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Premières lignes #132

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Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.

Cette semaine, je vous présente L'anti-magicien T01 de Sébastien de Castell

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LA PREMIÈRE ÉPREUVE


Chez les Jan’Tep, il faut remplir trois conditions pour se voir attribuer un nom de mage. La première, c’est d’avoir la puissance de défendre sa famille. La deuxième, c’est d’être capable de manier la haute magie qui protège notre peuple. La troisième consiste simplement à atteindre l’âge de seize ans. À quelques semaines de mon anniversaire, je découvris que je ne remplirais aucune de ces trois conditions.

1 - Le duel


Les vieux maîtres de sort aiment raconter que la magie a un goût. Les sorts de braise ressemblent à une épice qui vous brûle le bout de la langue. La magie du souffle est subtile, presque rafraîchissante, un peu comme si vous teniez une feuille de menthe entre vos lèvres. Le sable, la soie, le sang, le fer… chacune de ces magies a son parfum. Un véritable adepte, autrement dit un mage capable de jeter un sort même à l’extérieur d’une oasis, les connaît tous.

Moi ? Je n’avais pas la moindre idée du goût de la haute magie, ce qui était précisément la raison pour laquelle j’avais tant d’ennuis.

Tennat m’attendait au centre des sept colonnes en marbre qui bordent l’oasis de notre cité. Il avait le soleil dans le dos, ce qui projetait son ombre dans ma direction. Il avait sans aucun doute choisi cette position pour obtenir précisément cet effet. Et c’était réussi, parce que j’avais la gorge aussi sèche que le sable sous mes pieds, et le seul goût dans ma bouche était celui de la panique.

– Kelen, ne fais pas ça, me lança Nephenia en accélérant le pas pour me rejoindre. Tu peux encore déclarer forfait.

Je m’arrêtai. Une petite brise tiède agitait les fleurs des tamarix qui bordaient la rue. Leurs minuscules pétales flottaient dans l’air et scintillaient sous le soleil de l’après-midi comme autant de particules de magie du feu. J’aurais bien eu besoin d’un peu de magie du feu, à cet instant.

En réalité, j’aurais accepté n’importe quelle magie.

Nephenia remarqua mon hésitation et ajouta, ce qui était totalement inutile :

– Tennat a raconté partout en ville que si tu te présentes devant lui, il va te réduire en bouillie.

Je souris, surtout parce que je n’avais pas d’autre moyen d’empêcher la terreur qui me dévorait le ventre de gagner mon visage. Cela avait beau être mon premier duel de mages, j’étais à peu près sûr qu’apparaître pétrifié devant son adversaire n’était pas une tactique très efficace.

– Ça va aller, dis-je en reprenant un rythme régulier en direction de l’oasis.

– Nephenia a raison, insista Panahsi, qui soufflait et suait d’avoir pressé la marche pour nous rattraper. (Il avait le bras droit le long du bandage serré qui lui maintenait les côtes en place.) Tu n’es pas obligé de défier Tennat pour me venger.

Je ralentis le pas, résistant à l’envie de lever les yeux au ciel. Panahsi avait toutes les qualités pour incarner l’un des mages les plus doués de notre génération. Il aurait peut-être même pu devenir un jour la figure de proue de notre clan à la cour, ce qui aurait été dommage, parce que son corps naturellement musclé était déformé par sa passion pour les petits gâteaux aux baies jaunes, et ses traits fins rongés par les boutons, autre conséquence desdits petits gâteaux. Mon peuple connaît de nombreux sorts, mais aucun contre l’obésité ni l’acné.

– Kelen, ne les écoute pas ! me cria Tennat comme nous approchions du cercle des colonnes en marbre blanc.

Il se tenait dans un périmètre d’un mètre de diamètre dessiné sur le sable, les bras croisés sur sa chemise en lin noir, dont il avait découpé les manches pour que tout le monde puisse constater qu’il avait fait étinceler non pas une, mais deux de ses bandes. Les encres métalliques de ses tatouages chatoyaient et tourbillonnaient sur la peau de ses avant-bras tandis qu’il invoquait déjà la magie du souffle et du fer.

– Je trouve ça mignon de sacrifier ta vie juste pour défendre l’honneur de ton obèse de pote, ajouta-t-il.

Un chœur de gloussements s’éleva parmi les autres initiés, dont la plupart, très excités, se tenaient derrière Tennat. Tout le monde adore les bagarres. Sauf le perdant, bien entendu.

 

Alors, tentés?

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