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Premières lignes #122

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Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.

Cette semaine, je vous présente La fille sous la glace de Robert Bryndza

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Andrea Douglas-Brown se hâtait dans l’avenue déserte et silencieuse dont les trottoirs brillaient sous la lune. Le cliquetis de ses talons hauts résonnait irrégulièrement, révélant qu’elle avait bu beaucoup, beaucoup de vodka. L’air de janvier était vif et mordait ses jambes nues. Dans leur sillage, Noël et le jour de l’an n’avaient laissé qu’un vide glacial et stérile. Les vitrines des magasins se succédaient, toutes plongées dans l’obscurité, à l’exception d’un débit de boissons crasseux qu’éclairait par intermittence un réverbère défaillant. Il y avait bien un Indien, assis à l’intérieur, penché sur l’écran lumineux de son ordinateur portable, mais il ne remarqua pas Andrea.

Elle était si galvanisée par la colère, si résolument pressée de laisser loin derrière elle le pub dont elle sortait, qu’elle n’avait pas cherché à savoir où elle allait. Et elle ne commença à se poser la question que lorsqu’elle constata que de grandes maisons en retrait du trottoir avaient remplacé les magasins. Le squelette d’un orme lançait ses branches vers un ciel sans étoiles.

Andrea fit une pause et s’appuya contre un mur pour reprendre son souffle. Le sang battait dans ses veines, et l’air glacé lui brûlait les poumons quand elle inspirait. En se retournant, elle vit qu’elle s’était beaucoup éloignée et qu’elle avait gravi la moitié de la colline. En dessous d’elle, la route descendait comme une coulée de mélasse à laquelle la lumière des lampes au sodium donnait une couleur orange. En bas, l’obscurité se refermait sur la gare.

Le silence et le froid l’oppressaient. L’haleine qui s’échappait d’entre ses lèvres formait un nuage de vapeur en entrant au contact de l’air, mais, à part ça, tout était figé. Elle coinça sa pochette rose sous son bras et, certaine qu’il n’y avait personne aux alentours, retroussa l’ourlet de sa minirobe et récupéra l’iPhone qu’elle avait glissé sous l’élastique de sa culotte. L’éclairage orangé de la rue fit paresseusement scintiller les cristaux Swarovski de la coque. L’écran indiquait qu’il n’y avait pas de réseau. Andrea pesta, remit l’iPhone en place, puis ouvrit la fermeture Éclair de sa pochette. Un autre iPhone, d’un modèle plus ancien et auquel il manquait des cristaux, était niché à l’intérieur. Sur celui-ci non plus il n’y avait pas de réseau. Andrea sentit monter la panique et regarda autour d’elle. Les maisons étaient à distance de la rue, cachées derrière des haies de haute taille et des portails en fer forgé. Si elle voulait capter un signal, il fallait qu’elle grimpe jusqu’au sommet de la colline. Et là, merde ! tant pis, elle appellerait le chauffeur de son père. À elle de trouver une explication pour justifier sa présence au sud de la Tamise… Elle boutonna sa petite veste de cuir, s’enveloppa de ses bras, et se mit en chemin tout en serrant son iPhone au creux de sa main comme s’il s’était agi d’un talisman.

C’est à ce moment-là que le moteur d’une voiture se fit entendre dans son dos. Elle se retourna. Les phares l’aveuglèrent, puis leur faisceau joua sur ses jambes nues, lui donnant l’impression d’être prise dans un piège. D’abord, elle espéra que c’était un taxi ; mais le toit de la voiture était trop bas ; et il n’y avait pas de signal jaune. Alors elle reprit sa marche. Le bruit du moteur monta en puissance ; bientôt, les phares la capturèrent, projetant un grand cercle de lumière sur le trottoir.

 

Alors, tentés?

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