé de croire.

     

    Auteur : Alexandra Ripley

     

    Edition : Archipoche

     

    Genre : Romance historique

     

    Date de parution : 18 mars 1998

     

    Prix moyen : 10€

     

    Mon avis : J’avais beaucoup aimé la plume d’Alexandra Ripley dans Scarlett. Alors quand j’ai vu que celle qui avait osé écrire une suite à « Autant en emporte le vent » avait également écrit une duologie commençant sous la guerre de sécession et se prolongeant sur plusieurs génération jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale, je ne pouvais que vouloir la lire.
    Dans ce premier tome, on suit les familles Tradd et Anson. L’histoire débute peu de temps avant la fin de la seconde guerre mondiale et se déroule jusqu’à la fin du XIXème siècle.
    Même si on suit de nombreuses personnes, tout tourne plus au moins autour d’Elizabeth Tradd, qu’on découvre toute petite et qu’on suit (quatre ans quand le livre commence) et que l’on va voir évoluer dans sa vie d’adolescente puis de femme (A la fin du livre, si mes calculs sont bons, elle a 39 ans à la fin du roman).
    J’ai beaucoup aimé cette fresque familiale sur fond historique (on y parle de la guerre de sécession, de la guerre d’indépendance de Cuba, de l’assassinat de Lincoln etc…)
    On peut voir comment se comportait la société avec les règles de bienséance et les diverses obligations, surtout pour les femmes : ne pas sortir sans chaperon, même pour une veuve d’un certain âge, les carnets de bal, les tenues vestimentaires… tout, absolument tout est codifié.
    On peut aussi voir les changements profond que subi la société après la guerre de sécession et le nouveau statut des noirs (qui n’est guère plus enviable que leur statut d’esclave).
    Elizabeth est très entourée surtout par son frère aîné, Pinckney, devenu chef de famille depuis la mort de son frère au front, et de l’ami de celui-ci, Joe « Shad » Simmons qui a sauvé la vie de Pickney sur le champ de bataille.
    Joe va développer une relation assez particulière avec Elizabeth, l’aider à sortir de sa coquille après un épisode traumatisant qu’elle a vécu lors de l’arrivée des Yankee dans la ville où elle était réfugiée avec sa fille.
    J’aimais bien Pickney jusqu’à une réaction que j’ai trouvé vraiment intolérable vis à vie de Shad à qui il doit quand même la vie.
    Leur mère, Mary, est un peu évaporée, toujours à se plaindre et à pleurnicher, tout le contraire de la tante Julia, une vraie terreur qui tient toute la famille en laisse d’un haussement de sourcil.
    Le frère de Pinckney et Elizabeth, Stuart était mignon enfant, mais il m’est vite devenu désagréable. J’ai vraiment pris en horreur son état d’esprit.
    Elizabeth a l’air faible et superficielle, mais elle est juste élevée d’une manière qui l’a conditionnée à être une fleur fragile et les évènements vont montrer qu’elle a en elle une force incroyable quand les circonstances l’exigent.
    Parfois, pour les personnages secondaires, on se perd un peu dans les noms car les fils aînés ont le nom de leur père, souvent un fils ou une fille cadette prend comme prénom le nom de jeune fille de sa mère… (C’est comme ça qu’on a un Andrew Anson, un Anson Tradd, un Tradd Cooper…)
    Même si on a beaucoup de personnages masculins qui ont de l’importance, et même beaucoup d’importance, Charleston est un roman de femmes. Ce sont les femmes qui importent, ce sont elles qui font changer les choses, qui vont de l’avant, qui subissent aussi l’opprobre qui accompagne tout désir de bouleversement des règles établies.
    En résumé j’ai beaucoup aimé ce roman et je n’ai pas vu passer les 800 pages que j’ai avalé en moins d’une journée, et à peine ai-je terminé que j’ai attaqué le second tome « Retour à Charleston ».

     

    Un extrait : Mary fut transportée de joie lorsque Pinckney lui annonça qu’il était à sa disposition pour l’escorter à toutes les festivités. Le programme de la saison était plus chargé que jamais. Comme toutes les salles de bal se trouvaient dans le centre-ville – et n’étaient donc pas disponibles –, les gens débarrassaient les meubles de leurs salons et de leurs salles à manger, et un orchestre financé par les clubs jouait tous les soirs des airs de danse dans une maison différente. Sally Brewton, qui résidait chez des cousines à Elizabeth Street, avait invité trois cent cinquante personnes pour la Saint-Sylvestre.

    — Où va-t-elle les mettre ? s’étonna Mary. Elle a envoyé des cartons à absolument tout le monde.

    — À moins que Sally ait beaucoup changé, maman, elle se débrouillera. Pour le moment, le plus important est le problème de mes escarpins. Les semelles sont trouées.

    — Ne t’inquiète pas, Elijah va arranger ça. Il n’aura qu’à prendre la reliure en cuir d’un des vieux livres de la bibliothèque.

    Pinckney éclata de rire.

    — Pauvre Aristote, conclut-il lorsqu’il rapporta la conversation à Andrew. J’adore ma chère mère mais elle a vraiment une cervelle d’oiseau.

    — Tu ne voudrais quand même pas qu’une femme soit trop intelligente. Ta mère est jolie comme un cœur, c’est tout ce qui compte. Pas étonnant que Mlle Julia n’ait jamais pu se trouver un mari.

    — Tu as peut-être raison. N’empêche, je vais te dire une bonne chose : après une journée à la maison avec ces dames, je te comprends vraiment. Veux-tu un petit remontant ?

    — Un grand remontant, mon ami. J’ai dit à Lavinia de nous laisser un carafon et des verres de bonne taille. Comme c’était pour toi, elle a obtempéré sans broncher.

    Pinckney versa quatre doigts de whisky dans deux verres, en tendit un à Andrew et se vautra dans son fauteuil.

    — Ah ! c’est bien bon.

    — On goûte mieux avec un deuxième.

    Au fil de la semaine, ces deux répliques devinrent le prélude rituel des visites quotidiennes de Pinckney. Les femmes remarquèrent l’odeur persistante du whisky mais ne s’interrogèrent pas plus avant. Les Sudistes buvaient tout le temps ; on reconnaissait un gentleman à sa capacité à tenir l’alcool.

    Et cela n’interférait en rien sur le rôle de chevalier servant de Pinckney. Tous les après-midi, il emmenait sa mère à un thé ; tous les soirs, à un bal. Julia les accompagnait parfois. Souvent, Lavinia demandait s’il y avait de la place pour elle dans la voiture. Andrew taquina Pinckney au sujet des ruses transparentes de sa sœur ; il le remercia aussi de jouer à la fois le rôle de père et de grand frère.

    — Je t’en suis reconnaissant, je veux que tu le saches.

    — Ferme-la, tu veux ? Ça me fait un bon entraînement pour Lizzie plus tard.

    Lavinia eut une moue qui déforma sa jolie bouche. Sur la pointe des pieds, elle s’éloigna de son poste d’écoute. De retour dans sa chambre, elle se jeta sur le lit et éclata en sanglots.

    Le soir de la Saint-Sylvestre, Pinckney fit une vaine tentative pour convaincre sa mère de rester à la maison.

    — Je dois repartir demain, maman. Je préférerais passer cette dernière soirée en famille.

    — Mais, Pinny… il y a la réception de Sally Brewton.

    Pinckney haussa les épaules. Lorsqu’il monta se changer, il emporta dans sa chambre un carafon de whisky.

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  • [Livre] Le crépuscule des rois - T02 - Reines de coeur

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    Résumé : Figures romanesques, passionnées, solitaires et tragiques, quatre reines – Margaret, Mary, Catherine et Anne – évoluent autour du roi Henry VIII, personnage autoritaire, sensuel, tyrannique et flamboyant. Margaret, sa sœur aînée, devient, à quatorze ans, reine d’Ecosse, tandis que Mary, sa cadette, épouse à dix-neuf ans un Louis XII vieillissant qui la fait reine de France. Longtemps, Catherine d’Aragon lutte pied à pied pour ne pas se laisser balayer par la passion qui saisit son mari Henry VIII pour l’intelligente, l’ambitieuse, la trop séduisante Anne Boleyn. Quatre femmes, quatre destins aux antipodes les uns des autres, mais qui ont en commun une lutte obstinée pour aimer et être aimées, connaître le bonheur, objectif fascinant et fuyant. Ces reines de cœur sont les emblèmes d’une Renaissance qui transforme l’Europe politiquement et artistiquement, et qui ouvre aux femmes les portes du pouvoir dont leurs filles et petites-filles vont s’emparer pour le meilleur comme pour le pire.

     

    Auteur : Catherine Hermary-Vieille

     

    Edition : Le livre de poche

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 19 octobre 2005

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Dans ce second tome du crépuscule des rois, on reprend là où le tome 1 s’était arrêté.
    Des quatre reines citées, Anne Boleyn, présente au résumé, est quasiment absente du roman dans lequel elle n’est encore qu’une demoiselle de compagnie comme une autre. On reviendra probablement vers elle dans le tome 3 mais ici, on se penche plus sur la liaison entre Mary Boleyn et le roi que sur son règne.
    Très présente au début du roman, Catherine d’Aragon s’efface peu à peu pour ne faire que de rares apparitions dans lesquelles on nous apprend la mort d’un autre de ses enfants, ou encore son obstination à défendre son père et l’Espagne malgré le nombre incalculable de fois où ce dernier dément les serments qu’il a fait à l’Angleterre.
    Les deux reines qui sont à l’honneur sont Margaret Tudor, sœur ainée d’Henry VIII, mariée à 14 ans au roi d’Ecosse, qui va faire face à une situation personnelle et politique désastreuse sans pour autant obtenir le moindre soutien de son frère ; et Mary Tudor, petite sœur du roi, mariée à 18 ans à un roi de France de 33 ans son ainé et qui saura tirer son épingle du jeu une fois veuve. Furieux contre elle lorsqu’elle décide de son avenir une fois veuve, Henry fini par lui pardonner, comme toujours.
    J’ai trouvé que le texte était moins de parti pris et que la réalité historique était plus neutre. Par exemple, personne ne sait si Charles Brandon et Mary Tudor ont été amants avant leur mariage et dans ce cas Catherine Hermary-Vieille a suivi la maxime: « dans le doute, abstiens-toi ».
    J’ai beaucoup aimé ce tome, car la période Henry VIII est la période que je préfère dans l’histoire anglaise. Pour autant, si je savais que ses sœurs avaient été respectivement mariées en Ecosse et en France, je ne connaissais pas les détails historiques de leurs vies. J’ai vraiment été ravie de les découvrir.
    Il me reste à découvrir le tome 3, qui devraient être consacré aux 6 infortunées épouses d’Henry VIII.

     

    Un extrait : Bessie venait de se coucher lorsqu’elle entendit le bruit léger de petits pas foulant les dalles. Entrouvrant la porte, Cecily se faufila dans la chambre et vint se glisser dans le lit de sa sœur.
    - Je ne voulais pas te laisser seule cette nuit.
    La lune déclinait. Une clarté grise s’infiltrait entre les lourds rideaux brochés de fils de soie et d’argent.
    Au-dessus de la Tamise, les mouettes poussaient leurs appels tristes. Brièvement, Cecily évoqua leurs derniers mois, son amour pour Lord Welles, leur mariage remis. Son fiancé avait fait partie de la cour de Richard III et traversait une période de purgatoire. Et puis l’union de Bessie et de Henry suspendait la sienne. Fille aînée promise au roi d’Angleterre, elle devait se marier la première.

    - Henry Tudor est très plaisant, chuchota Cecily, tu n’auras aucune peine à l’aimer.
    - Je veux qu’il m’aime aussi.

    - Il possède un portrait de toi que mère lui a fait parvenir. On dit qu’il le garde dans sa chambre.
    - J’ai peur, murmura Bessie.

    - Le passé ne peut s’oublier qu’en pensant très fort à l’avenir. Nous n’avons pas vingt ans, pouvons-nous gâcher notre vie en ressassant les drames que nous avons vécus ?

    - J’ai fais croire à notre Richard que je l’aimais, je l’ai poussé à écrire cette promesse le liant à moi et puis je l’ai trahi et abandonné.

    - Notre oncle était cruel.

    - Il était seul et si avide d’être aimé.

    - Oublie, Bessie. Dieu punit les pêcheurs et récompense les justes. Notre oncle est désormais devant Sa justice et Lui seul peut juger le fond de son cœur.

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  • [Livre] La part des flammes

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    Résumé : Un roman inspiré d'un fait divers. Paris, 1897. Toutes les femmes de l'aristocratie se pressent au Bazar de la Charité, événement mondain des plus courus. Parmi elles, deux femmes peu habituées à cet univers, Violaine de Raezal, rejetée par ses pairs depuis la mort de son mari, et la jeune Constance d'Estingel, indifférente aux conventions sociales. Quand le bazar prend feu et que le piège des flammes se referme, la tragédie fait basculer leur destin.

     

    Auteur : Gaëlle Nohant

     

    Edition : Le livre de poche

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 09 mars 2016

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Ce livre, je l’ai découvert dans la vidéo passionnée que Lemon June a faite à son sujet. Je l’ai immédiatement ajoutée dans ma wish list et j’ai (enfin) eu le temps de le lire.
    L’histoire a comme point de départ et point central (oui oui, les deux à la fois) l’incendie du bazar de la charité qui a eu lieu le 4 mai 1897 et a fait plus de 130 victimes, majoritairement des femmes et plus de 300 blessés.
    Dans sa vidéo, Lemon explique bien que l’auteur nous plonge littéralement au cœur de la fournaise en faisant une description exceptionnelle de l’incendie.
    Mais allez savoir pourquoi, j’ai complètement zappé cette information. Alors comment vous dire que quand vous avez la phobie des incendies et que vous lisez ce bouquin, vous passez trois jours à ne dormir que d’un œil avec un grand seau d’eau à proximité…juste au cas où…
    Le roman met en scène deux personnages principaux et une foule de personnages secondaires.
    Les personnages principaux sont Constance d’Estringel, une jeune femme de vingt ans, sortie du couvent moins de deux ans plus tôt, rempli d’une foi qu’elle pense inébranlable et d’un mépris qu’elle ne cache pas pour l’hypocrisie morale de ses parents. Elle a rompu récemment, sans un mot d’explication, ses fiançailles avec Lazlo de Nérac, une jeune aristocrate qui se pique de journalisme, sur les conseils de la mère supérieure de son ancien couvent, sans qu’on ne sache réellement pourquoi (mais, vous inquiétez pas, on finira pas en savoir plus !). Une connaissance de ses parents l’a présentée à la duchesse D’Alençon qui l’a conviée à se joindre à elle pour tenir un comptoir afin que la jeune fille cesse de se terrer dans sa chambre et sorte un peu dans le monde.
    Le second personnage principal est Violaine de Raezal, une jeune veuve aux prises avec des beaux-enfants effroyables et rejetée par ses pairs depuis la mort de son mari pour une rumeur qui lui colle aux basques. Comme pour les raisons de la rupture de Constance, on finira par savoir, mais ce n’est pas pour tout de suite. Violaine rêve de tenir un comptoir au bazar de la charité car cela lui ouvrirait les portes lui permettant de ne plus être isolée dans ce monde. Après qu’elle ait rencontrée la duchesse d’Alençon au hasard de ses œuvres, celle-ci la convie à se joindre à elle derrière son comptoir.
    Constance et Violaine sont toutes deux, chacune d’une manière différente, en rupture avec les conventions sociales si chères aux yeux de l’aristocratie de l’époque. Constante est étouffée par les souhaits de ses parents qui la veulent mariée et loin d’eux et se soucis bien plus de leur réputation que du bonheur de leur fille (son père déplore même le temps, pas si lointain, où une fille n’avait pas son mot à dire sur son mariage).
    Violaine, elle, est marquée au fer rouge par son passé dans une société où le moindre écart de conduite (ou en tout cas une conduite perçue comme non-conforme) stigmatise les femmes (les mecs, en revanche, c’est bon, ils peuvent presque tout se permettre).
    Après cet effroyable incendie, elles vont devoir se remettre de séquelles aussi bien physiques que psychologiques et personne n’est épargné, ni elles, ni leur entourage. Hommes et femmes, qu’ils aient été ou non dans le bazar de la charité ont été touchés.
    A travers Constance, Violaine et les souvenirs évoqués par une de ses amies de la duchesse d’Alençon, on voit le combat de femmes pour acquérir de la liberté malgré certaines lois.
    J’ai été écœurée par l’attitude du médecin qui examine Constance et qui s’est fait son avis sur sa santé mentale avant même de la voir. Sous le couvert du diagnostic d’Hystérie, les médecins ont tous les droits et leur patientes aucun.
    Au travers de son roman, qu’elle précise bien être fictif et n’avoir pas fait l’objet de recherches historiques poussées (mais c’est déjà pas mal, les quelques faits que j’ai vérifiés se sont révélés exacts), l’auteur critique sans complaisance les travers de l’aristocratie (hypocrisie, absence d’empathie, goût du morbide) et la place dévolue aux femmes (propriété de leur père ou de leur mari, intolérance pour tout comportement individualiste, victimes d’internements abusifs).
    D’autres personnages vont intervenir, certains odieux comme le médecin Brunet ou la marquise de Fontenilles, d’autres pathétiques comme le duc d’Alençon (surtout après les révélations faites sur la duchesse), d’autres encore héroïque comme le cocher Joseph ou la cuisinière Cécile qui vont tout risquer, leur place aussi bien que leur liberté pour venir en aide à une des principales protagonistes.
    C’est tout cet ensemble de personnages, de tous âges et de toutes classes sociales, qui fait la force et la beauté de ce roman.
    Je n’ai pas vue passer les quelques 550 pages de ce roman. Il m’a hypnotisée et quand je l’ai reposé après avoir tourné la dernière page, je me suis rendue compte qu’il était plus de 2h du matin. Un vrai page-turner historique à côté duquel il serait vraiment dommage de passer !

     

    Un extrait : LA MARQUISE DE FONTENILLES n’en finissait pas de la faire attendre dans cette antichambre aux allures de bonbonnière. Érodée par l’impatience et la nervosité, l’assurance de Violaine de Raezal s’effritait. Elle espérait tant de cette entrevue ! La marquise était un des sphinx de dentelle vêtus qui gardaient les portes du Bazar de la Charité. Sans son accord, la comtesse de Raezal avait peu de chances d’y obtenir une place de vendeuse. Elle était consciente que le mystère auréolant son passé ne plaidait pas en sa faveur et que le nom de son mari avait perdu de sa puissance depuis que Gabriel n’était plus là pour veiller sur elle. Désormais, lorsqu’on recevait la comtesse de Raezal, les arrière-pensées affleuraient à la surface de la plus exquise politesse. Treize ans durant, Gabriel de Raezal avait dispersé ces arrière-pensées de son regard perçant. Mais voilà qu’elles ressurgissaient, enhardies par sa disparition.

    Elle fit quelques pas jusqu’à la fenêtre, jetant un regard rêveur sur le boulevard Saint-Germain – dont le tumulte faiblissait comme par correction avant d’atteindre les fenêtres de l’hôtel de Fontenilles –, et questionna son obstination à vouloir participer à la plus mondaine des ventes de charité de Paris. Ne pouvait-elle porter secours aux pauvres d’une manière moins exposée ? Peut-être se laissait-elle guider par de mauvaises raisons. Depuis que sa belle-fille avait prophétisé qu’on ne l’accepterait jamais parmi les vendeuses du Bazar, ajoutant qu’elle souhaitait lui épargner l’humiliation d’un rejet, Violaine sentait protester son orgueil. Savourant la cruauté de l’insinuation, Léonce d’Ambronay l’avait dévisagée de ce beau regard bleu qu’elle tenait de son père, un sourire en suspens sur ses lèvres en bouton de rose. Peut-être avait-elle joué de ses relations du faubourg Saint-Germain pour s’assurer que sa belle-mère trouverait porte close. Après tout, elle dînait fréquemment chez la marquise, même si son deuil l’empêchait cette année de participer à la saison comme elle l’eût souhaité.

    À l’entrée du valet en livrée, la comtesse de Raezal, élégante et menue dans cette robe noire qui rehaussait la couleur de miel de son chignon natté, tressaillit et se tourna vers la porte. Elle était encore assez jeune pour que sa beauté ne heurtât pas le regard comme une inconvenance. Assez jeune pour que son veuvage constituât une menace aux yeux des autres femmes, et que cette crainte vînt réveiller certaines rumeurs qu’on avait fait mine d’oublier.

     

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  • [Livre] La fille du faiseur de rois

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    Résumé : Angleterre, 1465, les grandes familles de Lancastre et York se disputent depuis plus de 10 ans le trône. À cette époque un homme œuvre dans l'ombre pour faire et défaire les dynasties, au gré de ses intérêts personnels : Richard Neville, comte de Warwick, surnommé le " faiseur de rois". Celui- ci, sans héritier homme, s'est servi de ses deux filles, Isabelle et Anne, comme des pions sur l'échiquier politique. L'histoire est racontée ici par Anne Neville.

     

    Auteur : Philippa Gregory

     

    Edition : Hugo Roman

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 09 juillet 2015

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : La fille du faiseur de roi est le quatrième tome (et le second traduit en français) de la saga Cousin’s war. L’ordre des livres est plus ou moins chronologique, bien que les histoires se chevauchent souvent car sont racontées à chaque fois par une femme différentes : Dans « la reine clandestine » c’est Elizabeth Woodville, dans « la princesse blanche » c’est Elizabeth d’York, dans « la malédiction du roi » c’est Margareth Plantagenêt. Dans « la fille du faiseur de roi », c’est Anne Neville, qui sera reine d’Angleterre quand son époux, Richard III s’emparera du pouvoir.
    J’aime beaucoup Philippa Gregory qui écrit sur ma période favorite de l’histoire d’Angleterre. J’avais déjà adoré : « Deux sœurs pour un roi » et « l’héritage Boleyn », et quand j’ai commencé à lire le premier tome (du moins le premier traduit en français), « la reine clandestine » j’ai aussitôt plongé dans l’histoire de la guerre des deux roses pour devenir complètement accro ! (Je ne désespère pas de voir un jour « The lady of the river » et « the red queen » qui devraient être respectivement du point de vue de Jacquette, la mère d’Elizabeth Woodville, et de Marguerite d’Anjou, l’épouse du roi déchu Henry VI).
    Anne m’a fait beaucoup de peine. Depuis toute petite, elle n’est qu’un pion pour son entourage : pour son père, sa mère, la reine Marguerite d’Anjou, la reine Elizabeth, sa propre sœur, tout le monde espère la manipuler pour son propre intérêt.
    Anne passe une grande partie de sa vie à vivre dans la peur. D’une enfance assez choyée, elle passe à une vie de fuite et de bataille lorsque son père se retourne contre Edward IV.
    Même lorsqu’elle épouse Richard, qui semble sincèrement épris d’elle et qui prend ses intérêts à cœur, sa propre mère essaie d’instiller le doute dans son esprit.
    Après avoir passé toute son enfance a avoir une peur terrible de Marguerite d’Anjou, qu’elle appelle « la méchante reine », elle passera sa vie d’adulte (si on peut dire adulte à 16 ans) à craindre Elizabeth Woodville, réputée être une terrible sorcière.
    Dans « la reine clandestine » on suit cette dernière pour qui on a très vite beaucoup d’affection. Elle est belle, généreuse, certes elle verse un peu dans la sorcellerie mais toujours pour se défendre. Et puis on passe à « la fille du faiseur de roi » et cette reine que l’on a adorée et aimée dans le livre précédent devient presque maléfique dans ce tome ci. Ce n’est pas plus étonnant que ça puisque le livre est raconté du point de vue d’une fille d’une famille ennemie à celle de la reine, mais tout de même c’est un sacré tour de force de nous faire détester un personnage que l’on a adoré dans le précédent.
    J’aime beaucoup les romans historiques, qu’ils soient ou non romancés. Ici il y a toute une part de fiction, bien entendu, rien qu’avec toute l’histoire de la sorcellerie, mais aussi une foule de détails historiques. On a un roman très fouillé, très documenté, mais écrit de manière à intéresser un maximum de monde à cette période troublée de l’histoire d’Angleterre.

     

    Un extrait : Héritière légitime, épouse du plus grand sujet du royaume, Mère entre la première. Ensuite vient Isabelle, car elle est l’aînée. Et enfin moi, la dernière, comme toujours. De ma place, je ne vois pas grand-chose lorsque nous pénétrons dans la grande salle du trône, dans la tour de Londres. Ma mère fait une révérence puis s’écarte. Isabelle s’incline bien bas, comme nous l’avons appris, car un roi reste un roi même s’il n’est qu’un jeune homme installé sur le trône par mon père, et quoi que l’on pense d’elle, son épouse sera sacrée reine. Alors que je m’avance pour faire ma révérence, je vois enfin, pour la première fois, la femme que nous sommes venues honorer à la cour.

    Elle est impressionnante, la plus belle femme que j’ai jamais vue de toute ma vie. Aussitôt, je comprends pourquoi le roi a arrêté son armée à sa vue, pour ensuite l’épouser quelques semaines plus tard. Elle a un sourire qui s’épanouit lentement, puis brille d’un éclat angélique. Je connais des statues qui paraîtraient fades à côté d’elle, des madones peintes dont les traits seraient grossiers en comparaison de sa beauté lumineuse. Après ma révérence, je me relève pour la fixer telle une icône raffinée, incapable de détourner les yeux. Sous mon regard insistant, elle me sourit en rougissant, et je ne peux m’empêcher de lui rendre son sourire. Elle rit, comme si ma franche adoration l’amusait, mais j’aperçois alors le coup d’œil furieux de ma mère et me précipite à ses côtés, où ma sœur Isabelle fait la grimace.

    — Tu la fixais comme une idiote, siffle-t-elle. C’est embarrassant pour nous. Que dirait Père ?

    Le roi s’avance et embrasse chaleureusement ma mère sur les deux joues.

    — Avez-vous reçu des nouvelles de mon cher ami, votre époux ?

    — Il travaille à votre service, répond-elle promptement.

    Père manque le banquet de ce soir et toutes les autres fêtes, car il s’entretient avec le roi de France en personne et le duc de Bourgogne, d’égal à égal, afin de se réconcilier avec ces puissants hommes de la chrétienté maintenant que le roi endormi a été vaincu et que nous sommes les nouveaux souverains d’Angleterre. Mon père est un grand homme, le représentant du nouveau roi et de toute l’Angleterre.

    Ce nouveau roi — le nôtre — esquisse une petite révérence devant Isabelle et me tapote la joue. Il nous connaît depuis que nous sommes toutes petites, trop petites pour assister à de tels banquets, et que lui était un garçon sous la garde de notre père. Pendant ce temps, ma mère regarde autour d’elle comme si nous étions chez nous au château de Calais, à la recherche d’une erreur commise par les serviteurs. Je sais qu’elle souhaite ardemment découvrir quelque chose qu’elle pourra rapporter plus tard à mon père, une preuve que cette magnifique reine n’est pas faite pour tenir ce rang. À son expression hargneuse, je devine qu’elle n’a rien trouvé.

    Personne n’aime cette reine, je ne devrais donc pas l’admirer. 

     

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  • [Livre] Le Crépuscule des rois – T01 - La Rose d'Anjou

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    Résumé : 1465. La fin du Moyen-Age, l'aube de la Renaissance. Entre l'Angleterre, la France et les Flandres, rois, reines, grands seigneurs et aventuriers se déchirent pour le pouvoir. Une époque sombre et mystique, fastueuse et violente que hantent des personnages hors du commun: des femmes jolies et ambitieuses, comme Marguerite d'Anjou, fille du roi René, et la parvenue Elizabeth d'York, des enfants à la dramatique destinée, comme les deux fils du roi Edouard IV, étouffés à la Tour de Londres sur ordre de leur oncle, le très controversé Richard III. La mort tragique de l'ultime descendant des York met un terme à la sanglante guerre des Deux Roses qui opposa de 1455 à 1485 les cousins ennemis, les Lancastre et les York.

     

    Auteur : Catherine Hermary-Vieille

     

    Edition : Le livre de poche

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 02 juin 2004

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Un bon récit romancé de l’histoire de la guerre des deux roses, même si les évènements sont parfois survolés et que, d’un chapitre à l’autre, on saute parfois plusieurs années.
    Ici l’auteur a pris le parti de se ranger « du côté » de Marguerite d’Anjou et d’Henri VI qu’elle décrit comme des victimes des Yorks.
    Elle dresse un portrait peu flatteur d’Edward IV, roi volage et préférant le vin et les orgies à l’exercice du pouvoir, présente Richard III comme un véritable monstre ayant fait exécuter ses neveux à la tour, ce qui n’a jamais été prouvé (les deux cadavres d’enfants trouvés en 1674 sous un escaliers de la tour n’ayant jamais été formellement identifiés comme étant les jeunes princes), dépeins Elizabeth Grey comme une arriviste et sa fille Elizabeth d’York comme une manipulatrice sans scrupules.
    Bref, l’auteur n’est clairement pas convaincue par les York.
    J’ai trouvé un peu dommage que certains évènements soient aussi survolés et que l’auteur ait pris le parti de rendre chacun de ses personnages antipathiques, calculateurs, manipulateurs… Je veux bien qu’il y ait eu beaucoup de trahison et de conspiration, mais ces personnes n’étaient pas pourries jusqu’au trognon (enfin pas toutes). J’aurais apprécié un portrait plus nuancé.
    Cela dit, cela reste une bonne entrée en matière pour qui veut découvrir cette période sombre et incertaine de l’histoire d’Angleterre. Je suis impatiente de lire la suite (surtout le 3ème tome), qui s’attache plus à Henry VIII, période que je connais mieux, ce qui me permettra de me faire une idée plus précise de la manière de l’auteur de rapporter l’histoire d’Angleterre.

     

    Un extrait : Seul dans sa chambre au château de Baynard qui se dressait sur les bords de la Tamise, à Londres, Richard d’York fixait les flammes qui crépitaient dans la cheminée.
    A sept ans, il connaissait déjà la signification de la mort. Aussi loin que remontaient ses souvenirs, il avait connu les fuites, les batailles, des femmes en pleurs. Un instant, il tenta d’imaginer son père, la tête tranchée couronnée de papier plantée sur un piquet, son frère Edmond et son oncle Neville morts.
    Quoique Richard Warwick, son cousin et parrain, et sa mère eussent chuchoté, il avait tout entendu. Combien de temps mettrait ce visage tant respecté à se décomposer ? A moins que les corneilles ne s’en repaissent entre-temps.
    L’enfant serra les dents. Son père et Edmond seraient vengés par Edward, son frère ainé qu’il vénérait.
    Sur la Tamise qui coulait derrière les fenêtres, des barges passaient, de lourds bateaux à voile prêts à accoster. La brume effaçait l’autre rive. Richard eut l’impression d’être lui-même sur un navire perdu au milieu de l’océan. Vers qui se tourner ? Ses angoisses, son isolement étaient indifférents aux siens. Sa mère Cecily préférait ses ainés, Edward, George et surtout Edmond. Elle allait pleurer ce fils mort sans s’inquiéter des vivants. Avec anxiété, Richard quitta le coin de la cheminée. Qui le défendrait désormais ? Faudrait-il fuir à nouveau, passer la mer ? Des larmes montèrent aux yeux de l’enfant. Il les refoula. Un jour ou l’autre, ses ennemis le rattraperaient, il lui faudrait alors les affronter ou mourir.
    D’une barge montait le son sinistre d’une corne de brume. Le vent s’engouffrait dans la cheminée, ployant les flammes. Dans la cour, des ouvriers s’affairaient à poser des tentures noires sous les fenêtres et dans le léger brouillard les sombres morceaux d’étoffe ressemblaient à des voiles de navires amenant des âmes sur les berges de l’autre monde. ‘Je veux devenir un chevalier, pensa l’enfant, me battre aux côtés de mon frère Edward. »
    Sur les murs de pierre suintant l’humidité, la frêle silhouette vêtue de noir ressemblait à un rameau dérisoire arraché d’un arbre par la tempête.

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  • [Livre] Dans le lit des reines : les amants

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    Résumé : Reines ou impératrices, leur mariage princier leur a presque toujours été imposé par la raison d’Etat. Dans la passion, l’excentricité ou le dévergondage, elles ont tenté de vivre leur aventure personnelle. C’est ainsi que Messaline est devenue l’impératrice des lupanars de Rome, qu’Isabelle d’Angleterre ou Marguerite de Navarre ont semé leurs faveurs à tous vents. La plupart du temps, ces reines, dont la fonction est sacrée, ont été confondues, et leurs complices ont payé leur tribut dans le sang.

     

    Auteur : Juliette Benzoni

     

    Edition : Perrin

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 01 juin 2011

     

    Prix moyen : 20,50€

     

    Mon avis : Dans ce livre on (re)découvre certains passages de l’histoire, depuis Messaline dans la Grèce antique jusqu’à Marie-Louise, seconde épouse de Napoléon au début du XIXème siècle.
    Le style tient plus du journal que du roman et j’ai surtout apprécié que l’auteur ne se cantonne pas au quelques reines célèbres comme Marie-Antoinette ou Isabeau de Bavière, mais nous parle de reines moins connues comme Pauline Borghèse ou Sophie-Dorothée, reine d’Angleterre.
    Cependant, j’ai déploré un ton parfois moqueur, comme si la vie, parfois détruite de ces femmes sacrifiées à la raison d’état, ne pouvait que prêter à sourire. Il ne faudrait quand même pas oublier que bon nombre des « complices » de ces femmes ont été exécuté pour l’idylle qu’ils ont entretenus avec ces reines et qu’elles-mêmes les ont parfois suivi dans la tombe. Je ne trouve aucune matière à moquerie quand les sentiments conduisent à l’échafaud.
    Je n’ai jamais été vraiment une adepte du style de Juliette Benzoni, mais j’ai bien aimé ce livre, même si j’aurais préféré lire les mêmes histoires de la plume de Stephane Bern qui se montre plus respectueux et qui fait moins l’étalage de ses opinions personnelles sur les faits.

    Un extrait : Un soir d’été de l’an 43, les prétoriens de garde aux portes du Palatin voient passer deux femmes sans leur prêter beaucoup d’attention. Ce sont sans doute des servantes qui rentrent chez elles, la journée faite et, habitués à en voir sortir beaucoup, les soldats se contentent de leur adresser quelques grosses plaisanteries en guise de bonsoir puis reprennent leur faction, contents d’eux-mêmes et ne songeant pas le moins du monde à s’offusquer de ne pas avoir reçu de réponse.

    On aurait beaucoup étonné ces hommes si on leur avait dit que ces femmes modestement vêtues n’étaient autres que la toute-puissante impératrice Messaline, quatrième épouse de l’empereur Claude et sa suivante préférée Myrthale. Et leur stupeur n’aurait pas connu de bornes s’ils avaient pu deviner où elles allaient. L’impératrice à Suburre ! Aucun militaire, même imbibé de vin jusqu’aux ouïes n’imaginerait pareille chose, même si l’on tient compte du peu d’imagination qui afflige habituellement les militaires…

  • [Livre] Les nuits blanches du chat botté

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    Résumé : En octobre 1700, d'étranges crimes ensanglantent la région si paisible des Alpes provençales. A quelques jours d'intervalle, on a retrouvé le cadavre d'une jeune fille curieusement vêtue d'une cape rouge, puis un mari et sa femme étranglés dans leur lit, la bouche emplie de petits cailloux blancs, enfin un marchand et sa fillette eux aussi étranglés. L'enquête est confiée au procureur Guillaume de Lautaret. Jeune homme à l'esprit vif, aussi habile à tirer l'épée qu'à trousser les filles, il s'ennuie mortellement dans cette place forte où rien ne se passe et rêve d'une brillante carrière à Versailles. Non loin de là, Delphine d'Orbelet s'ennuie tout autant dans les salons du château de sa mère. L'affaire va passionner et rapprocher les deux jeunes gens. Ils ne pourront cependant comprendre le sens de ces meurtres sauvages sans la découverte faite par Delphine à la lecture des fameux Contes de ma mère l'Oye...

     

    Auteur : Jean-Christophe Duchon-Doris

     

    Edition : 10/18

     

    Genre : Thriller historique

     

    Date de parution : 01 avril 2004

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : J’ai lu ce roman par curiosité car l’auteur est l’époux de mon ancienne prof de droit comparé. Comme j’ai maintenant quitté la fac et que je ne risque plus ni d’être saquée, ni d’être accusée de fayottage, j’ai enfin lu ce livre et peut donner mon avis sans « risque ».
    Dès les premières pages, 1er point positif pour moi : l’auteur a adapté le vocabulaire employé à l’époque à laquelle se passe l’histoire. Je sais que c’est souvent, au contraire, un point négatif pour les lecteurs qui sont perturbés de ne pas avoir une écriture moderne, mais pour moi, c’est un des plaisirs de lire une histoire qui se passe au moyen-âge ou sous l’Ancien Régime: avoir l’impression d’y être. Bon évidemment, je ne lirai pas un livre écrit en ancien français : ça peut être marrant, mais faut s’accrocher.
    Au début, j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, mais assez rapidement on se prend au jeu. Si on sait dès le départ que les meurtres ne sont pas du fait d’un animal mais d’un homme, il est difficile de ne pas voir tout le monde comme un suspect.
    Je me suis vraiment attachée à Delphine et Guillaume (et d’ailleurs, je pense lire les deux autres romans qui les mettent en scène).
    Plusieurs affaires se mêlent : Guillaume s’intéresse surtout au meurtrier, tandis que les agents du royaume veulent avant tout capturer un leader de la foi réformé (A la limite, la population peut se faire massacrer, ils s’en foutent).
    J’ai bien aimé les références aux contes qui permettent d’avancer dans l’enquête sans pour autant prendre le pas sur elle. On a d’ailleurs aussi une référence à l’histoire de la bête du Gévaudan, puisque les loups sont accusés d’une partie des meurtres et qu’une battue va être organisée quand bien même Guillaume est certain que les bêtes n’ont rien à voir dans l’histoire.
    Personnellement, même si j’avais établi plusieurs hypothèses, j’étais très loin de l’identité du coupable que je n’ai trouvé qu’en même temps que Guillaume. J’ai plongé à pied joint dans les pièges tendus par l’auteur, sans aucune frustration d’ailleurs, parce que c’était vraiment bien tourné.

    Un extrait : Si Mme d’Astuard et Mme d’Orbelet ne partageaient pas toujours les mêmes idées, elles s’entendaient pour ne pas se mêler aux autres familles nobles de la vallée, la première parce qu’elle redoutait que les fêtes d’aujourd’hui ne fussent que la pâle copie des fêtes d’autrefois, la seconde parce qu’elle fuyait l’agitation du monde. Si bien qu’à l’exception des domestiques, les seuls hommes qui fréquentaient le château étaient l’abbé Jorisse, vicaire officiel de la chapelle de Montclar, et le chevalier de Beuldy.

    Le chevalier de Beuldy habitait une ancienne forteresse, à moins d’une lieue du château, et venait en voisin. C’était un petit homme au pourpoint fatigué, canne à la main, fraise et chausses fanées, et toujours, sur sa tête chiffonnée, pardessus une vieille perruque poudrée de frimas, un chapeau avec la plume unique d’un faisan. Ancien compagnon d’armes de feu le baron François-Louis d’Astuard, il avait, en cette qualité, acquis le privilège définitif d’entrer comme chez lui dans la bibliothèque de Montclar où il se livrait à des travaux d’érudit dont lui seul connaissait la teneur. D’une maigreur et d’une discrétion qui le dotaient comme d’une transparence, il venait sans se faire annoncer, glissait dans les couloirs, montait les escaliers, flottait jusqu’aux ouvrages qu’il voulait consulter. Seul, parfois, le hurlement aigu mais bref d’un domestique sursautant en croisant son fantôme révélait sa présence à Montclar.

    Mais, ce matin-là, il ne chercha pas à se cacher. Ce fut dans un grand désordre qu’il fit irruption dans le vestibule du château et qu’il se précipita sur Delphine.

    – Ah ! mon Dieu ! dit-il. Connaissez-vous la nouvelle ? Une jeune fille a été tuée sur vos terres !

    – Sur nos terres ! s’écria, à l’étage, Mme d’Astuard en se penchant par-dessus la rampe de l’escalier. Comment est-ce possible ? Êtes-vous sûr de vous, monsieur le chevalier ?

    – Je viens de croiser le chirurgien que l’on était allé quérir. Il réclame de l’eau et des linges.

    – Une jeune fille… ? répéta Delphine, très pâle, en s’appuyant sur l’une des colonnes de l’entrée.

    Marie d’Astuard donnait déjà des ordres. Elle avait enfilé sa capeline et secouait le chevalier pour qu’il la conduisît le plus vite possible sur les lieux du drame. Ils partirent en courant. Leurs pas pressés sur la pierraille du chemin sonnaient dans l’air limpide comme du verre brisé.

    C’était un jour pâle et tranquille, un jour d’automne, balayé de longs tourbillons de feuilles. Le ciel, dans l’aube naissante, n’était qu’un grand linceul blanc. Delphine hésita et puis, les jambes chancelantes, elle courut après eux.