Lecture terminée le : 31 octobre 2019
Résumé : Depuis que l’air est devenu irrespirable, les gens ne sortent plus de leur appartement. Les portes des immeubles sont scellées, tel l’entrejambe d’une chrétienne prémaritale.
Alors Vincent, programmeur, occupe ses journées de lignes de code, de sandwichs lyophilisés et de porno sur le web.
Sa vie est insipide.
Jusqu’au jour où apparaît sur son écran un message gouvernemental. Roulements de tambours et musique à crissement, sa vie bascule. L’acharnement ubuesque qu’il a donné pendant tant d’années à maintenir sa vie dans la banalité la plus inintéressante vole alors en éclat. La prison le guette, les cyber-terroristes l’espionnent. C’est la merde.
Dystopie drôle et crue, La Déréliction de la Chaussette trouée propose une réflexion cynique sur la génération Y au travers d’une société cyber dépendante.
Auteur : Geoffrey Marchand
Edition : Inceptio
Genre : Contemporain
Date de parution : 28 Novembre 2018
Prix moyen : 19€
Mon avis : Je crois que je suis totalement passée à côté de ce livre.
A part quelques réflexions de Léon, le bot de compagnie, qui font sourire, je n’ai pas retrouvé l’humour dont on parle tant au sujet de ce bouquin.
Mais bon, admettons, l’humour est subjectif et je ne partage clairement pas celui de l’auteur.
Mais ce n’est pas la seule chose qui m’ait dérangée dans ce livre.
D’abord, coquilles ou style de l’auteur, j’ai trouvé plusieurs phrases (ou ensemble de phrases) incohérentes, comme s’il manquait des mots ou des phrases. J’ai deux exemples à l’esprit :
« Qu’importe, devait-elle penser, il est là ; lui de s’y opposer ». On d’accord que la seconde partie ne veut rien dire ?
« Le résumé de l’épisode précédent ne lui dit rien du tout. Pour autant, Vincent n’en fit rien. » Il n’en fit rien ? De quoi ?
L’utilisation excessive d’adjectifs fantaisistes devient également vite pénible.
Lire « un silence cadavérique » au lieu d’un « silence de mort », ça prête à sourire. Mais quand ce petit jeu se répète trop souvent, ça devient indigeste (quand ce ne sont pas carrément des mots sortis de nulle part tels que procrastinativement… j’ai eu beau chercher, aucun dictionnaire ne connait cet adverbe).
J’ai eu énormément de mal à entrer dans l’histoire, j’ai failli abandonner plusieurs fois. Ce n’est que dans les 80 dernières pages que j’ai été un peu plus prise dans l’histoire.
Pourtant, j’aimais bien le sujet du roman. Entre l’addiction à la technologie et les problèmes climatiques, il avait tout pour plaire. Il y avait également cet aspect, très présent de nos jours, qui veut qu’on prétende s’inquiéter du sort de la planète alors qu’on ne s’inquiète en réalité que pour notre peau.
J’ai trouvé que ce livre montrait jusqu’où certaines personnes étaient capables d’aller pour la « survie de l’espèce » alors que, soyons réaliste, la planète se remettra très vite et très bien de notre passage quand nous aurons disparus. Il faut peut-être commencer à admette que l’espèce humaine arrive simplement en fin de cycle.
Enfin bref, tout ça pour dire que le sujet était sympa mais je l’ai trouvé mal traité, surtout à cause du style d’écriture, et s’il y a une suite, ce que la fin laisse entendre, ce sera très certainement sans moi.
Un extrait : Le salaire n’était, de toute façon, plus une véritable nécessité. Depuis la fameuse parution de ce rapport sur la qualité de l’air, à ses six ans, les portes des immeubles avaient peu à peu été scellées, rendant la sortie des hommes dans la rue difficile, puis interdite. L’air était, disaient les communiqués du Duché, devenu nocif pour l’homme, il ne fallait plus sortir, ne surtout plus ouvrir ses fenêtres.
La panique avait au début gagné la population, puis des voix s’étaient fait entendre pour refuser l’enfermement. Mais cancer après cancer, les gens avaient accepté : l’espèce ne pouvait plus survivre qu’en appartement climatisés, sous le joug des purificateurs d’air. Alors avait émergé une nouvelle économie. Les constructeurs avaient dans un premier temps fait fortune en construisant des tours propres, renouvelables, sans entretien.
Puis les grandes surfaces, qui désormais livraient à domicile repas et courses. Mais finalement, un homme avait émergé de la masse : le Duc.
Le Duc avait fait fortune dans les serveurs informatiques. Il avait d’abord proposé une application, banale, pour mettre en relation les gens d’un même immeuble qui souhaitaient s’entraider. Vous refusiez d’attendre dix jours ouvrables qu’un plombier vienne réparer vos toilettes ? L’application vous proposait, dans votre immeuble, le voisin le plus apte à vous dépanner. Ç’avait été brillant.
Mais très vite, l’enfermement et la peur chronique d’une sociabilisation sauvage et forcée avaient pris le pas, rendant l’application obsolète et le Duc au bord de la faillite. Il avait alors eu l’idée qui avait fait de lui l’homme qu’il était aujourd’hui : il avait créé un logiciel, simple, presque idiot, pour permettre à tout un chacun de coder, de participer à la révolution en cours. Chacun pouvait désormais travailler de chez soi, être payé, et aider à automatiser un monde devenu trop hostile pour que quiconque puisse mettre le pied dehors. La nouvelle économie était née.
Peu à peu, elle s’était imposée. Rares étaient ceux qui sortaient encore. Il n’y avait, pour ainsi dire, plus que les techniciens, réparateurs à l’espérance de vie raccourcie, qui abandonnaient en combinaison la sécurité de leur immeuble pour aller dehors, réparer les lignes hors tension et faire ce qu’aucun robot n’avait encore su faire : analyser en profondeur un problème.
Les parents de Vincent avaient été contraints de vivre comme cela. Non-qualifiés, foncièrement pauvres, ils n’avaient pu franchir le pas de la nouvelle économie, et s’étaient retrouvés forcés mais dévoués, à aller réparer leur vie restante les infrastructures du Duc.
Ils étaient morts il y a quelques années, lors d’une fuite de gaz. Un accident, lui avait dit l’inspecteur milicien, ça arrive, malheureusement. La milice du Duc avait arrangé pour lui une petite cérémonie, et lui avait offert tout ce que ses parents possédaient. Quelques meubles, quelques créances, et la lourde tâche de ne plus avoir pour connaissance que Jack, son chat d’enfance.