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[Livre] Quintland

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Lecture terminée le : 01 novembre 2020

 

Résumé : Quintland a tout d’un parc de loisirs. Les touristes s’y bousculent, on s’y rend en famille ou lors d’une excursion scolaire, plusieurs visites par jour sont organisées. Mais à Quintland, vous ne trouverez qu’une seule et unique attraction. Ce sont cinq petites filles que l’on peut regarder vivre derrière une vitre sans tain. Cinq petites filles isolées, surmédiatisées, éloignées de leurs parents. Elles sont les premières quintuplées de l’histoire à avoir survécu. C’était au Canada, en 1934. Quintland, le « Pays des Quintuplées », a existé pour de vrai.


Auteur : Fred Dupouy

 

Edition : Syros

 

Genre : Documentaire-fiction

 

Date de parution : 02 Mai 2019

 

Prix moyen : 16€

 

Mon avis : Je connaissais déjà l’histoire des quintuplées Dionne pour avoir vu le film qui a été fait sur elles « Cinq bébés à la une » de 1994. J’avais été choquée par la surmédiatisation des fillettes et par l’éviction des parents sous divers prétextes afin de pouvoir exploiter les enfants à des fins commerciales (Je ne suis pas sûre que le père avait des intentions différentes, mais je me mets à la place de la mère à qui on a arraché ses fillettes sans raison valable)
L’auteur a choisi de présenter l’histoire des sœurs Dionne sous la forme d’un documentaire-fiction. Documentaire car tout ce qui est raconté à propos de l’enfance des sœurs, de leur éducation, de leur exploitation, est rigoureusement exact ; Fiction car l’auteur a décidé d’introduire deux personnages fictifs afin d’étoffer son roman.
La manière dont tout cela a été mis en place, avec la complicité du gouvernement est hallucinante. Ces gamines ont été littéralement mises en cage, vedette d’une sorte de zoo privé, tout en servant de cobayes à un médecin en mal de reconnaissance.
On peut comprendre l’engouement médiatique dans la mesure où les naissances multiples étaient très rare en 1934 et qu’il était encore plus rare que quelques enfants survivent. Les sœurs Dionne ont été les première quintuplées de l’histoire a toutes survivre à la naissance, malgré leur naissance prématurée et l’état inquiétant de deux des sœurs.
Donc oui, on comprend que, dans un premier temps, le public ait été captivé. Mais si Quintland n’avait pas été construit, si on n’avait pas organisé méthodiquement l’exposition des enfants, le public se serait lassé. Peut-être que les journalistes seraient venu faire un article tous les ans, pour montrer les « progrès » des fillettes, mais ça ne serait sans doute pas allé plus loin : quand on n’a rien à se mettre sous la dent, si la police était venue systématiquement évacuer les curieux, l’engouement serait rapidement retombé. Mais ce n’était pas rentable pour tous les protagonistes, le gouvernement canadien en première place !
On peut reprocher au père Dionne d’avoir surfé sur la vague et d’avoir participé à tout ça en vendant des souvenirs de ses filles, mais si on se remet dans le contexte, cet homme avait 5 autres enfants à charge, vivait dans la misère, et au lieu d’une aide pour élever et nourrir tous ses enfants, on lui retire ses quintuplées sous prétexte d’éviter leur exploitation par leurs parents (Parce que le père s’est fait embobiner par un type pas clair, mais est vite revenu à la raison) puis, il voit ce même gouvernement faire exactement ce qu’on a voulu soi-disant éviter en lui enlevant ses enfants. Alors qu’ils étaient censés pouvoir les voir sans restriction, on les en empêche, sa femme est dévastée… Pourquoi devrait-il continuer à vivre dans la misère quand d’autres s’en mettaient plein les poches. En plus, lui ne vend que des objets avec l’image de ses enfants, ils ne les exposent pas elles-mêmes.
Si j’ai une chose à reprocher au livre, c’est d’avoir, finalement, fait comme le gouvernement de l’époque : il s’est concentré uniquement sur l’enfance des fillettes et est passé très rapidement sur leur vie d’adultes. J’aurais aimé que cette période soit un peu plus développée.
Mais c’était une lecture très intéressante et facile à lire de par sa forme de roman.

 

Un extrait : Il se souvenait que, quelques semaines plus tôt, Elzire Dionne s’était présentée à son cabinet de consultation. Bien qu’âgée seulement de vingt-cinq ans, la jeune femme en était déjà à sa sixième grossesse. Ce jour-là, elle s’était plainte d’éprouver des sensations inhabituelles. Dafoe avait palpé son ventre distendu sans parvenir à identifier formellement les membres d’un fœtus. Il s’était montré rassurant mais, au fond de lui, il aurait été bien incapable d’affirmer que cette grossesse se déroulait normalement. Il se rappelait aussi que l’accouchement n’était prévu que pour le mois de juillet, ce qui signifiait que les triplés étaient prématurés de deux mois et que leurs chances de survie étaient faibles.

Il se releva. Où en était la mère ? Son pouls était à peine perceptible. Il lui fallait une piqûre d’adrénaline.

– Passez-moi ma mallette, madame Lebel.

Mais celle-ci ne bougea pas.

– Madame Lebel ? insista Dafoe, agacé.

– Regardez, Docteur, répliqua la sage-femme.

Le médecin se retourna et, l’espace d’un instant, se sentit pris de vertige : entre les jambes d’Elzire Dionne, la tête d’un quatrième bébé était en train d’apparaître.

– Bon sang, c’est incroyable. Des quadruplés !

Pendant dix minutes, ils se démenèrent, s’occupant à la fois de la mère et de l’enfant en train de naître.

– Une fille, dit le docteur Dafoe. J’ai l’impression qu’elle est encore plus petite que les trois autres.

– Les trois autres sont des filles également, fit remarquer la sage-femme.

Et la seconde d’après :

– Docteur ! Je crois que...

Elle n’eut pas besoin d’achever. Avant même de relever la tête, Allan Dafoe avait compris que Mme Lebel parlait d’un cinquième bébé.

 

bonne lecture 3 étoiles.jpg

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