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[Livre] Le blues du pêcheur

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Lecture terminée le : 15 octobre 2020

 

Résumé : «Maman, Comme tu vois, je ne t’ai pas oubliée. Quatre mois déjà que je suis à Marseille. Le temps est passé vite, j’ai eu tant à faire, j’ai eu tant à apprendre et à découvrir. Marseille est grande. Elle m’a étourdi d’abord, puis elle m’a enchanté. Je m’y sens libre. L’anonymat a quelque chose d’exaltant. Livourne est un bourg comparé à Marseille. Je crois qu’il me serait impossible d’y vivre maintenant, je m’y sentirais enchaîné à une vie trop étroite. Ici, on peut trouver du travail, on peut tenter sa chance. Il y a beaucoup d’Italiens à Marseille. Je ne suis pas trop dépaysé. Nous, les Italiens, on vit en communauté, on se serre les coudes, tous confinés dans le quartier de la Belle de Mai. Les Français nous appellent les babi. On voit souvent des affiches dans la rue : « Immigrés italiens dehors, travailleurs français! » Quelques escrocs m’ont même proposé une fausse carte d’identité si je soutenais le parti socialiste. Mais avec mon accent à couper au couteau et mon peu de vocabulaire, ce n’est pas demain la veille qu’on cessera de m’appeler macaroni. Ces sales gens ne doivent pas connaître notre cuisine pour en faire une insulte! Ton cacciucco me manque, nos longues discussions aussi. »


Auteur : Alan Alfredo Geday

 

Edition : Autoédité

 

Genre : Roman contemporain

 

Date de parution : 01 Avril 2019

 

Prix moyen : 12,50€

 

Mon avis : J’ai accepté de lire ce roman, lorsque l’auteur me l’a proposé, car il y avait beaucoup de point commun dans le résumé avec ma famille et moi : Livourne, un immigré italien, la belle de mai à Marseille… Il fallait que je découvre l’histoire qui s’articulait autour de ces mots clefs.
J’ai vraiment beaucoup aimé cette histoire dans laquelle on suit Giovanni, un jeune pêcheur de Livourne qui rêve d’une autre vie que la pêche et se sent coincé par la « tradition familiale » qui veut qu’un fils reprenne le métier de son père et reste au village pour s’occuper de ses parents.
A la mort de son père, il quitte l’Italie et s’embarque clandestinement pour Marseille.
La communauté italienne s’est regroupé dans le quartier de la belle-de-mai et c’est là que va atterrir Giovanni où il loger dans une famille de brave gens.
Mais le rejet des français envers « les ritals » est fort dans le Marseille d’après seconde guerre mondiale. La rancœur envers les italiens, ces « fascistes » qui étaient dans « l’autre camp » sont encore fortes. Les amalgames n’ont pas attendu le XXIème siècle pour exister !
La mafia italienne est également bien présente et taxe la communauté italienne en échange d’une pseudo « protection ».
Entraîné malgré lui dans une vie qui ne lui ressemble, Giovanni peine à se faire une place, il a du mal à retrouver « son rêve ».
Toujours accompagné de son harmonica, il va d’espoirs en désillusions car comme le lui écrit sa mère « Le monde est-il si différent où tu es ? » Giovanni fuit la routine de sa vie, mais la routine se réinstalle toujours. Après avoir fui l’Italie, il quitte également Marseille pour Paris. Paris va-t-elle lui apporter ce qu’il cherche ?
Il fait des rencontres, certaines sont belles, d’autres moins, certaines lui apporteront beaucoup, d’autres ne lui apporteront que de la déception.
Il y a beaucoup d’émotions dans ce roman, sans pour autant tomber dans le pathos, loin de là. Tout est dans la mesure et le style de l’auteur, fluide et agréable à lire décrit merveilleusement bien les aléas de l’immigration, les difficultés, les doutes.
Je ne me prononcerais pas sur Paris, mais il décrit très bien Marseille. Même plusieurs décennies après l’époque de l’histoire, je reconnais la ville de mon enfance, avant qu’elle ne se dégrade autant.

La seule raison pour laquelle je n’ai pas dévoré ce livre d’une seule traite, c’est que je n’avais pas beaucoup de temps pour lire.
En tout cas, une chose est sûre, je ne regrette pas du tout d’avoir accepté de découvrir ce livre car je me suis vraiment régalée.
J’ai soigneusement noté le titre du second livre de l’auteur. Quand j’aurais un peu plus de temps pour lire, il est fort possible que je me le procure pour aller faire un tour sous le pont de Brooklyn !

 

Un extrait : Le père Valci est satisfait. Sa femme Nina sera heureuse. La joie lui fait recouvrer ses forces, et il manœuvre la barque vers le port. Giovanni profite de cette allégresse temporaire pour sortir son harmonica. Il a envie de blues, de quelque chose qui le fasse rêver. Le père n’aime pas voir son fils mélancolique, mais il est trop occupé à ramer et ne le rabroue pas. Giovanni se plonge dans ce monde sensible qui l’aide à vivre. Un monde où se rejoignent espoirs et souvenirs. Mais il sait que cet intermède sera de courte durée, que, sur la terre ferme, il devra revenir parmi les siens. En attendant, il laisse ses pensées divaguer. Le vent siffle dans ses oreilles comme dans un coquillage. Le souffle du blues s’échappe dans le clapotis des vagues. C’était Benjamin, que Giovanni appelait Ben, qui lui avait appris à jouer du blues. Pendant que les Américains reconstruisaient le port, Giovanni aimait se baigner en leur compagnie. Ce jour-là, il avait laissé son harmonica sur le quai, caché au fond d’un mocassin. Mais alors qu’il goûtait la mer tiède de cette fin d’après-midi, nageant parmi les poissons et les algues vertes qui lui chatouillaient les jambes, il entendit s’élever une mélodie suave. Qui aurait pu lui faire une telle chose ? Lui prendre son harmonica ! Il rebroussa chemin avec empressement et aperçut un rassemblement qui cachait le mystérieux musicien. On était émerveillé, le marine jouait quelque chose de différent et d’envoûtant. Il portait une veste kaki, un pantalon couleur moutarde et des bottes à lacets. Les gamins scrutaient avec envie le couteau qu’il portait à la cuisse droite. C’était l’Amérique à Livourne. Ke jeune marine afro-américain leur faisait découvrir Chicago et ses cabarets. Giovanni s’avança vers l’homme qui s’amusait de l’enthousiasme des pêcheurs : « è moi, è moi ! ». Le soldat les yeux vers lui et s’arrêta de jouer :

- Hey man ! It’s yours ?

Giovanni ne comprenait pas, mais il pointa l’instrument du doigt, et le marine continua :

- I am Benjamin, I am from Chicago. Do you like blues ?

L’adolescent acquiesça, et le soldat en fut amusé. Jusqu’au retour des américains au pays, Giovanni vint apprendre de Ben le rythme du blues, un rythme lent et sulfureux.

 

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