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Premières lignes #98

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Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.

Cette semaine, je vous présente La mort s'invite à Pemberley de P.D. James

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Les habitantes de Meryton s’accordaient à penser que Mr et Mrs Bennet avaient eu bien de la chance de trouver des maris à quatre de leurs cinq filles. Meryton, un petit bourg du Hertfordshire, ne figure sur l’itinéraire d’aucun voyage d’agrément, n’ayant à offrir ni cadre pittoresque ni épisode historique notable. Quant à Netherfield Park, son unique grande demeure, aussi imposante soit-elle, elle n’est pas mentionnée dans les ouvrages consacrés aux architectures remarquables du comté. La ville possède une salle des fêtes où se tiennent régulièrement des bals, mais elle n’a pas de théâtre, et la plupart des divertissements restent confinés dans les maisons particulières, où les ragots viennent adoucir l’ennui des dîners et des tables de whist qui rassemblent invariablement la même société.

Une famille de cinq filles à marier peut être assurée de susciter l’intérêt et la compassion de tous ses voisins, surtout lorsque les distractions sont rares. Or la situation des Bennet était particulièrement fâcheuse. En l’absence d’un héritier mâle, le domaine de Mr Bennet devait en effet revenir à son cousin, le révérend William Collins, lequel, comme Mrs Bennet aimait à le déplorer à grands cris, était légalement en droit de les expulser de chez elles, ses filles et elle, avant même que son époux ne reposât, froid, dans sa tombe. Il faut convenir que Mr Collins avait cherché à réparer ce tort, dans la mesure de ses possibilités. Malgré le dérangement que lui imposait cette démarche, mais avec l’approbation de sa redoutable protectrice Lady Catherine de Bourgh, il avait quitté sa paroisse de Hunsford dans le Kent pour rendre visite aux Bennet, dans la charitable intention de se choisir une épouse parmi leurs cinq filles. Ce projet fut accueilli avec enthousiasme par Mrs Bennet, laquelle jugea cependant préférable de l’avertir que, selon toute vraisemblance, Miss Bennet, l’aînée, serait fiancée sous peu. Son choix s’était donc porté sur Elizabeth, la deuxième en âge et en beauté, mais il s’était heurté à un refus inébranlable qui l’avait contraint à chercher une réponse plus favorable à ses prières auprès de l’amie d’Elizabeth, Miss Charlotte Lucas. Miss Lucas avait reçu sa demande avec un empressement flatteur et l’avenir auquel pouvaient s’attendre Mrs Bennet et ses filles avait été ainsi tranché, sans que la plupart de leurs voisins en conçoivent un trop grand regret. À la mort de Mr Bennet, Mr Collins envisageait d’installer ces dames dans un des plus spacieux cottages du domaine, où elles bénéficieraient de la nourriture spirituelle de sa tutelle et de l’alimentation matérielle des reliefs de la table de Mrs Collins, agrémentées d’un occasionnel présent de gibier ou d’une flèche de lard.

La famille Bennet avait toutefois eu le bonheur d’échapper à ces bienfaits. À la fin de l’année 1799, Mrs Bennet pouvait s’enorgueillir d’être la mère de quatre filles mariées.

 

Alors, tenté?

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