Lecture terminée le : 23 janvier 2020
Résumé : Vilipendée par les uns, sanctifiée par les autres, l'" Autrichienne " Marie-Antoinette est la reine la plus méconnue de l'histoire de France. Il fallut attendre Stefan Zweig, en 1933, pour que la passion cède à la vérité.
S'appuyant sur les archives de l'Empire autrichien et sur la correspondance du comte Axel de Fersen, qu'il fut le premier à pouvoir consulter intégralement, Stefan Zweig retrace avec sensibilité et rigueur l'évolution de la jeune princesse, trop tôt appelée au trône, que la faiblesse et l'impuissance temporaire de Louis XVI vont précipiter dans un tourbillon de distractions et de fêtes.
Dans ce contexte, la sombre affaire du collier, habilement exploitée par ses nombreux ennemis à la cour de France, va inexorablement éloigner Marie-Antoinette de son peuple.
Auteur : Stefan Zweig
Edition : Audiolib
Genre : Historique
Date de parution : 2011
Prix moyen : 21€
Mon avis : J’ai toujours eu du mal avec les livres audio.
Je n’arrive pas à entrer dans l’histoire, je ne sais pas si le fait que le lecteur essaie de changer de voix dans les dialogues n’énerve plus que quand il ne le fait pas.
Bref je ne suis pas fan.
Sauf dans quelques cas : les livres de développement personnel, les contes et légendes et les biographies historiques.
Dans ce cas précis, le livre est lu par Laurent Jacquet, qui a déjà fait du doublage et des voix off pour des documentaires TV. Dans un livre audio, la voix du lecteur est primordiale et Laurent Jacquet a vraiment une voix agréable.
Pour écrire la biographie de la reine, Stefan Zweig a délibérément écarté toute la correspondance de Marie-Antoinette qui prêtait à caution. On sait que de nombreux faux ont été créés, entre autre par le Baron Feuillet de Conches, un contemporain de la reine.
Aussi, par précaution, Stefan Zweig a refusé d’utilisait tous les documents dont l’authenticité était suspectes (et malgré tout ce qu’il a écarté, il nous fait quand même un livre de 500p).
J’ai apprécié que l’auteur ne prenne pas parti pour ou contre la reine. Il n’en fait ni une sainte, ni le démon qu’ont dépeint les révolutionnaires. Il montre ses failles, ses défauts, mais aussi ses qualités et son courage.
Il nous dépeint le roi comme un homme profondément bon et proche de sa famille, mais incapable de prendre des décisions. Il était faible et pesait le pour et le contre jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour agir.
On découvre aussi la mère de Marie-Antoinette, une femme profondément déçue par ses enfants, qui s’inquiète de ce que son fils fera de son pays quand elle ne sera plus là pour le contrôler et qui se demande quand sa fille deviendra enfin adulte. Cela se fera, mais elle ne sera plus là pour le voir.
On parle aussi beaucoup d’Axel de Fersen (Zweig fait partie de ceux persuadés qu’il était l’amant de la reine).
Il n’est pas tendre non plus avec les frères du roi, qu’il dépeint comme prêts à tout pour accéder au trône.
De même, il remet en question tout ce qui a été écrit sur le Dauphin. Il réfute la violence que tout le monde attribue au cordonnier Simon et pense que l’enfant s’est volontiers prêté aux « enseignements » de l’homme qui étaient sans doute plus amusants que la stricte éducation que lui dispensait sa mère.
Et même si cette dernière est pleine d’indulgence pour lui, elle est lucide sur son caractère (Comme on peut le constater dans une lettre qu’elle a écrite à l’attention de la gouvernante de ses enfants).
La biographie couvre toute la vie de la Reine, de la préparation de son mariage, alors qu’elle n’a que 11 ans à son exécution.
Le dernier chapitre fait un tour d’horizon des divers protagonistes en donnant quelques brèves informations. Il n’y a guère eu que Fersen pour s’émouvoir du sort de la Reine (la seule autre personne qui aurait pu avoir une réaction de tristesse, sa fille, a été maintenue dans l’ignorance de la mort de sa mère pendant longtemps) et c’est sans doute pour cela qu’il est celui sur lequel s’attarde le plus l’auteur.
Peu de renseignement sont donnés sur la fille de Marie-Antoinette, mais on peut le comprendre, elle n’avait que peu d’importante et son existence n’a pas pesé sur la destinée de ses parents.
On trouve quelques biographies sur elle, pas aussi bien documentées que celle de Marie-Antoinette mais suffisamment fournies pour satisfaire la curiosité.
Avec 18h d’écoute, j’ai fini ce livre en bien plus de temps qu’il ne m’en aurait fallu si je l’avais lu de manière traditionnelle mais il m’a tenu compagnie dans les transports et à la pause-déjeuner pendant un bout de temps.
Je n’ai plus qu’à trouver le prochain livre audio qui remplira cet office !
Un extrait : Pendant des siècles, sur d’innombrables champs de bataille allemands, italiens et flamands, les Habsbourgs et les Bourbons se sont disputé jusqu’à épuisement l’hégémonie de l’Europe. Enfin, les vieux rivaux reconnaissent que leur jalousie insatiable n’a fait que frayer la voie à d’autres maisons régnantes ; déjà, de l’île anglaise, un peuple hérétique tend la main vers l’empire du monde ; déjà la marche protestante de Brandebourg devient un puissant royaume ; déjà la Russie à demi païenne s’apprête à étendre sa sphère à l’infini : ne vaudrait-il pas mieux faire la paix, finissent par se demander – trop tard, comme toujours – les souverains et leurs diplomates, que de renouveler sans cesse le jeu fatal de la guerre, pour le grand profit de mécréants et de parvenus ? Choiseul, ministre de Louis XV, Kaunitz, conseiller de Marie-Thérèse, concluent une alliance ; et afin qu’elle s’avère durable et ne soit pas un simple temps d’arrêt entre deux guerres, ils proposent d’unir, par les liens du sang, la dynastie des Bourbons à celle des Habsbourgs. La maison de Habsbourg n’a jamais manqué de princesses à marier ; et en ce moment, précisément, elles sont nombreuses et de tous les âges. Les ministres envisagent d’abord d’unir Louis XV, bien qu’il soit grand-père, et en dépit de ses mœurs plus que douteuses, à une princesse habsbourgeoise ; mais le roi très chrétien se réfugie vivement du lit de la Pompadour dans celui de la du Barry. D’autre part, l’empereur Joseph, deux fois veuf, ne manifeste guère le désir de se laisser marier à l’une des trois filles de Louis XV qui ne sont plus toutes jeunes. Il reste donc une troisième combinaison, la plus naturelle, l’union du dauphin adolescent, petit-fils de Louis XV et futur héritier de la couronne de France, à une fille de Marie-Thérèse. En 1766, Marie-Antoinette, âgée alors de onze ans, peut déjà faire l’objet d’un projet sérieux ; le 24 mai de cette année-là, l’ambassadeur d’Autriche mande expressément à l’impératrice : « Le roi s’est expliqué de façon que votre majesté peut regarder le projet comme décidé et assuré. »