Lecture terminée le : 03 juillet 2020
Résumé : C'est le rêve qui choisit le rêveur, et non l'inverse...
Il est une ville, au centre du désert, où nul n'a le droit de se rendre sous peine de mort. De ses entrailles sortaient autrefois d'interminables caravanes chargées de trésors mais, depuis deux cents ans, la cité est coupée du reste du monde... Pire encore, un soir d'hiver, le nom de ce lieu de légende s'évanouit en un clin d'œil de la mémoire de tous – Lazlo Lestrange, orphelin de cinq ans à peine, ne fait pas exception à la règle. Frappé au cœur, le petit garçon restera irrémédiablement fasciné par cette énigme.
Auteur : Laini Taylor
Edition : Lumen
Genre : Fantasy
Date de parution : 19 Avril 2018
Prix moyen : 16€
Mon avis : Lazlo fait partie des nombreux orphelins de guerre. Il est placé dans un monastère et clairement, il est destiné à devenir moine, que cela lui plaise ou non.
Mais le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’a pas la vocation !
Alors qu’il joue en cachette, il sent le nom d’une cité qui le passionne lui échapper. Ne reste que le mot « Désolation ».
Le jeune Lazlo, après avoir réussi à fuir le monastère pour devenir le bibliothécaire, va consacrer son temps à essayer de percer ce mystère.
Jusqu’à ce qu’un jour, une délégation de guerriers venant de cette mystérieuse cité arrive dans sa ville, à la recherche d’experts en tout genre pour une mystérieuse mission. En y allant au culot, Lazlo réussit à intégrer la délégation. En alternance avec les chapitres suivant la délégation, on peut voir des chapitres suivant le quotidien de quatre adolescents dotés de pouvoirs : l’un peut faire pleuvoir, l’autre contrôle le feu, la troisième fait pousser toute sorte de choses, quant à la quatrième, Sarai, il faudra un peu de temps pour découvrir le pouvoir qui est le sien.
Il y a une cinquième personne dans leur groupe mais elle ne sera dévoilée que peu à peu, tout comme l’histoire de ces mystérieux adolescents.
En fait, on se retrouve à suivre, et à s’attacher, aux membres de deux camps que tout oppose.
Il est difficile de qualifier l’un ou l’autre de « méchant » car chacun a vécu des choses qui expliquent leur comportement.
Bien sûr je ne cherche pas d’excuses. Les habitants de la ville ont certes eu de bonnes raisons pour agir comme ils l’ont fait en premier lieu mais leur rancœur, même si elle est provoquée par la peur, va trop loin.
Les adolescents, eux, ont certes de bonnes raisons d’avoir peur, et on ne peut leur reprocher leur méfiance, mais le désir de vengeance de l’un d’entre eux va également beaucoup trop loin.
L’histoire prend tout son temps pour se mettre en place. Personnellement, j’adore ça. Mais ça veut aussi dire qu’il faut un long moment avant que l’action ne commence, et même là, il ne faut pas s’attendre à de grands combats épiques mais on a des recherches, des révélations, une romance atypique et magnifique et des retournements de situation.
L’univers est particulièrement riche et j’ai encore plus apprécié d’avoir le temps d’en assimiler toutes les facettes.
Je meurs d’envie de vous parler des personnages, des créatures qu’on rencontre, des légendes venant de Désolation et d’ailleurs… mais ce serait impossible sans vous donner des détails et donc sans spoiler.
Du coup, je ne peux que vous dire que j’ai adoré ce roman et que la fin est époustouflante. J’ai hâte de lire le second tome (c’est une duologie) et je ne peux que vous conseiller de ne pas passer à côté de cette pépite.
Un extrait : Dans le feu de l’action, ses rêveries lui semblaient si vivaces que le plus petit aperçu de ce qu’était en fait la réalité l’aurait laissé stupéfait. S’il avait pu se détacher de lui-même pour voir ce petit garçon foncer dans les fougères couvertes de givre en agitant deux branches d’arbre, il se serait à peine reconnu tant il était devenu pour de bon, dans sa tête, un redoutable guerrier, lui qui venait de désarmer plus de cent combattants qui battaient à présent en retraite, titubants. En signe de triomphe, il inclina la tête en arrière et poussa le cri de…
Le cri de…
— Désolation !
Il s’interrompit, perplexe. Le mot était sorti de sa bouche comme on hurle une malédiction, laissant derrière lui un arrière-goût de larmes. Lazlo avait voulu rugir le nom de la ville, comme un instant plus tôt, mais… plus rien, impossible de s’en souvenir. Le garçon fit un nouvel essai, en vain : une fois encore, ne surgit dans sa tête que le mot « Désolation ». C’était comme tendre la main pour cueillir une fleur et ramener, à la place, une limace gluante ou un mouchoir détrempé. Son esprit, plein de répugnance, eut un réflexe de dégoût. Pourtant, il ne put se retenir d’essayer encore et encore – un peu plus écœuré à chaque tentative. Il persistait à chercher à tâtons ce qui se nichait au creux de sa mémoire un instant plus tôt encore, il en avait la certitude. Mais il ne trouvait que cet horrible mot – Désolation –, profondément incongru, humide comme un cauchemar au goût salé. Une anomalie absurde dont l’amertume le fit grimacer. Il fut soudain submergé par une sensation de vertige accompagnée d’une folle certitude : l’ancien nom avait été volé.
Arraché de sa propre tête.