Lecture terminée le : 27 juin 2020
Résumé : Tous les dons ne sont pas une bénédiction. Chaque matin, Melanie attend dans sa cellule qu'on l'emmène en cours. Quand on vient la chercher, le sergent Parks garde son arme braquée sur elle pendant que deux gardes la sanglent sur le fauteuil roulant. Elle dit en plaisantant qu'elle ne les mordra pas. Mais ça ne les fait pas rire. Melanie est une petite fille très particulière...
Auteur : M.R. Carey
Edition : Le Livre de Poche
Genre : Science-fiction
Date de parution : 10 Avril 2018
Prix moyen : 8€
Mon avis : Mélanie est une petite fille très intelligente mais qui ne peut assister à ses cours que fermement sanglée à un fauteuil roulant.
Si Mélanie est intelligente, elle ne connait rien du monde extérieur à la base (et même extérieur à sa partie de la base) et se montre assez naïve. Du coup, on comprend très vite qu’elle est la nature de Mélanie, alors qu’elle-même met bien plus longtemps à comprendre qui elle est exactement.
Le livre se découpe plus ou moins en deux parties.
Dans la première, on découvre l’environnement de Mélanie, la routine stricte à laquelle elle et ses camarades sont soumis, leur quotidien. On découvre aussi les autres personnages qu’on apprend à aimer (Mlle Justineau), à haïr (le Dr Caldwell) ou à détester mais en comprenant son point de vue (Le sergent Parks).
Dans la partie 2, tout s’accélère. La base est attaquée et un petit groupe parvient à s’échapper, espérant rallier la base de Beacon.
Le sergent Parks, un de ses jeunes soldats, Ghallager, Le Dr Caldwell (hélas), Mlle Justineau et, au grand déplaisir de Parks, Mélanie, doivent traverser une grande étendue hostile.
C’est pendant ce périple que l’on va en apprendre plus, non seulement sur les personnages mais aussi sur les « affams » (dont on comprend dès les premières pages du livre qu’il s’agit de zombies).
Bien que ce roman nous présente des zombies très différents de ceux dont on a l’habitude avec Mélanie, cela n’empêche pas d’avoir quelques scènes dans le pur style zombie (Ne mangez pas en lisant !)
J’ai vraiment adoré ce livre. Et pourtant, je ne suis pas une grande fan de zombies. On m’avait dit : « Mais non, tu verras, c’est des zombies, mais rien à voir avec les histoires de zombies ». On est bien avancé, hein ?
En fait, ce n’est pas totalement faux. Disons qu’on retrouve dans ce roman les codes classiques du genre mais qu’on y ajoute un élément atypique qui change tout.
Le traitement du sujet est d’ailleurs atypique jusqu’à la fin.
J’ai beaucoup aimé cette fin, aussi amère qu’elle soit. Il faut dire qu’il aurait été difficile de faire une fin différente tout en restant cohérant (Notez que ça n’en arrête pas certains…)
Mais ici, pas de crainte à avoir, la fin est à la hauteur du roman.
Un seul conseil : laissez-vous tenter !
Un extrait : Elle s’appelle Melanie. Un mot qui veut dire « la Noire », qui vient du grec ancien, sauf que ça ne doit pas lui aller trop bien, puisqu’elle a le teint pâle. Melanie aime beaucoup « Pandore », mais on n’a pas le droit de choisir. Mlle Justineau baptise les enfants à partir d’une longue liste : chaque nouveau a droit au prochain prénom de garçon, chaque nouvelle au prochain prénom de fille, c’est comme ça et pas autrement, voilà ce que dit Mlle J.
Il n’y a eu aucun nouveau ni aucune nouvelle depuis un moment, Melanie ne sait pas pourquoi. Avant, il en arrivait plein, toutes les unes ou deux semaines. On entendait des voix dans la nuit, des ordres à voix basse, des plaintes, des fois un juron et un claquement de porte de cellule. Et ensuite, au bout d’un moment, un mois ou deux en général, une nouvelle tête était là dans la classe, un enfant qui n’avait même pas encore appris à parler. Enfin, bon, ça rentrait vite.
Melanie aussi a été nouvelle un jour, mais elle a du mal à s’en souvenir, parce que ça remonte à longtemps. À une époque d’avant les mots, où il n’y avait que des choses sans nom, et les choses sans nom ne vous restent pas dans la tête. Elles en tombent, et après, plus rien.
Maintenant, Melanie a dix ans, et un teint de princesse de conte de fées : une blancheur de neige. Donc elle sait que quand elle sera grande, une beauté, les princes se bousculeront pour escalader son donjon et pour la sauver.
En supposant qu’elle ait un donjon, bien sûr.
D’ici là, elle a cette cellule, le long couloir, la salle de classe et celle des douches.
La cellule est petite, carrée. Il y a un lit, une chaise, une table, des images accrochées aux murs peints en gris : une grande photo de la jungle amazonienne et puis une, plus petite, d’un chat buvant du lait à sa soucoupe. Des fois, Sergent et son équipe déplacent les enfants. Certaines cellules montrent d’autres images. Melanie a longtemps eu droit à un cheval dans un pré et une montagne au sommet couvert de neige – elle préférait.
C’est Mlle Justineau qui accroche les photos. Elle les découpe dans la pile de vieilles revues posées dans la classe, elle fixe chaque coin avec un truc bleu qui colle. Elle thésaurise ce truc bleu comme l’avare d’un conte. Chaque fois qu’elle enlève une image ou qu’elle en affiche une nouvelle, elle racle le moindre petit bout de bleu restant au mur pour le rajouter à la boulette qu’elle range dans le tiroir de son bureau. Quand il n’y en a plus, il n’y en a plus, encore une de ses phrases préférées.
Le couloir a vingt portes du côté gauche, dix-huit du côté droit. Plus une à chaque bout. Comme une de ces deux-là est peinte en rouge et donne sur la salle de classe, dans sa tête, Melanie a baptisé ce fond de couloir « le fond classe ». La porte du bout opposé est en acier gris, même pas peint, et vraiment très, très épais. C’est un peu plus difficile de savoir sur quoi elle donne.