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[Livre] Les fleurs sauvages

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Résumé : Misty, Star, Jade et Cathy : ces quatre jeunes inconnues ne se seraient jamais rencontrées sans les tragiques événements qui ont bousculé leur vie et les ont conduites dans le cabinet d'une psychiatre. Tout les différencie et, pourtant, au terme de leur thérapie de groupe, chacune connaît les autres mieux que quiconque au monde. Ces liens vont-ils se rompre, passée la porte du docteur Marlowe ?
Les quatre jeunes filles ont envie de se revoir. Elles formeront même une sorte de club : les orphelines avec parents. Une nuit, Géraldine, la mère de Cat, s'effondre sans vie. Que s'est-il passé ? Cat ne le sait pas mais elle appelle les filles au secours. Inconscientes mais déterminées, les quatre amies décident d'enterrer Géraldine au fond du jardin et de tout oublier, de recommencer une nouvelle vie. 

Auteur : Virginia C. Andrews

Edition : France Loisirs

Genre : Drame

Date de parution : 2003

Les tomes : Tome 1 : Misty
                  Tome 2 : Star
                  Tome 3 : Jade
                       Tome 4 : Cat
                  Tome 5 : Au fond du jardin

Prix moyen : 8€ par tome

Mon avis : Les quatre premiers tomes sont le récit, par chacune d’elle, de ce que les filles ont vécu et quels sont les événements qui les ont conduits dans le cabinet du Dr Marlowe.
De toutes, c’est clairement Cat qui a vécu l’histoire la plus horrible et la plus traumatisante, car, même s’ils s’y prennent mal, même s’ils les font souffrir, les parents de Jade et de Misty ainsi que la grand-mère de Star les aiment. Cat est aux prises avec une mère qui la hait. Et d’ailleurs, quelque ait été le passé de sa mère, Géraldine, son comportement est pathologique. Elle est hystérique et méchante, profondément méchante. Je me demande même comment, après les événements qu’a racontés Cat, on a pu lui laisser la garde de sa fille sans même un suivi des services sociaux.
Mais comme on dit : il n’y aurait pas eu de suite alors.
Parce que le dernier tome réunit les 4 filles mais est quand même focalisé sur Cat. Depuis qu’elle a raconté son histoire, sa mère est pire encore qu’avant, ce qui semblait impossible.
Quand elle s’écroule au milieu de la nuit, on n’est pas étonné que Cat soit, certes, choquée mais qu’elle ne semble éprouver aucun chagrin. Comment pourrait-elle en éprouver alors qu’elle a vécu toute sa vie dans un tel climat de haine, de rejet ?
Quand les filles décident, sur un coup de tête d’enterrer le corps et de ne rien dire, cela part d’un bon sentiment : éviter à Cat d’être placée en famille d’accueil puisqu’elle n’a plus personne.
Mais ensuite, je les ai trouvé plus qu’inconscientes : alors que Géraldine était, disons les choses comme elles sont, pingre, les filles font des dizaines d’achats avec la carte de crédit de cette dernière pour « relooker » la maison, sans se demander une seule seconde ce que le conseiller financier de Géraldine pourrait penser de ce comportement anormal pour sa cliente.
J’ai trouvé Jade, Misty et Star un peu égoïste, leur seule préoccupation semble être d’avoir une maison à elles, sans adulte, dans laquelle elles peuvent faire ce qu’elles veulent.
A l’instar de sa mère, elles n’hésitent pas à culpabiliser Cat, voire à la forcer à faire ce qu’elles jugent bon (faire une soirée, nager, voir des garçons, repeindre la maison…)…
Malgré leurs promesses, elles laissent Cat seule face à ses angoisses lorsqu’elle est persuadée que son père adoptif va revenir.
Mais comme dans toute amitié, malgré leurs différences et leurs bisbilles, elles peuvent quand même compter les unes sur les autres.
J’ai bien aimé suivre les évolutions de ces quatre adolescentes jusqu’à leur entrée dans l’âge adulte.

Un extrait : En dépit de mes nombreuses et fréquentes visites dans son cabinet, je n’avais jamais remarqué l’horloge miniature qui trônait au centre de la dernière étagère, à gauche du bureau du Dr Marlowe. Avec son coffre de merisier et son cadran à chiffres romains, elle n’avait certes rien de très remarquable. Elle ne sonnait pas, ne carillonnait pas, ne marquait l’heure d’aucune façon. Mais le mouvement régulier de son petit pendule avait attiré mon regard et je demeurais figée, hypnotisée par ce balancement obstiné, pendant que les autres attendaient en silence que je voulusse bien commencer.

Les battements de mon cœur semblaient synchronisés avec l’oscillation du petit balancier et j’ai songé : Et si notre cœur n’était qu’une simple horloge décomptant le temps qui nous est imparti ? Avant même que nous ne soyons nés, par la magie de leur amour, nos parents en auraient remonté le mécanisme. Peut-être la durée de notre vie dépendait-elle de la force avec laquelle ils nous avaient désirés ? Peut-être quelque comportementaliste devrait-il entreprendre une étude comparée sur le sujet : d’un côté, les enfants indésirables, et de l’autre, la bien-aimée progéniture de parfaites petites familles unies ? Aucune, dans cette pièce, ne serait heureuse du résultat, je le crains.

Je sentais les yeux des autres filles fixés sur moi et n’avais nul besoin de les regarder pour deviner ce qu’elles pensaient : mais que venais-je donc faire ici, moi qui semblais tout droit sortie d’une de ces familles idéales, justement ? Qu’avais-je bien pu vivre de si horrible ? Pourquoi aurais-je donc eu besoin d’un psychiatre ?

Oh ! Je comprenais parfaitement pourquoi elles se posaient toutes ces questions. Quoi qu’il arrive, aussi violents que soient les orages qui éclataient entre ma mère et mon père, aussi dévastatrices qu’en soient les conséquences pour moi, je conservais mon calme souverain et mon port de reine. Je savais comment me comporter en toutes circonstances : sang-froid, retenue et assurance à toute épreuve, tel était mon credo. Je suppose que je tiens cela de ma mère – ce qui ne veut pas dire que mon père manque de confiance en lui, bien au contraire. Le fait est que ma mère ne laissera jamais quiconque soupçonner quelle pourrait se trouver en position d’infériorité. Même quand elle est dans son tort, elle s’arrange toujours pour que le vainqueur ne puisse jamais être tout à fait certain d’avoir remporté la bataille. Elle ne capitule jamais. Jamais elle ne laissera le désespoir assombrir ses prunelles ; jamais elle ne courbera le dos sous les coups de l’adversaire ; jamais elle ne baissera la tête dans la défaite.

Mère se met en colère, mais Mère ne perd jamais son self-control. La maîtrise est au cœur même de son système vital : son essence. Mon père veut d’ailleurs me faire croire que c’est cette volonté obsessionnelle de toujours tout maîtriser qui est à l’origine de ce qu’il appelle leur « apocalypse conjugale ».

Il a probablement raison – quant à sa façon de voir les choses, du moins. En un sens, c’est effectivement la fin du monde ; de mon monde, en tout cas ; d’un monde que j’ai été assez naïve pour croire, si ce n’est éternel, du moins aussi immuable que le balancement du pendule dans la poitrine de mes parents, et tout aussi durable. Je les croyais si épris qu’à mes yeux le pendule de l’un ne pouvait s’arrêter sans que celui de l’autre n’en fasse autant, à très brève échéance.

Ce qui, bien entendu, ne pourrait survenir que dans un futur très très lointain ; pas avant que je ne fusse moi-même parvenue au seuil de la sénilité, assurément. Notre monde était si préservé que je m’imaginais vivre à l’intérieur d’une grosse bulle qui nous protégeait de tout : accident grave, maladie mortelle, crime, malheur, etc. Je quittais une luxueuse propriété de Beverly Hills pour monter dans une limousine capitonnée et me rendre dans une école privée aux couloirs immaculés et aux bureaux flambant neufs. Je n’étais sortie du cocon maternel que pour entrer dans un autre cocon tout aussi sûr et douillet, de sorte que je n’eusse jamais ni trop chaud ni trop froid. 

T03 - Jade

 

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