Lecture terminée le : 07 octobre 2010
Résumé : Quand le corps congelé de Michelle Coltrane, une jeune femme de 25 ans, est retrouvé à Springfield, l’inspecteur Azor Streyes se lance sur la piste du meurtrier. Mais son enquête prend une nouvelle tournure lorsqu’un autre cadavre est découvert à Tulsa. Son nom ? Michelle Coltrane ! Et les morts s’enchaînent : à Santa Fe puis Los Angeles, deux autres corps sont retrouvés…L’inspecteur Streyes soupçonne une joggeuse d’avoir alerté la police pour chacune des découvertes macabres mais sa piste tourne court quand il apprend que c’est un vieil homme qui a signalé le cadavre de Tulsa… Parviendra-t-il à stopper cette vague de meurtres ? Quelle est la signification du papillon tatoué sur le cou des victimes ?
Auteur : Jean-Louis Roujean
Edition : Librinova
Genre : Thriller
Date de parution : 16 Avril 2020
Prix moyen : 20€
Mon avis : Quand j’ai commencé ce livre j’ai été tout d’abord un peu dérangée par le style de la narration. Ça ne me semblait pas très naturel. Et puis, après plusieurs chapitres, je me suis rendu compte que ce style me faisait penser aux films noirs avec des détectives dans le Chicago des années 20. Vous savez ces films où le détective privé raconte l’histoire en voix off. Une fois que je me suis rendu compte de cela, j’ai eu plus de facilité à lire, même si j’ai continué à trouver un certain manque de naturel, notamment dans les dialogues.
J’ai eu un peu de mal avec le personnage principal. Je n’ai pas réussi à m’attacher à lui, d’autant plus qu’il semble agir sans aucune barrière, se déplaçant d’un état à l’autre pour son enquête sans que se pose jamais de problèmes de juridiction. Le fait que des corps avec un mode opératoire semblable aient été découvert dans plusieurs états et que les fédéraux n’aient aucun rôle dans l’histoire est aussi assez peu crédible. Peut-être qu’il aurait fallu qu’Azor soit agent fédéral plutôt que simple flic pour justifier ses déplacements incessants (j’en ai fini par oublier où était exactement sa juridiction au final !). C’est un personnage que j’ai trouvé assez antipathique, un peu hautain, du genre à dire à son subordonné qu’il se fout qu’il soit en famille quand il a besoin de lui, mais qui passe la nuit avec une call girl quand il est en déplacement professionnel ou qui interroge des suspects en barbotant dans une piscine.
Une de ses réflexions m’a un peu hérissée. Alors qu’un membre de son équipe signale l’organisation parfaite d’une université par rapport à l’organisation administrative dans la police, il se dit : « Je n’aimais pas entendre des critiques sur mon institution, surtout venant d’une personne que celle-ci faisait vivre ».
Donc sous prétexte qu’on bosse quelque part, et qu’on nous paye un salaire, que ce soit une entreprise ou une institution publique, on ne doit surtout pas pointer les dysfonctionnements ! Heureusement que tout le monde n’a pas cette mentalité, sinon on bosserait encore 16h par jour et la sécurité serait le cadet des soucis des patrons !
Bref, vous l’aurez compris, ça a été dur d’avoir de l’empathie pour ce type et d’avoir envie de le voir aboutir dans son enquête.
Le problème est qu’on n’a pas plus d’empathie pour les victimes puisqu’on ne sait pas grand-chose d’elles, qu’il n’y a pas d’interactions avec leurs familles ou leurs amis.
Quant aux différents suspects, difficile de s’intéresser à eux, pour les mêmes raisons que les victimes : Azor parle beaucoup d’eux, peu avec eux. Et pour ceux avec qui il échange, on a l’impression que ces personnes dirigent l’interrogatoire avec à plusieurs reprises des phrases de type : j’ai encore des choses à dire, mais pas ici, pas maintenant, plus tard… bref, encore une fois peu crédible.
C’est dommage, car le rythme est assez enlevé grâce à des chapitres courts et à de multiples rebondissements. L’enquête entraine vite Azor au sein d’une véritable conspiration sur fond de catastrophe climatique annoncée et sur la manipulation génétique d’animaux en apparence inoffensifs.
En allégeant certaines descriptions, certains dialogues, inutilement détaillés, et qui alourdissent ainsi la lecture, on peut faire abstraction du style un peu mécanique. Et sans doute que si j’avais été une lectrice moins assidue de thrillers, j’aurais moins tiqué sur certaines actions qui sont, à mon sens, très peu crédibles.
Je pense que ce roman plaira sans doute à ceux intéressés par les romans d’anticipation (pour tout le côté scientifique de la cryogénisation et du réchauffement climatique) et à ceux qui ne lisent pas beaucoup de thriller ou qui aiment les thrillers qui sortent des sentiers battus.
Pour moi, sans être passé totalement à côté de cette histoire, elle ne me laissera pas un souvenir impérissable.
C’était une bonne lecture, mais sans plus.
Un extrait : Tom Harding était quadragénaire, comme moi. Nous avions des physionomies différentes et des caractères opposés. Me concernant, une taille moyenne, athlétique, les cheveux bruns, la pupille noire… impulsif. Un soi-disant charme latin, vertu héritée de mes origines hispaniques. Azor Streyes était mon patronyme. Tom ressemblait à un dandy. Une tête de plus que moi, svelte, blond, l’iris bleu et d’un naturel placide. Sa tenue vestimentaire suivait la mode. Vingt ans auparavant, nos trajectoires personnelles s’étaient croisées à l’université de Memphis. Il y avait obtenu un diplôme artistique avant d’embrasser une carrière de marchand d’art. Je voulais faire carrière dans la police. Je n’ai jamais dévié de cette ambition professionnelle.
Tom dénichait des artistes au talent singulier, se chargeant de promouvoir leurs œuvres. Des peintures pour l’essentiel, plus rarement des sculptures. Une vitalité parachevée par des conférences dans des universités prestigieuses du nord-est du pays. L’intérêt de l’art dans la société en était le thème principal. Faire vivre le marché de l’art était son art de vivre, avec des artistes femmes comme cibles. Leurs créations colorées glorifiaient son anatomie. Il les vendait ensuite. Présent aux maillons extrêmes de la chaîne artistique, il lui arrivait de s’octroyer un rôle intermédiaire, en offrant à ses divas du pinceau – pas toujours de première jeunesse – un bonus payé en nature.