Résumé : Anne est la seconde fille de l'honorable Sir Elliot de Kellynch. Persuadée par son amie Lady Russel, elle a dû rompre ses fiançailles avec le jeune Frederick Wentworth, un officier de marine pauvre, car il ne présentait pas les assurances d'un bon parti. Huit ans plus tard, sa famille connaît des revers de fortune. Son père décide alors de louer le château familial à l'amiral Croft, qui se trouve être le beau-frère de Frederick. Anne appréhende de revoir celui qui est resté son grand amour. Alors que s'achève la guerre avec la France, le capitaine Wentworth, fortune faite, revient avec le désir de se marier pour fonder un foyer. Il a conservé du refus d'Anne la conviction que la jeune fille manquait de caractère et se laissait trop aisément persuader...
Auteur : Jane Austen
Edition : Archipoche (collector)
Genre : Classique
Date de parution : Avril 2017 (première édition 1818)
Prix moyen : 8€
Mon avis : Persuasion est le dernier roman de Jane Austen. Il a été publié après sa mort et, contrairement à ses autres œuvres, elle n’a pas eu le temps de le retravailler.
Je crois pouvoir dire qu’Anne est mon personnage préféré, non seulement de ce roman, mais de toute l’œuvre de Jane Austen. Elle a la gentillesse et la sagesse d’Eleanor Dashwood et le désir d’indépendance d’Elizabeth Bennet.
Contrairement à ces deux héroïnes qui, si elles sont affublées de parents souvent pénibles, qui leur font honte ou qui n’ont aucun sens commun, mais dont on ne peut douter de l’amour qu’ils leur portent, Anne est en manque constant d’amour. Son père est vaniteux, imbu de lui-même et totalement indifférent, sa sœur ainée est froide comme la glace et lui préfère son intrigante d’amie et sa sœur cadette, la seule à être mariée, passe son temps à gémir et à se plaindre. La seule personne qui lui témoigne de l’affection dans son entourage immédiat est Lady Russel, une amie de sa défunte mère (et qui est, il me semble, sa marraine).
Malgré un entourage assez toxique, Anne ne perd jamais patience, elle ménage les uns et les autres, calme les esprits et aplani les conflits naissants.
8 ans auparavant, Anne s’est laissé convaincre par lady Russel de refuser la demande en mariage de Frederik Wentworth, qu’elle voyait comme un mauvais parti du fait de l’absence de titre et de sa profession de marin.
Depuis Anne n’a cessé de regretter cette séparation tout en pensant avoir fait son devoir en suivant les conseils de celle qui l’aime comme une mère (autre époque, autre mœurs).
Les circonstances, que je vous laisse découvrir dans le roman, vont l’amener à revoir Frederik, lequel a fait du chemin en 8 ans.
Wentworth est sans doute le personnage masculin que j’ai préféré dans ce roman (même si le beau-frère d’Anne m’a aussi beaucoup plu). Comme Anne, il a le sens du devoir. Il a aussi très conscience de son rang, des privilèges et des obligations qui en découlent. Pour autant, il ne semble en tirer ni orgueil ni sentiment de supériorité.
Il sait à la fois pardonner et se remettre en question, et surtout, il n’hésite pas à s’exposer à un chagrin en faisant le premier pas tout en restant discret.
La chose que j’ai le plus apprécié est que, si Frederik et Anna ne se jette pas l’un sur l’autre au premier regard, convenances du XIXème siècle obligent (on est pas dans un Hugo romance), ils ne perdent pas non plus de temps en atermoiements inutiles qui s’étirent sur des mois.
La fin met un poil à mal les morales habituelles, comme si Jane Austen, sentant sa fin proche, s’était dit : Au diable la morale conservatrice et bien-pensante de mon siècle et place aux sentiments véritables qui, eux seuls, doivent compter.
Un extrait : Il n’est pas étonnant que lady Russel n’eût pas songé à un second mariage ; car elle possédait une belle fortune, était d’un âge mûr, et d’un caractère sérieux, mais le célibat de Sir Walter s’explique moins facilement.
La vérité est qu’il avait essuyé plusieurs refus à des demandes en mariage très déraisonnables. Dès lors, il se posa comme un bon père qui se dévoue pour ses filles. En réalité, pour l’aînée seule, il était disposé à faire quelque chose, mais à condition de ne pas se gêner. Élisabeth, à seize ans, avait succédé à tous les droits et à la considération de sa mère.
Elle était fort belle et ressemblait à son père, sur qui elle avait une grande influence ; aussi avaient-ils toujours été d’accord. Les deux autres filles de Sir Walter étaient, à son avis, d’une valeur inférieure.
Marie avait acquis une légère importance en devenant Mme Musgrove ; mais Anna, avec une distinction d’esprit et une douceur de caractère que toute personne intelligente savait apprécier, n’était rien pour son père, ni pour sa sœur.
On ne faisait aucun cas de ce qu’elle disait, et elle devait toujours s’effacer ; enfin elle n’était qu’Anna.