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Romans contemporains - Page 8

  • [Livre] Le bonheur coté pile

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    Résumé : Ella est mariée à Joe, déjà père de deux enfants. A la mort de celui-ci, deux mauvaises surprises attendent la jeune femme : la trattoria familiale est en faillite, et la mère biologique des enfants resurgit.
    Pour Ella, hors de question de laisser "ses petits" à celle qui les a abandonnés. Mais pour revendiquer leur garde, un autre combat l'attend : sauver son unique source de revenus, cette épicerie italienne qui, depuis des générations, fait la fierté de la famille de Joe. Sa solution : révolutionner les traditions... et pour commencer, tout réinventer !
    Réussira-t-elle son pari ? Saura-t-elle prouver que la vie, même côté pile, peut encore être belle ?

     

    Auteur : Séré Prince Halverson

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 18 avril 2015

     

    Prix moyen : 7,50€

     

    Mon avis : Même si le livre commence par un drame, on passe rapidement à « autre chose » sans pour autant oublier Joe.
    Très vite après la mort de son mari, Ella se rend compte que son mari lui a caché pas mal de choses. En fait, il semblerait que Joe lui ai caché tout ce qui était désagréable.
    Il semblerait que ce soit de famille, dans la famille de Joe, on se contente de ne pas parler de ce qui dérange, qui rappelle de mauvais souvenirs…
    Du coup Ella se trouve désemparée devant l’importance des dettes concernant l’épicerie italienne familiale dont elle a hérité.
    Comme mettre la clef sous la porte est inenvisageable pour la famille, Ella décide de tenter un nouveau concept.

    Et bien sur, comme si tous ces problèmes ne suffisaient pas, voilà que Paige, la mère biologique des deux enfants de Joe, qu’Ella élève comme s’ils étaient les siens depuis trois ans, réapparait, comme une fleur.
    Ella n’est pas enchantée et s’inquiète pour ses enfants. Après tout, si Paige n’a pas hésité à les abandonner quand ils avaient 1 mois et 3 ans, pourquoi ne recommencerait-elle pas dès qu’elle se lassera ?
    Mais Paige semble bien décidé à ne pas laisser les enfants à celle qu’elle considère comme « l’autre femme » et engage une procédure pour obtenir la garde des enfants.

    Paige m’a énervée, profondément. Oh certes, elle a des circonstances atténuantes, et Joe ne s’est pas forcément bien comporté dans cette histoire. Mais là, elle règle ses comptes en se servant des enfants. Qu’elle veuille faire parti de leur vie, c’est compréhensible. Mais qu’elle cherche à séparer les enfants, physiquement et mentalement, de celle qui les a aimé et élevé quand elle-même s’en est révélée incapable, là c’est inacceptable. Elle voit bien, pourtant, que son fils n’a aucun souvenir d’elle et qu’il aime Ella, qu’il la considère comme sa maman, et qu’elle le rend malheureux, mais elle refuse de mettre de l’eau dans son vin.

    A l’inverse, Ella pense avant tout au bien des enfants. Elle est prête à laisser entrer Paige dans leur vie pour leur bien.
    Elle doit être sur tous les fronts, elle essaye de sauver l’épicerie, de protéger les enfants et de faire ce qui est juste.
    Mais sur ce dernier point, elle n’est guère aidée par la famille qui voudrait qu’elle fasse tout, même mentir, pour garder les enfants dans la « famille », comme s’ils étaient leur propriété. A aucun moment, ils ne cherchent à comprendre les raisons de Paige. Tout ce qu’ils voient c’est qu’elle cherche à leur prendre leurs petits-enfants et qu’elle fait appel à la justice. Or, ils ont une méfiance contre le gouvernement depuis la seconde guerre mondiale et l’emprisonnement d’italiens émigrés  pour la seule raison d’être ressortissent d’une « pays ennemi ». D’ailleurs ce point là permet de mettre en avant un fait méconnu. On sait que les ressortissants japonais avaient été emprisonnés, mais il y avait aussi des italiens qui soit ont été emprisonnés, soit ont été contraint de déménager des côtes, jugées trop sensibles pour qu’on les laisse les occuper.

    L’auteur nous montre une bataille juridique et humaine où il n’y a pas vraiment de méchant, juste des personnes blessées, maladroites.
    Paige, comme Ella, vont devoir se replonger dans leur passé pour trouver la meilleure solution pour tout le monde.

    Encore un livre qu’on peut difficilement poser une fois commencé.

    Un extrait : J’ai lu récemment que les gens ne deviennent pas heureux ; ils naissent ainsi. Une simple question d’hérédité, un gène de la joie qui se transmettrait gaiement d’une génération à la suivante. J’ai vécu assez longtemps pour comprendre qu’on ne peut compter que sur soi pour être heureux et suis convaincue que l’argent ne fait pas le bonheur. Pour autant, je n’adhère pas à cette théorie selon laquelle le bonheur ne dépendrait que du patrimoine génétique.
    Trois ans durant, j’ai nagé dans le grand bain de la félicité.

    Une joie palpable, souvent sonore. Parfois plus sourde – l’odeur lactée du souffle de Zach sur mon cou, les cheveux d’Annie qui s’enroulaient autour de mes doigts quand je les tressais, et Joe qui fredonnait une vieille chanson du groupe Crowded House sous la douche pendant que je me lavais les dents. La buée sur le miroir troublait mon reflet tel un flou artistique visant à estomper les rides, alors que les miennes ne me gênaient pas. Pour avoir des pattes-d’oie, il faut sourire, et je le faisais souvent.
    J’ai aussi découvert autre chose avec le recul des ans : le bonheur le plus sincère ne peut pas être si pur, si profond ou si aveugle.

    Au petit matin du premier jour de l’été 1999, Joe écarta l’édredon pour m’embrasser sur le front.
    J’ouvris un œil. Son appareil photo était passé en bandoulière sur son sweat-shirt gris. Son haleine parfumée au dentifrice et au café me chatouilla les narines quand il évoqua en murmurant une virée à Bodega avant d’aller ouvrir le magasin. Du bout des doigts, il suivit les taches de rousseur sur mon bras à l’endroit où, comme il disait toujours, elles épelaient son nom. D’après lui, j’en avais tellement qu’il ne lisait pas seulement Joe, mais Joseph Anthony Capozzi, Jr.

    - Hé ! « Junior » est même écrit en entier ! lança-t-il ce jour-là avant de me border et d’ajouter : Tu es trop forte !

    - Gros malin…

    Je me rendormais déjà, un sourire aux lèvres. Nous avions passé une nuit merveilleuse. Il chuchota qu’il m’avait laissé un message, puis je l’entendis sortir de la maison et descendre les marches du perron.
    Au léger grincement de la portière de la camionnette succéda le rugissement du moteur, qui crût et décrût avant de s’évanouir complètement.
    Plus tard, les enfants me rejoignirent dans le lit ; ils riaient aux éclats. Zach tira le drap éclaboussé de soleil au-dessus de sa tête pour en faire une voile. A son habitude, Annie se proclama capitaine. Avant même d’avoir petit-déjeuné, on naviguait sur une étendue inexplorée, surface lisse dissimulant la face rugueuse et accidentée des choses, en route vers une destination inconnue.
    On s’accrochait les uns aux autres sur le vieux matelas cabossé alors qu’on n’avait pas encore appris la nouvelle qui allait bouleverser nos vies. On jouait juste au « bateau ».

     

  • [Livre] La reine des délices

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    Résumé : À la mort de son père, Josey décide qu'elle doit cesser ses caprices de petite fille et fait la promesse de se dévouer corps et âme à sa mère. Vingt ans plus tard, éteinte d'avoir été trop couvée, elle soigne sa solitude dans le placard de sa chambre, ou elle cache des monceaux de sucreries.
    Et le jour ou Della Lee Baker, battue par son compagnon, vient se réfugier dans cette même penderie, la vie de Josey bascule. Titillée par son aînée, elle s'ouvre enfin au monde et rattrape le temps perdu d'une jeunesse bridée. À 27 ans, elle commence enfin à vivre...

     

    Auteur : Sarah A. Allen

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : roman contemporain

     

    Date de parution : 20 octobre 2011

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Josey n’a vraiment aucune vie. Elle idéalise son père et sert quasiment d’esclave à sa mère pour expier d’avoir été une enfant difficile.
    Je trouve que tout le monde est à blâmer dans la réclusion presque forcée de Josey car tout le monde n’a à la bouche que le comportement qu’elle avait petite fille alors qu’elle a 27 ans. On l’enferme dans ce rôle d’enfant insupportable et elle ne peut pas en sortir malgré sa gentillesse.
    La mère de Josey, Margaret, est tout simplement affreuse. A un moment un des personnages dit qu’elle n’a fait un enfant que pour s’enchaîner définitivement à la fortune de son mari et son attitude semble corroborer les dires de cette personne. Elle dénigre sa fille sans arrêt, ne cesse de lui dire que se maquiller la rendrait vulgaire, que porter du rouge l’enlaidit, alors que c’est tout le contraire.
    Je pense qu’elle a surtout peur de perdre son esclave personnelle et qu’elle ne supporte pas l’idée que Josey pourrait attirer l’attention, se faire des amis, avoir une relation amoureuse, bref tout ce qui pourrait l’ouvrir au monde.
    Contrairement à ce qu’elle essaie de faire croire au tout début, ce n’est pas un hasard si Della Lee se réfugie dans la penderie de Josey. Elle a de bonnes raisons de vouloir venir en aide à la jeune femme, même si celle-ci ne la croie pas quand elle les lui révèle. Mais je pense que la vérité va bientôt lui être révélée. Tout le monde parle de son père comme d’un grand homme, mais tout le monde, la mère de Josey y compris, sais qu’il collectionnait les aventures. Josey est la seule à ne pas être au courant.
    Jake, le petit amie de Chloé, que l’on peut décrire comme étant la toute première amie de Josey, est un peu énervant, dans sa manière de croire que le pardon de Chloé lui est acquis. Il ne semble pas comprendre pourquoi elle veut savoir avec qui il l’a trompée, et pourquoi le seul fait qu’il le lui ait avoué et qu’il soit désolé ne suffit pas pour qu’elle lui pardonne. Ce n'est pas un méchant gars, et je crois qu’il est sincère dans son incompréhension, comme il ne comprend pas pourquoi le fait que Chloé n’ait choisi aucun meuble et garde toutes ses affaires dans un garde meuble poserait un problème.
    Adam est plus difficile à cerner, mais je pense qu’il a juste peur de souffrir. Il a beaucoup perdu et il se dit que si les choses n’évoluent jamais, il ne prend plus de risques.
    Le livre est bourré de manifestations surnaturelles mais elles sont légères : des livres qui apparaissent tous seuls quand Chloé en a besoin par exemple.
    La fin m’a sidérée. Honnêtement, je ne m’attendais pas du tout à ça ! j’étais vraiment sciée ! Mais j’ai adoré !

    Un extrait : — Della Lee Baker, que fais-tu dans ma penderie ?

    — Tu ne devrais pas laisser ta fenêtre ouverte ! N’importe qui pourrait entrer.

    Elle contredisait à elle seule la croyance bien ancrée selon laquelle l’huile essentielle de menthe poivrée sur l’appui d’une fenêtre et le seuil d’une porte empêchait toute intrusion de visiteur indésirable. Depuis des années, la mère de Josey avait appris à chacune de leurs employées à en badigeonner la maison pour maintenir les intrus à distance. Du coup, leur intérieur embaumait les fêtes de Noël tout au long de l’année.

    Josey fit un pas en arrière et tendit la main.

    — Sors d’ici !

    — Je ne peux pas.

    — Bien sûr que si.

    — Je dois me planquer.

    — Je vois, et naturellement, le premier endroit auquel tu as pensé, c’est ma chambre.

    — Qui aurait l’idée de venir me chercher ici ?

    Les femmes brusques avaient des manières brusques.

    Della Lee essayait-elle de lui dire qu’elle était en danger ?

    — Bon, d’accord, je t’écoute. Qui te recherche, Della Lee ?

    — Peut-être personne. Peut-être qu’ils n’ont pas encore découvert ma disparition.

    À la surprise de Josey, Della Lee fit soudain coulisser la fausse cloison au fond de la penderie.

    — En parlant de découvertes, regarde celle que j’ai faite !

    Elle avait dégagé le grand espace dissimulé derrière les vêtements. Le sol y était jonché de romans à l’eau de rose, de catalogues et de magazines, mais la plus grande partie du placard secret était occupée par des étagères pleines de nourriture : paquets de biscuits, rangées de bonbons, tours de soda.

    Josey fut prise d’une panique soudaine. Elle était censée être heureuse. Et la plupart du temps elle l’était maladroitement, à sa manière. Certes, elle n’aurait jamais la beauté de sa mère ni la personnalité de son défunt père. Elle était pâlotte, quelconque, un peu trop ronde, et elle l’acceptait. Mais la nourriture la réconfortait. Elle comblait les vides. Et Josey préférait la cacher, afin de pouvoir se régaler sans s’inquiéter de ce que pensaient les autres, ni craindre de décevoir sa mère.

    — Je dois d’abord piger deux trois trucs, dit Della Lee en refermant la cloison, maintenant qu’elle s’était bien fait comprendre.

    Elle connaissait à présent le secret de Josey. Ne révèle pas le mien et je ne révélerai pas le tien.

    — Ensuite, poursuivit-elle, je partirai vers le nord.

    — Tu ne peux pas rester ici. Je vais te donner de l’argent. Tu pourras aller à l’hôtel.

    Josey se tournait, pour prendre son portefeuille et distraire ainsi Della Lee de sa nourriture. Mais elle s’interrompit net.

    — Attends ! Tu quittes Bald Slope ?

    — Comme si toi tu ne rêvais pas de t’arracher de ce trou ! fit Della Lee en s’appuyant en arrière sur ses bras tendus.

    — Ne sois pas ridicule. Je suis une Cirrini.

    — Dis-moi si je me trompe, mais ce ne seraient pas des brochures de voyage dans ton placard secret ?

    Josey, irritée, tendit de nouveau la main.

    — Sors d’ici !

    — On dirait que je suis arrivée à temps. Ce n’est pas le placard d’une femme heureuse, Josey.

    — Au moins, moi, je ne me cache pas dedans.

    — Je parie que ça t’arrive.

    — Va-t’en.

    — Non.

    — Ça suffit. J’appelle la police.

    Della Lee se mit à rire, se moquant ouvertement de Josey. Ses dents de devant un peu de travers lui allaient bien, lui donnaient un air excentrique et insolent. C’était le genre de femme qui pouvait se permettre n’importe quoi, sans aucune limite.

    — Et qu’est-ce que tu vas leur dire ? « Il y a une femme dans ma penderie, venez vite ? » Ils risquent de trouver ta planque.

    Josey voulut voir si Della Lee bluffait. Cela lui ferait les pieds. Tant pis si tout le monde apprenait qu’elle avait de la nourriture dans son placard. Mais son cœur se mit à battre plus fort. Elle se racontait des histoires. C’était déjà assez gênant d’être si loin de l’image de la belle du Sud, avec son poids, ses cheveux indomptables, son fantasme de quitter sa mère qui avait besoin d’elle, son envie de partir sans jamais regarder en arrière. Les filles respectables prennent soin de leur mère. Et surtout, elles ne cachent pas des montagnes de sucreries dans leur placard.

     

  • [Livre] Livy

     

    Je remercie les éditions du Panthéon pour cette lecture

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    Résumé
     : Et si la vie se résumait à un saut dans le vide,
    un geste fou mais simple,
    et de toute façon inéluctable,
    consistant en un saut dans l’inconnu.
    Un inconnu dangereux,
    un inconnu malheureux,
    une rencontre troublante
    et l’impression d’être chanceux,
    et puis la réalité,
    le constat sévère, triste et amer,
    nous révélant que le bonheur est peut-être fait
    pour être observé de loin,
    que la félicité durable est sans doute trop grande
    pour tenir entre nos mains.

     

    Auteur : Evindi

     

    Edition : Pantheon

     

    Genre : roman contemporain

     

    Date de parution : 24 octobre 2014

     

    Prix moyen : 14€

     

    Mon avis : Ni vraiment poème, ni tout à fait roman, l’écriture dérange un peu au prime abord. La forme, visuellement, est celle de la poésie, mais à s’y pencher de plus près, on se rend compte que les rimes ne sont pas toujours là. J’ai eu l’impression que c’était un coup de chance, un hasard, quand d’aventure on avait des rimes dans les paragraphes (je ne vais pas appeler ça des strophes).
    Au départ, je n’ai pas été très convaincue par la couverture, le résumé, car je n’aime pas particulièrement la poésie. Mais quand j’ai vu cette absence régulière de rimes malgré la mise en page, je me suis dis que j’allais essayer.
    Les passages où il a des rimes me font penser à ce que j’écrivais dans la période gothique de mon adolescence. Autant dire à quel point ce n’était pas bon…

    L’histoire essaie de prendre le pas sur la forme mais celle-ci a du mal à se faire oublier car elle est tout de même très présente.

    L’histoire est, semble-t-il, une histoire d’amour. Je dis semble-t-il parce que je ne suis pas sûre d’avoir tout compris, elle aurait été plus claire si on avait eu affaire soit à une pure poésie, avec des vers de la même taille, des strophes structurées, des rimes élaborées, soit à une prose, un roman…

    Le personnage féminin semble non seulement ne pas avoir toute sa tête, mais également faire peur à tout le village. Malgré tout, malgré les avertissements, Evendi s’accroche à elle.
    Leur relation semble très vite mal partie, entre les déficiences mentales de Livy et ses problèmes de santé qui sont quand même conséquents et handicapants…

    C’est une histoire dérangeante mais pas prenante, quoi qu’elle aurait pu l’être sous une autre forme.

    Ce livre a également un drôle d’effet secondaire : quand on l’a lu, on ne peut pas s’empêcher de relever toutes les rimes involontaires du livre qu’on lit ensuite (je ne me suis toujours pas remise du « le garçon a perdu l’équilibre, a fait un écart avec son vélo, et s’est retrouvé dans le caniveau»).
    Mais ça finit par s’estomper…

    Une chose est sûre, ce livre sort des sentiers battus et ne ressemble à aucune autre de mes lectures.


    Un extrait : Un baiser au goût de sang, condensé d’hémoglobine,
    Fragrance qui remplit mes narines.
    Ce baiser aux allures de pacte changea ma vie
    de manière notoire,
    et fit de moi cet homme puissant qui entra
    dans l’Histoire.

    Le yin et le yang existent vraiment,
    ils sont humains et existent charnellement.
    Laissez-moi vous compter leur histoire,
    une histoire se situant bien au-delà du « temps ».

    Je suis ténèbres,
    elle est lumière.

    Je suis obscurité,
    à la nuit que je suis, elle fut l’instantané lumineux
    d’un éclair.

    Lorsqu’elle disparut selon les plans de ce destin
    toujours sévère,
    mon cœur se remplit de tristesse, d’amertume
    et de colère.

     

  • [Livre] Aujourd'hui avant demain où je mourrai

     

    Je remercie les éditions Panthéon pour cette lecture

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    Résumé : « Bon, sérieux, l’heure n’est pas au rire. La situation de mes parents n’est pas des meilleures. La claque que j’ai reçue avait la simple mission de l’écrire physiquement dans ma chair. Mes parents se déchirent. Ils s’aiment, mais se déchirent. Pourquoi ne vivent-ils pas simplement heureux en faisant beaucoup d’enfants ? »

    En nous livrant ces deux nouvelles, l’auteur s’adresse autant à lui-même qu’à ses lecteurs. Avec malice, il initie son récit avec celui d’un enfant qui refait plus ou moins le film de sa vie. Entre imagination, réflexion et critique, entre sérieux et dérision, il nous entraîne dans une sinueuse balade au hasard des pas, des rencontres et des pensées. Quand, dans un jeu de miroir, le scénario se rejoue sur un air de déjà-vu, on vient à se demander si le hasard n’est pas qu’une question de point de vue. Il poursuit son récit avec l’histoire de lablind girl, écœurée de la vie et du monde depuis qu’elle a perdu la vue et son compagnon qui tente amoureusement de lui redonner des raisons de s’accrocher à la vie. Est-on est capable d’aimer quelqu’un d’autre lorsqu’on a que de la haine pour soi ?

     

    Auteur : Kevin Maganga

     

    Edition : Pantheon

     

    Genre : Inclassable

     

    Date de parution : 10 avril 2015

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : Logorrhée : nom féminin, littéralement diarrhée verbale, ou incontinence verbale. Trouble du langage caractérisé par un besoin irrésistible et morbide de parler.
    Je connaissais ce mot, je l’avais lu à plusieurs reprises dans des livres mais je n’avais jamais réussi à me faire une représentation du phénomène.
    Mais quand j’ai imaginé Kevin Maganga en train de lire sa première nouvelle à haute voix, j’ai immédiatement eu une compréhension parfaite de ce terme que je n’avais jamais réellement compris jusque là.

    Le style est parlé, mais pas simplement parlé, parlé dans le style du langage des jeunes dans les cités (langage quartiers nord, on dirait chez moi). On est même parfois à la limite du langage sms puisque l’auteur parsème son texte de petits smiley souriants (J). Mais certains mots, certains bouts de phrases montrent que c’est une histoire écrite par quelqu’un de cultivé. Le mélange des genres donne quelque chose de bizarre : un gamin des cités qui joue au grand en usant de termes piqués dans le livre de psycho de sa grande sœur.

    Autre chose qui m’a un peu rebutée, c’est une écriture au kilomètre : peu d’aération du texte, de longs paragraphes qui forment des blocs compacts et très difficiles à lire.
    A deux reprises, une fois en anglais et une fois en espagnol, l’auteur met au milieu de son texte une phrase en langue étrangère sans que celle-ci ne soit traduite en note de bas de page. Il oublie que tout le monde ne comprend pas d’autres langues que la sienne. Ici, le lecteur qui n’a pas de notions d’anglais et/d’espagnol doit interrompre sa lecture pour regarder dans un dictionnaire, pour autant qu’il en ait la possibilité.
    L’histoire en elle-même est décousue : on avance, on revient en arrière, des phrases sont répétées…c’est très déconcertant.

    Le contenu est très certainement très intéressant, mais cela demanderait un trop gros travail d’interprétation pour l’atteindre. Malgré plusieurs relectures, je n’ai pas réussi à comprendre où voulait en venir l’auteur.

    La seconde nouvelle présente la même caractéristique au niveau de la forme, mais l’écriture est plus fluide et donne moins l’impression d’avoir était écrite par un psychopathe sous amphétamines armé d’un stylo.
    Il s’agit d’une petite histoire un peu (beaucoup) moralisatrice mais très divertissante.
    Si la première nouvelle m’a laissée froide et a été très difficile à lire, la seconde a été une bonne lecture.


    Un extrait : Aujourd'hui avant demain où je mourrai, je pense à ma mère que je n'ai pas vu depuis hier. Je me revois dans mon enfance, genre l'âge où ta mère est la reine de tous les royaumes et que toi, tu es son « petit prince adoré ». J'ai envie d'elle, là, maintenant. J'ai envie de la sentir près de moi. Envie de l'embrasser tendrement. Envie d'elle, quoi ? M'en fiche si tu as l'esprit tordu. J'ai envie d'elle, loin de tes idées qui respirent les théories freudiennes de l'inceste. L’histoire de l'enfant Oedipe qui tombe dans les sensations avec sa mère, je crois que ça lui vient pour se soulager la conscience des envies qu'il avait lui-même eues de soulager son roseau bandant dans la soupe maternelle. Ma phrase à moi n'a pas ce sens-là. Moi, j'ai envie de ma mère, envie de lui dire que je l'aime. C'est tout. Mais elle, elle est tellement imprévisible que je ne sais pas comment elle va prendre ça. Elle pourrait être toute contente et me dire « Oh, mon chéri, c'est très gentil ! C'est vraiment mignon-mignon-mignon-mignon-mignon-mignon-mignon ! Surtout que tu n'as pas l'habitude J ».

    (En fait, ce que je dois signaler, c’est que je suis un entrecoeuriste. Je garde souvent mes sentiments à sensations pour moi. Tout comme je vis le plus souvent dans ma tête - j'adooore !!! Mes émotions franchissent donc difficilement les frontières de mon cœur. « El corazòn tiene màs cuartos que un hotel de putas », je suis le principal locataire de la majorité des mis cuartos du corazòn. Quand j'étais gamin, beaucoup avaient du mal à identifier quelques émotions à travers mon pauvre petit corps. « Tu as le vampire, me lançaient certains. C'est le plus maboul des mabouls du monde et du non-monde mélangés », déposaient d'autres. Aussi, ce qui me fait sourire d'ailleurs, beaucoup ne comprennent pas que je parle seul. Haha ! Ce qu’ils comprennent encore moins, c’est qu'il ne s'agit pas de monologue, mais carrément de dialogue, man. Quelqu'un qui dialogue avec lui-même, c'est bizarre, non ? Je me parle, je me réponds, je me tutoie comme si j'étais deux. Roguy, une amie qui fait la psychologie, me dira un jour que je lui fais peur avec quelque chose comme schizophrénie ou quoi qu'elle dira, je ne sais plus. Moi, ça m'amuse quand je m’y mets et quand je pense à comment j'y vais. Je suis presque convaincu moi-même que je parle à un autre moi et non à moi-même J. C'est dingue ! C'est pas facile à expliquer. Ou plutôt si. Il y a moi et moi dans moi, en fait. C'est ça qu’ils n'ont pas encore compris, les gens, je ne suis pas seul en moi J. Je m’entends parler et je me parle, c'est ambigu pour beaucoup, assez clair pour moi. Bon, c'est vrai que ça n'a pas toujours été aussi clair. Je me souviens qu'au début, quand je commençais à parler, je répondais, et je parlais, et là, je me disais directement, avec la voix de l'extérieur emballée dans une certaine exaspération « Tu parles à qui même ? ». Et j'avais ensuite le sourire qui se moquait de cette voie exaspérée qui interrompait un moi et l'autre moi. Ouais, c'est vrai, je trouvais quand même un peu drôle de me parler à moi-même comme à un étranger.  Un moi et un autre moi dans moi, c'est pas du tout une évidence pour le monde, non ? Ils ne peuvent pas imaginer que je te parle à toi J. Même si toi c'est moi, moi je sais que tu es toi à côté de moi avec ta voix bien à toi et tes idées qui ne sont pas forcément de moi. Que ce ne soit pas évident pour les autres, je le comprends. Mais je sais que je ne parle pas seul. Mais bon, fermons là la parenthèse).

    Ma mère pourrait donc être contente et me dire « Oh, mon chéri, c'est très gentil ! C'est vraiment mignon-mignon-mignon-mignon-mignon-mignon-mignon ! Surtout que tu n'as pas l'habitude J. Le sourire dans le visage elle me planterait alors un lourd baiser sur le front, baiser pesant de toute sa tendresse sur mon esprit. « L'habitude », comprenons bien qu'il s'agit de n'avoir pas l'habitude de dire à ma mère que je l'aime et non pas « l'habitude » être gentil. Etre gentil, j'en ai « l'habitude ». Parfois, je suis même tellement gentil qu'on me prend pour un petit ange. Je suis gentil avec Mukambi, je suis gentil avec la grand-mère de Maurice, même avec Mukandjo que tout le monde déteste dans le barrio parce qu’ils disent qu’il est brigand, moi, je suis gentil. Je ne comprends même pas pourquoi tous les grands du barrio ne l'aiment pas, sauf ceux qui, comme lui, ont le corps bien tagué comme les murs du barrio et les cheveux attachés-attachés. Il est bien mal vu par beaucoup des gens du barrio, et presque personne n’est gentil avec lui. Ils l’appellent brigand de première bande. Mais moi, je ne vois pas comment il est brigand, il n'est pas au gouvernement et il ne fait même pas la politique. Qui sont ceux qui, des années après d'autres années, puis des années encore, avant d'être remplacés par leurs semblables, passent leur temps à briguer un poste stratégique pour finir par nous brigander notre petite vie de droit-à-une-misère-un-peu-plus-digne-de-notre-espèce ? Même pas besoin de répondre. Alors, Mukandjo, brigand de première bande, moi, je n’y crois pas du tout. En tout cas, moi, je suis gentil avec lui comme je suis gentil avec tout le monde, et y en a même qui finissent par me prendre pour un petit ange. Allez ! Je vais être franc, hein ? On est entre nous. En réalité, je n'aime pas beaucoup. Je n'aime pas beaucoup qu'on me prenne pour un ange, non pas que je n'aime pas être gentil. Etre gentil, j'aime beaucoup, ça me permet de me convaincre que j'existe en dehors de moi. Je n'aime pas beaucoup qu'on me prenne pour un ange, car ça me donne le sentiment que les gens nient ainsi l'obscurité de ma face que j'essaie de laver à coups de gentillesse répétée.

     

  • [Livre] Les noces meurtries

    Je remercie les éditions chemin vert et la masse critique de Babelio pour cette lecture

     

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    Résumé : " Robe blanche, hiver blanc, journée blanche... Ses illusions, en ce matin de février 1979, étaient aussi pures que ce blanc qui avait recouvert tout le vignoble, immaculé. " D'un point de vue extérieur, Hélène semble mener une existence paisible au cœur du vignoble champenois, mais une fois la porte de la chambre conjugale refermée, qui peut se douter de l'enfer qu'elle vit au quotidien ? En parallèle, sa fille Gaby, va peu à peu perdre ses illusions sur la vie familiale et se construire dans la douleur. Deux femmes face à l'adversité : deux femmes en quête d'indépendance.

    Auteur : Sandra Banière

    Edition : Chemin vert

    Genre : Roman contemporain

    Date de parution : 18 septembre 2014

    Prix moyen : 23€

    Mon avis : Pour une fois, on commence « par la fin ». Je veux dire que dans la plupart des livres sur les relations toxiques, on commence à la rencontre et le livre se termine au moment où la femme obtient enfin le divorce (et le courage de le demander).
    Ici, on commence au moment où la prise de conscience se fait et où l’épouse, Hélène, décide de divorcer. On va suivre le développement personnel d’Hélène, de sa fille Gaby mais aussi de son fils Marc, face à l’attitude plus que déplorable de l’ex mari et père, un type écœurant dont l’attitude ne cesse d’étonner tant on se dit que ça ne peut pas être pire dans l’abjection et qu’on se rend compte que si, ça peut.

    Le livre se fait à deux voix : Hélène et sa fille Gaby mais il n’y a aucune chance de confondre les deux. Le point de vue d’Hélène est écrit à la troisième personne et celui de Gaby à la 1ère personne.

    On peut voir l’évolution des deux femmes et leurs visions non seulement de leur mari et père mais aussi de comment leur fils et frère vit les choses.
    J’ai bien aimé le style d’écriture qui est très contemporain sans être dans le style « parlé » que prennent trop souvent les textes à la 1ère personne.

    S’il faut vraiment trouver un reproche à faire à ce livre c’est qu’il y a quelques petits accrocs à la syntaxe et à la terminologie juridique (on dit la partie adverse et non le parti adverse, sauf si on parle de parti politique). Mais rien qui ne gêne la lecture ni qui fait réellement grincer des dents.
    En général, je ne suis pas une grande fan des romans dits contemporains, je préfère plus de fantaisie ou plus de drame, mais là je n’ai absolument pas regretté ma lecture. La preuve ? Je l’ai dévoré en une nuit !


    Un extrait : Robe blanche, hiver blanc, journée blanche… Ses illusions, en ce matin de février 1979, étaient aussi pures que ce blanc qui avait recouvert tout le vignoble, immaculé. Cela rendait le paysage irréel, bien loin de l’habituelle image des vignes bien vertes avec leurs belles grappes de raisins gorgées de saveurs sucrées, illuminées par le soleil. Le ciel encore très chargé obscurcissait tous les petits détails, et, à l’horizon, se mêlait même à la terre, au point qu’on ne distinguait plus que les piquets, reliés par des fils de fer, qui longent les routes traversant les vignobles.

    Tous les ceps nouvellement taillés étaient enveloppés d’une chape blanche voluptueuse, qui faisait disparaître les différentes parcelles. Sans y faire la moindre anicroche, quelques oiseaux s’étaient posés sur ce vaste champ de neige, délicatement perchés sur les fils de fer.

    De la fenêtre de sa chambre de jeune fille, Hélène avait longtemps admiré ce décor, qui surgit à peine une fois l’an, tout en pensant qu’il rendait ce jour encore un peu plus particulier, et qu’à chaque fois qu’elle évoquerait son mariage, elle pourrait se souvenir du temps qu’il faisait, de l’épaisse couche de neige qui avait tout stoppé pour quelques heures, quelques jours…

    Même si Hélène n’était pas naïve au point de croire que tout serait idyllique, elle était convaincue qu’elle faisait le bon choix en épousant Bertrand. Il était issu, comme elle, d’une famille de vignerons, il partageait les mêmes valeurs et avait les mêmes envies. Pour la première fois de sa très jeune vie, elle éprouvait de vrais sentiments amoureux et désirait ardemment fonder une famille.

    Il était si beau au pied de l’autel dans son élégant costume noir, avec son air enfantin et ses yeux bleus brillants d’émotion ! Toute la journée, envoûtée par la chaleur de la salle des fêtes et la gaieté des invités, elle avait contemplé son époux, s’était plu à se retrouver dans ses bras pour ouvrir le bal et faire tournoyer sa robe couleur de neige, avait ri avec lui des blagues de quelques bons fêtards. Malgré le froid hivernal, la journée avait été douce et lumineuse.

    Mais la première désillusion, qu’elle pensait n’avoir à envisager qu’au bout de plusieurs années de vie commune, advint dès la nuit de noces. Vierge comme le voulait la tradition, elle connut sa première expérience sexuelle au petit matin, une fois que les derniers invités étaient allés se coucher. En bonne petite fille sage, obéissante et timide, elle n’avait jamais beaucoup flirté avec les garçons et avait encore moins osé s’aventurer plus loin que quelques chastes baisers. Lors de cette première étreinte, elle l’avait laissé faire, ne sachant comment s’y prendre et n’ayant aucune idée de la manière dont son corps allait réagir.

     

    Ils se retrouvèrent nus, côte à côte, dans le noir d’une petite chambre qu’un ami leur avait prêtée pour l’occasion, sans avoir pris la peine de se découvrir au préalable. Bertrand l’embrassa, la caressa quelques minutes, puis il y eut une douleur aiguë, et un corps lourd qui s’affala sur le sien très vite après. C’était donc ça ! Elle comprenait pourquoi sa mère ne lui en avait presque pas parlé ; il n’y avait finalement que peu à en dire. Ce qu’elle venait de vivre n’avait rien à voir avec ce qu’elle avait lu dans les livres, du moins ce qu’elle croyait être la vérité quand deux êtres étaient épris l’un de l’autre. Où était l’osmose ? Le petit frisson électrique qui aurait dû parcourir sa chair ?

     

  • [Livre] Maximilienne Carpentier: journal intime

    Quand une jeune femme qui ne connaît rien à la vie va devoir défendre la sienne

    Je remercie les éditions « Mon petit éditeur » pour cette lecture

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    Résumé originel : Suite à la mort de ses parents sur leur demeure en plein océan, Maximilienne Carpentier se retrouve face au plus fondamental des besoins - la survie. Débarque alors un étranger qui envahit son île et s'empare de son cœur.
    Candide et vulnérable, Maximilienne se donne corps et âme à celui qui semble prêt à lui venir en aide, avant de se rendre compte que les apparences sont parfois trompeuses. Exposée pour la première fois aux rouages compliqués de la vie, l'héritière apprend à ses dépens la folie de son engagement hâtif.(a quel point celle-ci peut être impitoyable)
    Cependant les dés sont jetés, et tandis qu'un mal plus grand encore (que le danger) se profile à l'horizon, Maximilienne se retrouve poussée à des extrêmes dont elle ne se serait jamais crue capable, engagée dans une lutte désespérée pour sauver son héritage et sa peau.
    Qui était cette femme étrange? Où se trouve l'île dont elle parle? S'est-elle débarrassée de ses ennemis de la manière dont elle le dit? Qui est le mystérieux Claude Besson, son prétendu secours en temps de difficulté? Qu'en est-il du titre royal auquel elle fait allusion, et de son affirmation que Charles VII de France ratifia le précieux document?
    Si certains détails s'attardent résolument dans l'instabilité des turbulences politiques du XIXe siècle, Maximilienne Carpentier n'en reste pas moins un des personnages les plus insaisissables et énigmatiques de l'histoire européenne récente.


    Résumé que j’aurais mis : Suite à la mort de ses parents sur leur demeure en plein océan, Maximilienne Carpentier se retrouve face au plus fondamental des besoins - la survie. Exposée pour la première fois aux rouages compliqués de la vie, l'héritière apprend à ses dépens à quel point celle-ci peut être impitoyable.

    Cependant les dés sont jetés, et tandis quele dangerse profile à l'horizon, Maximilienne se retrouve poussée à des extrêmes dont elle ne se serait jamais crue capable, engagée dans une lutte désespérée pour sauver son héritage et sa peau

    Auteur : John Allen

    Edition : Mon petit éditeur

    Genre : Inclassable

    Date de parution : 2013

    Prix moyen : 20€

    Mon avis : Alors tout d’abord laissez-moi vous dire que le proverbe est vrai : « Il ne faut jamais juger un livre à sa couverture ». Non parce que le problème de ce livre, c’est que la couverture est trop sobre. 
    Alors on tourne on vire, on lit le quatrième de couverture. Mouais ça a l’air pas mal… On le repose…On regarde avec envie le tome 7 d’une série dont on attendait la sortie depuis un bail…

    Et puis au bout d’un moment, je me suis dis : « bon ça suffit Selene ! Ils ont eu la gentillesse de t’envoyer ce livre alors tu te mets un coup de pied aux fesses, tu poses ta série, elle ne va pas s’envoler, et tu LIS CE LIVRE !!!! »
    (Bizarrement quand je m’engueule moi-même la voix dans ma tête est celle de ma mère…allez comprendre).
    Bref, donc je lis. La première page…
    Et bien merci « mon petit éditeur » ! J’ai éteins la lumière à 3h du matin !!! Si je suis bonne à rien aujourd’hui, je n’hésiterais pas à vous jeter en pâture aux loups affamés pour leur dire pourquoi j’ai pas dormi !
    Ce livre est fantastique. Il n’y a qu’un seul petit bémol. On commence par le bémol ? Allez comme ça on s’en débarrasse.
    Je n’ai pas vu de mention d’un quelconque traducteur (ou traductrice) donc j’en déduis que l’auteur a écrit directement en français ou a traduit lui-même son œuvre. Or le monsieur est d’origine anglaise. Ce qu’il fait qu’il y a parfois des tournures de phrases, un peu de syntaxe, voire des mots qui ne sonnent pas très bien. (Par exemple, il utilise à un moment le mot évidence, au lieu du mot preuve…ben oui « evidence » en anglais, c’est « preuve » chez nous). Mais franchement, c’est très dispersé dans le roman et ça n’empêche pas la compréhension du texte (Et j’aimerais écrire anglais comme il écrit français !!).
    On oublie très vite qu’il s’agit d’un journal intime car il n’y a aucune mention de date, comme en général dans ce genre de style ce qui ne m’a gênée, au contraire. Il n’y a qu’à la fin, ou les « écrits » sont plus courts, plus hachés que l’on retrouve le style « journal intime.
    Ce n’est en fait pas vraiment un journal intime en ce sens où la narratrice n’écrit au jour le jour qu’à la fin du livre, après avoir écris tous les événements qui se sont déroulés en une fois, comme des mémoires.

    Le début est un peu lent, mais le rythme s’accélère très vite pour devenir effréné jusqu’à la conclusion.

    Ah si il y a un second petit bémol, mais qui n’est pas dû au livre lui-même mais au quatrième de couverture. Il en dit un peu trop. En haut de page, une fois n’est pas coutume, j’ai mis le résumé que j’aurais mis. J’ai repris les termes du résumé originel mais j’ai enlevé ce qui, selon moi, en dévoile trop sur l’intrigue. C’est bien plus agréable d’être surpris que de s’attendre aux événements !

    Mais ce livre reste quand même un excellent livre.


    Un extrait 
    : ELLE REPOSE COMME un bijou sous le soleil de l’après-midi, à bonne distance d’une chaîne d’îles plus importantes, dont aucune (d’après mon père) n’est aussi belle. Sur son pourtour poussent des petits buissons, et vers son sommet, un sous-bois et des arbres fruitiers. Sur ses pentes inférieures, là où vagabondent les chèvres sauvages, s’épanouit une abondance de palmiers cocotiers et dattiers. Du côté le plus à l’ouest on trouve quantité de bananes et de mangues qui ne demandent qu’à être cueillies. De nombreux sentiers battus relient les différents points de l’île, surtout ceux où je me rends fréquemment lors de mes promenades le long des sources qui courent de la paroi rocheuse de la cascade jusqu’à la mer. C’est là que l’eau limpide finit par disparaître, se jetant telle une offrande dans l’Atlantique salé.

    Quand j’étais enfant, cela me faisait peine de voir l’eau douce se perdre ainsi, mais mon père se riait de mes larmes, affirmant que seul un tremblement de terre pourrait tarir la source.

    — Qu’importe alors qu’elle se jette sans cesse dans la mer ? me disait-il. Tu ne peux te servir de toute cette eau de toute façon, et comme moi et ta mère, elle te reste fidèle, mon enfant, et toujours là.

    Il passait alors ses grandes mains doucement dans ma chevelure, expliquant que l’eau provenait du plus profond de la terre, et qu’elle jaillissait ainsi depuis des milliers d’années.

    — Il paraît que beaucoup de gens ont cherché à s’installer ici, me dit-il une fois, mais malgré leur désir de manger dattes et mangues et de pêcher le mérou et la dorée dans la baie, il n’y avait pas d’eau douce à part l’eau de pluie, alors leur espoir de résidence permanente se trouva contrarié. C’est ainsi que mon ancêtre parvint à obtenir l’île assez facilement car, sans source, elle était considérée sans valeur.

    — Mais alors comment l’eau est-elle apparue ?

    — Ah ! Il y eut un tremblement de terre sous la mer, dans les profondeurs de l’océan, et s’il provoqua sans doute d’importants ravages ailleurs, sur cette petite terre, il fit craquer les roches juste assez pour libérer la source alimentant ce qui est aujourd’hui ta cascade.

    Il tendit le doigt vers l’horizon lointain au nord, où les îles plus grandes formaient une ligne sombre et souvent brumeuse.

    — Regarde Fogo, ma chère petite. C’est un ancien volcan, mais de temps en temps il nous secoue encore avec ses grondements. En 1857, à peine deux ans après notre arrivée, il jeta de la roche en fusion suffisamment haut pour qu’on l’aperçoive même de cette distance.

    La mémoire de l’événement amena un sourire à ses lèvres.

    — La nuit, et pendant des semaines, Maximilienne, le ciel rougeoya. Quel spectacle ce fut.

    — Alors, Fogo est dangereux ? demandai-je, les yeux grands ouverts.

    — Seulement pour ceux qui sont tout près, m’assura-t-il, prenant ma main dans la sienne.

    Alors son visage se fit grave.

    — Méfie-toi plutôt des gens, ma petite, car ceux qui veulent cette île pourraient bien venir ici un jour afin de s’en emparer, et là se trouve le véritable danger. Alors profite de tout ce qui t’appartient tant que tu l’as, et ne t’inquiète pas du tarissement des sources. Il y a dans la vie des soucis de plus grande importance.

    C’est mon père qui, au lendemain de mon quinzième anniversaire, me fit savoir que cette île m’appartenait en héritage, et il avait l’air très solennel lorsqu’il m’en expliqua les implications légales. Puis il me montra des papiers qu’il conservait, depuis des années semblait-il, dans une vieille boîte en fer reposant au bas de l’armoire de leur chambre.

    — Nous gardons ces papiers sous verrou, mon enfant, avait-il prévenu, car cette île est ton héritage, comme elle le fut de mes propres parents, et ceci est probablement le seul document légal de la transaction encore en existence.

    Avec ces paroles, il pausa la main tendrement sur la cassette en métal.

    — La Révolution a beaucoup détruit, mais tout ce dont tu auras jamais besoin est sous ce couvercle. Souviens-toi de cela, et ne néglige jamais ce qui t’appartient. Tiens, regarde le titre de propriété.

    Je ne savais que dire, alors j’ai serré mon père dans mes bras, puis je me suis emparée des papiers et suis partie embrasser ma mère. Elle comprenait ce qui se passait bien sûr, comme elle savait toujours tout, et elle sourit tendrement à mon innocence.

    — Prends-en bien soin, dit-elle.

    — Quoi ? dis-je en fronçant les sourcils. Cette liasse de papiers ?

    — Pas que cela, ajouta-t-elle en riant. L’île, voyons. Elle est à toi, ne comprends-tu pas, et tu peux la détruire plus facilement qu’il n’y paraît. Fais attention à ce que tu plantes, et à quel endroit. C’est une question de gestion, ma petite. Bon, veux-tu me passer cette casserole sur l’étagère. Ton père a faim.

     

  • [Livre] Un cauchemar de voisine

    « Chacun chez soi et les moutons seront bien gardés » Un adage que Colette ne semble pas connaître, au grand dam de son infortunée voisine, Christine.

    Je remercie les éditions « Mon petit éditeur » pour cette lecture

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    Résumé : Au début de l'histoire, c'était simplement V, comme Voisine. Au fil du temps, c'est devenu V, comme Visqueux, comme Venin, comme Vitriol... 
    Camille Malcotte-Gehenot a voulu narrer une histoire pénible et rocambolesque qui pourrait arriver à tout un chacun; on a vu pire. Afin de l'exorciser, elle a trempé sa plume dans un humour un peu caustique, qu'elle affectionne.

    Auteur : Camille Malcotte-Gehenot

    Edition : Mon petit éditeur

    Genre : Inclassable

    Date de parution : 06 octobre 2012

    Prix moyen : 14,25€

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce livre. Une écriture simple et directe. Une histoire tragi-comique très divertissante. On peut vraiment dire, dans ce cas là que le malheur des uns a fait, et fera le bonheur des autres (en l’occurrence des lecteurs).

    Concernant l’histoire en elle-même, cette voisine Colette est vraiment un cauchemar, le titre ne ment pas ! Elle fait partie de ces personnes que l’on adore détester.
    Mais, je n’ai pas trouvé la narratrice plus sympathique que son envahissante voisine. Dans un autre genre, c’est vrai, mais cela ne change rien.
    Je ne sais pas si cette histoire est une histoire vraie, car l’auteur emploie le mot « fiction » à un moment, et l’auteur et la narratrice n’ont pas le même prénom.

    J’ai trouvé la narratrice extrêmement snob et très similaire à celle qui l’agace : la voisine, Colette, met sans cesse en avant ses succès passés ou présents, qu’ils soient réels ou imaginaires. La narratrice elle, met sans arrêt en avant son instruction, qu’elle juge supérieure aux autres. Elle est pleine de préjugés et se montre très sévère dans ses jugements.
    Par exemple, elle parle de la pauvresse du vocabulaire de sa voisine et donne un peu plus loin comme exemple de cette pauvresse le fait que la voisine parle de « docteur » au lieu de « médecin »…
    Cela dit, on peut supposer que l’exaspération face à cette voisine très envahissante est en cause, plus que la personnalité de l’auteur, de ces réflexions.
    Cela dit je m’interroge sur un point : en prologue, l’auteur nous explique qu’elle est soulagée du déménagement de sa voisine qui était trop gentille et du coup envahissante. A présent, la voilà dotée d’une nouvelle voisine, qu’elle juge à nouveau envahissante. Ses rapports avec ses autres voisins semblent se cantonner à des bonjour-bonsoir… Ne serait-ce pas un peu de misanthropie ? Ce qu’elle appelle un envahissement n’est-il pas seulement une tentative d’avoir des rapports de bon voisinage ?

    Bon il est vrai que cette voisine là est un sacré « cas », mais lorsque cela se répète, soit on a vraiment pas de chance, soit il faut se remettre en question et se demander si on ne provoque pas, inconsciemment, l’attitude de l’autre.

    Pour moi ce livre a été un exemple typique du livre où aucun des protagonistes n’est sympathique, ils sont antipathiques à divers niveaux mais il est dur de plaindre la narratrice autant qu’il est dur de trouver des excuses à la voisine.

    En revanche, il y a bien un personnage sympathique dans ce bouquin, c’est le mari de la voisine, Jean. Le pauvre homme est un peu pris entre deux feux, entre son exaspérante épouse à qui il ne peut rien refuser, et sa personnalité : Il n’aime pas s’imposer et sa femme l’oblige à aller à l’encontre de ses principes.

    J’ai vraiment passé un bon moment à lire ce livre.

    Un extrait : À quarante-cinq ans, j’avais connu toutes sortes de voisins : des vieux mariés inséparables, des couples conflictuels, des gens sympathiques et discrets… et des envahisseurs. Pour ceux qui n’y auraient pas réfléchi, l’envahissement commence lorsque la sympathie déborde. Si l’envahissement persiste et s’amplifie, il s’apparente au harcèlement. J’en avais fait les frais !

    Au bout de trois ans, la locataire de la maison voisine venait de déménager, à mon vif soulagement. Non qu’elle fût méchante ; au contraire, elle était trop attentionnée.

    Normal ! Elle était libre comme l’air, alors que, moi, j’étais une fourmi diligente.

    Dépourvue de toute qualification, elle se laissait entretenir par son ouvrier de mari. Ils avaient une fille qui promettait de ressembler à sa mère.

    Ma voisine, Rita, vivait dans un joyeux désordre. Elle pouvait laisser se dessécher une vaisselle de deux jours, pour courir moissonner avec des copains.

    Une heureuse fille, quoi ! une bonne vivante.

    D’ailleurs, certains jours, il m’arrivait de l’envier. Elle débarquait chez moi à tout moment pour me raconter ses expéditions insouciantes, sans un regard pour la pile de dossiers qui m’attendaient sur la table. C’était Rita la meunière, un moulin à paroles. Au bout d’un long moment, la raison l’emportait sur ma stupide patience et je la priais, avec mille précautions, de me laisser travailler.

    Pas rancunière pour un sou, elle revenait le lendemain. Je suis pour la paix ; c’était sans issue.

    Vous l’aurez compris, j’avais donné. C’est à peu près à ce moment-là que je rencontrai mon compagnon, toujours d’actualité aujourd’hui.

    Depuis quelques années, j’avais perdu mon époux, après vingt ans de mariage.

    Il faut que je vous parle des deux maisons, théâtres des évènements. Toutes deux assez semblables, séparées par une ruelle, elles tournaient le dos à la rue, contrairement à toutes les autres.

    Elles avaient choisi de regarder vers le sud, pour capter le plus possible de lumière. Il est utile de le savoir, car cette posture particulière, en les isolant des autres maisons, les rapprochait, hélas !

    D’où cette connivence, souvent importune.

    Au départ de Rita, la maison fut vendue, afin d’être relouée. Quand je l’appris, j’avertis mon compagnon : « Encore de nouveaux voisins ! J’avoue que ça me fait peur. En tout cas, plus d’invasion ! Chacun chez soi. Bonjour, bonsoir, rien de plus. »

    Aurélien était de mon avis. Nous garderions les distances. Enfin, nous aurions la paix !

    Un après-midi, je vis arriver une voiture à côté de chez nous. À l’intérieur, se trouvait un couple qui attendait visiblement quelqu’un ou quelque chose.

    Cette attente dura environ un quart d’heure. L’homme sortit du véhicule et vint frapper à notre porte. La femme resta assise, l’air hautain, offusqué. « Bonjour, dit ce monsieur, aimablement, avec un fort accent de Liège. Excusez-moi, mais pourrais-je utiliser votre téléphone ? La propriétaire de la maison voisine nous avait fixé rendez-vous ; elle a presque une demi-heure de retard. C’est très joli, chez vous », ajouta-t-il, en promenant ses regards à travers la pièce.

    Je ne sais pourquoi, mais cette phrase et ce regard m’inquiétèrent. Je m’étais juré de ne plus fréquenter les voisins à venir et en voilà un, présumé, qui téléphonait chez moi !

    Bien sûr, on ne peut laisser quelqu’un dans l’embarras ; les portables n’avaient pas encore cours et c’était là un service normal.

    Après une brève conversation téléphonique, il se présenta : « Jean Durieux. »

    Il m’avisa que la propriétaire était en route et s’intéressa à nous.

    Sans raison valable, mon inquiétude s’accrut et me défendit d’inviter ces personnes à attendre chez nous.

    Bref, la tractation eut lieu et bientôt, un camion déchargea tout un mobilier ; nous avions d’autres voisins.