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Historiques - Page 2

  • [Livre] Les derniers jours des reines

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    Lecture terminée le : 30 mars 2020

     

    Résumé : Comment sont mortes les souveraines les plus célèbres de l'Histoire ? Du suicide de Cléopâtre au dramatique accident d'Astrid de Belgique en passant par la décapitation de Marie Stuart et de Marie-Antoinette, l'assassinat d'Agrippine, de Sissi et d'Alexandra de Russie, ou l'agonie édifiante de Catherine de Médicis, Anne d'Autriche, Catherine II, la reine Victoria ou l'impératrice Eugénie, les meilleurs historiens et écrivains d'histoire racontent leurs derniers jours dans des textes incisifs où la limpidité du récit s'appuie sur des enquêtes puisées aux meilleures sources. Toujours tragiques, souvent brutales, parfois spectaculaires, inattendues ou interminables, leurs fins se ressemblent par une même dignité, une civilité monarchique de l'adieu exaltée par la conscience que ces reines avaient de leur rang, et leur volonté commune d'édifier la postérité après avoir marqué leur temps. Comme si toutes se retrouvaient dans la fière devise de Marie Stuart : " En ma fin est mon commencement. "


    Auteur : Jean Sevillia et Jean-Christophe Buisson

     

    Edition : Perrin

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 2015

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Dans le même genre, j’avais lu « les derniers jours des rois » qui m’avait profondément ennuyé, les rois n’en finissant pas de mourir.
    Du coup j’ai laissé ce livre de côté bien trop longtemps.
    Mais il faut croire que c’était une question d’auteur, parce que là, je me suis régalée.
    Déjà les auteurs ne restent pas focalisés sur la mort en elle-même de la souveraine mais sur ses accomplissements, ses actes et leurs conséquences.
    Ils balayent les idées reçues (comme le fait que Cléopâtre se serait suicidée avec un serpent alors que les comptes rendus de l’époque indiquent qu’aucun serpent n’a été trouvé sur les lieux).
    Les reines, régnantes ou consort, sont présentées par ordre chronologique. Certaines se sont illustrées dans la mort (comme Marie-Antoinette, qui s’est révélée dans les derniers mois de sa vie et dans la dignité qu’elle a montré face à ses accusateurs et sur l’échafaud), d’autres ont beaucoup accompli de leur vivant (Alienor, Marie-thérèse d’Autriche), d’autre encore ne sont connues que par leur mort tragique à un jeune âge (Astrid de Suède).
    Pour les reines, comme pour les rois d’ailleurs, la mort n’est pas une affaire privée. On meurt en public et si ce n’est pas le cas, la dépouille est exposée aux yeux de tous, les funérailles sont un spectacle plus qu’une affaire de famille.
    Car le monarque ne s’appartient pas, il appartient au peuple.
    Ce livre, malgré un titre un peu racoleur, est une mine d’information sur de grands pans de l’histoire.
    Pas très en profondeur, certes, mais il donne un bon point de départ avant des lectures plus approfondies comme, par exemple, celles citées en bibliographie pour chacune des reines traitées dans le livre.

     

    Un extrait : Que lui veut-il ? Pourquoi Nero Claudius Caesar Augustus Germanicus, son fils, l’empereur, lui a-t-il adressé une lettre des plus affectueuses pour l’inviter à venir célébrer avec lui à Baïes les fêtes de Minerve, les grandes Quinquatries, qui commencent le 19 mars de l’année 59 et se prolongent jusqu’au 23 ? Est-ce un piège pour pouvoir le supprimer ? Ou une tentative de réconciliation ?
    Agrippine hésite. Elle a quarante-quatre ans, reste encore d’une grande beauté et se trouve dans son domaine d’Antium, au sud du Latium, sur la côte, un lieu de résidence chic, proche de Rome, où se sont multipliées de luxueuses villas maritimes fréquentées par l’aristocratie romaine. Caligula, le frère d’Agrippine, y est né en 12.
    Elle-même y a mis au monde – difficilement -, en 37.
    Le futur Neron, né de son premier mariage. De l’horoscope de l’enfant, on avait tiré une foule de prédictions effrayantes ; parmi les astrologues qu’Agrippine avait consultés pour connaître le destin de son fils, l’un lui avait annoncé qu’il régnerait mais qu’il tuerait sa mère.
    Elle avait rétorqué : « Qu’il tue, pourvu qu’il règne ».


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  • [Livre] Les rois maudits – T01 – Le roi de fer

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    Lecture terminée le : 26 février 2020

     

    Résumé : Le Roi de fer, premier volume du cycle, a pour figure centrale Philippe IV le Bel, roi d'une beauté légendaire qui régnait sur la France en maître absolu. Tout devait s'incliner, plier ou rompre devant l'autorité royale. Mais l'idée nationale logeait dans la tête de ce prince calme et cruel pour qui la raison d'Etat dominait toutes les autres.
    Sous son règne, la France était grande et les Français malheureux.


    Auteur : Maurice Druon, lu par François Berland

     

    Edition : Sixtrid

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 02 Juin 2015

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Second livre audio dans lequel je me lance, j’ai eu plus de mal à suivre l’histoire que lors de mon écoute de la biographie de Marie-Antoinette.
    François Berland donne vraiment vie au texte magnifique de Maurice Druon.
    Dans ces livres, parce qu’il s’agit de romans et non de pures biographies, il y a pas mal de dialogues et je crois que c’est en partie à cause de ça que je me suis parfois un peu perdue.
    De plus, L’auteur part souvent dans des digressions, suit plusieurs trames en même temps, et j’aurais sans doute moins eu de mal à garder le cap en lecture visuelle.
    Ce premier tome couvre la période comprise entre le massacre des templiers avec la mise au bûcher du grand maître Jacques de Molay et la mort de Philippe le Bel.
    Dans ce premier tome, si la trame principale reste la malédiction jetée par de Molay au moment de mourir, on balaie beaucoup d’histoire secondaires : les fameuses infidélités des belles-filles du roi, les batailles morales et juridiques entre Mahaut et Robert d’Artois, les lombards…
    Même si en version audio, j’ai parfois eu du mal à me souvenir de ce que j’avais écouté d’une séance à l’autre, les dialogues sont toujours savoureux avec très souvent un humour très noirs mais très présent.
    On sent bien que, bien qu’il ait écrit un roman, une fiction, avec malédiction, sorcellerie etc…., l’auteur connait cette période de l’histoire sur le bout du doigt.
    J’ai encore les 6 tomes suivants en livres audio, dont 5 lu par le même comédien, mais je vais sans doute laisser reposer un peu tout ça avant de me lancer dans une autre lecture de ce type.

     

    Un extrait :


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  • [Livre] Marie-Antoinette

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    Lecture terminée le : 23 janvier 2020

     

    Résumé : Vilipendée par les uns, sanctifiée par les autres, l'" Autrichienne " Marie-Antoinette est la reine la plus méconnue de l'histoire de France. Il fallut attendre Stefan Zweig, en 1933, pour que la passion cède à la vérité.

    S'appuyant sur les archives de l'Empire autrichien et sur la correspondance du comte Axel de Fersen, qu'il fut le premier à pouvoir consulter intégralement, Stefan Zweig retrace avec sensibilité et rigueur l'évolution de la jeune princesse, trop tôt appelée au trône, que la faiblesse et l'impuissance temporaire de Louis XVI vont précipiter dans un tourbillon de distractions et de fêtes.

    Dans ce contexte, la sombre affaire du collier, habilement exploitée par ses nombreux ennemis à la cour de France, va inexorablement éloigner Marie-Antoinette de son peuple.


    Auteur : Stefan Zweig

     

    Edition : Audiolib

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 2011

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : J’ai toujours eu du mal avec les livres audio.
    Je n’arrive pas à entrer dans l’histoire, je ne sais pas si le fait que le lecteur essaie de changer de voix dans les dialogues n’énerve plus que quand il ne le fait pas.
    Bref je ne suis pas fan.

    Sauf dans quelques cas : les livres de développement personnel, les contes et légendes et les biographies historiques.
    Dans ce cas précis, le livre est lu par Laurent Jacquet, qui a déjà fait du doublage et des voix off pour des documentaires TV. Dans un livre audio, la voix du lecteur est primordiale et Laurent Jacquet a vraiment une voix agréable.
    Pour écrire la biographie de la reine, Stefan Zweig a délibérément écarté toute la correspondance de Marie-Antoinette qui prêtait à caution. On sait que de nombreux faux ont été créés, entre autre par le Baron Feuillet de Conches, un contemporain de la reine.
    Aussi, par précaution, Stefan Zweig a refusé d’utilisait tous les documents dont l’authenticité était suspectes (et malgré tout ce qu’il a écarté, il nous fait quand même un livre de 500p).
    J’ai apprécié que l’auteur ne prenne pas parti pour ou contre la reine. Il n’en fait ni une sainte, ni le démon qu’ont dépeint les révolutionnaires. Il montre ses failles, ses défauts, mais aussi ses qualités et son courage.
    Il nous dépeint le roi comme un homme profondément bon et proche de sa famille, mais incapable de prendre des décisions. Il était faible et pesait le pour et le contre jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour agir.
    On découvre aussi la mère de Marie-Antoinette, une femme profondément déçue par ses enfants, qui s’inquiète de ce que son fils fera de son pays quand elle ne sera plus là pour le contrôler et qui se demande quand sa fille deviendra enfin adulte. Cela se fera, mais elle ne sera plus là pour le voir.
    On parle aussi beaucoup d’Axel de Fersen (Zweig fait partie de ceux persuadés qu’il était l’amant de la reine).
    Il n’est pas tendre non plus avec les frères du roi, qu’il dépeint comme prêts à tout pour accéder au trône.
    De même, il remet en question tout ce qui a été écrit sur le Dauphin. Il réfute la violence que tout le monde attribue au cordonnier Simon et pense que l’enfant s’est volontiers prêté aux « enseignements » de l’homme qui étaient sans doute plus amusants que la stricte éducation que lui dispensait sa mère.
    Et même si cette dernière est pleine d’indulgence pour lui, elle est lucide sur son caractère (Comme on peut le constater dans une lettre qu’elle a écrite à l’attention de la gouvernante de ses enfants).
    La biographie couvre toute la vie de la Reine, de la préparation de son mariage, alors qu’elle n’a que 11 ans à son exécution.
    Le dernier chapitre fait un tour d’horizon des divers protagonistes en donnant quelques brèves informations. Il n’y a guère eu que Fersen pour s’émouvoir du sort de la Reine (la seule autre personne qui aurait pu avoir une réaction de tristesse, sa fille, a été maintenue dans l’ignorance de la mort de sa mère pendant longtemps) et c’est sans doute pour cela qu’il est celui sur lequel s’attarde le plus l’auteur.
    Peu de renseignement sont donnés sur la fille de Marie-Antoinette, mais on peut le comprendre, elle n’avait que peu d’importante et son existence n’a pas pesé sur la destinée de ses parents.
    On trouve quelques biographies sur elle, pas aussi bien documentées que celle de Marie-Antoinette mais suffisamment fournies pour satisfaire la curiosité.
    Avec 18h d’écoute, j’ai fini ce livre en bien plus de temps qu’il ne m’en aurait fallu si je l’avais lu de manière traditionnelle mais il m’a tenu compagnie dans les transports et à la pause-déjeuner pendant un bout de temps.
    Je n’ai plus qu’à trouver le prochain livre audio qui remplira cet office !

     

    Un extrait : Pendant des siècles, sur d’innombrables champs de bataille allemands, italiens et flamands, les Habsbourgs et les Bourbons se sont disputé jusqu’à épuisement l’hégémonie de l’Europe. Enfin, les vieux rivaux reconnaissent que leur jalousie insatiable n’a fait que frayer la voie à d’autres maisons régnantes ; déjà, de l’île anglaise, un peuple hérétique tend la main vers l’empire du monde ; déjà la marche protestante de Brandebourg devient un puissant royaume ; déjà la Russie à demi païenne s’apprête à étendre sa sphère à l’infini : ne vaudrait-il pas mieux faire la paix, finissent par se demander – trop tard, comme toujours – les souverains et leurs diplomates, que de renouveler sans cesse le jeu fatal de la guerre, pour le grand profit de mécréants et de parvenus ? Choiseul, ministre de Louis XV, Kaunitz, conseiller de Marie-Thérèse, concluent une alliance ; et afin qu’elle s’avère durable et ne soit pas un simple temps d’arrêt entre deux guerres, ils proposent d’unir, par les liens du sang, la dynastie des Bourbons à celle des Habsbourgs. La maison de Habsbourg n’a jamais manqué de princesses à marier ; et en ce moment, précisément, elles sont nombreuses et de tous les âges. Les ministres envisagent d’abord d’unir Louis XV, bien qu’il soit grand-père, et en dépit de ses mœurs plus que douteuses, à une princesse habsbourgeoise ; mais le roi très chrétien se réfugie vivement du lit de la Pompadour dans celui de la du Barry. D’autre part, l’empereur Joseph, deux fois veuf, ne manifeste guère le désir de se laisser marier à l’une des trois filles de Louis XV qui ne sont plus toutes jeunes. Il reste donc une troisième combinaison, la plus naturelle, l’union du dauphin adolescent, petit-fils de Louis XV et futur héritier de la couronne de France, à une fille de Marie-Thérèse. En 1766, Marie-Antoinette, âgée alors de onze ans, peut déjà faire l’objet d’un projet sérieux ; le 24 mai de cette année-là, l’ambassadeur d’Autriche mande expressément à l’impératrice : « Le roi s’est expliqué de façon que votre majesté peut regarder le projet comme décidé et assuré. »

     

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  • [Livre] Danse avec les loups

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    Lecture terminée le : 22 décembre 2019

     

    Résumé : Fort Sedgewick. Un avant-poste au fin fond de l'Ouest sauvage. Trois ou quatre baraques délabrées, une poignée d'hommes épuisés. C'est là qu'est affecté le lieutenant Dunbar. Il rêvait de grands espaces, de batailles glorieuses. A son arrivée, une surprise l'attend: le fort est abandonné, il se retrouve seul.

    Seul... jusqu'au jour où il découvre une femme blessée qu'il ramène chez les Comanches. Au fil des jours, il gagne leur amitié, apprend leur langue... et tombe amoureux de cette étrange squaw aux yeux couleur de feu, cette Blanche que les Indiens ont enlevée quand elle était enfant. Comme elle, il deviendra un Comanche. Désormais, le lieutenant Dunbar n'existe plus. Il est celui qui "danse avec les loups". Mais la guerre n'est pas finie. Pour l'armée des États Unis d'Amérique, John Dunbar est un déserteur.


    Auteur : Michael Blake

     

    Edition : J’ai lu

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 24 Février 2003

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : De Danse avec les loups, je ne connaissais que le film avec Kevin Costner, comme beaucoup de monde (et en plus, ça ne date pas d’hier !)
    Quand je suis tombé sur le livre, j’avoue que j’ai hésité car il est arrivé, pour ce genre de film se passant dans de grandes étendues sauvages, que le livre contienne trop de passages descriptifs et qu’il m’ennuie.
    Mais j’ai décidé de tenter le coup et j’ai bien fait car j’ai été complètement embarquée dans l’histoire.
    Déjà, on nous explique plein de choses qu’on ne sait pas dans le film, comme pourquoi le fort où arrive John Dunbar est désert. On apprend aussi son passé, on découvre ses premiers contacts avec les indiens et d’ailleurs on a beaucoup le point de vue des comanches sur les différentes situations. On découvre aussi le passé de Celle-qui-se-dresse-avec-le-poing-fermé et on apprend comment elle est devenue une comanche.
    Tous les personnages ont bien plus de profondeurs que dans le film.
    Il y a très peu de dialogue (forcément, sur plus de la moitié du livre, les personnages ne parlent pas la même langue).
    Il y a évidemment beaucoup de descriptions mais pas d’ennuie grâce à l’écriture qui est très fluide et à des descriptions qui rendent les lieux très vivants.
    En filigrane de l’histoire, on voit les massacres à venir des indiens. Dans chaque questionnement des comanches, dans chaque hésitation de Dunbar à leur répondre, on sent venir ce qu’il va se passer.
    J’ai particulièrement aimé découvrir la culture, les coutumes, la vie quotidienne des comanches.
    Et comme Dunbar l’apprend lui aussi, tout nous est expliqué en même temps qu’à lui.
    La transformation de Dunbar d’officier zélé de l’armée américaine à guerrier comanche se fait progressivement et il est très intéressant de le voir remettre en question tout ce en quoi il croit pour évoluer vers une autre façon de vivre.
    J’ai trouvé la fin incroyablement triste peut-être parce qu’elle met une dernière fois l’accent sur ce qui attend les peuples indiens.

     

    Un extrait : Le Lieutenant Dunbar ne fut pas véritablement avalé, mais ce fut le premier mot qui lui vint à l’esprit.

    Tout était immense.

    Le grand ciel sans nuages. L’océan d’herbe ondulant.

    Rien d’autre, où qu’il posât les yeux. Pas de route. Pas de traces d’ornières que le grand chariot aurait pu suivre.

    Juste un immense espace absolument vide.

    Il était à la dérive. Il était totalement seul. Cela faisait bondir son cœur d’une manière étrange et profonde. Assis en plein air sur le siège plat, laissant son corps osciller au rythme de la prairie, les pensées du Lieutenant Dunbar se focalisèrent sur son cœur bondissant. Il était excité. Pourtant, son sang ne bouillonnait pas, son pouls était lent. La contradiction lui agitait délicieusement l’esprit. Des mots tournaient constamment dans sa tête, tandis qu’il essayait de formuler les phrases ou les tournures de style qui lui permettraient de décrire ce qu’il ressentait. Il était difficile de mettre exactement le doigt dessus.

    Au cours de leur troisième jour de voyage, la voix dans sa tête prononça les mots : « C’est religieux », et cette phrase semblait des plus exactes. Mais le Lieutenant Dunbar n’avait jamais été un homme religieux, et, bien que la phrase ait sonné juste, il ne savait pas vraiment ce qu’il devait en tirer.

    S’il n’avait pas été ainsi transporté, le Lieutenant Dunbar aurait probablement trouvé l’explication, mais dans sa rêverie, il la dépassa sans la voir.

    Il était tombé amoureux. Il était tombé amoureux de ce pays sauvage et beau, et de tout ce qu’il contenait. C’était le genre d’amour que les gens rêvent de partager avec autrui : sans égoïsme et dégagé de tout doute, déférent et éternel. Son esprit avait reçu une promotion et son cœur bondissait. Peut-être était-ce la raison pour laquelle ce beau lieutenant de la cavalerie avait pensé à la religion.

     

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  • [Livre] Un bûcher sous la neige

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    Lecture terminée le : 11 décembre 2019

     

    Résumé : Au coeur de l'Ecosse du XVIIe siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher.

    Dans le clair-obscur d'une prison putride le Révérend Charles Leslie, venu d'Irlande espionner l'ennemi, l'interroge sur les massacres dont elle a été témoin. Mais, depuis sa geôle, la voix de Corrag s'élève au-dessus des légendes de sorcières, par-delà ses haillons et sa tignasse sauvage. Peu à peu, la créature maudite s'efface; du coin de sa cellule émane une lumière, une sorte de grâce pure. Et lorsque le révérend retourne à sa table de travail, les lettres qu'il brûle d'écrire sont pour sa femme Jane, non pour son roi.

    Chaque soir, ce récit continue, Charles suit Corrag à travers les Highlands enneigés, sous les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse des heures de chevauchée solitaire. Chaque soir, à travers ses lettres, il se rapproche de Corrag, la comprend, la regarde enfin et voit que son péché est son innocence et le bûcher qui l'attend le supplice d'un agneau.


    Auteur : Susan Fletcher

     

    Edition : J'ai Lu

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 29 Mars 2013

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Ce roman ne ressemble pas à ceux que je lis d’ordinaire.
    Il est à deux voix. Celle de Charles, d’abord, un ecclésiastique, mais aussi un jacobite qui espère trouver de quoi faire tomber Guillaume d’Orange et rétablir Jacques Stuart sur le trône en enquêtant sur un massacre commis en Ecosse.
    Celle de Corag, ensuite, une jeune fille dont j’estime l’âge à 18 ans, qui aurait été témoin du massacre et qui attend, dans une geôle sordide, que le dégel permette de construire le bûcher auquel on la destine.
    Il faut noter d’abord que ce roman se classe dans les historiques car les éléments principaux sont bel et bien réels. Le massacre dont il est question a bien eu lieu (et il a d’ailleurs servi d’inspiration à George R.R. Martin pour ses noces pourpres) ; Charles Leslie a bien existé (vous pouvez lire sa biographie, en anglais ICI) et Corrag fait l’objet d’une légende que vous pouvez découvrir, toujours en anglais, ICI. On ne sait donc pas si elle a vraiment existé, mais il n’est pas rare que les légendes soient tissées autour de personnes bien réelles.
    Pour en revenir au livre de Susan Fletcher, il est donc à deux voix. Mais ces voix ne s’adressent qu’indirectement l’une à l’autre.
    La voix de Charles, on ne l’entend qu’à travers les lettres qu’il écrit à l’épouse qu’il a laissé en Irlande. D’abord très rigide, presque obtus, il semble pourtant autant touché par Corrag que j’ai pu l’être. Entre les doux reproches de son épouse, qu’on devine au fil des lettres de Charles, et le récit de la jeune femme, on sent clairement certaines de ses certitudes vaciller.
    Corrag est la seconde voix de ce livre, et la plus présente.
    Avant d’accéder à la demande de Charles et de lui dire ce qu’elle sait sur le massacre, Corrag exige de raconter son histoire.
    Et bon sang, quelle histoire !

    J’ai été tellement émue par Corrag. Alors qu’elle est promise à une mort atroce, que sa terreur fait parfois surface, que la vie ne lui a fait aucun cadeau, elle tient un discours sur la vie, la nature, les croyances, absolument époustouflant.

    Une réflexion de Corrag a le mérite de faire réfléchir Charles : Pourquoi ceux qui sont proches de la nature sont-ils presque toujours accusés de sorcellerie si la nature est une création de Dieu ?
    Dans ce roman, on écoute une histoire, un récit sans dialogue.
    D’habitude, l’absence de dialogue est plutôt rédhibitoire pour moi, mais là j’étais tellement prise dans l’histoire de Corrag que j’ai presque entendu les dialogues se détacher de son récit.
    Et puis, au fil de l’histoire, il y a ces petites mentions à la neige qui fond, au bûcher qui se construit. Avec l’approche du dégel, une angoisse a commencé à poindre. La peur de voir la fin de Corrag.
    La fin est magnifique, avec, pour moi, une grande mélancolie.
    Ce n’est pas un livre qui se dévore, c’est un livre qui se savoure.

    Et je vous le conseille vivement.

     

    Un extrait : Quand ils viendront me chercher, je penserai à l’extrémité de la corniche du nord, car c’est là que j’ai été le plus heureuse, avec le ciel et le vent, et les collines toutes sombres de mousse ou de l’ombre d’un nuage les survolant. Je reverrai ce moment où un coin de montagne s’éclaire soudain, comme si ce rocher avait été choisi entre tous les autres par le soleil, marqué par ses rayons. Il va briller, puis s’assombrir à nouveau. Je serai là cheveux au vent puis rentrerai chez moi. J’aurai en moi ce rocher éclairé par le soleil. Je le garderai en sécurité.

    Ou bien je penserai à ma course dans la neige. Il n’y avait pas de lune mais je voyais l’étoile du matin, on dit que c’est l’étoile du diable mais c’est aussi celle de l’amour. Elle luisait cette nuit-là, elle luisait très fort. Et moi je courais au-dessous en me répétant que tout aille bien que tout aille bien. Puis j’ai vu les terres en bas qui étaient tellement paisibles, tellement blanches et immobiles et endormies que j’ai pensé que l’étoile avait peut-être entendu, alors tout allait bien, la mort n’approchait pas. C’était une nuit de beauté, à ce moment. La plus grande beauté que j’avais vue de toute ma vie. Ma courte vie.

    Ou encore je penserai à toi.

    Dans mes derniers instants silencieux, je penserai à lui près de moi. Comment, très doucement, il a dit : toi…

    Certains l’appellent un sombre endroit, comme s’il n’y avait rien de bon à trouver dans ces collines. Mais du bon, moi je sais qu’elles en étaient pleines. Je grimpais sur les hauteurs enneigées. Je m’accroupissais au bord du loch et je me penchais pour y boire, si bien que mes cheveux flottaient dans l’eau, et je levais la tête pour voir la brume tomber. Par une claire nuit de gel, alors qu’on racontait que tous les loups avaient disparu, j’en ai entendu un qui hurlait du côté de Bidean nam Bian. C’était un cri tellement long et triste que j’ai fermé les yeux en l’entendant. Il pleurait sa propre fin, je crois, ou la nôtre, comme s’il savait. Les nuits là-bas ne ressemblaient à aucune autre. Les collines étaient très noires, des formes découpées dans du drap, le drap du ciel bleu foncé, étoilé. Je connaissais les étoiles, mais pas ces étoiles-là.

    Voilà de quoi elles étaient faites, les nuits. Et les jours, c’étaient des nuages et des rochers. Les jours, c’étaient des sentiers dans l’herbe, et cueillir mes plantes dans des coins détrempés qui me tachaient les mains et laissaient sur moi leur odeur de tourbe. J’étais mouillée, je sentais la tourbe. Des biches suivaient leurs chemins. Je les suivais moi aussi, ou me blottissais dans leurs tanières et le reste de leur chaleur. Je voyais ce que leurs yeux noirs avaient vu avant mes yeux à moi. Les jours là-haut, voilà de quoi ils étaient faits : des petites choses. Par exemple, observer la rivière qui se sépare en deux autour d’un rocher et après se réunit.

    Ce n’était pas sombre. Non.

    L’obscurité, il fallait que je la trouve. Il fallait basculer des rochers ou la chercher dans des grottes. Les nuits d’été pouvaient être tellement claires, tellement remplies de lumière que je me recroquevillais comme une souris, me couvrais les yeux avec la main pour avoir un peu d’obscurité où dormir. C’est comme ça que je dors, même maintenant, recroquevillée.

     

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  • [Livre] Petites recettes de bonheur pour les temps difficiles

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    Lecture terminée le : 29 octobre 2019

     

    Résumé : Entre Iowa et Massachusetts de 1943 à 1946
    Depuis que son mari a été appelé à rejoindre les forces alliées pour combattre en Europe, Glory Whitehall s’ennuie. Laissée seule avec son fils de 3 ans, enceinte jusqu’aux yeux, la jeune femme cherche une occupation pour tromper la solitude. Un beau matin, Rita Vincenzo reçoit la lettre d’une inconnue du Massachussetts…
    Entre Glory, jeunette impulsive, et Rita, femme de poigne au grand cœur, se tisse une amitié au fil de la plume. Une correspondance entre deux femmes séparées par des centaines de kilomètres, accidentellement rapprochées par l’absence de leurs époux, partis sur le front.
    Étayée d’instants complices, de joies, de peines, de drames, cette correspondance offre à chacune des deux femmes un moment de réconfort unique dans un monde bouleversé par les échos de la guerre qui menacent de saper leur courage. Comment vivre dans un monde sans hommes ? Comment égayer le quotidien lorsque tout est rationné ? À qui confier le mal-être, la souffrance de celles qui attendent, impuissantes et fébriles des nouvelles des époux, des fils qu’elles ont vus partir de l’autre côté de l’océan ?Trois ans de correspondance, autant de partage de recettes, de conseils de jardinage, de confidences inavouées… pour l’une des plus belles histoires d’amitié jamais écrites.


    Auteur : Suzanne Hayes et Loretta Nyhan

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 18 juin 2015

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’ai souvent eu du mal avec les romans épistolaires, du coup je n’en lis jamais. Comme quoi, tout dépend du contenu des lettres, parce que ce roman-là a été un véritable coup de cœur.
    En pleine seconde guerre mondiale, deux femmes, que plusieurs centaines de kilomètres et une vingtaine d’années séparent, entament une correspondance sur l’impulsion du club des femmes de leurs villes respectives.
    Gloria « Glory » Whitehall est une jeune femme de 24 ans, enceinte, mère d’un petit garçon de 2 ans. Son mari, Robert, est dans un camp d’entrainement en attendant de partir en Europe.
    Marguerite « Rita » Vincenzo a 41 ans. Son mari, Sal, bien que trop âgé pour être appelé sous les drapeaux, a décidé de s’engager après Pearl Harbor et a été envoyé en Afrique comme médecin militaire. Leur fils de 18 ans, Toby, est dans un camp d’entrainement et doit être déployé dans le Pacifique.
    A travers leurs lettres, les deux femmes vont nouer une solide amitié et se confier leur solitude, leurs petits et gros tracas et surtout cette inquiétude qui ne les quitte jamais.
    Avec elles, on découvre les restrictions, l’effort de guerre, les mesures gouvernementales pour protéger la population des raids aériens…
    On découvre aussi le mal-être et la honte des hommes réformés pour raisons médicales voire pour casier judiciaire (comme si ces derniers n’étaient pas dignes de mourir pour leur pays).
    Les femmes et les soldats communiquent par V-Mail, sorte de formulaire au nombre de ligne limité et lu par d’impitoyables censeurs avant de parvenir à leur destinataire. Si je comprends que les informations qui pourraient dévoiler des déplacements militaires soient caviardées, j’ai eu plus de mal avec certaines démonstrations d’affection, censurés au nom de la morale (Franchement, en pleine guerre, ils avaient rien d’autres à faire ?).
    Très vite, les deux femmes s’échangent des astuces pour faire fructifier leur jardins et des « recettes de guerre » (Des recettes très intéressantes mais que je ne suis pas certaine d’aller jusqu’à tester).
    Les femmes, en plus de contribuer à l’effort de guerre en faisant des bandages ou en écrivant aux soldats dépourvus de famille, vont également devoir remplacer dans leur travail les hommes partis au front.
    C’est là que la place de la femme va évoluer, car quand les hommes vont rentrer de la guerre, elles vont devoir se battre pour conserver leur indépendance et ne pas simplement être renvoyer derrière leurs fourneaux.
    On passe par beaucoup d’émotions dans ce roman : on sourit, on rit, on s’angoisse en même temps que Rita et Glory, on s’indigne aussi face aux situations ou aux réactions des voisines, on pleure (personnellement, je suis devenue une madeleine).
    Difficile de quitter ce roman écrit à quatre mains et ses deux héroïnes aussi différentes qu’attachantes.
    Mais avec la fin de la guerre, se termine aussi cette superbe correspondance et ce roman que l’on referme en laissant Rita et Glory reconstruire la vie que la guerre est venue chambouler.

     

    Un extrait : Chère « Sorcière aux mains vertes »,

    À trop vouloir m’appliquer, j’ai de l’encre bleue plein les doigts.

    Mais ce soir, j’avais le cœur lourd… Alors j’ai décidé de faire fi du reste et de prendre ma plus belle plume pour écrire à une parfaite inconnue qui n’aura peut-être ni le temps ni l’envie de me répondre.

    Et si je commençais par le commencement ?

    Notre Club des femmes se réunit au presbytère chaque mercredi après-midi. Ce n’est pas vraiment ma tasse de thé, mais il faut bien que je m’occupe. On ne nous a pas donné de vrais noms, juste fait passer une liste d’adresses en nous disant que si nous nous sentions seules (c’est mon cas) ou désespérées (pas encore, mais j’avoue que ça devient de plus en plus pesant), nous pourrions ainsi correspondre avec une autre jeune femme dans la même situation. La « situation ». J’ai particulièrement aimé la manière dont notre vieille Mme Je-sais-tout (Mme Moldenhauer) a prononcé ce mot. Que sait-elle, au juste, de notre « situation » ?

    Un chapeau passait de main en main avec de petits papiers comportant de faux noms et de vraies adresses. Histoire de préserver l’anonymat, je suppose. Mais après tout, pour s’écrire, ne vaut-il pas mieux se connaître ? Les morceaux de papier n’étaient pas pliés et les autres filles fouillaient dans le chapeau pour choisir leur préféré. Tout ce rituel me semblait un peu ridicule et confus, à vrai dire. Je ne voulais pas participer, mais Mme Moldenhauer m’a pincé l’avant-bras si fort que je dois encore avoir une marque. Du coup, j’ai fait exprès de choisir en dernier. Toutes les autres avaient rejeté votre pseudonyme à cause du mot « Sorcière », j’imagine. J’ai de la chance d’être tombée sur vous. En ce moment, j’aurais bien besoin d’un coup de baguette magique. J’en suis à mon septième mois et Robbie Jr. vient d’avoir deux ans. C’est une vraie terreur.

    Voilà… J’espère que ces quelques lignes vous parviendront et vous donneront l’envie de me répondre. Je me réjouis à l’idée de courir jusqu’à la boîte aux lettres pour y trouver une enveloppe sans le cachet de l’armée dessus.

    Mon nom est Gloria Whitehall. J’ai vingt-trois ans. Mon mari, Robert Whitehall, est premier sergent dans la 2e division d’infanterie.

    Ravie de faire votre connaissance.

    Sincères salutations,
    Glory



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  • [Livre] Retour à Whitechapel

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    Lecture terminée le : 24 octobre 2019

     

    Résumé : Automne 1941, Amelia Pritlowe est infirmière au London Hospital et tente de survivre aux bombardements de l’armée allemande. Lorsqu’elle reçoit la lettre posthume de son père, elle n’imagine pas qu’elle va devoir affronter un cataclysme personnel tout aussi dévastateur. Sa mère n’est pas morte d’une maladie pulmonaire comme elle l’a toujours cru. Sa mère, Mary Jane Kelly, a été la dernière victime de Jack l’Éventreur. Elle avait deux ans.? ? Mue par une incommensurable soif de vengeance, l’infirmière va se lancer dans une traque acharnée. Elle intègre anonymement la société savante d’experts « ripperologues », la Filebox Society, et va reprendre l’enquête depuis le début, étudiant et répertoriant tous les éléments qui ont touché de près ou de loin chacune des victimes de Jack l’Éventreur. Plongeant ainsi dans les bas-fonds de l’East End victorien, revivant le calvaire de ces femmes qui vendaient leur âme et leur corps pour quelques heures de sommeil, elle va reconstituer les dernières semaines de la vie de sa mère, suivre toutes les pistes et accepter tous les sacrifices pour retrouver celui qui reste encore aujourd’hui une énigme.? « Pourquoi ni la police de l’époque, ni les enquêteurs qui ont suivi l’affaire depuis plus d’un siècle n’ont jamais identifié Jack l’Éventreur ? Parce qu’ils cherchaient un homme correspondant à un a priori social ou allégorique. “Jack” n’était pas un médecin fou, ni un membre de l’aristocratie victorienne ou un haut personnage de la cour d’Angleterre. Il était simplement dans la place, tout près de ses victimes, invisible à force d’être là. »


    Auteur : Michel Moatti

     

    Edition : 10/18

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 03 décembre 2015

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Comme beaucoup d’auteurs, Michel Moatti s’est intéressé de près au mythique Jack l’éventreur.
    Le dernier livre que j’ai lu sur le sujet était long, ennuyeux, et présentait une idée tout faite sur l’identité du tueur, écartant d’un revers de main les preuves qui contredisaient sa théorie.
    Michel Moatti nous évite le documentaire lourd et ennuyeux en choisissant de nous présenter sa théorie au travers d’un roman.
    Ainsi, un personnage fictif va, 50 ans après les meurtres, chercher à identifier le tueur. C’est à travers ce personnage, fille cachée de Mary Jane Kelly, que l’auteur nous présente documents d’époque et interrogations, ceux-là même qui lui ont permis de se forger une opinion quant à l’identité du tueur.
    Amelia, notre personnage principal, est une infirmière de plus de 50 ans, qui exerce dans un hôpital londonien pendant la seconde guerre mondiale.
    Le roman alterne entre la période des assassinats, qui permet de nous faire connaitre les minutes du jury d’enquête présidé par le coroner Roderick McDonald ainsi que les théories de différents médecins dont plusieurs réfutèrent l’idée que le tueur puisse avoir une formation médicale (contrairement à ce que disent souvent les théories complotistes) ; et la période du Blitz, où, dans un climat de terreur constante, Amelia analyse, au sein d’une société de ripperologue, fictive mais qui auraient pu exister, les documents collectés.
    L’auteur réfute avec logique la théorie de l’aristocrate tueur (et du coup la théorie complotiste impliquant l’entourage direct de la Reine Victoria).
    Pour lui, le tueur ne peut être qu’une personne connaissant parfaitement les rues de Whitechapel (sinon comment fuir la police), quelqu’un qui ne se ferait pas remarquer, qui ne dénoterait pas dans ce quartier où règne une extrême pauvreté.
    Contrairement à Patricia McDonald, qui assenait sa théorie en dépit des preuves et sans se préoccuper de rendre son histoire crédible, Michel Moatti, à la fin de son roman, résume les indices (déjà disséminés dans le roman) qui le pousse à désigner une personne en particulier.
    Il faut admettre que la théorie avancée a le mérite d’être plausible et les preuves avancées par Moatti, convaincantes.
    Le coupable que désigne l’auteur est crédible et, si on ne lui connait pas de mobile, j’ai toujours pensé que c’était une erreur que de chercher un mobile rationnel à cette boucherie. J’ai toujours eut la conviction que Jack, comme bon nombre de tueurs séquentiels, n’était motivé que par sa haine de l’autre. Et les prostituées, surtout dans ce quartier, étaient des proies facilement approchables.
    Quant à l’arrêt des meurtres, je ne pense pas que ce soit parce qu’il avait terminé une quelconque mission mais plutôt que la présence policière toujours plus importante a rendu l’exercice de son petit hobby un peu trop risqué.
    Ce livre était un roman doublé d’un documentaire et d’une enquête admirablement menée.
    Si je ne crie pas victoire pour autant sur la découverte de l’identité de jack (je pense qu’on ne saura jamais la vérité avec certitude), j’ai vraiment apprécié cette lecture et cette hypothèse.

     

    Un extrait : Joe Barnett était une sorte de gros garçon à l’allure pataude. Malgré ses trente ans révolus, des joues rondes, un poil jaune et des rouflaquettes de cocher peu fournies l’empêchaient d’avoir tout à fait l’air d’un homme adulte. Il gardait cet aspect d’adolescent attardé, que ses yeux bleus très clairs, presque transparents, renforçaient. Pourtant, ce regard, lorsqu’on le croisait, faisait frémir. On avait l’impression qu’il contenait un fonds inépuisable de rage qui ne demandait qu’à se libérer.

    Ce matin du 12 novembre, Joe Barnett était justement plein de rage en se présentant devant le jury de Shoreditch, pour témoigner sur l’assassinat de sa dernière compagne, Mary Kelly. Il se vit soudain debout devant une assemblée d’hommes en gilets et redingotes, tous la mine très imprégnée de leur mission, fronçant également les sourcils pour mieux dévisager celui qui faisait figure, dès l’ouverture de cette audition, de suspect idéal. Joe Barnett sentit la culpabilité sourdre de lui comme le suc d’un fruit mûr à l’instant même où le coroner le regarda fixement.

    Nom de Dieu, pensa-t-il, ils vont me resservir cette histoire de carreau cassé, et l’une ou l’autre des putains de Miller’s Court va se mettre à raconter qu’elle m’a entendu cent fois crier et menacer du monde dans Spitalfields.

    Son pas résonna comme un coup de fusil dans une cathédrale quand il approcha des jurés tapis près du coroner comme des canetons autour de leur mère.

    Le contraste entre ce qu’il était et l’image que renvoyaient ces hommes aux allures de notaires et de chefs de service le frappa comme un coup de poing. L’odeur de poisson rance qui s’exhalait de son paletot sombre aux taches suspectes se fit plus forte. Joe Barnett jeta un regard sur ses brodequins ferrés, largement recouverts de la boue jaune des abords du fleuve. Il inspecta enfin ses pantalons de gros drap couleur mastic, dont les genoux déformés s’auréolaient de cambouis et de graisse. Il fut submergé non plus seulement par la rage, mais par une violente vague de haine.

     

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  • [Livre] Le parfum de Katsu

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    Lecture terminée le : 13 septembre 2019

     

    Résumé : À quelques jours des noces qui doivent l’unir à Akeko Kawa, l’héritière du clan ennemi de son peuple, l’honorable seigneur de guerre Toru Okami croise la route de Katsu, modeste paysanne mariée à un homme violent qui se plaît à l’humilier chaque jour. Toru est troublé par la beauté sauvage et le parfum envoûtant de la jeune femme. Quand celle-ci sauve d’une chute le père gravement malade de Toru, le seigneur l’invite à rejoindre le château pour devenir la suivante de sa future épouse…


    Auteur : Claire Volanges

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Romance historique

     

    Date de parution : 28 avril 2019

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : En général, dans la collection Nouvelle Plume, je prends des thrillers. Alors pourquoi ai-je choisi le parfum de Katsu ? Bonne question.
    En vérité, j’ai dû le voir sur une des chaînes booktube que je suis (généralement les suggestions de vibration littéraires qui ne me déçoivent jamais).
    Le parfum de Katsu a frôlé le coup de cœur. Mais vraiment frôlé. A vrai dire, je ne saurais pas dire pourquoi je n’ai pas atteint le coup de cœur parce que j’ai très vite complétement happée par cette histoire.
    L’histoire d’amour entre Katsu et Toru semble impossible : elle est mariée, il est sur le point de conclure un mariage politique.
    Leur les sentiments ne s’expriment pas physiquement, mais à travers des regards et les mots.
    La vie maritale de Katsu est toxique mais dans le japon féodal, une femme valait moins qu’un cheval et on se doute bien que la jeune femme n’a aucun recours contre sa brute de mari.
    Pour autant, si Katsu se soumet à son mari, contrainte et forcée, dans sa tête elle ne capitule pas. Son mari possède peut être son corps, mais il ne peut l’empêcher de s’élever intellectuellement au-dessus de lui.
    Akeko, la future épouse de Toru n’est guère mieux lotie. Alors, oui, elle ne subit pas de violence physique mais elle souffre aussi, même si elle cache sa souffrance derrière son attitude insupportable.
    Je ne vais pas dire que je l’ai appréciée mais on ne peut pas dire non plus qu’elle n’a aucune raison d’être amère.
    A part Akeko, Rintinto (le mari de Katsu), et quelques autres personnages qu’on croise ou qui sont juste cités, j’ai apprécié tous les autres personnages. Oui, même le frère cadet de Toru qui se conduit comme un vrai con, mais peut-être parce qu’il ne supporte pas l’idée de ne pas être maître de son destin.
    Le côté historique semble particulièrement bien documenté.
    A chaque terme japonais, une note de bas de page nous en explique le sens.
    Encore mieux, ces termes et leur explication sont récapitulés dans un glossaire à la fin du livre.
    C’est quelque chose de particulièrement apprécié car il n’y a rien qui m’énerve plus que de devoir aller sans cesse à la fin du livre à chaque fois que je tombe sur un terme inconnu, tout comme je déteste avoir à re-feuilleter un bouquin pour retrouver un terme en particuliers.

    A la fin du livre, il y a également un rappel des diverses légendes qui sont évoqués dans le roman.
    D’habitude, j’ai horreur de tomber sur un « à suivre » sans avoir été prévenue que le livre n’est finalement pas un one shot.
    Mais là, non, au contraire, j’ai été contente de savoir que j’allais pouvoir retrouver cet univers sans pour autant que la fin m’ait collée en PLS.

     

    Un extrait : Le village était endormi. On entendait à peine le chuchotement du vent dans les arbres. Même la pluie tombait avec la nonchalance d’une berceuse. Personne ne s’éveillait à une heure aussi précoce. Personne à part une jeune femme qui venait d’enfiler un pantalon et une chemise élimés pour prendre l’air.
    Anxieuse, elle jeta un regard à son mari qui cuvait son alcool de riz sur leur natte commune. Debout dans la pièce principale où ses beaux-parents dormaient, Katsu fit quelques pas sur les nattes posées à même la terre battue avant de pousser l’écran qui la séparait de l’extérieur.
    Comme à son habitude, elle prit les deux seaux en bois posés devant l’entrée pour aller chercher de l’eau. Elle aurait pu le faire à n’importe quelle heure de la journée, mais l’aube lui permettait de gagner quelques minutes de liberté.
    La rue était déserte. Le sol trempé de pluie brillait sous les faibles rayons de la lune. Le jour ne se lèverait pas avant une bonne heure, et Katsu se réjouissait par avance de ce petit moment de tranquillité. Aussi fugaces et éphémères soient-elles, elle savait que ces minutes lui appartenaient et que personne ne pourrait les lui ravir.
    Bientôt, elle pourrait savourer les premiers rayons du soleil. Cette promesse l’emplissait chaque matin de gratitude et lui permettait de rester debout.

     

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  • [Livre] La prisonnière du temps

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    Lecture terminée le : 23 août 2019

     

    Résumé : À l'été 1862, un groupe de jeunes peintres proches des Préraphaélites, menés par le talentueux Edward Radcliffe, s'installe au Birchwood Manor, sur les rives de la Tamise. Là, inspiré par sa muse, la sulfureuse Lily avec qui il vit une passion ravageuse, Edward peint des toiles qui marqueront l'histoire de l'art. Mais à la fin de sa retraite, une femme a été tuée, une autre a disparu, un inestimable diamant a été dérobé, et la vie d'Edward Radcliffe est brisée. Plus d'un siècle plus tard, Elodie Winslow, jeune archiviste à Londres fiancée à un golden-boy qui l'ennuie, découvre dans une vieille sacoche deux objets sans lien apparent : le portrait sépia d'une femme à la beauté saisissante en tenue victorienne, et un cahier de croquis contenant le dessin d'une demeure au bord de l'eau. Pourquoi le Birchwood Manor semble-t-il si familier à Elodie ? L'inconnue de la photo pourra-t-elle enfin livrer tous ses secrets ? Et si, en l'entraînant sur les traces d'une passion d'un autre siècle, son enquête l'aidait à percer le mystère de ses propres origines et à enfin mener la vie qu'elle désire ?


    Auteur : Kate Morton

     

    Edition : Presse de la cité

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 04 avril 2019

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : J’ai retrouvé dans ce livre tout ce que j’avais adoré dans le 1er livre que j’ai lu de l’auteur, « L’enfant du lac », à savoir le mélange des époques et des personnes. J’ai adoré ces histoires qui semblent n’avoir aucun lien entre elles si ce n’est cette maison, Birchwood manor.
    Et puis, au fil des pages, les destins s’entrecroisent, mais jamais franchement. Les liens entre les personnages sont parfois furtifs, comme un simple échange entre une femme adulte et un enfant.
    Tout début en 2017 avec une jeune archiviste passionnée, Elodie, qui découvre un carnet de croquis d’un artiste, dans un porte document d’un autre homme, le tout dans une sacoche au nom de l’artiste. La jeune femme travaillant pour une sorte de musée/archives consacrés à l’autre homme, elle cherche à savoir si la photo découverte avec le carnet appartenait à l’artiste ou à l’autre homme.
    Sa recherche de l’identité de la jeune femme la lance sur les traces de ce peintre et d’un diamant disparu.
    Birchwood manor est un personnage à part entière, elle qui fut tour à tour maison de particulier, pensionnat de jeune fille, refuse pour artiste ayant accueillis une famille chassée de Londres par les bombardements de la seconde guerre mondiale et enfin musée consacré au peintre dont on parle tout au long du livre, Edward Radcliffe.
    Un personnage, parmi tous ceux que l’on va rencontrer, traverse les époques. Un esprit, prisonnier de la maison, une femme qui y est morte et ne l’a jamais quitté.
    Qui est cette femme ? Comment est-elle morte ? Cela, on le découvrira par bribes pour n’avoir le fin mot… ben qu’à la fin de l’histoire, justement.
    Chacune des histoires a sa part d’émotions. J’ai particulièrement aimé celle de Juliet, qui s’installe à Birchwood manor avec ses trois enfants après que les bombes aient détruit leur maison londonienne.
    Ce livre n’est pas un livre que l’on peut lire rapidement, en pensant à moitié à autre chose. On a besoin de toute sa concentration pour suivre toutes les ramifications qui se révèlent au fil de l’histoire.
    Avec un minimum de concentration, les liens qui apparaissent sont assez clairs, on pourrait facilement en tracer un schéma.
    En résumant beaucoup, on pourrait dire que deux questions essentielles se posent : Qu’est-il arrivé à la jeune femme qui hante le manoir ? Où est passé le diamant, le fameux «Radcliffe blue » ?
    Et bien, je dois dire que si j’ai pu répondre à la première question (bon, ok, trois pages avant que ce soit écrit noir sur blanc, mais quand même), je n’avais vraiment, mais alors vraiment rien vu venir pour le diamant. J’en suis restée toute bête.
    J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman, et si je n’avais pas été si fatiguée, le soir après le boulot, je l’aurais certainement dévoré en deux jours.
    Je n’ai plus qu’une envie, choisir le prochain livre de Kate Morton dans lequel je vais me plonger.

     

    Un extrait : Si nous nous sommes retrouvés à Birchwood Manor, c’est que les lieux, disait Edward, étaient hantés. Ce n’était pas le cas – pas encore –, mais il faut être bien revêche pour s’abstenir de raconter une bonne histoire sous prétexte qu’elle est fausse. Edward était tout sauf revêche. Sa passion, sa foi aveugle en ce qu’il défendait, même les idées les plus absurdes, constituaient deux des raisons pour lesquelles j’étais tombée amoureuse de lui. Il avait la ferveur du prêcheur : dans sa bouche, n’importe quelle opinion revêtait la puissance d’une parole d’évangile. Il avait aussi le don d’attirer à lui des hommes et des femmes et d’allumer en eux des enthousiasmes incendiaires – brasiers devant lesquels tout pâlissait, hormis Edward et ses convictions.

    Mais Edward n’était pas un prêcheur.

    Je me souviens de lui. Je n’ai rien oublié.

    L’atelier dans le jardin de sa mère, à Londres, avec son toit de verre, l’odeur des couleurs qu’il venait de mélanger, le crissement des soies du pinceau sur la toile, tandis que son regard frôlait ma peau. Ce jour-là, j’avais les nerfs à vif. J’étais si désireuse de l’impressionner, de lui donner à voir une jeune femme que je n’étais pas, pendant qu’il me jaugeait et que l’injonction de Mme Mack me trottait dans la tête. « Ta mère était une vraie dame, ta famille des plus honorables : ne va pas l’oublier, ça, hein ! Si tu joues les bonnes cartes, nous recueillerons le fruit de nos efforts. »

    Alors je m’étais redressée sur la chaise en bois de rose, ce jour-là, dans l’atelier aux murs passés à la chaux, sous le buisson de pois de senteur aux rougeurs subtiles.

    Lorsque j’avais eu faim, la plus jeune de ses sœurs m’avait servi du thé et des gâteaux. Puis sa mère avait descendu l’étroite allée pour le regarder peindre. Elle adorait son fils. Elle voyait en lui s’accomplir les espoirs de la famille. Membre distingué de la Royal Academy, il était fiancé à une demoiselle généreusement dotée avec laquelle il engendrerait bien vite une portée d’héritiers aux yeux bruns.

    Une fille comme moi n’était pas faite pour lui.

    Sa mère par la suite s’est reproché le cours des événements. Mais il lui aurait été plus facile d’empêcher la lune de se lever que de nous séparer. J’étais, disait Edward, sa muse, son destin. Il l’avait su, compris, à la seconde où il m’avait vue sous la lumière trouble des becs de gaz, dans le vestibule du théâtre de Drury Lane.

    J’étais sa muse et son destin. Et lui, il était mien.

    C’était il y a si longtemps. Et c’était hier.

    Oh, je me souviens de l’amour.

     

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  • [Livre] La vallée des carnutes

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    Résumé : La vie est douce en pays carnute en cette fin du second siècle avant notre ère, au centre de ce qui deviendra un jour la Gaule, le commerce des céréales y enrichit désormais plus que les batailles et les butins. Cette quiétude est brutalement troublée par une série de morts aux circonstances effrayantes. Quel animal est sorti des enfers, et pourquoi ? Le druide Andanatos, autorité judiciaire incontestée, va devoir comprendre et dénouer l'écheveau, tandis que les menaces s'accumulent de toute part sur la Celtique. À l'est, les hordes cimbres et teutonnes s’apprêtent à déferler sur les riches campagnes celtes, tandis qu'au nord, des tribus belges ont retrouvé le chemin des pillages. Le jeune seigneur Donotalos, missionné par les druides, voit dans tous ces événements l'occasion de sortir de cette paix qui l'ennuie et d'être digne de sa glorieuse lignée. Il y trouvera plus encore.


    Auteur : Jean-Pierre Deséchalliers

     

    Edition : Autoédité

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 01 septembre 2019

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : La dernière fois que j’ai lu une histoire avec des druides, des bardes et des guerriers, c’était un « Astérix ».

    Alors, vous voyez, je partais de loin !
    Il y a beaucoup de personnages, avec des noms parfois très proches les uns des autres. Autant vous dire que j’ai énormément apprécié la délicate attention de l’auteur de nous mettre en début d’ouvrage un lexique des noms (des dieux, des personnages, des lieux, des fonctions…) ainsi que le calendrier utilisé par les druides qui nous permet de situer l’histoire dans le temps.
    En plus de la plongée dans la vie quotidienne des carnutes : justice, règles de successions, fêtes… On assiste aussi aux pillages des peuples ennemis et des combats qui en découlent.
    Et au milieu de tout cela, une étrange créature sème la terreur parmi la population.
    Même si tout laisse à penser que la bête en question est un sanglier plus gros que la moyenne, j’ai quand même eu le même sentiment d’angoisse qu’en lisant des romans sur la bête du Gévaudan.
    On sent un danger omniprésent, on sent que cet animal est bien trop intelligent pour un simple sanglier.
    Toute l’histoire ne tourne pas autour de cette affaire mais elle est en filigrane de l’histoire et sert un peu de fil conducteur.
    Ce roman semble très documenté mais je regrette un peu l’absence d’une bibliographie car je suppose que l’auteur a eu plus d’une source historique pour écrire son roman.
    En tout cas, au-delà des exactitudes ou éventuelles inexactitudes de la période historique, l’inspiration de l’auteur n’est jamais prise en défaut.
    Les chapitres sont très longs. D’habitude c’est quelque chose qui me dérange parce j’ai tendance à vouloir aller jusqu’au bout du chapitre en cours avant de dormir, mais là, l’histoire était si prenante que je ne me suis réellement rendue compte qu’en finissant le livre et en voyant le nombre total de chapitres, de leur longueur.
    Et si le texte comporte quelques coquilles, cela n’a jamais dérangé ma lecture et à chaque fois que j’ai dû poser le livre, j’ai eu beaucoup de mal à sortir de l’histoire.
    J’ai vraiment apprécié cette lecture même si je n’ai pas atteint le coup de cœur… mais ce n’était vraiment pas très loin !

     

    Un extrait : Une forte et longue averse prolongea la nuit, noyant tout autre bruit, et au petit jour le réveil fut paresseux, chacun restant réfugié à l’abri des maisons aux vastes toits de chaume et de branchages. Même les appels des bêtes manquaient de conviction.
    À son habitude, Artopennos fut un des premiers debout. Il passa le mors à Maros, son cheval pommelé gris et blanc aux épaules et à la croupe élevées et solides à même de le porter sans fatigue, et le sortit silencieusement de l’écurie. Puis il entama la ronde d’inspection qui inaugurait chacune de ses journées dans le domaine. Le portail franchi, il tourna à main droite en remontant la pente vers la forêt, selon un chemin invariable qui suivait le fossé hautement remparé qui cernait les habitations et les cours de Cauanoialon. Il en connaissait chaque pieu, chaque poutre, chaque pierre, et aucune anomalie n’aurait pu échapper à l’attention constante qui était sa raison de vivre depuis la promesse faite il y avait déjà bien des hivers. Tout en scrutant les défenses et les alentours, la mine sombre, il ressassait les événements de la nuit, irrité de les avoir si mal anticipés.
    Un guerrier devait tout envisager, et s’il devait risquer sa vie, il ne devait le faire qu’en pleine connaissance de cause ! Son imprévoyance avait mis Donotalos en danger, ce qui s’avérait pire que tout. De quoi enrager, après tout ce temps de vigilance sans faille.

    Le passé remontait en flots au fond de sa gorge. Il lui semblait entendre dans les appels et les cris de la maison qui s’animait de l’autre côté de la clôture, les éclats de rire et la voix forte d’Adiantos, le père de Donotalos, son seigneur, son ami.
    Artopennos l’avait servi comme premier écuyer dans ses incessantes campagnes, sans une hésitation, sans un doute. Guerriers redoutables, invaincus, ils avaient conquis honneurs et butins, assis la réputation du clan et ramené l’or qui avait permis de fonder et bâtir Cauanoialon tel qu’Adiantos l’avait rêvé. C’est lui aussi qui avait finalement guidé vers le vallon de la chouette le cheval de son maître, le corps ballant d’Adiantos sanglé sur le dos, après sa dernière bataille douze ans plus tôt. Par les dieux infernaux, cette bataille, quel piège, quelle déroute invraisemblable ! Artopennos en grinçait des dents chaque fois qu’il y pensait, c’est-à-dire souvent.
    Une fois de plus, il laissa filer ses souvenirs.

     

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