Lecture terminée le : 05 mars 2020
Résumé : Je m’appelle Prune. J’ai quatorze ans et quatre mois. Je suis hypersensible (il paraît), ROUSSE (je ne peux pas le nier) et accro aux listes (ma VIE). Je suis en internat depuis le mois de septembre (à ma demande) car je ne supportais plus de vivre avec mes parents et mes sœurs jumelles de cinq ans.
Je ne le sais pas encore, mais dans quelques jours ma vie va basculer. Pas besoin de s’appeler Einstein pour deviner qu’il y aura un avant et un après et que l’enquête, que je mènerai pour comprendre, m’apportera plus que la vérité.
Auteur : Isabelle Lagarrigue
Edition : Librinova
Genre : Jeunesse
Date de parution : 13 Juin 2019
Prix moyen : 14€
Mon avis : Honnêtement, à la lecture du quatrième de couverture, je ne m’attendais pas à ce genre d’histoire.
Déjà, je ne m’attendais pas à un roman sous forme de journal intime et de listes.
J’ai beaucoup aimé Prune. Je l’ai trouvé vraiment mignonne. Elle est complexée par sa couleur de cheveux (quand on pense aux fortunes qu’on est capable de dépenser à l’âge adulte pour devenir ou rester rousse), exaspérée par ses sœurs jumelles de 5 ans et déteste son prénom.
A à peine 14 ans, elle a choisi d’aller en pension pour ne plus avoir à vivre avec sa famille et surtout ses sœurs. J’ai trouvé dommage que ses parents mettent ça sur le compte de la jalousie et ne cherche pas à connaitre ses sentiments profonds sur la question parce que les raisons qu’à Prune de rejeter ses petites sœurs vont de la raison puérile (elles ont des prénoms « normaux ») à des raisons bien plus complexes.
L’évènement tragique qui va bouleverser sa vie est raconté avec une grande sobriété.
Et Prune, en plus de cet évènement qui est un véritable tsunami, va devoir gérer tous les aléas de la vie adolescente en parallèle : Notre amitié est-elle sincère ? Est-ce que je plais vraiment à ce garçon ?
L’auteur a écrit une histoire vraiment crédible, Prune a les réactions normales de son âge et comme on lit son histoire à travers son journal intime, elle a parfois des pensées qu’elle n’admettrait jamais en public.
J’ai beaucoup aimé aussi la compagne de chambre de Prune : Mathilda. Elle reste naturelle, ne montre ni sollicitude affectée, ni exaspération face aux sentiments de son amie, contrairement à d’autres qui semblent estimer que « bon, tu as eu ton quart d’heure mais là c’est bon, passe à autre chose ».
J’ai eu un peu de peine pour la tante Sara-Line qui tente d’aider mais qui se montre si maladroite qu’elle provoque un certain rejet de la part de sa nièce.
Dans ce roman, on voit que le manque de communication peut entraîner de sacré problèmes. Ainsi, parce qu’on ne lui dit pas les choses clairement, Prune se monte la tête et se torture l’esprit.
Et puis, il y a Antoine. Il est tellement gentil et, en même temps, il est capable de rester silencieux, ou détaché, selon ce dont Prune a besoin à ce moment-là.
La question du deuil est vraiment bien traité, on ne tombe pas dans le pathos et l’auteur a pris soin de traiter le regard des autres et la pression qui est mise pour agir comme chacun s’attend à ce qu’on agisse, puis à « guérir » au bout d’un temps imparti.
J’ai adoré l’idée de Spring, son utilité, les interactions qu’il a avec Prune. Il va me manquer encore plus que les autres celui-là mais même s’il aide Prune à sa manière, j’ai eu l’impression que l’équipe de scientifique se servait d’elle pour ne pas avoir perdu leur temps sur ce projet, sans rien lui donner vraiment en retour.
C’était un tout petit roman, mais qui raconte une histoire forte avec beaucoup de justesse et je ne peux que le recommander.
Un extrait : Je suis rentrée chez moi pour les vacances de Noël.
J’ai l’impression que rien ne change dans la maison. La vie de famille suit son cours avec les caprices d’Alpha et Bêta, mes sœurs jumelles de cinq ans et les effusions amoureuses de mes parents au milieu du salon.
J’ai parfois l’impression d’être transparente.
Ne devraient-ils pas être fous de joie de m’avoir auprès d’eux pendant les vacances ? Ne devraient-ils pas se disputer la place à côté de moi au petit-déjeuner en essayant de me tirer les vers du nez pour que je leur raconte ce qu’il se passe à l’internat ? C’est moi qui ai demandé à partir en pension, pas eux, que je sache. Ne devraient-ils pas être affligés que leur fille aînée préfère vivre ailleurs à quatorze ans que dans leur maison ?
Mais non. En vrai, les petits déjeuners ressemblent plutôt à ça :
Pap’s ne dit pas un mot. Il travaille de nuit dans un laboratoire et tient absolument à prendre le petit-déjeuner en famille avant d’aller se coucher. Son visage parle pour lui. C’est écrit en rides sur son front : « Suis crevé – Ne m’énervez pas ! ».
Mam’s est concentrée sur un nouveau régime à base de raisins, de graines, d’herbe et d’un jus vert (qu’elle boit en faisant la grimace). Bon appétit.
Et, Alpha et Bêta se chamaillent soit parce qu’Alpha trouve qu’elle a moins de jus d’orange que Bêta, soit parce que Bêta n’aime pas qu’Alpha la regarde comme ça.
(NDM : Ambiance au top. Famille Incroyable. Talk Show sur nous soon !)