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[Livre] L'enfant qui ne pleurait pas

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Résumé : Sheila, six ans, a enlevé un bébé, l’a ligoté à un arbre et a mis le feu. Il est dans un état critique et la coupable a été arrêtée.
C’est elle que Torey voit apparaître dans sa classe d’enfants inadaptés. La police ne peut plus rien et l’hôpital psychiatrique l’a rejetée.
Alors commence une lente approche entre la jeune pédagogue et l’enfant sauvage qui dit toujours non et ne pleure jamais. Des gestes, des mots, des jeux…et Sheila se révèle sensible, intelligente.
Chaque soir, hélas ! elle retrouve son taudis, son père irresponsable et violent.
Saura-t-elle jamais pleurer…et rire ?

 

Auteur : Torey Hayden

 

Edition : J’ai lu

 

Genre : Témoignage

 

Date de parution : 1982

 

Prix moyen : 7€

 

Mon avis : Ce livre est le premier livre de Torey Hayden que j’ai lu. Dès les premières pages, j’ai été littéralement happée par le style, l’écriture et bien sûr l’histoire.

On ressent bien le fatalisme de Torey, quand elle dit qu’elle aurait du se douter que Sheila échouerait dans sa classe.
Il faut dire qu’elle est spécialisée dans l’enseignement auprès des enfants dits « à problèmes » : autisme, mutisme volontaire, tentative de suicide, accès de violence, les raisons qui amènent les enfants dans la classe de Torey ne manquent pas.
Pour Sheila, le placement est temporaire. Elle n’est censée rester dans la classe spécialisée que le temps que se libère pour elle une place à l’hôpital psychiatrique.
Malgré l’hostilité que montre la fillette, Torey refuse de se contenter d’être une gardienne de prison et va tout faire pour faire classe à Sheila comme aux autres gamins.
Le plus dur dans ce roman est de voir la facilité avec laquelle la plupart des adultes balaient la vie de Sheila comme si elle ne valait rien.
Quand Torey décide de se battre contre l’envoi de la gamine en hôpital psychiatrique, peu de personnes la soutiennent d’abord, l’accusant même d’outrepasser ses fonctions (même s’ils reviennent sur leurs dires pour la plupart).
Personne, à part Torey, ne semble s’être donné la peine de connaître le passé de Sheila et pourtant, à seulement 6 ans, elle a vécu plus d’épreuves que la plupart des gens.
Sheila ne pleure peut-être pas, mais je l’ai fait pour elle car je n’ai pas arrêté du début à la fin.
Au-delà de l’histoire de Sheila, on voit le combat de Torey pour que ces enfants dits « particuliers » cessent d’être considérés comme quantité négligeable par la société (le meilleur exemple étant le médecin qui refuse d’anesthésier un enfant autiste avant de le recoudre car « ces gens là ne sentent pas vraiment la douleur »).
On ne peut être que touché, à la fois par Sheila et pour Torey, pour qui une année réussie se solde par un petit garçon autiste qui dit enfin « Maman ».

Un extrait : J’aurais du m’en douter.
C’était un article très court, juste quelques paragraphes coincés en page six sous les bandes dessinées.
Il parlait d’une petite fille de six ans qui avait kidnappé un enfant du quartier. Par cette froide soirée de novembre, elle avait emmené le gamin de trois ans, l’avait attaché à un arbre d’un bosquet voisin puis avait mis le feu. L’enfant était à l’hôpital, dans un état critique. La petite fille avait été appréhendée.
Je lus l’article de l’œil indifférent dont je parcourrais le reste du journal, avec un vague sentiment d’indignation sur l’évolution de la société.
Plus tard, au cours de la journée, il me revint en mémoire tandis que je faisais la vaisselle. Je me demandai ce que la police avait fait de la petite fille. Pouvait-on mettre une enfant de six ans en prison ? J’eus quelques visions Kafkaïennes de la gamine errant dans la vieille prison sinistre de la ville. Mais j’aurais du m’en douter.
J’aurais dû me douter qu’aucun enseignant n’accepterait dans sa classe une élève ayant un tel antécédent. Qu’aucun parent ne voudrait que son enfant côtoie à l’école une fillette de ce genre. Que personne ne la laisserait se promener en liberté.
J’aurais dû me douter qu’elle finirait par échouer dans ma classe.

 

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