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  • [Livre] Tout n'est pas perdu

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    Résumé : Alan Forrester est thérapeute dans la petite ville cossue de Fairview, Connecticut. Il reçoit en consultation une jeune fille, Jenny Kramer, quinze ans, qui présente des troubles inquiétants. Celle-ci a reçu un traitement post-traumatique afin d’effacer le souvenir d’une abominable agression dont elle a été victime quelques mois plus tôt. Mais si son esprit l’a oubliée, sa mémoire émotionnelle est bel et bien marquée. Bientôt tous les acteurs de ce drame se succèdent dans le cabinet d’Alan, tous lui confient leurs pensées les plus intimes, laissent tomber leur masque en faisant apparaître les fissures et les secrets de cette petite ville aux apparences si tranquilles. Parmi eux, Charlotte, la mère de Jenny, et Tom, son père, obsédé par la volonté de retrouver le mystérieux agresseur.

     

    Auteur : Wendy Walker

     

    Edition : Sonatine

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 12 mai 2016

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Le récit est à la première personne et l’originalité du roman est que l’histoire n’est pas racontée par un enquêteur, professionnel ou non, ou une victime, mais par le psychiatre qui suit cette dernière presque un an après son viol à une fête. Quand on met en relation le quatrième de couverture et le récit, on comprend très vite que le narrateur est un thérapeute mais cela ne nous sera confirmé officiellement qu’aux alentours de la page 70.
    Dans la mesure où l’on suit toute l’histoire à travers ce que les uns et les autres racontent au docteur Forrester, on est ici face à un thriller psychologique. Amateurs de courses-poursuites ou de face à face terrifiant entre le coupable et un autre personnage (victime ou inspecteur) passez votre chemin.
    La narration est presque détachée sur de grands pans du roman. Le docteur Forrester décrit les faits et les conversations qu’il a avec les protagonistes de manière très détachée et factuelle. Mais ce détachement ne va pas durer car, dans une petite ville comme Fairview, il ne tarde pas à être impliqué émotionnellement dans l’affaire de Jenny.
    Pour autant, il fait le choix de continuer à traiter Jenny, d’une part parce qu’il est le seul psychiatre de la ville et d’autre part pour des raisons moins altruistes mais qui se comprennent tout autant.
    Du coté des personnages il y a ceux que l’on plaint : Jenny et Sean en tête, qui ont vécu tous deux un traumatisme et que ce traitement miracle censé leur faire oublier l’événement traumatisant a plus détruits que guéris.
    Il y a aussi ceux qui nous laissent une impression mitigée.
    Du coté des parents de Jenny, ils ont comme échangés leurs rôle au fil du roman à mes yeux.
    D’abord le père, Tom, très présent, très compatissant envers sa fille, voulant à tout prix l’aider, mais qui tourne vite dans une obsession : retrouver le coupable. A un moment on se demande s’il cherche le coupable ou un bouc émissaire tant il est près à voir arrêter n’importe qui du moment qu’il y a une arrestation. Je me suis demandé à plusieurs reprises s’il agissait dans l’intérêt de sa fille ou dans le sien, pour faire taire son sentiment d’avoir été impuissant à protéger sa fille.
    En revanche la mère m’a donné l’impression de suivre le cheminement inverse : au début j’ai trouvé qu’elle voulait faire comme s’il ne s’était rien passé pour ne pas déranger sa petite vie, mais au fil de sa thérapie, elle se rapproche de sa fille et la soutien beaucoup plus.
    Et puis il y a, bien sûr Alan Forrester. Autour de moi, beaucoup de ceux qui ont lu le livre l’ont trouvé antipathique. Je n’ai pas partagé son point de vue. Je ne dit pas que ses décisions, ses choix et ses actions ne sont jamais discutables, mais chacune avait une justification et franchement, je ne peux reprocher à cet homme d’avoir agit comme il l’a fait.
    C’est un homme qui va devoir faire face à une situation difficile et qui va être pris entre son désir d’aider sa patiente et d’autres évènements.

    L’auteur ayant fait le choix de se pencher sur les traumatismes engendrés par le viol et les failles qu’il fait apparaître au grand jour chez chacun, on ne voit pas grand-chose de l’enquête. On a toutefois l’impression que dès qu’il s’agit d’enquêter à Fairview même, l’inspecteur en charge ne fait pas beaucoup de zèle.
    La fin a été une surprise. Rétrospectivement, je pense que j’aurais du m’en douter, mais j’étais tellement prise par Jenny et ses parents que je n’ai pas fait attention aux indices.
    Il n’est pas étonnant que ce livre ait déjà attiré l’attention du cinéma. Je suis impatiente de voir son adaptation, et surtout de voir comment cette narration va être mise en scène.

    Un extrait : Il l’a suivie à travers les bois derrière la maison. Le sol était jonché des débris de l’hiver, des feuilles mortes et des brindilles qui étaient tombées au cours des six derniers mois et s’étaient décomposées sous une couverture de neige. Elle l’a peut-être entendu approcher. Elle s’est peut-être retournée et l’a peut-être vu portant la cagoule en laine noire dont les fibres ont été retrouvées sous ses ongles. Lorsqu’elle est tombée à genoux, ce qui restait des fragiles brindilles s’est brisé comme de vieux os et a écorché sa peau nue. Son visage et sa poitrine étaient plaqués contre le sol, probablement par l’avant-bras de l’agresseur, et elle a dû sentir la brume des arroseurs automatiques qui aspergeaient la pelouse à peine six mètres plus loin, car ses cheveux étaient mouillés lorsqu’on l’a retrouvée.

        Quand elle était plus jeune, elle courait après les arroseurs dans son jardin, tentant de saisir les jets d’eau durant les chauds après-midi d’été, ou de les éviter durant les fraîches soirées de printemps. Son petit frère la pourchassait alors, nu comme un ver, avec son ventre arrondi et ses bras qui battaient l’air sans totalement parvenir à se synchroniser avec ses petites jambes. Parfois leur chien se joignait à eux, aboyant si furieusement qu’il recouvrait leurs éclats de rires. Presque un demi-hectare d’herbe verte, glissante et humide. De grands cieux dégagés avec quelques nuages blancs cotonneux. Sa mère à l’intérieur qui les observait depuis la fenêtre, et son père qui rentrait d’endroits dont son costume portait encore l’odeur – le café éventé du bureau de la concession, le cuir neuf, le caoutchouc des pneus. Ces souvenirs étaient désormais douloureux, mais elle s’est néanmoins immédiatement tournée vers eux quand on l’a questionnée sur les arroseurs, en lui demandant s’ils étaient allumés quand elle avait traversé en courant la pelouse vers les bois.

        Le viol a duré près d’une heure. Il semble impossible qu’ils aient pu le savoir. Quelque chose dans la coagulation du sang aux points de pénétration, et dans les divers stades d’ecchymoses sur son dos, ses bras et son cou, en fonction de la manière dont il l’a maintenue. Durant cette heure, la fête s’est poursuivie. Elle devait la voir depuis l’endroit où elle était étendue, les lumières éclatantes dans les fenêtres, leur vacillement quand les corps se déplaçaient dans les pièces. C’était une grosse fête, avec presque tous les élèves de seconde, plus une poignée de jeunes de troisième et de première. Le lycée de Fairview était plutôt petit, même pour une banlieue du Connecticut, et les séparations entre niveaux qui existaient ailleurs y étaient moins marquées. Les équipes sportives étaient mixtes, de même que les clubs de théâtre et de musique, et ainsi de suite. Certains cours ignoraient même les frontières entre classes, les meilleurs élèves en maths et en langues étrangères passant directement au niveau supérieur. Jenny Kramer n’avait jamais suivi de cours de niveau avancé, mais elle s’estimait intelligente, et dotée d’un sens de l’humour féroce. C’était aussi une bonne athlète – natation, hockey sur gazon, tennis. Mais pour elle, aucune de ces choses n’avait eu d’importance avant que son corps arrive à maturité.

     

  • [Livre] Voici venir les rêveurs

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    Résumé : Nous sommes à l'automne 2007 à New York et Jende Jonga, un immigrant illégal d'origine camerounaise, est en passe de réaliser son rêve : après avoir été plongeur et chauffeur de taxis, il vient de décrocher un emploi de chauffeur pour Clark Edwards, riche banquier à la Lehman Brothers. Pour Jende, tout est désormais possible : il va enfin pouvoir offrir à Neni, son amoureuse, les études de pharmacienne dont elle rêve. Et surtout, pour les Jonga, le Graal est en vue : obtenir leur carte verte et devenir enfin des Américains.
    Mais rien n'est simple au pays de l'American
    Dream. Entre Jende, loyal, discret, compétent, et son patron Clark, noyé dans le travail et les difficultés de la banque se noue une vraie complicité. Les deux familles se rapprochent, mais si les Jonga sont soudés malgré l'épée de Damoclès de l'expulsion, les Edwards sont en proie à de nombreux problèmes. Pour tous, l'interminable demande d'asile des Jonga et la menace d'éclatement de la bulle des subprimes vont remettre en question leurs certitudes...

     

    Auteur : Imbolo Mbue

     

    Edition : Belfond

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 18 aout 2016

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé l’écriture et le style de ce roman. L’histoire en elle-même : le rêve américain confronté à la réalité de la vie aux USA pour les étrangers, est vraiment bien menée.
    J’ai eu plus de problèmes avec les personnages.
    Les Edwards sont stéréotypés : lui, qui a un poste très élevé dans une banque de Wall Street, trompe son ennui et ses angoisses devant l’imminente faillite de sa société en visitant régulièrement des escorts ; elle, sous une apparence de femme comblée, se bourre de médicaments et d’alcool pour oublier que son mariage n’est qu’une mascarade.
    Quant aux Jonga, je ne sais même pas par où commencer. Déjà, je n’ai aucune compassion pour des clandestins qui pleurent parce qu’ils n’obtiennent pas les papiers en mentant aux services de l’immigration. Si Jende avait été en danger dans son pays, je pourrais le comprendre, mais il y avait un travail et une famille. La seule difficulté étant que le père de Neni refusait leur mariage parce que Jende n’était pas assez riche, et ce malgré le fait qu’il lui avait fait deux enfants.
    Ensuite, Jende est un homme qui veut les avantages de la vie aux Etats-Unis sans chercher à s’intégrer. Il veut vivre comme au Cameroun, c'est-à-dire en étant le maître absolu chez lui, sans que sa femme n’ait jamais son mot à dire. Je n’ai vraiment pas réussi à ressentir la moindre sympathie pour lui.
    En revanche j’ai bien aimé Neni. Au début elle est assez naïve, comme si le seul fait de vivre aux USA allait changer sa vie, puis elle prend conscience de la réalité, mais ça ne l’abat pas, bien au contraire. Elle a une force et une volonté incroyable. C’est dommage qu’elle ne soit pas capable de rejeter sa culture pour tenir tête à Jende parce qu’elle a beaucoup plus de pugnacité que lui.
    Malgré l’antipathie générale que j’ai ressenti pour la majorité des personnages (à part les enfants, Liomi, Mighty et Vince), j’ai quand même plongé dans le roman en ayant beaucoup de mal à en ressortir avant la dernière page.

     

    Un extrait : ON NE LUI AVAIT JAMAIS DEMANDÉ de porter un costume pour un entretien d’embauche. Jamais dit d’apporter un curriculum vitae. Une semaine plus tôt, il ne possédait d’ailleurs pas de curriculum, quand il s’était rendu à la bibliothèque à l’angle de la 34e Rue et de Madison Avenue et qu’un bénévole lui en avait rédigé un, détaillant son parcours afin de montrer qu’il était un homme aux grandes qualités : fermier responsable du labourage des terres et de la bonne santé des récoltes ; cantonnier chargé de préserver la beauté et la rutilance de la ville de Limbé ; chargé de vaisselle dans un restaurant de Manhattan, veillant à ce que les clients mangent dans des assiettes sans traces ni microbes ; taximan officiel dans le Bronx, responsable du bon acheminement des passagers.

    Il n’avait jamais eu à s’inquiéter de savoir si son profil correspondrait, si son anglais conviendrait, s’il passerait pour un homme suffisamment intelligent. Mais ce jour-là, vêtu de son costume croisé vert à fines rayures, celui-là même qu’il portait quand il avait débarqué aux États-Unis, une pensée l’obsédait : serait-il capable de faire impression sur un homme qu’il n’avait jamais rencontré ? Malgré tous ses efforts, il ne pouvait penser à autre chose qu’aux questions qu’on lui poserait, aux réponses qu’il faudrait donner, à la manière dont il devrait marcher, s’exprimer, s’asseoir, aux moments où il faudrait parler, à ceux où il faudrait écouter et acquiescer, aux choses qu’il faudrait dire ou ne pas dire, à la réponse à donner si on l’interrogeait sur son statut dans le pays. Sa gorge devint sèche. Ses mains, moites. Incapable d’attraper son mouchoir dans le métro bondé qui le conduisait dans le centre de Manhattan, il les essuya sur son pantalon.

    « Bonjour, s’il vous plaît, dit-il à l’agent de sécurité en entrant dans le hall du building Lehman Brothers. Mon nom est Jende Jonga. Je suis venu voir M. Edwards. M. Clark Edwards. »

    L’agent, bouc et taches de rousseur, lui demanda une pièce d’identité que Jende s’empressa de sortir de son portefeuille marron deux volets. L’homme s’en empara, examina le recto puis le verso, leva les yeux vers lui, les baissa vers son costume, sourit et voulut savoir s’il se présentait en tant qu’agent de change ou quelque chose comme ça.

    Jende secoua la tête.

    « Non, répondit-il sans sourire en retour. Chauffeur.

    — Ah, fit le vigile en lui tendant un passe de visiteur. Eh bien, bonne chance. »

    Cette fois, Jende sourit.

    « Merci, mon frère. Toute cette chance, je vais vraiment en avoir besoin aujourd’hui. »

     

  • [Livre] Phobos: origines

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    Résumé : SIX PIONNIERS EN APPARENCE IRRÉPROCHABLES.

    SIX JEUNES TERRIENS RONGÉS PAR LEURS SECRETS.

    SIX DOSSIERS INTERDITS, QUI AURAIENT DÛ LE RESTER.

    ILS INCARNENT L’AVENIR DE L’HUMANITÉ.

    Six garçons doivent être sélectionnés pour le programme Genesis, l’émission de speed-dating la plus folle de l’Histoire, destinée à fonder la première colonie humaine sur Mars.

    Les élus seront choisis parmi des millions de candidats pour leurs compétences, leur courage et, bien sûr, leur potentiel de séduction.

    ILS DISSIMULENT UN LOURD PASSÉ.

    Le courage suffit-il pour partir en aller simple vers un monde inconnu?

    La peur, la culpabilité ou la folie ne sont-elles pas plus puissantes encore?

    Le programme Genesis a-t-il dit toute la vérité aux spectateurs sur les « héros de l’espace »?

    ILS DOIVENT FAIRE LE CHOIX DE LEUR VIE,

    AVANT QU'IL SOIT TROP TARD.

     

    Auteur : Victor Dixen

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 02 juin 2016

     

    Prix moyen : 14,90€

     

    Mon avis : Première chose sur ce livre : j’ai été agréablement surprise par sa longueur. Quand on nous présente un hors série, c’est souvent une nouvelle, ou un roman beaucoup plus court que les tomes « officiels » de la série. Ici, on a plus de 300 pages ce qui en ferait presque un tome à part entière, en marge de la série, certes, mais un tome digne de ce nom quand même.
    Bien que j’ai vraiment hâte de lire le tome 3, j’ai décidé de lire Phobos : origines d’abord et ça a été une chouette idée. Je dirais même que l’idéal serait, pour ceux qui ont la chance de découvrir la série maintenant que tous les tomes sont sortis, serait de lire ce tome hors série entre le tome 1 et le tome 2. En effet, dans le tome 1, on en apprend pas mal sur les prétendantes. En lisant Origines juste après le tome 1, on met pour ainsi dire les prétendantes et les prétendants sur un pied d’égalité et on peut attaquer le tome 2 en en sachant un peu plus sur les garçons qui restaient assez mystérieux.
    Le livre se découpe en 6 nouvelles, ou 6 longs chapitres, chacun ayant pour sujet l’un des prétendants. On va en apprendre plus sur leur vie, sur ce qui les a poussés à s’inscrire au programme Genesis. Même si Serena apparaît plutôt comme une femme pleine d’attention, à quelques reprises, son véritable visage va apparaître, quoiqu’assez furtivement.
    On va donc en savoir plus sur la vie de Mozart en petit dealer des favelas, d’Alexeï en chef de gang, de Samson, considéré par sa communauté comme un enfant-sorcier à cause de ses yeux clairs, De Tao et de comment il s’est retrouvé dans un fauteuil roulant… chacun d’eux va nous livrer son histoire dans le détail.
    Kenji est certainement celui qui m’a le plus surprise, je ne m’attendais vraiment pas à son histoire. Un élément de la vie de Samson, qu’il ne dévoile qu’à Serena, me laisse à penser qu’il nous réserve des surprises. Quant à Marcus, s’il semble être celui qui a la vie la plus…disons banale… parmi les 6 prétendants, il nous reste à découvrir un secret…quelque chose que seule Serena connaît et qu’elle lui recommande bien de ne révéler à personne… même nous, lecteurs, nous n’en saurons pas plus, ce qui me laisse penser que ce secret va avoir un impact important dans l’histoire au cours du troisième tome.
    J’ai vraiment adoré voir à quel point Victor Dixen a fouillé le passé de ses personnages, leur donnant une profondeur qu’on rencontre rarement dans des romans Young Adult.
    La seule chose que je regrette, c’est qu’il n’ait pas fait pareil pour les filles, car, si on en sait un peu plus sur elles, je suis sûre qu’il y aurait plein de choses à découvrir ! Peut être en suppliant l’auteur* ?
    (*siou plait m’sieu Dixen !)

    Un extrait : « ALORS, FILS : COMMENT ÇA S’EST PASSÉ ? »

    Enveloppée dans un tablier lâche, un peu trop grand pour elle, Abebi est occupée à confectionner des beignets. Dans un saladier, elle prélève à la cuiller de petites boules de purée de haricots blancs, qu’elle laisse tomber au creux d’une poêle remplie d’huile de friture parfumée. Le local dans lequel elle officie est si exigu qu’elle n’a pas la place de se retourner pour saluer l’arrivant – pourtant, elle sait qu’il est là, comme si elle était douée d’un sixième sens.

    « C’est la pire blague que tu m’aies jamais faite, Ab’ », répond Samson avec humeur.

    Il laisse tomber son sac à dos rempli de manuels sur le sol de la minuscule cuisine, aux murs tapissés d’étagères branlantes. Vieilles casseroles, vaisselle ébréchée et pots de verre dépareillés remplis d’épices de toutes les couleurs s’y amoncellent, dans un équilibre qui tient du miracle.

    « Ravie que ça t’ait fait rire, fils. Ça te fait du bien de rigoler un peu, toi qui es si studieux, entre tes études et le restaurant, trop occupé pour avoir du bon temps ou même une petite amie. Mais ça n’était pas une blague.

    — M’envoyer sur Mars, pas une blague ? Et qui va t’aider pour le restaurant si je pars ? Qui va s’occuper de toi, hein, tu peux me le dire ?

    — Ne t’inquiète pas, petit macho, rétorque la cuisinière, le dos toujours tourné, tout en continuant de mouler ses beignets à la cuiller. Je n’ai jamais eu besoin d’aucun d’homme pour s’occuper de moi. Je me suis très bien débrouillée quand ton père est parti avec une jeunette – Dieu lui noue l’aiguillette, à celui-là ! »

    Abebi parle sur un ton badin, mais Samson n’a pas du tout l’air de vouloir plaisanter.

    « Il est parti il y a seize ans, quand tu étais encore en pleine forme, assène-t-il. Mais aujourd’hui, tu as vu dans quel état tu es ? »

    Pour la première fois depuis le début de l’échange, Abebi pose sa cuiller et se tourne vers son fils.

    Le spectacle de son visage est saisissant. Ses joues sont creuses, ses lèvres pâles, de larges cercles grisâtres se dessinent autour de ses yeux sur le noir de sa peau.

    « C’est gentil de rappeler à ta vieille mère qu’elle est aussi mal en point que ce taudis – encore heureux qu’il tienne toujours debout.

    — Tu sais bien que ce n’est pas ce que je voulais dire, s’empresse de préciser Samson, toute trace de mauvaise humeur disparue.

    — Bah, pas la peine de te rattraper aux branches qui cassent. Je sais bien que je n’en ai plus pour longtemps.

    — Je t’interdis de dire ça !

    — Tsss…, siffle Abebi. Aucun homme ne m’a jamais rien interdit, alors ça ne va pas commencer avec toi, mon cher fils. Je ne me voile pas la face. Je sais où j’en suis. Le traitement du docteur ne marche plus depuis des mois. Tu sais, Samson, malgré ce que tu peux penser, j’ai été très heureuse dans ma vie. J’ai créé ma petite affaire, j’ai été amoureuse bien des fois, je n’ai dépendu de personne, le ciel m’a donné un garçon beau et intelligent – et pour couronner le tout, les gens qui ont du goût reconnaissent que les acras d’Abebi sont les meilleurs de Lagos ! Oui, j’ai vécu en femme libre. Mais je me souviens toujours des proverbes des vieux griots, du temps de mon enfance. L’oiseau vole dans le ciel, mais il n’oublie pas qu’un jour ses os tomberont par terre : voilà ce que disaient les griots. C’était l’époque où Cellular Valley n’était qu’un village isolé, qui portait un autre nom, aujourd’hui oublié ; la ville ne l’avait pas encore rattrapé et avalé ; il y avait ici des paysans pour cultiver le mil, et pas seulement des réparateurs de téléphones portables ; bref, ce n’était pas encore devenu le plus grand bazar de bidules électroniques de toute l’Afrique.

     

  • [Livre] Station Eleven

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    Résumé : Une pandémie foudroyante a décimé la civilisation. Une troupe d’acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Ce répertoire classique en est venu à représenter l’espoir et l’humanité au milieu des étendues dépeuplées de l’Amérique du Nord.
    Centré sur la pandémie mais s’étendant sur plusieurs décennies avant et après, Station Eleven entrelace les destinées de plusieurs personnages dont les existences ont été liées à celle d’un acteur connu, décédé sur scène la veille du cataclysme en jouant Le Roi Lear. Un mystérieux illustré, Station Eleven, étrangement prémonitoire, apparaît comme un fil conducteur entre eux…

     

    Auteur : Emily St John Mandel

     

    Edition : Rivages

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 24 aout 2016

     

    Prix moyen : 24€

     

    Mon avis : Quand on voit dans quel état me met une petite bronchite de rien du tout (et la facilité avec laquelle je chose ce genre de saleté), autant le dire, dans Station Eleven, j’aurais fait partie des premières victimes.
    L’histoire commence avec la mort sur scène d’un acteur, Arthur Leander, d’une crise cardiaque. Moins de 24h plus tard, une souche mutante de la grippe porcine, appelée grippe de Géorgie (le pays, pas l’état des USA), se propage sur le monde et décime 99% de la population.
    Vingt ans plus tard, on voit comment les survivants se sont organisés au travers d’un groupe de musiciens et d’acteurs qui se font appeler la symphonie itinérante et qui se déplacent de communautés en communauté en jouant du Shakespeare.
    Souvent bien accueillis, ils se trouvent parfois face à des groupes plus hostiles, comme une communauté à la tête de laquelle se trouve un mystérieux prophète qui fonctionne un peu comme les mormons au temps de la polygamie.
    Au fil du roman, on balance entre le passé d’Arthur Leander, le moment où l’épidémie se déclenche, et les vingt années qui suivent.
    Alors qu’il meurt plusieurs heures avant que l’épidémie se déclare, Arthur Leander devient le pivot de l’histoire, la majorité des personnages ayant eu un lien (amical, familial, professionnel) avec lui.
    Même si l’identité du prophète est supposé rester mystérieuse jusqu’à la fin, j’ai très vite deviné son identité. En cherchant les connexions possibles, ce n’était pas très compliqué.
    Ce que j’ai aimé dans ce livre, c’est qu’il est réaliste. Ici pas de zombies, pas de complots, juste une épidémie foudroyante et des survivants qui tentent de survivre dans un monde en ruine.
    A un moment, un des personnages pose une question très juste : « faut-il continuer à parler de l’ancien monde aux enfants ? » Au risque de les perturber ? Leur dire qu’avant il y avait l’eau courante, le chauffage, des réfrigérateurs, des fours, des supermarchés ? Qu’on ne mourrait pas parce qu’on avait marché sur un clou ? Ne vaut-il pas mieux reconstruire une société en oubliant l’ancienne ?
    Dans le cas de certains personnages, on se demande longtemps ce qu’ils sont devenus car ils semblent avoir été oubliés mais ce n’est qu’une impression : l’auteur parlera de chacun des personnages en temps et en heure.
    Sans être un coup de cœur, ce roman est un très bon roman post apocalyptique et j’ai passé un bon moment de lecture.

    Un extrait : Liste non exhaustive :

    Plus de plongeons dans des piscines d’eau chlorée éclairées en vert par en dessous. Plus de matchs de base-ball disputés à la lumière des projecteurs. Plus de luminaires extérieurs, sur les vérandas, attirant des papillons de nuit les soirs d’été. Plus de trains filant à toute allure sous la surface des métropoles, mus par la puissance impressionnante du troisième rail. Plus de villes. Plus de films, sauf rarement, sauf avec un générateur noyant la moitié des dialogues – et encore, seulement les tout premiers temps, jusqu’à ce que le fuel pour les générateurs s’épuise, parce que l’essence pour voitures s’évente au bout de deux ou trois ans. Le carburant d’aviation dure plus longtemps, mais c’était difficile de s’en procurer.

    Plus d’écrans qui brillent dans la semi-obscurité lorsque des spectateurs lèvent leurs portables au-dessus de la foule pour photographier des groupes en concert. Plus de scènes éclairées par des halogènes couleur bonbon, plus d’électro, de punk, de guitares électriques.

    Plus de produits pharmaceutiques. Plus aucune garantie de survivre à une égratignure à la main, à une morsure de chien, à une coupure qu’on s’est faite au doigt en éminçant des légumes pour le dîner.

    Plus de transports aériens. Plus de villes entrevues du ciel à travers les hublots, scintillement de lumières ; plus moyen d’imaginer, neuf mille mètres plus bas, les vies éclairées en cet instant par lesdites lumières. Plus d’avions, plus d’hôtesses vous priant de bloquer votre tablette en position relevée – non, ce n’était pas vrai : il y avait encore des avions, çà et là, cloués au sol sur des pistes d’envol et dans des hangars. La neige s’amoncelait sur leurs ailes. Les mois d’hiver, ils faisaient d’excellents garde-manger. En été, les appareils immobilisés à proximité de vergers étaient remplis de cageots de fruits qui se déshydrataient à la chaleur. Des adolescents s’y faufilaient pour faire l’amour. Des traînées de rouille zébraient les carlingues.

    Plus de pays, les frontières n’étant pas gardées.

    Plus de pompiers, plus de police. Plus d’entretien des routes ni de collecte des ordures. Plus de navettes spatiales décollant de Cap Canaveral, du cosmodrome de Baïkonour, de Vandenberg, de Plessetsk, de Tanegashima, traçant dans l’atmosphère des sillons incandescents.

    Plus d’internet. Plus de réseaux sociaux, plus moyen de faire défiler sur l’écran des litanies de rêves, d’espoirs fiévreux, des photos de déjeuners, des appels à l’aide, des expressions de satisfaction, des mises à jour sur le statut des relations amoureuses grâce à des icônes en forme de cœur – brisé ou intact –, des projets de rendez-vous, des supplications, des plaintes, des désirs, des photos de bébés déguisés en ours ou en poivrons pour Halloween. Plus moyen de lire ni de commenter les récits de la vie d’autrui et de se sentir ainsi un peu moins seul chez soi. Plus d’avatars.

     

  • C'est lundi que lisez vous? #91

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog de Galleane.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Et vous, que lisez vous?

     

     

  • [Livre] La cuisinière

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    Résumé : Immigrée irlandaise courageuse et obstinée arrivée seule à New York à la fin du XIXe siècle, Mary Mallon travaille comme lingère avant de se découvrir un talent caché pour la cuisine. Malheureusement, dans toutes les maisons bourgeoises où elle est employée, les gens contractent la typhoïde, et certains en meurent. Mary, de son côté, ne présente aucun symptôme de la maladie. Au contraire, sa robustesse est presque indécente. Des médecins finissent par s'intéresser à son cas, mais la cuisinière déteste qu'on l'observe comme une bête curieuse et refuse de coopérer. Pourquoi la traite-t-on comme une malade alors qu'elle est en parfaite santé ? Les autorités sanitaires, qui la considèrent comme dangereuse décident de l'envoyer en quarantaine sur une île au large de Manhattan. Commence alors pour Mary Mallon, femme indépendante, un combat à armes inégales pour sa liberté...

     

    Auteur : Mary Beth Keane

     

    Edition : Presse de la cité

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 06 février 2014

     

    Prix moyen : 22,50€

     

    Mon avis : Mary Beth Keane retrace le combat pour sa liberté de Mary Mallon, que les médias de l’époque ont surnommée Mary Typhoïde, et qui a été un des premiers porteurs sains répertoriés par les autorités sanitaires.
    D’un côté, on ressent une certaine empathie pour Mary. Celle-ci, arrivée d’Irlande, commence comme blanchisseuse avant de réussir à décrocher un poste de cuisinière. Financièrement indépendante, elle vit en union libre avec Albert, un homme au départ travailleur mais qui se révèle très vite alcoolique et versatile. Si un travail ne lui plait pas, il cesse tout bonnement de s’y rendre, laissant à Mary le soin de faire vivre le ménage.
    Quand Mary est arrêtée par les autorités sanitaires, quasiment sans sommation, et exilée sur une ile au large de Manhattan, où elle subi examens médicaux et brimades pour la forcer à « coopérer » (interdiction d’envoyer des lettres à ses amis, de recevoir de la visite…), elle est très vite persuadée que tout ceci n’est en fait dû qu’à son indépendance qui dérange.
    Son cas pose problème autant aux autorités sanitaires qui ne savent pas bien comment gérer un cas aussi inédit, qu’à Mary qui n’accepte pas l’idée qu’elle puisse transmettre la fièvre typhoïde alors qu’elle n’a jamais été malade de sa vie, en passant par la population qui ne comprend pas cette notion de porteur sain.
    Malgré tout, l’empathie qu’on ressent pour Mary, dû essentiellement à l’antipathie qu’inspire Soper, un contrôler sanitaire, qui n’a pas pour habitude d’être en contact avec les patients et traite donc Mary comme un cobaye, est mise à mal du fait de l’attitude butée de Mary.
    Malgré les explications qu’on peut lui apporter, elle se contente de répéter qu’elle n’a jamais été malade et que donc elle est victime de persécutions.
    Pire, quand un juge décide sa remise en liberté à la seule condition qu’elle cesse de cuisiner pour d’autres, car c’est ainsi qu’elle transmet la maladie, elle va promettre puis passer outre, allant jusqu’à changer son nom pour continuer à cuisiner malgré le nombre de malades qui ne cesse d’augmenter autour d’elle.
    Si je veux bien admettre que Mary ne savait pas le danger qu’elle représentait quand elle a transmis la maladie aux première victimes, sa volonté de dissimuler son activité de cuisinière, de chercher des arguments comme dire que la boulangerie n’est pas de la cuisine, démontre qu’elle était parfaitement consciente de sa condition de porteur sain après sa mise en quarantaine et qu’elle a décidé de refuser de la reconnaître, peut importe le nombre de personnes qui aura à en pâtir.
    On se demande vraiment comment tout ça va finir, mais je continue a être persuadé que si un autre médecin que Soper avait pris l’affaire en main, était venu voir Mary pour lui parler, lui expliquer, au lieu de la traiter comme une criminelle et une cobaye, cela aurait tout changé.

    Un extrait : Mary ne fut pas arrêtée immédiatement. Il y eut des avertissements. Des requêtes. Tout commença sur un mode courtois, comme si le Dr Soper croyait qu’en se contentant de lui signaler le danger tapi à l’intérieur de son corps elle se retirerait d’elle-même de la société. Et ensuite, lorsque ses confrères et lui eurent recours à des procédés beaucoup moins aimables, ils affirmèrent qu’elle avait eu le tort de brandir un couteau au lieu d’écouter et d’obéir.

    Par un froid matin de mars 1907, les services sanitaires, en coordination avec la police new-yorkaise, décidèrent que Mary Mallon devait être arrêtée. Le Dr Soper suggéra qu’elle se rendrait probablement plus aisément à une femme et envoya une jeune médecin du nom de Josephine Baker sonner à la porte de la résidence des Bowen – les employeurs de Mary –, encadrée de quatre officiers de police. Loin d’eux d’imaginer que la vue d’un tel aréopage pousserait ses amis à mentir pour la protéger, à la cacher, à insister sur le fait qu’il y avait erreur sur la personne recherchée. Lorsque les autorités la trouvèrent finalement, elle ne se soumit pas, et les policiers durent se saisir d’elle, chacun par un membre, et la porter jusqu’à leur véhicule à travers la cour enneigée, sous le regard des autres domestiques. Une fois à l’intérieur, elle se mit à gigoter et à donner des coups de pied, jusqu’à ce que les représentants des forces de l’ordre la bloquent entre leurs corps robustes et la contiennent autant qu’ils le pouvaient. Le Dr Baker s’assit sur ses genoux : « Je vous en prie, mademoiselle Mallon », répéta-t-elle, encore et encore, avant de passer à « Je vous en prie, Mary ».

    Mary pensa qu’ils l’emmenaient au commissariat de la 67e Rue Est, donc, lorsque la voiture de police continua en direction du sud-est, suivant la même route que celle qu’elle prenait de chez les Bowen pour regagner le logement qu’elle partageait avec Alfred sur la 33e Rue Est, elle espéra pendant un moment qu’ils la déposeraient peut-être chez elle. Ils étaient venus pour lui donner une leçon, pensa-t-elle, et ils allaient lui rendre sa liberté. Lorsque le cocher bifurqua vers l’est à la hauteur de la 42e Rue, elle aperçut des plaques de rues à travers la petite vitre à barreaux et vit qu’il prenait la direction du sud le long de la Troisième Avenue jusqu’à la 16e Rue, puis à nouveau vers l’est, et cela avec une telle précipitation qu’elle pouvait sentir la crinière des chevaux se secouer en rythme. Le véhicule s’arrêta juste avant le fleuve, devant l’entrée principale d’un édifice inconnu, au bout d’un bloc d’immeubles si paumé qu’un premier mouvement de panique la traversa alors : personne de sa connaissance n’aurait jamais l’idée de venir la chercher dans un endroit pareil !

    Le Dr Soper l’attendait à l’entrée de l’hôpital Willard Parker, mais au lieu de s’adresser à elle, il fit un signe de la tête aux deux policiers qui la tenaient par les coudes. Arrivés au sixième étage, ils lui firent traverser au pas de course le couloir menant au Pavillon de la Typhoïde, où d’autres médecins attendaient dans une pièce meublée d’une table en acajou brillante. Un de ses gardes lui indiqua son siège, et avant qu’elle ait eu le temps de parcourir la pièce du regard, le Dr Soper lui déclara, ainsi qu’aux autres présents, que la théorie la plus récente concernant la typhoïde avait un rapport avec les germes et les bactéries, et que, même si elle avait l’air en parfaite santé, il avait de bonnes raisons de penser qu’à ce moment précis elle était en train de fabriquer des bacilles de la typhoïde à l’intérieur de son corps et de transmettre la maladie à des victimes innocentes. Il l’accusa d’avoir contaminé vingt-trois personnes et d’être la cause d’au moins trois décès.

    — Et il ne s’agit que des cas dont nous avons été informés, précisa-t-il. Qui sait combien d’autres nous découvrirons, lorsque nous pourrons enquêter sur la totalité des emplois passés de Mlle Mallon ?

    Devant cinq autres hommes et le Dr Baker, le Dr Soper se tourna enfin vers celle qui était la source de tout ce malheur, comme s’il attendait un commentaire de sa part. Mary eut l’impression que son esprit l’avait désertée pour de bon et qu’elle était en train de devenir folle.

     

  • Le tiercé du samedi #89

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Les trois livres (ou série) que vous avez adoré mais dont la fin vous a le plus déçue.

     

    Alors pour ma part, le trio gagnant est:

     

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    L'écorchée

     

     

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    Je le mets en coupe de bronze parce que je ne suis pas déçue par la fin en elle-même. Mais à la toute fin, après la résolution de l'enquête, il y a un élément qui fait qu'on nous laisse là, pantelants, à nous demander comment c'est possible.
    Et l'auteur nous laisse comme ça! Il n'a jamais écrit de suite et on ne sait pas s'il le fera un jour. Du coup, on reste un peu sur sa faim, ce qui est hyper frustrant!

     

     

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    Phobos

     

     

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    Alors ici, je suis partagée. Si le tome 3 est effectivement la fin, alors dans ce cas, je la trouve très décevante. Elle ne répond pas à la moitié de nos questions et est un peu facile.
    Mais plusieurs internautes, sans toutefois citer leurs sources, disent que Victor Dixen a annoncé la sortie d'un tome 4 pour la fin de l'année. S'il y a bien un autre tome à venir, la fin du trois de décevante devient frustrante avec hâte de lire la suite.
    Pour l'instant je n'ai trouvé nulle part de confirmation ce tome 4. Affaire à suivre

     

     

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    Autant en emporte le vent

     

     

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    Cette fin! Non mais cette fin!! L'auteur aurait du être pendue en place publique!
    Bon depuis, l'excellente Alexandra Ripley a écrit un roman "Scarlett" qui suis immédiatement "Autant en emporte le vent" et qui nous offre une fin plus acceptable. Mais pendant des décennies, il n'y a eu que cette fin là, cette fin horriblement frustrante qui donne envie de se jeter dans le bouquin pour essayer de rattraper le coup!



    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Les trois livres dont un personnage secondaire mériterait qu’on lui écrive son propre tome, voire sa propre série…

    Et n'hésitez pas à laissez en commentaire le lien vers votre propre tiercé du samedi!

     

  • [Livre] La sirène

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    Résumé : Une fille au lourd secret.

    Le garçon de ses rêves.

    Un océan les sépare.

     

    Kahlen est une Sirène, vouée à servir son maître l'Océan en poussant les humains à la noyade. Son arme ? Une voix fatale pour qui a le malheur de l'entendre... et qui l'oblige à se faire passer pour muette lorsqu'elle séjourne sur la terre ferme.

    Akinli, lui, est un séduisant jeune homme, qui incarne tout ce dont Kahlen a toujours rêvé.

    Alors que leur amour naissant leur fait courir un grave danger, Kahlen est-elle prête à tout risquer pour Akinli ?

     

    Auteur : Kiera Cass

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 22 septembre 2016

     

    Prix moyen : 17,90€

     

    Mon avis : Même s’il n’est publié que cette année, « La sirène » a été écrit avant la sélection. Comme quoi quand une série marche bien, les manuscrits qui n’intéressaient pas les éditeurs deviennent subitement dignes d’intérêt. Et heureusement pour nous parce que ça aurait été dommage de passer à côté de cette histoire.
    Une grande place est laissé à l’imagination car, bien que l’auteur nous donne les grandes lignes du monde des sirènes, de leurs obligations etc… elle ne nous indique que le minimum et à dose homéopathique. Ainsi, à plus de la moitié du livre, on apprend encore un détail sur les obligations et devoirs des sirènes ainsi que sur ce qui compose leur vie.
    Il y a des tas de choses qu’on ignore, comme où les sirènes trouvent l’argent pour se loger, leurs achats etc...
    La romance entre Kahlen et Akinli est présente mais assez peu au final, car si on regarde bien ils ne passent que très peu de temps ensemble, mais cela renforce le côté « âme sœur ».
    Les personnages ne sont pas très fouillés et leur psychologie est tout juste abordée. J’aurais aimé en savoir plus sur eux, qu’ils aient plus de consistances. Le côté : on oublie tout de notre vie d’avant, m’a semblé être un raccourci pour ne pas avoir à créer un vrai passé aux sirènes.
    Kahlen n’est pas une héroïne pleine d’entrain et déterminée, elle serait plutôt effacée et dépressive, sa condition de sirène comportant une clause qu’elle n’arrive pas à supporter, même après 80 ans de services.
    L’Océan est encore plus difficile à cerner que les autres : tout à tour aimante et colérique, elle tient en piètre estime les humains et se montre exagérément possessive envers ses « esclaves ». Mais d’un autre côté, elle a un lourd fardeau à porter : la sauvegarde du monde. Elle n’a de vraies interactions qu’avec ses sirènes qui, pour la plupart, la considère comme leur maitresse et non comme une mère ou une amie. Sa compréhension de l’amour est donc très limitée, même si elle parle de son amour pour ses « filles » à tout bout de champ.

    J’ai trouvé dommage que le résumé laisse penser qu’il y avait une grande romance et qu’on allait parler que de ça dans le roman alors que cette dernière n’est qu’un fil conducteur permettant de mettre en avant les bouleversements que connait cette petite « fratrie ».
    Malgré ses quelques défauts, j’ai beaucoup apprécié ce roman qui se lit très vite.

    Un extrait : Pourquoi ? » veut-elle savoir, le visage bouffi par l’eau de mer.

    Je lève les mains pour lui faire comprendre que je représente un danger pour elle, qu’elle ne doit pas s’approcher. Mais elle n’a pas peur de moi. Elle veut se venger. À n’importe quel prix.

    « Pourquoi ? » répète-t-elle. Des algues enroulées autour de sa jambe traînent derrière elle.

    La phrase franchit mes lèvres avant que je me souvienne que ma voix est un instrument de mort. « Je ne pouvais pas agir autrement. »

    Surprise : elle avance toujours à pas résolus. La fin est proche. Je vais payer pour toutes les horreurs que j’ai commises.

    « J’avais trois enfants.

    — Je n’en savais rien ! Je vous le jure, je n’en savais rien du tout ! »

    Elle s’arrête enfin, son visage à quelques centimètres du mien. Je m’attends à recevoir une grêle de coups, ou à être étranglée – le châtiment que je mérite. Mais la femme – la noyée – reste plantée là, immobile, la tête inclinée comme pour me jauger, les yeux exorbités, le teint couleur de plomb.

    Alors elle se rue sur moi.

    Je me réveille en agitant les bras.

    Un cauchemar. J’ai fait un cauchemar. Je pose une main sur ma poitrine, afin de contenir mon cœur qui galope, et mes doigts entrent en contact avec le carnet. Je le prends et j’étudie les pages sur lesquelles sont collées des coupures de journaux. Cela m’apprendra à travailler dessus avant d’aller me coucher.

    Je me suis endormie après avoir apporté la dernière touche à la page consacrée à Kerry Straus. L’une des personnes qui ont trouvé la mort lors du naufrage le plus récent. Plus que deux passagers et j’aurai récolté des informations sur chacun. L’Arcatia sera peut-être le premier paquebot dont j’aurai identifié toutes les victimes.

    Je m’attarde un instant sur le regard pétillant de malice de Kerry telle qu’on la voit sur une photo empruntée au site Internet qui honore sa mémoire. On sent que c’est un travail d’amateur sûrement dû à un mari éploré qui, entre trois enfants privés de mère qui ne peuvent pas se nourrir éternellement de spaghettis et le train-train abrutissant du travail, a déjà fort à faire. Kerry semblait porter en elle une promesse, un idéal qui irradie d’elle sur le cliché.

    Ce qu’elle avait en elle, je l’ai donné en pâture à l’Océan.

    « Au moins, toi, tu avais une famille, dis-je à la photo. Ta mort n’est pas passée inaperçue. »

    Si seulement je pouvais lui expliquer qu’une vie tronquée vaut mieux qu’une vie qui traîne en longueur. Je referme le carnet de l’Arcatia et je le range dans la malle avec les autres – un carnet par naufrage. Les gens capables de comprendre ce qui se passe dans ma tête se comptent sur les doigts d’une main, et je me sens parfois bien seule.

    Je me rends ensuite au salon, où Elizabeth et Miaka sont en pleine conversation. Elles parlent trop fort à mon goût.

    « Kahlen ! Miaka vient d’avoir une nouvelle idée pour son avenir », s’exclame Elizabeth.

    Discrètement, je vais vérifier que les fenêtres sont bien fermées. Elles savent qu’il faut éviter à tout prix d’être entendues mais elles ne sont pas aussi prudentes que moi.

    Je vais m’asseoir dans un coin de la pièce. Mince comme un roseau, les cheveux noir de jais, Miaka est la joie personnifiée. Elle a gagné mon affection dès notre première rencontre.

    « Raconte-moi.

    — Je me suis dit que je pouvais acheter une galerie d’art, annonce-t-elle avec un grand sourire.

    — Vraiment ? Tu vendrais des tableaux au lieu de peindre, alors ?

    — À mon avis, jamais tu n’abandonneras tes pinceaux, intervient Elizabeth.

    — Tu as trop de talent, Miaka.

    — Diriger quelque chose, ça doit être amusant, vous ne trouvez pas ?

    — Si. Avoir son affaire à soi, c’est un concept terriblement séduisant.

    — Exactement ce que je me dis ! s’exclame Miaka en pianotant sur son téléphone. Être responsable, indépendante. C’est ce qui nous manque dans notre vie, alors l’idée, ce serait d’en profiter plus tard. »

    Je m’apprête à contredire Miaka – nous avons énormément de responsabilités, au contraire de ce qu’elle semble penser –, mais Elizabeth me prend de vitesse.

    « J’ai eu une nouvelle idée, moi aussi ! J’en suis arrivée à la conclusion que j’aime vraiment chanter. Je crois que j’aimerais utiliser ma voix d’une façon différente.

    — Tu ferais merveille comme chanteuse dans un groupe.

    — C’est justement la carrière à laquelle je pensais ! » piaille Elizabeth.

    J’observe mes camarades, fascinée par le fait que trois personnes aussi opposées que nous, nées à des époques et dans des milieux différents, s’entendent aussi bien. Même Aisling, lorsqu’elle décide de s’arracher à la solitude qu’elle s’impose à elle-même et de séjourner quelque temps avec nous, trouve naturellement sa place, comme la pièce manquante d’un puzzle.

    « Et toi, Kahlen ?

    — Pardon ?

    — Il y a des rêves que tu voudrais réaliser ? »

    Nous avons joué à ce jeu des centaines de fois, c’est un moyen de garder le moral. J’avais envisagé de devenir médecin, afin de me faire pardonner toutes les vies que j’ai fauchées. Danseuse, en vue d’exploiter tout le potentiel de mon corps. Écrivain, pour m’exprimer autrement que par ma voix. Astronaute, pour mettre la plus grande distance possible entre l’Océan et moi. J’avais épuisé à peu près toutes les possibilités.

    Mais, en toute franchise, je sais que je n’ai qu’un rêve dans ma vie et rien que d’y songer me fait souffrir.

    Je scrute le livre d’histoire posé près de mon fauteuil préféré – le livre que j’avais eu l’intention de rapporter dans ma chambre hier soir et dans lequel j’ai caché un magazine consacré au mariage – et j’accompagne mon sourire d’un haussement d’épaules.

    « Oh, rien de nouveau à signaler. »

     

  • [Livre] Need

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    Résumé : Les adolescents du lycée de Nottawa se réunissent tous sur NEED, un nouveau réseau social qui leur promet de répondre à leurs besoins sous couvert d’un total anonymat, quels que soient ces besoins… et quelles qu’en soient les conséquences. Car, c’est bien connu, on n’a rien sans rien. Et si au départ la contrepartie semble dérisoire, il y a bientôt des morts dans la petite communauté…

     

    Auteur : Joelle Charbonneau

     

    Edition : Milan

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 19 octobre 2016

     

    Prix moyen : 14,90€

     

    Mon avis : Quand j’ai lu le résumé, j’ai hésité. J’ai trouvé que ça ressemblait vraiment à Addict de Jeanne Ryan. Et puis bon, comme j’ai lu addict il y a un certain temps et que je n’ai pas encore vu l’adaptation ciné, je me suis dit que ce n’était pas grave, que je ne me souviendrais pas assez des détails pour qu’une certaine similitude me gêne.
    Le début ressemble effectivement à Addict avec le réseau qui offre des récompenses en échange de défis, très simple au départ, comme inviter d’autres personnes à s’inscrire. Cependant, la situation des deux héroïnes, Vee et Kaylee est très différente.
    Dans Addict, Vee souffre d’une certaine forme de dépression, elle étouffe, a besoin de se sentir vivante. Dans Nedd, Kaylee a dû murir plus vite qu’elle n’aurait dû. Elle s’inquiète pour son petit frère, malade, qui a besoin d’une greffe de rein, elle souffre du départ brutal et sans explication de son père et du manque d’intérêt et d’amour, couplée à ce qui ressemble à une rancœur tenace de la part de sa mère.
    Mais très vite le ton change. Menaces, chantages, le ou les dirigeants du site ne recule(nt) devant rien pour obliger les élèves du lycée à rester dans le jeu et à relever les défis proposés (pour ne pas dire imposés).

    Très vite, la grande question qui se pose est : qui est aux commandes? Qui a intérêt à faire ça?

    Même si l’histoire de Kaylee est la principale, on va suivre un grand nombre de ses camarades. Au début, j’ai eu du mal à suivre autant de voix différentes, mais très vite chacune de leur action à des conséquences sur les autres, et leurs vies deviennent si imbriquées qu'il serait impossible d'en enlever un sans avoir méticuleusement préparé cette disparition.

    Il est aussi intéressant de voir qui n’a pas conscience que Need n’est pas qu’un jeu, qui a des remords, qui a une conscience, qui ne voit là qu’un moyen d’obtenir ce qu’il veut quelqu’en soit les conséquences, qui aimerait tout arrêter…


    Au niveau des personnages, j’ai beaucoup aimé Kaylee parce que, entre autre, elle ne se laisse pas faire. Peu importe que ses camarades la mette à l’écart et se montre clairement cruels avec elle, peu importe que sa mère lui en veuille, elle fait tout ce qu’elle peut, même si au début elle a conscience qu’elle est allée trop loin, pour sauver son frère. Et elle fait pareil avec Need. Elle refuse de se laisser impressionner par leurs menaces, même si elle se rend vite compte qu'ils ne font pas de menaces en l'air et que les défis qu'ils lancent n'ont rien d'inoffensif.
    En revanche, même si je comprends l’urgence de la situation de son frère, et la frustration de Kaylee, elle doit de son côté comprendre que donner un rein ce n'est pas rien et qu'elle ne peut forcer personne à le faire, que ce n’est pas comme refuser de donner un peu de sang. Il s’agit de sacrifier un organe en sachant que si un jour son rein restant a un problème, on n’en aura plus de second pour prendre le relai.

    La mère de kaylee, elle, en revanche, est vraiment odieuse. On est pas seulement sur un parent célibataire qui néglige, sans vraiment s’en rendre compte, sa fille parce qu’elle est toute dévouée à son fils malade. Là, il y a un véritable rejet de Kaylee. Autant je peux comprendre qu'avoir un enfant mourant soit horrible mais en aucun cas ça ne justifie l'attitude inqualifiable qu'elle a envers kaylee. La détruire psychologiquement n'aidera pas son fils et kaylee n'y est pour rien si ni elle ni sa mère ne sont compatibles.
    Du coup je me suis dit qu’il devait y avoir autre chose, et, devant la haine qu’elle montre à sa fille à chaque fois que celle-ci essaie de retrouver son père, couplée à la violence de la réponse d’un ami dudit père qui croyait s’adresser à la mère mais répond en fait à Kaylee, je me demande si DJ, le petit frère est vraiment le fils de son mari ou si elle a eu un amant et refuse de le chercher parce qu’elle sait qu’il y a peu de chance qu’il soit compatible.

     

    Concernant le responsable de Need, j’avais deux suspects, avec un mobile pour chacun.
    J’ai été assez contente car l’un de mes suspects n’était pas le responsable de Need, mais j’avais vu juste sur ce qui aurait pu servir de point de départ à une motivation.
    Mon second suspect était bien le coupable, mais je n’avais vu juste quant à ses motivations qu’en partie.

     

    Une partie de la fin était prévisible, mais je n’étais pas sûre de qui nous donnerait cette fin. En revanche l’autre partie l’était beaucoup moins et la dernière page du livre fait vraiment froid dans le dos.

    Un extrait : DÉSIR : ENVIE DE POSSÉDER UN OBJET OU DE RÉALISER UN RÊVE.

    BESOIN : NÉCESSITÉ DE DÉTENIR QUELQUE CHOSE OU D’ACCOMPLIR UN ACTE ESSENTIEL À VOTRE VIE.

    DE QUOI AVEZ-VOUS BESOIN ?

    – Regarde, Kaylee, c’est juste génial.

    Assis à ma chaise de bureau, Nate sourit de toutes ses dents. Ou plutôt de toutes ses bagues qu’il va enfin se faire enlever la semaine prochaine. D’après lui, un garçon de seize ans ne devrait jamais avoir à draguer une fille avec une armure métallique dans la bouche et il est allé jusqu’à supplier pour essayer de s’en débarrasser plus tôt. Le dentiste et son père lui ont toujours opposé un refus catégorique.

    Personnellement, je trouve que son appareil dentaire le rend un peu moins parfait. Et c’est tant mieux. Il lui faut un défaut. Plusieurs même. Le truc, c’est que, des défauts, j’en ai largement assez pour nous deux.

    Aux yeux de tout le monde, nous sommes l’opposé l’un de l’autre. Alors que je suis considérée comme la fille qui passe son temps à faire des histoires pour attirer l’attention sur elle, il est le garçon cool et calme que tout le monde apprécie.

    Pourtant, nous nous accordons à la perfection.

    Je regarde l’écran par-dessus son épaule.

    – Ton frère aurait eu un nouveau téléphone grâce à ce site ?

    Le frère aîné de Nate a cassé trois portables en trois mois. Leur mère a remplacé les deux premiers en prévenant à chaque fois que ce serait la dernière. Personne n’y a cru, évidemment : les parents de Jack lui passent toujours tout. Pourtant, au dernier accident, son père a tenu bon. Même à Noël. Pas de nouveau téléphone avant le bulletin du premier semestre. Jack devait prouver qu’il était capable d’obtenir des bonnes notes dans une autre matière que le sport. À mon avis, aucune chance que ça arrive. En tant que capitaine de l’équipe de foot, Jack est le type le plus populaire du lycée, mais ce n’est vraiment pas une lumière.

    – Quand mon père a vu son nouveau téléphone, il était furieux. Il a cru que c’était un coup de ma mère et il a hurlé qu’il en avait assez qu’elle sape son autorité. Il est parti en claquant la porte avant qu’elle ait eu le temps de se défendre.

    J’enlève mes lunettes et je me frotte les yeux.

    – Peut-être que c’était elle.

    Ce ne serait pas la première fois qu’elle cède aux caprices de son fils chéri. Chez les Weakley, Jack n’a jamais tort. Ça doit être cool. Pour Jack, je veux dire.

    Nate secoue la tête.

    – C’est ce que j’ai pensé moi aussi, et puis j’ai surpris une conversation entre Jack et un de ses copains. Pour avoir ce téléphone, il lui a suffi d’inviter cinq personnes à s’inscrire sur le site.

    – C’est impossible.

    Le monde ne fonctionne pas comme ça. En tout cas, pas le mien.

    – On a dû lui demander un numéro de carte de crédit.

    – Non, je ne crois pas.

    Nate regarde de nouveau l’écran.

    – Mon frère n’a pas assez d’imagination pour inventer une histoire pareille. Et il n’est pas le seul à avoir reçu des cadeaux.

    Il clique pour faire apparaître un nouveau message. Normalement, sans mes lunettes, je ne vois rien, mais là, les lettres sont immenses et rouges dans un cadre noir.

    MEMBRES ACTIFS : 48

    DEMANDES EN COURS : 43

    DEMANDES SATISFAITES : 7

    – Alors, je demande quoi ?

    Nate me regarde avec un grand sourire niais.

    – Un nouveau vélo ? Un ordinateur ?

    Je hausse les épaules.

    – Tu n’en as pas besoin.

    – Et alors ? Jack n’avait pas non plus besoin d’un téléphone.

    – C’est vrai, mais…

    Mais quoi ? Je ne sais pas. Quelque chose me dérange dans cette histoire. À moins que ce soit la formulation de la question.

    De quoi avez-vous besoin ?

     

  • [Livre] Les nouvelles de Poudlard

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    Résumé : Poudlard le guide pas complet et pas fiable du tout reprendra les textes de Pottermore consacrés à la célèbre école des sorciers, sans apporter de nouveau contenu. Pour tout savoir sur les fantômes, le Poudlard Express, le Choixpeau ou les cours de potions, c'est celui-là qu'il vous faut.
    Pour les férus d'histoires sombres et de mystères non résolus, Pouvoir, Politique et Esprits frappeurs Enquiquinants nous ouvrira les secrets des coulisses du monde magique du Ministère de la Magie à la terrible prison pour sorciers d'Azkaban. Il promet aussi de faire la lumière sur le personnage de Dolores Ombrage et la rencontre du professeur Horace Slughorn avec Tom Jedusor, futur Seigneur des ténèbres.
    Enfin, Héroïsme, Tribulations et Passe-temps Dangereux révélera aux amateurs des détails méconnus sur certains personnages de la saga.

     

    Auteur : J.K. Rowling

     

    Edition : Pottermore

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 06 septembre 2016

     

    Prix moyen : 2,99€

     

    Mon avis : Quand JK Rowling a créé l'univers de Harry Potter, comme nombre d'auteurs, elle s'est penchée sur ses personnages et les diverses institutions de son univers, créant pour certains de véritables biographies dont elle n'a finalement pas utilisé le 1/10e dans les romans.
    Dans ces petites nouvelles on va en apprendre un peu plus sur ces personnages et/ou ces lieux qu'on a adorés ou détestés (ou adorés détester).


    Dans Poudlard, le guide pas complet et pas fiable du tout, on nous dit tout, ou presque, sur le célèbre château et ses « accessoires » : comment s’y rendre ? Depuis quand le Poudlard express est-il en activité ? Que se passe-t-il lors de la répartition ? A quoi ressemble la salle commune des poufsouffles, la seule qu’on ne connait pas ? Et le lac, et la carte des maraudeurs ? On va également se pencher sur les cours et les « habitants » du château, qu’ils soient fantômes ou portraits. Enfin JK Rowling nous dévoilera quelques-uns des secrets de Poudlard.
    C’est le plus long et sans doute le plus fourni des recueils de nouvelles mais il faut dire que quand il s’agit de l’école, il y en a tant à dire !


    Dans Pouvoir, politique et esprit frappeur enquiquinant, après avoir fait un petit tour dans la vie de Dolores Ombrage et appris comment et qui l’a inspirée à JK Rowling (je crois que tout le monde se passerait volontiers de cet « honneur »), on peut lire la liste de tous les ministres de la magie depuis sa création ainsi que le plus important des faits ayant marqué leur mandat. Puis on se penche sur deux professeurs qui ont été très proches de Tome Jedusor, à des moments différents de la vie du sorcier, et qui l’on même aidé dans une certaine mesure, mais qui ne pourraient pas être plus éloignés de cœur et d’esprit. Enfin pour finir sur une note amusante, JK Rowling nous dit quelques mots sur l’insupportable Peeves.


    Dans héroïsme, tribulations et passe-temps dangereux, on en apprend plus sur Minerva Mcgonagall. On saura ainsi entre autre d'où elle tire son caractère intègre et inflexible, qu'elle a connu un grand chagrin d'amour et même qu'elle a été mariée. Étant mon professeur préféré j'ai été ravie de connaitre un peu plus sa vie avant Poudlard.
    Puis on se penche sur ce cher Remus. Si on apprend ci et là dans les tomes comment il a été mordu et comment s'est déroulée son entrée à Poudlard, ici on entre dans les détails et on apprend enfin ce qui a tant provoqué la colère de Greyback contre Lupin père et conduit à la lâche attaque d’un enfant de 4 ans.
    Suivent deux anecdotes sur le professeur Trelawney et le professeur Brûlepot. On en apprendra aussi plus sur les animagus, sur la condition des loups-garous et sur ces visionomeurs censé prédire l'avenir d'un enfant pour qu'on lui donne un prénom adéquat.

    Entre les nouvelles et les anecdotes, JK Rowling nous livre son cheminement de pensée : pourquoi tel personnage a porté ce nom plutôt qu’un autre, quelles légendes ont inspirées certains des objets ou des aventures de notre sorcier préféré.
    Même si on a là des recueils très court, on en apprend vraiment beaucoup sur les « coulisses » de Harry Potter, on donnerai presque vie aux personnages en dehors du rôle strict qu’ils jouent dans les romans, et rien que pour ça, la lecture vaut le coup !

    Un extrait : Remus Lupin est l’un de mes personnages préférés de toute la série Harry Potter. J’ai eu tellement de peine lorsqu’il m’a fallu le tuer que je ne peux m’empêcher de pleurer à nouveau en rédigeant ces lignes.

    La lycanthropie de Lupin (qui le transforme en loup-garou) est une métaphore pour toutes les maladies que l’on a tendance à stigmatiser, comme notamment le SIDA (VIH). Les maladies transmises par le sang semblent en effet générer toutes sortes de superstitions à travers le monde, sans doute à cause du tabou que l’on associe au sang lui-même. L’hystérie et les préjugés étant des choses que l’on rencontre aussi bien dans la communauté magique que chez les Moldus, le personnage de Lupin m’a donné l’opportunité d’examiner ces comportements.

    Le Patronus de Remus n’est jamais révélé dans les livres, même si c’est Lupin qui enseigne à Harry le sortilège rare et difficile qui permet d’en produire un. Son Patronus est en fait un loup. Pas un loup-garou, mais un simple loup, tout à fait ordinaire. Ce Patronus est approprié dans la mesure où les loups sont des animaux non agressifs qui vivent en famille. Bien sûr, Remus ne supportait pas la forme de son Patronus, car elle lui rappelait constamment sa condition de loup-garou. Comme tous les aspects d’un loup le dégoûtaient, il préférait souvent produire un faux Patronus, sans forme physique, surtout en présence d’autres personnes.