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  • [Livre] La déréliction de la chaussette trouée

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    Lecture terminée le : 31 octobre 2019

     

    Résumé : Depuis que l’air est devenu irrespirable, les gens ne sortent plus de leur appartement. Les portes des immeubles sont scellées, tel l’entrejambe d’une chrétienne prémaritale.
    Alors Vincent, programmeur, occupe ses journées de lignes de code, de sandwichs lyophilisés et de porno sur le web.
    Sa vie est insipide.
    Jusqu’au jour où apparaît sur son écran un message gouvernemental. Roulements de tambours et musique à crissement, sa vie bascule. L’acharnement ubuesque qu’il a donné pendant tant d’années à maintenir sa vie dans la banalité la plus inintéressante vole alors en éclat. La prison le guette, les cyber-terroristes l’espionnent. C’est la merde.
    Dystopie drôle et crue, La Déréliction de la Chaussette trouée propose une réflexion cynique sur la génération Y au travers d’une société cyber dépendante.


    Auteur : Geoffrey Marchand

     

    Edition : Inceptio

     

    Genre : Contemporain

     

    Date de parution : 28 Novembre 2018

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Je crois que je suis totalement passée à côté de ce livre.
    A part quelques réflexions de Léon, le bot de compagnie, qui font sourire, je n’ai pas retrouvé l’humour dont on parle tant au sujet de ce bouquin.
    Mais bon, admettons, l’humour est subjectif et je ne partage clairement pas celui de l’auteur.
    Mais ce n’est pas la seule chose qui m’ait dérangée dans ce livre.
    D’abord, coquilles ou style de l’auteur, j’ai trouvé plusieurs phrases (ou ensemble de phrases) incohérentes, comme s’il manquait des mots ou des phrases. J’ai deux exemples à l’esprit :
    « Qu’importe, devait-elle penser, il est là ; lui de s’y opposer ». On d’accord que la seconde partie ne veut rien dire ?
    « Le résumé de l’épisode précédent ne lui dit rien du tout. Pour autant, Vincent n’en fit rien. » Il n’en fit rien ? De quoi ?
    L’utilisation excessive d’adjectifs fantaisistes devient également vite pénible.
    Lire « un silence cadavérique » au lieu d’un « silence de mort », ça prête à sourire. Mais quand ce petit jeu se répète trop souvent, ça devient indigeste (quand ce ne sont pas carrément des mots sortis de nulle part tels que procrastinativement… j’ai eu beau chercher, aucun dictionnaire ne connait cet adverbe).
    J’ai eu énormément de mal à entrer dans l’histoire, j’ai failli abandonner plusieurs fois. Ce n’est que dans les 80 dernières pages que j’ai été un peu plus prise dans l’histoire.
    Pourtant, j’aimais bien le sujet du roman. Entre l’addiction à la technologie et les problèmes climatiques, il avait tout pour plaire. Il y avait également cet aspect, très présent de nos jours, qui veut qu’on prétende s’inquiéter du sort de la planète alors qu’on ne s’inquiète en réalité que pour notre peau.
    J’ai trouvé que ce livre montrait jusqu’où certaines personnes étaient capables d’aller pour la « survie de l’espèce » alors que, soyons réaliste, la planète se remettra très vite et très bien de notre passage quand nous aurons disparus. Il faut peut-être commencer à admette que l’espèce humaine arrive simplement en fin de cycle.
    Enfin bref, tout ça pour dire que le sujet était sympa mais je l’ai trouvé mal traité, surtout à cause du style d’écriture, et s’il y a une suite, ce que la fin laisse entendre, ce sera très certainement sans moi.

     

    Un extrait : Le salaire n’était, de toute façon, plus une véritable nécessité. Depuis la fameuse parution de ce rapport sur la qualité de l’air, à ses six ans, les portes des immeubles avaient peu à peu été scellées, rendant la sortie des hommes dans la rue difficile, puis interdite. L’air était, disaient les communiqués du Duché, devenu nocif pour l’homme, il ne fallait plus sortir, ne surtout plus ouvrir ses fenêtres.
    La panique avait au début gagné la population, puis des voix s’étaient fait entendre pour refuser l’enfermement. Mais cancer après cancer, les gens avaient accepté : l’espèce ne pouvait plus survivre qu’en appartement climatisés, sous le joug des purificateurs d’air. Alors avait émergé une nouvelle économie. Les constructeurs avaient dans un premier temps fait fortune en construisant des tours propres, renouvelables, sans entretien.
    Puis les grandes surfaces, qui désormais livraient à domicile repas et courses. Mais finalement, un homme avait émergé de la masse : le Duc.
    Le Duc avait fait fortune dans les serveurs informatiques. Il avait d’abord proposé une application, banale, pour mettre en relation les gens d’un même immeuble qui souhaitaient s’entraider. Vous refusiez d’attendre dix jours ouvrables qu’un plombier vienne réparer vos toilettes ? L’application vous proposait, dans votre immeuble, le voisin le plus apte à vous dépanner. Ç’avait été brillant.

    Mais très vite, l’enfermement et la peur chronique d’une sociabilisation sauvage et forcée avaient pris le pas, rendant l’application obsolète et le Duc au bord de la faillite. Il avait alors eu l’idée qui avait fait de lui l’homme qu’il était aujourd’hui : il avait créé un logiciel, simple, presque idiot, pour permettre à tout un chacun de coder, de participer à la révolution en cours. Chacun pouvait désormais travailler de chez soi, être payé, et aider à automatiser un monde devenu trop hostile pour que quiconque puisse mettre le pied dehors. La nouvelle économie était née.

    Peu à peu, elle s’était imposée. Rares étaient ceux qui sortaient encore. Il n’y avait, pour ainsi dire, plus que les techniciens, réparateurs à l’espérance de vie raccourcie, qui abandonnaient en combinaison la sécurité de leur immeuble pour aller dehors, réparer les lignes hors tension et faire ce qu’aucun robot n’avait encore su faire : analyser en profondeur un problème.

    Les parents de Vincent avaient été contraints de vivre comme cela. Non-qualifiés, foncièrement pauvres, ils n’avaient pu franchir le pas de la nouvelle économie, et s’étaient retrouvés forcés mais dévoués, à aller réparer leur vie restante les infrastructures du Duc.

    Ils étaient morts il y a quelques années, lors d’une fuite de gaz. Un accident, lui avait dit l’inspecteur milicien, ça arrive, malheureusement. La milice du Duc avait arrangé pour lui une petite cérémonie, et lui avait offert tout ce que ses parents possédaient. Quelques meubles, quelques créances, et la lourde tâche de ne plus avoir pour connaissance que Jack, son chat d’enfance.

     

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  • [Livre] Revenir pour mourir

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    Lecture terminée le : 30 octobre 2019

     

    Résumé : Après dix ans d'absence, Sasha revient dans sa ville natale de Virginie. Elle y retrouve sa mère, ses amis d'enfance et ses repères. Mais dès ses premiers jours de travail dans l'auberge familiale, elle se sent observée, menacée. Ce retour aux sources tourne vie au cauchemar pour celle qui a fait la une des journaux locaux des années auparavant... car Sasha est la seule rescapée d'un tueur en série connu sous le nom du Marié.

    Alors que son amour de jeunesse, devenu agent fédéral, réapparaît dans sa vie et jure de la protéger, des jeunes femmes commencent à disparaître, comme à l'époque de son enlèvement et, dans l'ombre, quelqu'un guette la première erreur de Sasha pour s'assurer qu'il s'agira de sa dernière...


    Auteur : Jennifer L. Armentrout

     

    Edition : Pygmalion

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 03 avril 2019

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Il y a dix ans, un tueur en série surnommé « le marié » a sévi dans une petite ville de Virginie occidentale.
    Sasha a été sa dernière victime. Celle qui s’est enfuie. Celle qui a survécu.
    Aujourd’hui, après dix ans exilée en Floride, Sasha prend son courage à deux mains et décide de revenir dans sa ville natale pour faire ce qu’elle a toujours souhaité faire : travailler à l’auberge familiale avec sa mère.
    Pourtant ce retour n’est pas facile pour elle. Elle se sent observée, épiée, est sujette à des cauchemars la ramenant chaque nuit à ce qu’elle a vécu…
    De plus elle est rongée par la culpabilité car, après avoir échappé au marié, elle est partie sans un mot, coupant les ponts avec tout son entourage, excepté sa mère et sa meilleure amie qui ne s’est pas laissé effacer de sa vie. Elle s’en veut d’avoir d’abord pensé à elle, à ce dont elle avait besoin.
    A peine Sasha revenue, que des femmes commencent à disparaitre. Un imitateur ?
    Quand j’ai lu les pensées du tueur, qui s’intercale dans les chapitres vu du point de vue de Sasha, j’ai eu l’impression que le tueur était plus qu’un imitateur. La fuite de Sasha, son retour, semblent être une offense personnelle qui lui est faite, comme si, non contente d’avoir osé survivre, elle revenait le narguer en revenant dans sa ville. J’ai pensé à plusieurs théories, allant jusqu’à un membre de la famille d’une victime qui n’aurait pas supporté que Sasha s’en sorte alors que l’autre jeune femme a été tuée.
    J’ai adoré Miranda, la meilleure amie, ainsi que Cole, qui sortait avec Sasha au moment de son enlèvement et qui se débat avec sa propre culpabilité de ne pas avoir été capable de la protéger. Aujourd’hui, il semble bien décidé à remplir le rôle de protecteur qu’il s’est donné mais aussi à reprendre leur relation du début.
    Ce qui m’a rendue dingue avec ce livre, c’est que très vite, j’ai su qui était le coupable. J’en étais sûre ! Mais rien, pas une preuve, pas un début d’indice, juste mon intime conviction. C’était hyper frustrant de ne rien trouver contre lui (Je vous dis pas la danse de la victoire quand j’ai vu que mon intuition était bonne, enfin plutôt le dandinement de la joie, j’étais au lit !).
    J’ai adoré l’ambiance de ce livre.
    Il y a tout ce côté tout doux avec la relation que Sasha et Cole essaient de reprendre, mais derrière, il y a toujours cette ombre, cette menace que ressent Sasha et dont, nous, lecteurs, avons pleinement conscience puisque nous avons accès à certaines pensées du tueur.
    S’il n’y avait pas ce tueur qui rode, la petite ville serait vraiment un endroit où on aurait envie de rire (un peu comme Stars Hollow dans Gilmore Girls). On a droit à de belles chutes de neige, et l’auberge a vraiment l’air d’un endroit hyper cosy.
    Le paradoxe entre ce lieu enchanteur et les horreurs qui s’y sont déroulés et qui s’y déroulent de nouveau, rend l’ambiance de cette histoire encore plus angoissante.
    J’ai vraiment adoré cette histoire (même si j’ai vérifié quinze fois que les portes et fenêtres étaient bien fermées) et j’ai très envie de découvrir d’autres titres de l’auteur.

     

    Un extrait : Mon cœur s’accéléra tandis que mon regard se posait sur le rétroviseur. Mes yeux bruns paraissaient trop grands, exorbités. J’avais l’air effrayée, et je l’étais.

    Respirant un grand coup pour me donner du courage, j’attrapai mon sac, ouvris la portière, et descendis de ma Honda. L’air froid s’infiltra aussitôt sous le fin cardigan que je portais. J’inspirai profondément, inhalant l’odeur d’herbe fraîchement coupée.

    Je fis un pas vers l’auberge où j’avais grandi et que je n’avais pas revue depuis des années. Elle était fidèle à mes souvenirs. Le vent faisait tanguer les rocking-chairs inoccupés. Les fougères touffues qui ornaient la façade de la fin du printemps au début de l’automne avaient disparu. Les bardeaux avaient été repeints en blanc. Les volets d’un vert sapin sombre et…

    Et ma gorge se dessécha. J’avais la chair de poule et je sentis les petits cheveux blonds se dresser sur ma nuque. Une sensation horrible, irréelle se logea dans mon ventre. Ma gorge se serra une nouvelle fois.

    J’avais l’impression qu’une main trop insistante me caressait le dos. J’éprouvais une brûlure dans la nuque comme quand il s’asseyait derrière moi…

    Pivotant sur mes talons, je balayai le jardin des yeux. De hautes haies bordaient la propriété. Elle se trouvait à bonne distance de Queen Street, la route principale qui traversait la ville, mais j’entendais le bruit des voitures. Il n’y avait personne. Je fis un tour complet sur moi-même. Personne sur le porche ou dans le jardin. Il y avait peut-être quelqu’un à l’une des fenêtres de l’auberge, mais j’étais seule dehors en dépit des cognements de mon cœur ou de ce que me hurlait mon instinct.

    Je me concentrai de nouveau sur les haies de verdure. Suffisamment épaisses pour que quelqu’un puisse s’y cacher et m’observer, attendant que…

    Arrête ça.

    Je formai un poing de ma main libre.

    Tu n’es qu’une idiote parano. Arrête ça tout de suite. Personne ne t’observe.

    Mais mon pouls ne ralentissait pas et un léger tremblement parcourait mes muscles tendus. Une réaction physique irrationnelle.

    Je sentais monter la panique.

    Une terreur glacée planta ses griffes dans ma poitrine et je me mis à courir – laissant derrière moi la voiture, je me ruai dans l’auberge. Je ne voyais que des formes indistinctes qui défilaient tandis que je me précipitais dans l’escalier et montais les marches quatre à quatre jusqu’au dernier étage.

    Là, dans l’étroit couloir silencieux qui longeait les appartements au-dessus de l’auberge, hors d’haleine et la peur au ventre, je lâchai mon sac par terre et me pliai en deux, les mains sur les genoux, tentant de reprendre mon souffle.

    Je ne m’étais pas arrêtée pour voir si l’auberge avait changé depuis toutes ces années, ni pour chercher ma mère. J’avais couru comme si j’avais le diable aux trousses.

    Et c’était ce que je ressentais.

    Je n’aurais pas dû revenir.

     

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  • [Livre] Petites recettes de bonheur pour les temps difficiles

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    Lecture terminée le : 29 octobre 2019

     

    Résumé : Entre Iowa et Massachusetts de 1943 à 1946
    Depuis que son mari a été appelé à rejoindre les forces alliées pour combattre en Europe, Glory Whitehall s’ennuie. Laissée seule avec son fils de 3 ans, enceinte jusqu’aux yeux, la jeune femme cherche une occupation pour tromper la solitude. Un beau matin, Rita Vincenzo reçoit la lettre d’une inconnue du Massachussetts…
    Entre Glory, jeunette impulsive, et Rita, femme de poigne au grand cœur, se tisse une amitié au fil de la plume. Une correspondance entre deux femmes séparées par des centaines de kilomètres, accidentellement rapprochées par l’absence de leurs époux, partis sur le front.
    Étayée d’instants complices, de joies, de peines, de drames, cette correspondance offre à chacune des deux femmes un moment de réconfort unique dans un monde bouleversé par les échos de la guerre qui menacent de saper leur courage. Comment vivre dans un monde sans hommes ? Comment égayer le quotidien lorsque tout est rationné ? À qui confier le mal-être, la souffrance de celles qui attendent, impuissantes et fébriles des nouvelles des époux, des fils qu’elles ont vus partir de l’autre côté de l’océan ?Trois ans de correspondance, autant de partage de recettes, de conseils de jardinage, de confidences inavouées… pour l’une des plus belles histoires d’amitié jamais écrites.


    Auteur : Suzanne Hayes et Loretta Nyhan

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 18 juin 2015

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’ai souvent eu du mal avec les romans épistolaires, du coup je n’en lis jamais. Comme quoi, tout dépend du contenu des lettres, parce que ce roman-là a été un véritable coup de cœur.
    En pleine seconde guerre mondiale, deux femmes, que plusieurs centaines de kilomètres et une vingtaine d’années séparent, entament une correspondance sur l’impulsion du club des femmes de leurs villes respectives.
    Gloria « Glory » Whitehall est une jeune femme de 24 ans, enceinte, mère d’un petit garçon de 2 ans. Son mari, Robert, est dans un camp d’entrainement en attendant de partir en Europe.
    Marguerite « Rita » Vincenzo a 41 ans. Son mari, Sal, bien que trop âgé pour être appelé sous les drapeaux, a décidé de s’engager après Pearl Harbor et a été envoyé en Afrique comme médecin militaire. Leur fils de 18 ans, Toby, est dans un camp d’entrainement et doit être déployé dans le Pacifique.
    A travers leurs lettres, les deux femmes vont nouer une solide amitié et se confier leur solitude, leurs petits et gros tracas et surtout cette inquiétude qui ne les quitte jamais.
    Avec elles, on découvre les restrictions, l’effort de guerre, les mesures gouvernementales pour protéger la population des raids aériens…
    On découvre aussi le mal-être et la honte des hommes réformés pour raisons médicales voire pour casier judiciaire (comme si ces derniers n’étaient pas dignes de mourir pour leur pays).
    Les femmes et les soldats communiquent par V-Mail, sorte de formulaire au nombre de ligne limité et lu par d’impitoyables censeurs avant de parvenir à leur destinataire. Si je comprends que les informations qui pourraient dévoiler des déplacements militaires soient caviardées, j’ai eu plus de mal avec certaines démonstrations d’affection, censurés au nom de la morale (Franchement, en pleine guerre, ils avaient rien d’autres à faire ?).
    Très vite, les deux femmes s’échangent des astuces pour faire fructifier leur jardins et des « recettes de guerre » (Des recettes très intéressantes mais que je ne suis pas certaine d’aller jusqu’à tester).
    Les femmes, en plus de contribuer à l’effort de guerre en faisant des bandages ou en écrivant aux soldats dépourvus de famille, vont également devoir remplacer dans leur travail les hommes partis au front.
    C’est là que la place de la femme va évoluer, car quand les hommes vont rentrer de la guerre, elles vont devoir se battre pour conserver leur indépendance et ne pas simplement être renvoyer derrière leurs fourneaux.
    On passe par beaucoup d’émotions dans ce roman : on sourit, on rit, on s’angoisse en même temps que Rita et Glory, on s’indigne aussi face aux situations ou aux réactions des voisines, on pleure (personnellement, je suis devenue une madeleine).
    Difficile de quitter ce roman écrit à quatre mains et ses deux héroïnes aussi différentes qu’attachantes.
    Mais avec la fin de la guerre, se termine aussi cette superbe correspondance et ce roman que l’on referme en laissant Rita et Glory reconstruire la vie que la guerre est venue chambouler.

     

    Un extrait : Chère « Sorcière aux mains vertes »,

    À trop vouloir m’appliquer, j’ai de l’encre bleue plein les doigts.

    Mais ce soir, j’avais le cœur lourd… Alors j’ai décidé de faire fi du reste et de prendre ma plus belle plume pour écrire à une parfaite inconnue qui n’aura peut-être ni le temps ni l’envie de me répondre.

    Et si je commençais par le commencement ?

    Notre Club des femmes se réunit au presbytère chaque mercredi après-midi. Ce n’est pas vraiment ma tasse de thé, mais il faut bien que je m’occupe. On ne nous a pas donné de vrais noms, juste fait passer une liste d’adresses en nous disant que si nous nous sentions seules (c’est mon cas) ou désespérées (pas encore, mais j’avoue que ça devient de plus en plus pesant), nous pourrions ainsi correspondre avec une autre jeune femme dans la même situation. La « situation ». J’ai particulièrement aimé la manière dont notre vieille Mme Je-sais-tout (Mme Moldenhauer) a prononcé ce mot. Que sait-elle, au juste, de notre « situation » ?

    Un chapeau passait de main en main avec de petits papiers comportant de faux noms et de vraies adresses. Histoire de préserver l’anonymat, je suppose. Mais après tout, pour s’écrire, ne vaut-il pas mieux se connaître ? Les morceaux de papier n’étaient pas pliés et les autres filles fouillaient dans le chapeau pour choisir leur préféré. Tout ce rituel me semblait un peu ridicule et confus, à vrai dire. Je ne voulais pas participer, mais Mme Moldenhauer m’a pincé l’avant-bras si fort que je dois encore avoir une marque. Du coup, j’ai fait exprès de choisir en dernier. Toutes les autres avaient rejeté votre pseudonyme à cause du mot « Sorcière », j’imagine. J’ai de la chance d’être tombée sur vous. En ce moment, j’aurais bien besoin d’un coup de baguette magique. J’en suis à mon septième mois et Robbie Jr. vient d’avoir deux ans. C’est une vraie terreur.

    Voilà… J’espère que ces quelques lignes vous parviendront et vous donneront l’envie de me répondre. Je me réjouis à l’idée de courir jusqu’à la boîte aux lettres pour y trouver une enveloppe sans le cachet de l’armée dessus.

    Mon nom est Gloria Whitehall. J’ai vingt-trois ans. Mon mari, Robert Whitehall, est premier sergent dans la 2e division d’infanterie.

    Ravie de faire votre connaissance.

    Sincères salutations,
    Glory



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  • [Livre] La vie hantée d’Anya

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    Lecture terminée le : 26 octobre 2019

     

    Résumé : Anya a l'impression d'être en permanence la petite nouvelle au village : fille d'immigrés, elle n'a jamais réussi à trouver complètement sa place. Mais quand elle tombe dans un puits et découvre le fantôme qui s'y trouve, elle a l'impression de se faire son premier véritable ami. Les ennuis commencent quand le fantôme devient jaloux de tout ce qui remplit la vie d'Anya.


    Auteur : Vera Brosgol

     

    Edition : Rue de Sèvres

     

    Genre : Bande dessinée

     

    Date de parution : 28 août 2019

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : Anya est une adolescente qui aimerait bien oublier ses origines russes. Elle en a marre de la nourriture bien grasse que cuisine sa mère, de l’église orthodoxe et de son compatriote que sa mère la pousse à fréquenter.
    Quand on pense qu’Anya a pris des cours pour se défaire de son accent russe afin de mieux s’intégrer, on se doute que tous ses souvenirs de la Russie ne la comble pas.
    Elle n’aime guère son lycée privé où elle se sent invisible, surtout face à la parfaite Elizabeth (qui en plus, se révèle gentille et attentive).
    En rentrant par la forêt, Anya tombe dans un trou où elle tombe nez à nez avec un squelette.
    Mais ce squelette n’est pas vraiment tout seul. En effet l’âme de son propriétaire y est restée attachée et c’est sous forme de fantôme que cette personne se présente à Anya.
    Sortie de sa mauvaise posture, Anya se rend compte qu’elle a ramassé un petit os, ce qui permet au fantôme de la suivre partout.
    Celui-ci, une jeune fille prénommée Emily, va aider Anya en lui soufflant les bonnes réponses aux examens, en faisant le guet quand Anya fume, bref en devenant indispensable pour une adolescente mal dans sa peau.
    Mais très vite, Emily devient directive et envahissante. Elle ne supporte pas la contradiction et veut qu’Anya agisse selon ses « conseils ».
    Anya commence à se demander qui est vraiment Emily et si elle est vraiment aussi bienveillante qu’elle le laisse paraître.
    Le résultat de ses recherches va être quelque peu… inattendu.

    J’ai beaucoup aimé le coup de crayon tout en rondeur et essentiellement composé de blanc, noir et nuances de bleus.
    L’histoire en elle-même est prenante, pleine de suspense, parfois un brin angoissante.
    J’ai beaucoup aimé cette BD et elle m’a donné envie de découvrir « un été d’enfer », une autre BD de Vera Brosgol.

     

    Un extrait :

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  • C'est lundi que lisez-vous? #271

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog I believe in Pixie Dust.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    harry potter et l'enfant maudit.jpg Les chroniques homérides - T02 - L'ultime oracle.jpg Perles de coiffeur.jpg
    Pucelle.jpg the scorpions rules.jpg Waste expériment.jpg

     

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    Et vous, que lisez-vous?

  • Premières lignes #112

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.

    Cette semaine, je vous présente Pour le pire de E.G. Scott

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    Avec un sourire de vainqueur, il monte dans sa BMW rouge sang ; elle démarre en ronronnant, et le bruit des gravillons qui crissent sous ses roues me rappelle la première fois qu’on m’a conduite ici. Les circonstances n’étaient pas du tout les mêmes ; il n’était pas prévu que je m’en aille.

    Cette nuit-là, privée de ma vue par l’obscurité, je comptais sur mes autres sens pour m’indiquer où il m’emmenait. La brise qui soufflait dans les arbres pouvait provenir de l’océan ténébreux et mêlait l’odeur des pins au goût du sel. Mon cœur avait manqué un battement quand j’avais senti la voiture ralentir et entendu les pneus écraser les cailloux ; quand nous nous étions arrêtés, j’ignorais à quel point ma vie allait changer.

    Le son familier du klaxon me ramène devant la maison. Je fais au revoir de la main, et les trois carats jaune vif étincellent à mon doigt sous le soleil de l’après-midi ; la voiture accélère en soulevant une vague de petits cailloux lisses. Il tourne la tête et me fait un clin d’œil ; son beau profil du côté conducteur s’amenuise avec la distance et finit par disparaître. J’ai l’impression que je le reverrai.

    Je franchis le seuil et souris en refermant la porte sur le monde extérieur. Que d’événements pour m’amener à cette étape de mon existence ! C’est ici que je vis désormais.

    Je m’immerge dans la splendeur. Ce qui m’entoure aujourd’hui contraste de façon spectaculaire avec le décor qui se dressait autour de la dalle glacée sur laquelle je gisais cette nuit-là, à peine vivante. La cheminée traversante en pierre monte vertigineusement jusqu’au plafond de cathédrale et au-delà ; les nombreuses fenêtres créent un ravissant effet de prisme sur les planchers. Pendant quelques minutes, je demeure immobile à l’entrée du hall, perdue dans ma contemplation. Le premier étage, entièrement visible du rez-de-chaussée, évoque le chœur d’une église et le vestibule une chaire.

    Je traverse les pièces les unes après les autres en notant lentement tous leurs détails. Je revois la dernière fois où je me suis trouvée ici, dans le noir, souffrant le martyre, sans savoir si j’allais m’en tirer. Chaque centimètre que je parcours prend aujourd’hui une nouvelle signification ; je caresse de la main des bois, des pierres et des granites soigneusement sélectionnés et j’ôte mes chaussures pour sentir les textures merveilleusement diverses sous mes pieds.

    Je passe devant la porte du sous-sol, et je sais qu’il faudra peut-être longtemps avant que je puisse emprunter ces marches sans songer à la première fois où je les ai gravies dans l’obscurité. Mais je suis heureuse d’être de retour, et selon mes conditions. J’ai décidé de laisser les pièces du bas dans le noir et fermées à clé ; c’est désormais l’heure d’entamer une nouvelle vie.

    Une odeur de nettoyant industriel imprègne l’air ; toute trace de ce qui s’est passé a été effacée. Peu importe ; c’est le témoignage du combat difficile que j’ai dû mener. La maison est silencieuse, paisible. J’éprouve une émotion nouvelle et durement gagnée, un bonheur calme, quelque part entre mon cœur et ma gorge.

    Paul est partout, dans les planchers en cerisier, dans les poutres en pin du plafond, dans la vaste baie vitrée qui prend tout l’arrière du bâtiment et qui ouvre sur un décor de forêt dense dominé par le ciel. La maison n’a pas été construite pour moi, et c’est douloureux, mais elle a été bâtie avec amour – et en désespoir de cause.

    Je ferme les yeux et je revois ma première nuit ici. Le bruit du moteur de sa voiture au ralenti, l’obscurité, mon rejet puis mon retour en grâce, nouvelle occasion d’accéder à ce que j’ai toujours désiré.

    Les voies les plus sombres finissent par nous conduire à la lumière.


    Alors, tentés?

  • [Livre] Brindille – T01 – Les chasseurs d’ombre

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    Lecture terminée le : 26 octobre 2019

     

    Résumé : Une jeune femme se réveille dans un village du petit peuple. Elle ne se souvient de rien, ni de son nom, ni de comment elle est arrivée ici. Alors qu’elle tente de retrouver la mémoire et découvre les habitants de ce monde, elle s’éveille peu à peu à des pouvoirs qu’elle ne contrôle pas. Est-elle une fée ? Une jeune fille ordinaire ? Une sorcière ? Les réponses à toutes ces questions se situent sans doute dans cette mystérieuse forêt qui entoure le village. Trouvera-t-elle le courage de se rendre là où personne n’a le droit d’aller ?


    Auteur : Frédéric Brrémaud et Federico Bertolucci 

     

    Edition : Vent d’Ouest

     

    Genre : Bande dessinée

     

    Date de parution : 25 Avril 2018 

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Ça faisait un moment que je lorgnais sur cette BD parce que trouve le dessin splendide. Les couleurs utilisées sont magnifiques.
    Malheureusement, cette BD a été une énorme déception !

    Pour une histoire en deux tomes, je m’attendais à avoir un début d’explication sur l’histoire dès le tome 1, mais non, rien, le scénario est totalement obscur.
    Sous prétexte que l’héroïne, totalement amnésique, ne sait ni qui elle est, ni qui sont les gens qui l’entourent, et bien nous non plus nous ne savons rien, jusqu’à rencontrer un peuple sans savoir comment ils s’appellent, d’où ils viennent et pourquoi ils fuient brusquement en abandonnant la jeune amnésique derrière eux.
    Un peu de mystère et d’intrigue sont les bienvenus, mais il ne faut pas exagérer : ici on ne sait vraiment rien de rien.
    Au point que ça en devient pénible. Et même inquiétant pour la suite.
    En effet, on ne peut pas s’empêcher de se dire que pour nous offrir toutes les explications nécessaires ainsi qu’une fin digne de ce nom, les auteurs vont devoir prendre de sacré raccourcis. Je m’attends donc à un tome 2 bâclé, à la fin brutale et aux explications survolées.
    Je ne suis pas certaine d’avoir vraiment envie de le lire.
    Peut-être si je le trouve d’occasion (genre à 90 cts sur Rakuten)

    Un extrait :

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  • [Livre] Retour à Whitechapel

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    Lecture terminée le : 24 octobre 2019

     

    Résumé : Automne 1941, Amelia Pritlowe est infirmière au London Hospital et tente de survivre aux bombardements de l’armée allemande. Lorsqu’elle reçoit la lettre posthume de son père, elle n’imagine pas qu’elle va devoir affronter un cataclysme personnel tout aussi dévastateur. Sa mère n’est pas morte d’une maladie pulmonaire comme elle l’a toujours cru. Sa mère, Mary Jane Kelly, a été la dernière victime de Jack l’Éventreur. Elle avait deux ans.? ? Mue par une incommensurable soif de vengeance, l’infirmière va se lancer dans une traque acharnée. Elle intègre anonymement la société savante d’experts « ripperologues », la Filebox Society, et va reprendre l’enquête depuis le début, étudiant et répertoriant tous les éléments qui ont touché de près ou de loin chacune des victimes de Jack l’Éventreur. Plongeant ainsi dans les bas-fonds de l’East End victorien, revivant le calvaire de ces femmes qui vendaient leur âme et leur corps pour quelques heures de sommeil, elle va reconstituer les dernières semaines de la vie de sa mère, suivre toutes les pistes et accepter tous les sacrifices pour retrouver celui qui reste encore aujourd’hui une énigme.? « Pourquoi ni la police de l’époque, ni les enquêteurs qui ont suivi l’affaire depuis plus d’un siècle n’ont jamais identifié Jack l’Éventreur ? Parce qu’ils cherchaient un homme correspondant à un a priori social ou allégorique. “Jack” n’était pas un médecin fou, ni un membre de l’aristocratie victorienne ou un haut personnage de la cour d’Angleterre. Il était simplement dans la place, tout près de ses victimes, invisible à force d’être là. »


    Auteur : Michel Moatti

     

    Edition : 10/18

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 03 décembre 2015

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Comme beaucoup d’auteurs, Michel Moatti s’est intéressé de près au mythique Jack l’éventreur.
    Le dernier livre que j’ai lu sur le sujet était long, ennuyeux, et présentait une idée tout faite sur l’identité du tueur, écartant d’un revers de main les preuves qui contredisaient sa théorie.
    Michel Moatti nous évite le documentaire lourd et ennuyeux en choisissant de nous présenter sa théorie au travers d’un roman.
    Ainsi, un personnage fictif va, 50 ans après les meurtres, chercher à identifier le tueur. C’est à travers ce personnage, fille cachée de Mary Jane Kelly, que l’auteur nous présente documents d’époque et interrogations, ceux-là même qui lui ont permis de se forger une opinion quant à l’identité du tueur.
    Amelia, notre personnage principal, est une infirmière de plus de 50 ans, qui exerce dans un hôpital londonien pendant la seconde guerre mondiale.
    Le roman alterne entre la période des assassinats, qui permet de nous faire connaitre les minutes du jury d’enquête présidé par le coroner Roderick McDonald ainsi que les théories de différents médecins dont plusieurs réfutèrent l’idée que le tueur puisse avoir une formation médicale (contrairement à ce que disent souvent les théories complotistes) ; et la période du Blitz, où, dans un climat de terreur constante, Amelia analyse, au sein d’une société de ripperologue, fictive mais qui auraient pu exister, les documents collectés.
    L’auteur réfute avec logique la théorie de l’aristocrate tueur (et du coup la théorie complotiste impliquant l’entourage direct de la Reine Victoria).
    Pour lui, le tueur ne peut être qu’une personne connaissant parfaitement les rues de Whitechapel (sinon comment fuir la police), quelqu’un qui ne se ferait pas remarquer, qui ne dénoterait pas dans ce quartier où règne une extrême pauvreté.
    Contrairement à Patricia McDonald, qui assenait sa théorie en dépit des preuves et sans se préoccuper de rendre son histoire crédible, Michel Moatti, à la fin de son roman, résume les indices (déjà disséminés dans le roman) qui le pousse à désigner une personne en particulier.
    Il faut admettre que la théorie avancée a le mérite d’être plausible et les preuves avancées par Moatti, convaincantes.
    Le coupable que désigne l’auteur est crédible et, si on ne lui connait pas de mobile, j’ai toujours pensé que c’était une erreur que de chercher un mobile rationnel à cette boucherie. J’ai toujours eut la conviction que Jack, comme bon nombre de tueurs séquentiels, n’était motivé que par sa haine de l’autre. Et les prostituées, surtout dans ce quartier, étaient des proies facilement approchables.
    Quant à l’arrêt des meurtres, je ne pense pas que ce soit parce qu’il avait terminé une quelconque mission mais plutôt que la présence policière toujours plus importante a rendu l’exercice de son petit hobby un peu trop risqué.
    Ce livre était un roman doublé d’un documentaire et d’une enquête admirablement menée.
    Si je ne crie pas victoire pour autant sur la découverte de l’identité de jack (je pense qu’on ne saura jamais la vérité avec certitude), j’ai vraiment apprécié cette lecture et cette hypothèse.

     

    Un extrait : Joe Barnett était une sorte de gros garçon à l’allure pataude. Malgré ses trente ans révolus, des joues rondes, un poil jaune et des rouflaquettes de cocher peu fournies l’empêchaient d’avoir tout à fait l’air d’un homme adulte. Il gardait cet aspect d’adolescent attardé, que ses yeux bleus très clairs, presque transparents, renforçaient. Pourtant, ce regard, lorsqu’on le croisait, faisait frémir. On avait l’impression qu’il contenait un fonds inépuisable de rage qui ne demandait qu’à se libérer.

    Ce matin du 12 novembre, Joe Barnett était justement plein de rage en se présentant devant le jury de Shoreditch, pour témoigner sur l’assassinat de sa dernière compagne, Mary Kelly. Il se vit soudain debout devant une assemblée d’hommes en gilets et redingotes, tous la mine très imprégnée de leur mission, fronçant également les sourcils pour mieux dévisager celui qui faisait figure, dès l’ouverture de cette audition, de suspect idéal. Joe Barnett sentit la culpabilité sourdre de lui comme le suc d’un fruit mûr à l’instant même où le coroner le regarda fixement.

    Nom de Dieu, pensa-t-il, ils vont me resservir cette histoire de carreau cassé, et l’une ou l’autre des putains de Miller’s Court va se mettre à raconter qu’elle m’a entendu cent fois crier et menacer du monde dans Spitalfields.

    Son pas résonna comme un coup de fusil dans une cathédrale quand il approcha des jurés tapis près du coroner comme des canetons autour de leur mère.

    Le contraste entre ce qu’il était et l’image que renvoyaient ces hommes aux allures de notaires et de chefs de service le frappa comme un coup de poing. L’odeur de poisson rance qui s’exhalait de son paletot sombre aux taches suspectes se fit plus forte. Joe Barnett jeta un regard sur ses brodequins ferrés, largement recouverts de la boue jaune des abords du fleuve. Il inspecta enfin ses pantalons de gros drap couleur mastic, dont les genoux déformés s’auréolaient de cambouis et de graisse. Il fut submergé non plus seulement par la rage, mais par une violente vague de haine.

     

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  • [Livre] Révélée

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    Lecture terminée le : 19 octobre 2019

     

    Résumé : Catherine est en train de lire un livre des plus angoissant : elle voit s'inscrire l'histoire de sa vie au fil des pages et le récit dévoile même un secret qu'elle pensait être la seule à connaître. Les frontières entre réalité et fiction s'effacent, laissant place à un suspens croissant : comment le livre va-t-il se terminer ?


    Auteur : Renée Knight

     

    Edition : 10/18

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 14 avril 2016

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Dans ce thriller psychologique, on ne sait trop dire qui, de Catherine ou de Stephen est un psychopathe.
    La première cache un secret, depuis vingt ans, et semble terrifiée à l’idée que ce dernier puisse être dévoilé.
    Le second décrit la première comme une manipulatrice sans cœur, croqueuse d’homme, froide comme la glace et prête à tout pour atteindre ses objectifs.
    Les chapitres alternent entre Catherine et Stephen mais, pendant un long moment, on n’a que la version des faits de ce dernier, Catherine refusant obstinément de s’expliquer.

    J’avoue que dès le départ, Stephen m’a agacée. Je ne croyais pas à sa version de l’histoire, d’autant plus que ni lui, ni sa femme, qui est le vrai auteur du livre racontant cette histoire, n’étaient présents sur le lieu où ce qu’il s’est passé s’est produit.
    Ca me semblait tellement évident que Stephen et son épouse cherchaient avant tout un coupable à blâmer et qu’à leurs yeux, Catherine est la coupable idéale.
    Au fil de l’histoire, je me suis dit que Catherine avait peut-être agit en partie comme Stephen le lui reproche, mais je ne voyais toujours pas en quoi cela aurait pu susciter tant de haine ou plutôt le rapport entre ce qu’elle aurait pu faire et l’événement qui a suscité tant de haine.
    Plus je lisais, et plus l’attitude de Stephen m’apparaissait comme malsaine.
    J’ai vraiment été très en colère contre Robert. Son attitude est vraiment lamentable et son égo est vraiment gigantesque.
    Nicholas, le fils de Robert et Catherine est un garçon de 25 ans qui se comporte comme un ado capricieux et amorphe de 15 ans. Robert a tendance à faire ses quatre volontés et à le laisser stagner dans sa médiocrité en lui filant du fric régulièrement (argent qu’il s’empresse de dépenser en bière et en cannabis). Catherine, elle, est plutôt du genre à lui mettre des coups de pieds au cul. Elle n’a aucune intention de se frapper un Tanguy à demeure, tout en assurant à son fils qu’ils seront toujours là en cas de gros problèmes.
    J’avais donc à peu près cerné le caractère de chacun. Mais jamais je n’aurais vu venir le fin mot de l’histoire.
    Je m’attendais à beaucoup de choses, à beaucoup de versions, mais celle-ci est vraiment la seule que je n’ai pas envisagée.
    J’ai vraiment eu l’impression d’être menée par le bout du nez par l’auteur et en même temps, si on s’interroge sur les choix de certains, la cohérence n’est jamais prise en défaut.
    On sent vraiment la tension que ressent Catherine, victime d’un véritable harcèlement. On comprend un peu mieux sa froideur apparente, une façon pour elle de se protéger.
    Sans qu’une seule goutte de sang ne soit versée, ce thriller nous plonge dans l’angoisse. Angoisse que Catherine ne tienne pas le choc face à la pression, angoisse de la voir tout perdre sans avoir eu l’opportunité de se défendre, angoisse aussi de ne pas connaitre le fin mot de l’histoire, de devoir se contenter de la version de Stephen tout en ayant le sentiment qu’il manque tout un pan de l’histoire.
    Même si la fatigue a fait que j’ai mis du temps à le lire, j’ai vraiment été happée dans ma lecture et je vous conseille vivement ce roman.

     

    Un extrait : Elle n’a pas besoin qu’un fichu bouquin lui raconte ce qui s’est passé. Elle n’a rien oublié. Son fils a failli mourir. Toutes ces années, elle n’a fait que protéger Nicholas. Le protéger de la vérité. Elle lui a permis de vivre dans une douce ignorance. Il ne sait pas qu’il est passé à un cheveu de ne pas atteindre l’âge adulte. Et si jamais il avait conservé un quelconque souvenir des événements ? Les choses seraient-elles différentes ? Serait-il différent, lui ? Leur relation en serait-elle changée ? Mais elle a la conviction absolue qu’il ne se souvient de rien. En tout cas, rien qui l’approcherait de cette réalité. Pour Nicholas, il s’agit d’un après-midi banal, qui se confond avec tant d’autres de son enfance. Il se pourrait même qu’il s’en souvienne comme d’un moment heureux, songe-t-elle.

    Si Robert avait été présent, il en aurait peut-être été autrement. Bien sûr que ç’aurait été différent. Jamais cela ne se serait produit. Sauf que Robert n’était pas là. Donc elle ne lui a pas raconté parce qu’elle n’en avait pas besoin – jamais il ne le découvrirait. Et cela valait mieux ainsi. Cela vaut mieux ainsi.

    Elle ouvre son ordinateur portable et cherche le nom de l’auteur dans Google. Un geste qui est presque devenu un rituel. Elle l’a déjà fait, espérant trouver quelque chose sur la Toile. Un indice. Mais il n’y a rien. Juste un nom : E.J. Preston. Un pseudo, sûrement. « Le Parfait Inconnu est le premier et peut-être le dernier livre de E.J. Preston. » Aucun indice non plus quant au sexe de l’auteur. Pas de il ou elle… Il est publié par Rhamnousia ; en cherchant ce nom, elle a eu confirmation de ce qu’elle soupçonnait déjà : le livre est une autopublication. Elle ignorait ce que Rhamnousia signifiait, en revanche. Maintenant, elle sait. La déesse de la vengeance, alias Némésis.

    C’est un indice, n’est-ce pas ? Sur le sexe, au moins. Mais c’est impossible. Inconcevable. Et personne d’autre ne connaissait les détails. Personne encore en vie. En dehors des témoins, bien sûr – des anonymes. Mais ce livre a été écrit par une personne impliquée. C’est personnel. Elle regarde si elle trouve des critiques ou des avis de lecteurs. Aucun. Peut-être est-elle la seule à l’avoir lu ? Et même si d’autres le lisent, ils ne devineront jamais qu’elle est la femme au cœur du récit. Quelqu’un le sait, pourtant. Quelqu’un sait.

     

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  • [Livre] La liste de mes envies

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    Lecture terminée le : 14 octobre 2019

     

    Résumé : Jocelyne, dite Jo, rêvait d’être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras. Elle aime les jolies silhouettes mais n’a pas tout à fait la taille mannequin. Elle aime les livres et écrit un blog de dentellières. Sa mère lui manque et toutes les six minutes son père, malade, oublie sa vie. Elle attendait le prince charmant et c’est Jocelyn, dit Jo, qui s’est présenté. Ils ont eu deux enfants, perdu un ange, et ce deuil a déréglé les choses entre eux. Jo (le mari) est devenu cruel et Jo (l’épouse) a courbé l’échine. Elle est restée. Son amour et sa patience ont eu raison de la méchanceté. Jusqu’au jour où, grâce aux voisines, les jolies jumelles de Coiff’Esthétique, 18.547.301€ lui tombent dessus. Ce jour-là, elle gagne beaucoup. Peut-être.


    Auteur : Grégoire Delacourt

     

    Edition : Le livre de poche

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 29 mai 2013

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis :On m’a vendu ce livre comme un roman feel good mais franchement ça n’en ai pas un du tout.
    Je l’ai trouvé triste et très amer.
    Jocelyne est une femme qui se contente de ce qu’elle a… et elle n’a pas grand-chose.

    Abandonnés, ses rêves de devenir styliste quand sa mère est morte subitement et que son père a fait un AVC qui a réduit sa vie à un présent de 6 minutes.
    Elle est mariée à Jocelyn, qui n’a rien d’un Brad Pitt mais avec qui elle a une vie plutôt heureuse, et deux enfants qui ont quittés la maison et donnent rarement des nouvelles.
    Les relations entre les deux époux se sont dégradées après la naissance d’un troisième enfant mort-né. La douleur et le chagrin ont poussé Jocelyn à devenir verbalement cruel avec sa femme, mais, comme elle n’a pas réagi à ces provocations et ces attaques incessantes, Jocelyn s’est remis de ce drame et la vie est redevenue normale entre eux.
    Quand Jocelyne gagne à euromillion, elle trouve plein d’excuses pour ne pas encaisser son chèque. Elle fait des listes ridicules (du genre un fer à repasser) au vu de la somme gagnée. Et bien sûr, elle ne dit rien à son mari.
    Je comprends les interrogations de Jocelyne, sa peur de voir sa vie changer, de perdre le vrai bonheur pour le remplacer par un bonheur factice.
    Cependant, je peux aussi comprendre la réaction de son mari. Imaginez que vous découvririez que votre moitié a gagné le gros lot mais a caché le chèque sans l’encaisser et sans rien vous dire ? Personnellement, je sentirai venir un divorce avec en prime le souhait de dissimuler les gains pour ne pas avoir à partager. Un truc comme « maintenant que je suis riche, tu n’es plus assez bien pour moi ». Je l’aurais mal pris, pas vous ?

    Je trouve qu’elle a hyper mal géré les choses. Elle aurait pu ouvrir un compte personnel sous son nom de jeune fille, y déposer le chèque, annoncer la nouvelle à son mari en le prévenant qu’ils devaient réfléchir sérieusement à ce qu’ils allaient faire.
    Parce que là, ce n’est pas l’argent qui fait le malheur de Jocelyne, c’est sa peur et son mensonge.
    La vie de Jocelyne est terne parce qu’elle la rend ainsi. Même son blog ne lui procure aucun vrai plaisir (pourquoi en tenir un, alors ?).
    J’ai trouvé qu’il se passait si peu de choses dans ce livre que je me demande bien comment un film a pu en être tiré.
    La fin manque totalement de crédibilité que ce soit le « final » de Jocelyn ou les retrouvailles de Jocelyne avec un mec croisé sur la plage 10 ans plus tôt (genre le mec a attendu 10 ans sur cette plage que cette divine apparition se repointe hypothétiquement un jour).
    bref, pas vraiment d’histoire, des personnages peu approfondis, une héroïne geignarde, une fin qui n’en est pas une… il ne me laissera pas un souvenir impérissable.
    Mais si vous voulez vous faire votre propre idée, il est très court alors vous ne perdez rien à tenter le coup !

     

    Un extrait : Je suis heureuse avec Jo.

    Il n’oublie aucun de nos anniversaires. Le week-end, il aime bricoler au garage. Il fabrique des petits meubles que nous vendons dans les brocantes. Il y a trois mois, il a installé le wifi parce que j’avais décidé d’écrire un blog sur mes tricots. Parfois, après avoir mangé, il me pince la joue en disant t’es gentille toi Jo, t’es une bonne petite. Je sais. Ça peut vous sembler un brin machiste, mais ça vient de son cœur. Il est comme ça, Jo. La finesse, la légèreté, la subtilité des mots, il ne connaît pas bien. Il n’a pas lu beaucoup de livres ; il préfère les résumés aux raisonnements ; les images aux légendes. Il aimait bien les épisodes de Columbo parce que dès le début, on connaissait l’assassin.

    Moi, les mots, j’aime bien. J’aime bien les phrases longues, les soupirs qui s’éternisent. J’aime bien quand les mots cachent parfois ce qu’ils disent ; ou le disent d’une manière nouvelle.

    Quand j’étais petite, je tenais un journal. Je l’ai arrêté le jour de la mort de maman. En tombant, elle a aussi fait tomber mon stylo et se fracasser plein de choses.

    Alors, quand on discute, Jo et moi, c’est surtout moi qui parle. Il m’écoute en buvant sa fausse bière ; parfois même il opine du chef, comme on dit, pour me signifier qu’il comprend, qu’il s’intéresse à mes histoires et même si ça n’est pas vrai, c’est gentil de sa part.

    Pour mes quarante ans, il a posé une semaine de vacances à l’usine, il a conduit les enfants chez sa mère et il m’a emmenée à Étretat. Nous sommes descendus à l’hôtel de l’Aiguille Creuse, en demi-pension. Nous avons passé quatre jours merveilleux et il m’a alors semblé, pour la première fois de ma vie, que c’était ça, être amoureuse. Nous faisions de longues promenades sur les falaises en nous tenant la main ; parfois, quand il n’y avait pas d’autres promeneurs, il me plaquait contre les rochers, il embrassait ma bouche et sa main coquine venait se perdre dans ma culotte. Il avait des mots simples pour décrire son désir. Le jambon sans la couenne. Tu m’fais bander. Tu m’excites. Et un soir, à l’heure violette sur la falaise d’Aval, je lui ai dit merci, je lui ai dit prends-moi, et il m’a fait l’amour dehors, vite, brutalement ; et c’était bien. Quand nous sommes rentrés à l’hôtel, nous avions les joues rouges et la bouche sèche, comme des adolescents un peu ivres et ce fut un beau souvenir.

     

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