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[Livre] The kingdom

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Lecture terminée le : 06 avril 2021

 

Résumé : Ana, mi-humaine, mi-robot, est l'une des sept hybrides conçues pour divertir les visiteurs du parc d'attractions Kingdom, petits comme grands. Sa vie prend cependant un autre tournant quand elle est accusée d'avoir assassiné Owen, l'un des membres du personnel. Commence alors un procès haletant, où la vérité n'est pas forcément celle que l'on croit...


Auteur : Jess Rothenberg

 

Edition : Casterman

 

Genre : Science-fiction

 

Date de parution : 04 Mars 2020

 

Prix moyen : 17€

 

Mon avis : Je ne m'attendais pas à être autant prise dans cette histoire. Le récit de ce qu'il s'est passé alterne avec des passages des minutes du procès, des transcriptions de conversations et autres pièces à conviction.

Ça rend ce livre très rapide à lire avec un format qui reste atypique même si on trouve de plus en plus ce genre de composition au sein des romans.

J'ai beaucoup aimé Ana. Au début du roman, elle est d'une incroyable naïveté, mais cela n'a pas provoqué d'agacement puisque la jeune fille, étant plus ou moins une machine avec une intelligence artificielle, n'a tout simplement pas pu évoluer comme une jeune fille de l'âge qu'elle paraît avoir (apparence trompeuse d'ailleurs, puisque Ana ne semble avoir été créée que depuis moins d'une dizaine d'années).

Bien sûr, il faut parfois se rappeler qu'elle n'est tout simplement pas capable de lire entre les lignes, ou de comprendre certaines expressions. En plus de n'être que des intelligences artificielles, aussi développées soient-elles, la jeune fille et ses sœurs ont été maintenues dans la plus stricte ignorance du monde réel. Tout leur univers se résume au parc d'attraction et on leur a fait de l'extérieur un portrait apocalyptique pour les dissuader de vouloir l'explorer.

D'ailleurs, si elles sont en apparence traitées comme des êtres humains, au fil de l'histoire, certains détails montrent parfaitement qu'elles sont considérées comme la propriété du parc et comme, au mieux, des poupées animées, au pire, des animaux dressés pouvant se révéler dangereux.

Tout le long du procès, avant même que l'on ne sache ce qui est reproché exactement à Ana, on constate l'obstination des représentants du parc à répéter qu'elle ne peut pas être responsable de ses actes, quelle n'est qu'une machine, et que, quoi qu'elle ait pu faire, cela relève d'un dysfonctionnement technique réparable et non d'une volonté propre.

Si au début je me suis dit qu'ils ne voulaient tout simplement pas perdre leur prototype, je me suis vite rendue compte que ce n'était pas aussi simple que ça.

La question se pose de savoir à quel point une intelligence artificielle dispose de sa propre volonté, et amène naturellement à la question de l'exploitation de ces créations : si elles vont leur propre volonté, elles sont bien responsables de leurs actes, mais elles ont aussi des droits et leurs créateurs ne peuvent donc pas plus les considérer comme des objets que des parents ne peuvent le faire avec leurs enfants.

De la même manière pour les animaux qui se produisent dans le parc, les avoir créé de toute pièces, empêchant la nature d'avoir une quelconque incidence dans leur venue sur terre, justifie-t-il que l'on puisse faire tout et n'importe quoi avec eux?

À travers l'intrigue dans laquelle est plongée Ana, le roman est aussi un grand questionnement sur l'éthique concernant les grandes avancées technologiques quand elles se combinent à la génétique et la biologie. Jusqu’où peut-on aller ? Et dans quel but est-ce acceptable ?

Je ne suis pas une grande habituée de science-fiction, et je suis généralement loin d'être fan des histoires de robots, aussi perfectionnés soient-il, mais là, j'ai dévoré ce livre d'une traite et j'ai frôlé le coup de cœur.

 

Un extrait : Le moteur de la rame vrombit délicatement, tel le cœur battant d’un oiseau, tandis qu’elle s’élance sur le faisceau-rail. L’espace d’un instant, si bref que même une caméra de surveillance ne pourrait le capter, je ferme les paupières, je lâche la rampe de métal froid. Je me demande si c’est ce qu’on ressent quand on vole.

Plus légère qu’un courant d’air… libre.

— Ana ?

Une fillette me dévisage. Je lui fais une profonde révérence.

— Bonjour, ma jolie ! Comment t’appelles-tu ?

L’enfant sourit, révélant deux rangées de parfaites petites dents blanches.

— Clara.

Clara…

Aussitôt, de la musique emplit ma tête.

Tchaïkovski.

Une scène holographique s’affiche devant mes yeux.

Une fille en ballerines roses. Des poupées qui s’éveillent au clair de lune. Le terrible roi des souris. Et le beau prince qui devra les délivrer.

Une lumière rouge clignote dans mon champ de vision et je souris.

Sur le monorail, je capte très bien le signal sans fil.

— Quel joli prénom ! je m’exclame. Cela me rappelle mon ballet préféré.

Je l’invite à venir près de moi tandis que le monorail traverse le ciel. Trois cents mètres plus bas, sous des fenêtres en verre impénétrable, le parc défile dans un mélange de sons et de couleurs. Nous survolons ainsi des canopées tropicales, les prairies verdoyantes dédiées aux safaris, des plaines préhistoriques, des lagons à l’eau cristalline, des étoiles et des lunes extraterrestres… Et, au loin, alors que nous nous engageons dans un virage léger, apparaît le château. Il semble percer les nuages de ses splendides flèches argentées, plus acérées que des lames de rasoir.

— Le Palais des Princesses, chuchote Clara. Est-ce que c’est vrai qu’il est fait de magie pure ?

— Ferme les yeux, je lui souffle, et fais un vœu. Je suis sûre qu’il deviendra réalité.

Clara s’exécute en serrant les paupières de toutes ses forces, puis elle me prend avec enthousiasme par la taille.

De nombreuses choses me déplaisent ici, même si je ne me permettrais jamais de m’en plaindre. Les journées interminables. La chaleur étouffante. Cet étrange vide que je ressens chaque soir quand les portes laissent repartir les visiteurs vers le monde extérieur. Mais des moments comme celui-ci, ces liens que je crée… voilà qui rend tout le reste dérisoire en comparaison.

 

Beaucoup aimé 4 étoiles.jpg

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