Lecture terminée le : 14 juillet 2020
Résumé : Une femme échoue sur une île déserte. Qui est-elle, d’où vient-elle, comment est-elle arrivée jusqu’ici ? Elle n’en a pas la moindre idée. Alors que quatre écrivains réunis pour leur retraite annuelle lui viennent en aide, elle détecte de vives tensions au sein du groupe. Les apparences sont trompeuses, et chacun d’eux semble dissimuler un secret en lien avec le mystère de son identité.
Pendant ce temps, dans un quartier huppé de la banlieue londonienne, Eloïse disparaît, abandonnant ses deux enfants en bas âge. Son mari se démène pour la retrouver, mais l’enquête menée par la police révèle que leur mariage si parfait n’est qu’une façade...
Auteur : Carolyn Jess-Cooke
Edition : France loisirs
Genre : Thriller
Date de parution : 20 Février 2019
Prix moyen : 8€
Mon avis : Ce roman est à deux voix. D’une part, une jeune femme échouée sur une île, totalement amnésique, secourue par un groupe d’écrivains en retraite d’écriture. De l’autre, Lachlan, qui, en voyage d’affaire, apprend par une voisine, heureusement trop curieuse, que sa femme a disparu en laissant derrière elle leurs deux enfants en bas-âge.
Dès le début, on devine sans mal que la femme disparue, Eloïse, et la jeune amnésique ne sont qu’une seule et même personne.
La vraie interrogation de ce roman est : pourquoi et comment la jeune femme s’est-elle retrouvée sur cette île, de l’autre côté du continent, et sans le moindre souvenir.
D’un côté comme de l’autre, c’est l’incompréhension.
Eloïse désespère de retrouver la mémoire, d’autant qu’elle ressent de forte tensions entre les quatre écrivains et qu’elle a la forte sensation qu’on lui cache des choses.
Du côté de Lachlan, ce n’est guère mieux. La police le considère tour à tour comme un mari largué en plein déni ou comme le responsable de la disparition de sa femme. Et les grands-parents de sa femme n’arrangent pas les choses. Surtout la grand-mère qui ne cache pas le mépris qu’elle a pour le mari de sa petite-fille qui n’est pas du même rang social qu’eux.
C’est d’ailleurs ce mépris affiché qui a passé qui a poussé Lachlan à se plonger dans le travail pour maintenir un certain train de vie et qui fait qu’il a l’impression de ne plus connaitre son épouse.
Comme dans beaucoup de thriller psychologique, on va explorer le passé des protagonistes et il y a de sacrées surprises dans celui d’Eloïse.
A un moment, en découvrant un élément de l’emploi du temps d’Eloïse, j’ai élaboré une théorie quant à la présence de la jeune femme sur l’île. J’étais (mais pas complètement dans le fond) à côté de la plaque mais vraiment, jamais je n’aurais pu imaginer ça et pourtant, avec le recul, je me rends compte qu’il y avait au moins un indice.
J’ai beaucoup aimé l’évolution de la grand-mère que toute cette affaire force à se remettre en question.
Les sujets abordés sont vraiment très durs, que ce soit dans le passé d’Eloïse ou dans les réactions du public à sa disparition (dont certaines que j’ai trouvé particulièrement odieuses, mais hélas, parfaitement crédibles).
Les informations nous sont dévoilées régulièrement au cours du récit. L’auteur prend son temps et ne cède pas à la facilité de la précipitation.
Si tu t’en vas est un thriller psychologique bien construit qui, une fois qu’il vous a attiré dans ses filets, ne vous lâchera plus jusqu’au dernier mot.
Un extrait : Je prends le thé en compagnie d’un client au restaurant The Dome lorsque mon téléphone sonne. C’est un rendez-vous important – M. Coyle envisage de créer un fonds de capital-risque pour investir dans des start-up technologiques –, donc je rejette l’appel.
— Je vous prie de m’excuser.
Coyle hausse un sourcil.
— C’est votre femme ?
Il a vu juste. Avant de rejeter l’appel, j’ai aperçu son nom sur l’écran.
— Non, pas du tout. De quoi parlions-nous ?
— Les Google Glass ?
Je nous ressers du thé.
— Ah, oui. Cette société conçoit actuellement un produit similaire, mais bien meilleur. Ces lunettes à réalité augmentée fonctionnent parfaitement avec les nouveaux réseaux sociaux et les bêta-testeurs leur ont attribué cinq étoiles. La première paire devrait être commercialisée à environ 550 euros en septembre prochain.
La sonnerie de mon téléphone retentit de plus belle. Cette fois, M. Coyle ne cache pas son agacement. Le prénom « ELOÏSE » s’inscrit en lettres blanches sur l’écran. Je m’apprête à rejeter encore une fois son appel, mais mon client m’en dissuade d’un geste de la main :
— Répondez-lui. Dites-lui que nous sommes occupés.
Je me lève et me dirige vers la fenêtre la plus proche.
— Qu’est-ce qu’il y a, El ? Je suis en rendez-vous…
— Lochlan ? C’est bien vous, mon cher ?
Qui que soit la femme au bout du fil, ce n’est pas ma femme. Elle continue de parler et il me faut quelques instants pour comprendre de qui il s’agit.
— Madame Shahjalal ?
C’est notre voisine d’en face.
— … et je me suis dit qu’il valait mieux que j’aille vérifier. Quand j’ai ouvert la porte, j’ai eu la surprise de découvrir… Vous êtes toujours là ?
Du coin de l’œil, j’aperçois M. Coyle héler une serveuse.
— Madame Shahjalal, est-ce que tout va bien ? Où est Eloïse ?
Le silence semble interminable.
— C’est ce que je suis en train de vous expliquer, mon cher. Je n’en sais rien.