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[Livre] Pavillon de femmes

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Résumé : Dans la Chine d'autrefois, le seul rôle dévolu aux femmes de riches était celui d'épouse et de mère. Ce rôle, la fine et intelligente Ailien Wu ne le supporte plus. Pour y échapper, elle se servira très adroitement des traditions, celles-là mêmes qui l'avaient liée pendant si longtemps.

 

Auteur : Pearl Buck

 

Edition : Le Livre de Poche

 

Genre : roman contemporain

 

Date de parution : 1966

 

Prix moyen : 7,10€

 

Mon avis : J’ai bien aimé ce livre malgré de nombreuses longueurs surtout au début.
J’ai trouvé qu’on présentait un peu trop Mme Wu comme la femme parfaite alors qu’elle est extrêmement manipulatrice. D’ailleurs, elle ne se retire pas de la vie de couple parce qu’elle étouffe mais parce que, dans la tradition, c’est une honte de concevoir après 40 ans. D’ailleurs elle ne cache pas son mépris pour celles qui ont des enfants passé cet âge.
Malgré le fait qu’elle se « retire », elle entend bien continuer à mener la maison à la baguette. Et elle ne s’en prive pas, son époux étant de nature faible et se laissant toujours convaincre sans même se rendre compte qu’il laisse les rênes de la maison à son épouse.
Puis, pour pouvoir marier son troisième fils, et toujours dans un soucis de manipulation pour lui imposer la femme qu’elle souhaite le voir épouser tout en lui donnant l’impression d’être libre de son choix, elle va engager un prêtre étranger pour enseigner l’anglais à son fils.
Au contact de cet homme, elle va prendre conscience des erreurs qu’elle a commise au nom de la tradition.
Malgré sa difficulté à comprendre la façon de voir occidentale, elle va se détacher un peu de la pure tradition et comprendre que la Chine est à un tournant de son histoire où vont se mêler traditions ancestrales et modernités. Elle prend conscience que la jeune génération ne veut plus de ce carcans de règles d’un autre âge et que les choses vont évoluer.
La maison Wu s’accommodait très bien des traditions, y compris la jeune génération, bon gré, mal gré, jusqu’à ce que Mme Wu, ayant décidé de se retirer dans le pavillon où vivait son défunt beau-père et donc de ne plus avoir de relation sexuelle avec son mari, décide de trouver pour celui-ci une concubine. Le mari proteste mollement (mais bon, on lui propose d’introduire dans son lit une jeune fille de la moitié de son âge, il ne va pas résister bien longtemps), la belle-mère proteste avec un peu plus de véhémence mais devant la pancarte de la tradition brandie bien haut, elle s’incline assez vite. En revanche les trois premiers fils, (le quatrième étant trop jeune pour bien comprendre ce qui se trame) et surtout les épouses des deux premiers (est-ce que ça ne risque pas de donner des idées à leurs maris) s’offusquent. Mais Mme Wu reste inflexible. Elle considère l’amour (peut-être parce qu’elle n’a jamais aimé) comme quelque chose d’avilissant et méprise ouvertement son amie, Mme Kang, qui aime profondément son mari.
C’est l’introduction de cette concubine, appelé seconde épouse, qui va faire comprendre au second et au troisième fils qu’ils ne veulent pas vivre ainsi, englués dans les traditions, et que, sans les jeter aux orties pour autant, ils veulent s’en libérer peu à peu.
Malgré son inflexibilité du début, qui continue tout au long du roman sur de nombreux points, Mme Wu a la capacité de se remettre en question et d’admettre qu’elle a pu faire des erreurs, ce qui, dans les familles aristocratiques de la chine des années 30 est assez exceptionnel.

Un extrait : C’était son quarantième anniversaire. Madame Wu, devant le miroir incliné de sa coiffeuse, examinait son calme visage. Elle le comparait à celui qui lui était apparu dans ce même miroir quand elle avait seize ans. Ce jour-là, elle s’était levée de son lit de noces de bonne heure, car elle avait toujours été matineuse ; enfilant sa nouvelle robe de chambre, elle était venue dans cette même pièce s’asseoir devant la coiffeuse. De son air paisible, facilement impassible, elle avait regardé ses traits.
« Comment se peut-il que ce soient les même qu’hier ? » s’était-elle demandé ce premier matin là, après son mariage.

Elle les avait inspectés minutieusement : large front bas, dépouillé depuis la veille de sa frange de jeune fille, yeux en amande, nez délicat, et l’ovale des joues, le menton et la petite bouche rouge, très rouge ce matin là. Ying, sa nouvelle bonne, était entrée à la hâte.
« Oh ! Mademoiselle, oh ! Madame, avait-elle balbutié, je ne croyais pas que, ce matin, vous seriez levée de si bonne heure ? »

Les joues de Ying étaient toutes rougissantes.
Celles de sa maîtresse gardaient, au dessus des lèvres rouges, la même blancheur de perle que de coutume.
« J’aime à me lever de bonne heure », répondit-elle de sa voix douce, cette voix que, dans la nuit, le jeune homme, jusqu’alors inconnu d’elle, comparait à celle d’un oiseau chanteur.
… A ce moment, vingt-quatre ans plus tard, Ying parut deviner les pensées de Madame Wu ; ses mains actives derrières la lourde chaise de bois enroulaient les coques de cheveux noirs, raides et lisses, mais elle les avait coiffés si souvent qu’elle pouvait détourner les yeux de son travail et regarder le beau visage dans la glace.
« Madame, dit-elle, vous n’avez pas changé pendant ces vingt-quatre ans.
- Vous songiez à ce matin là, vous aussi » répondit Madame Wu.
Elle rencontra avec affection le regard de Ying dans la glace. Ying s’étaient épaissie après vingt ans de mariage avec le cuisinier en chef, mais Madame Wu restait plus svelte que jamais.

 

 

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