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[Livre] Raison et sentiments

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Résumé : Injustement privées de leur héritage, Elinor et Marianne Dashwood sont contraintes de quitter le Sussex pour le Devonshire, où elles sont rapidement acceptées par la bourgeoisie locale étriquée et à l'hypocrisie feutrée. L'aînée, Elinor, a dû renoncer à un amour qui semblait partagé, tandis que Marianne s'éprend bien vite du séduisant Willoughby. Si Elinor, qui représente la raison, dissimule ses peines de cœur, sa cadette étale son bonheur au grand jour, incapable de masquer ses sentiments. Jusqu'au jour où Willoughby disparaît...

Auteur : Jane Austen. Appartenant à la gentry anglaise, Jane Austen n’a pas signé ce roman lorsqu’il est paru, se contentant de noter : signé par une dame. En effet sa position sociale lui interdisait de signer un roman destiné à la vente. Tous ses romans ont été publiés dans les dernières années de sa vie, de 1811 à 1816. Deux, écrits probablement au début des années 1800, ont été publiés à titre posthume. Née en 1775, elle décède en 1817 d’une maladie qui n’a pas été clairement établie.

Edition : Archipoche

Genre : Romance/ Classique étranger

Date de parution : Par cette édition : 22 Novembre 2006 ; sinon le roman a été publié pour la première fois en 1811.

Prix moyen : 7€

Mon avis : J’ai lu ce roman dans le cadre d’un challenge sur le forum clubdelecture et je l’ai, du coup, ouvert un peu à contrecœur. Je voulais remplir le challenge mais je n’avais pas plus envie que ça de lire un roman classique. Même s’il s’agissait d’une romance. Même d’un auteur anglais. Et puis j’ai lu les premières pages et je n’ai plus pu le lâcher jusqu’à la fin. Dès le début du roman on sent bien qu’Elinor est la raisonnable de la famille, celle qui a la tête sur les épaules. Ses sœurs et sa mère vivent dans leur monde, un monde ou leurs désirs doivent devenir réalités, où parce qu’un jeune homme fait un regard un peu tendre à une jeune fille, cela veut dire qu’il va forcément l’épouser et où rien, absolument rien, ne prend le pas sur l’amour. Je me  suis plus retrouvée en Elinor qui a plus les pieds sur terre, (elle sait bien que l’honneur, la position sociale, l’argent, entrent toujours en ligne de compte) qu’en Marianne qui est trop « comédienne » à mon goût. Cela ne l’empêche pas d’aimer et de souffrir des évènements qui se produisent, contrairement à ce que semblent penser sa mère et sa sœur, mais elle ne se livre pas à de grands cris de désespoir, sa souffrance est plus digne, elle sait montrer une certaine réserve. Ça a vraiment été mon personnage préféré. J’ai trouvée Mme Jennings trop indiscrète et à la limite de la bienséance avec sa façon de colporter des rumeurs sur les mariages qui sont, selon elle, censés se produire. Marianne m’a paru d’un égoïsme sans nom. Willoughby est un sale type, Fanny une vrai garce et leur frère un faible incapable de s’affirmer même dans son égoïsme et sa cupidité. Finalement, je dois avouer qu’en dehors d’Elinor, du colonel Benton et d’Edward Ferrars (qui n’a comme défaut que sa mère et sa sœur), les autres personnages m’ont assez énervée : les uns avec leur avarice, les autres avec leur manière de se mêler de ce qui ne les regarde pas et tous pour faire des montagnes de taupinières.
Je suppose que cette caricature des personnages secondaires était faite pour cela : faire ressortir les qualités d’Elinor, Ferrars et du colonel Benton et montrer le changement qui s’opère en Marianne quand elle devient plus femme et moins adolescente.
J’ai aimé la fin, parfaite pour une romantique comme moi et j’ai vraiment apprécié l’adaptation cinématographique d’Ang Lee avec  Emma Thompson et Kate Winslet dans les rôles des sœurs Dashwood mais bien entendu, le livre est bien meilleur.

Un extrait :Les funérailles ne furent pas plus tôt achevées que Mme John Dashwood, sans en avertir sa belle-mère, arriva à Norland Park avec son fils et tous leurs domestiques. Personne ne pouvait lui disputer le droit d’y venir ; puisque, au moment du décès de leur père, cette terre leur appartenait ; mais le peu de délicatesse de ce procédé aurait été senti même par une femme ordinaire, et Mme Dashwood mère, avec un sens parfait des convenances, ne pouvait qu’en être très blessée. Mme John Dashwood n’avait jamais cherché à se faire aimer de la famille de son mari ; mais jusqu’alors, ne vivant point avec eux, elle n’avait pas eu l’occasion de leur prouver combien peu elle se souciait des réactions d’autrui.

Mme Dashwood fut si aigrie de cette conduite, et désirait si vivement le faire sentir à sa belle-fille, qu’à l’arrivée de cette dernière elle aurait quitté pour toujours la maison si sa fille aînée ne lui avait fait observer qu’il ne fallait pas se brouiller avec leur frère. Elle céda à ses prières, à ses représentations, et, pour l’amour de ses trois filles, consentit à rester pour le moment à Norland Park.

Elinor, son aînée, dont les avis étaient presque toujours suivis, possédait une force d’esprit, une raison éclairée, un jugement prompt et sûr, qui la rendaient très capable d’être, à dix-neuf ans seulement, le conseil de sa mère, et lui assuraient le droit de contredire quelquefois, pour leur avantage à toutes, une vivacité d’esprit et d’imagination, qui, chez Mme Dashwood, aurait souvent conduit à l’imprudence ; mais Elinor n’abusait pas de cet empire. Elle avait un cœur excellent ; elle était douce, affectionnée ; ses sentiments étaient très vifs ; mais elle savait les gouverner ; c’est une science bien utile aux femmes, que sa mère n’avait jamais apprise, et qu’une de ses sœurs, celle qui la suivait immédiatement, avait résolu de ne jamais pratiquer.

Pour l’intelligence, l’esprit et les talents, Marianne était sur de nombreux points l’égale d’Elinor ; mais sa sensibilité toujours en mouvement n’était jamais réprimée par la raison. Elle s’abandonnait sans mesure, sans retenue à toutes ses impressions ; ses chagrins, ses joies étaient toujours extrêmes ; elle était d’ailleurs aimable, généreuse, intéressante sous tous les rapports, et même par la chaleur de son cœur. Elle avait toutes les vertus, excepté la prudence. Sa ressemblance avec sa mère était frappante ; aussi était-elle sa favorite.

Elinor voyait avec peine l’excès de la sensibilité de sa sœur, tandis que leur mère en était enchantée, et l’excitait au lieu de la réprimer. Elles s’encourageaient l’une l’autre dans leur affliction, la renouvelaient volontairement et sans cesse par toutes les réflexions qui pouvaient l’augmenter, et n’admettaient aucune espèce de consolation, pas même dans l’avenir. Elinor était tout aussi profondément affligée, mais elle s’efforçait de surmonter sa douleur, et d’être utile à tout ce qui l’entourait. Elle prit sur elle de mettre chaque chose en règle avec son frère pour recevoir sa belle-sœur à son arrivée, et l’aider dans son établissement. Par cette sage conduite, elle parvint à relever un peu l’esprit abattu de sa mère, et à lui donner au moins le désir de l’imiter.

Sa sœur cadette, la jeune Margaret, n’était encore qu’une enfant ; mais, à treize ans, elle ne promettait guère de devenir plus tard l’égale de ses aînées.

 

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