Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèque. La liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
Cette semaine, je vous présente Que ta chute soit lente de Peter James
1
Je te mets en garde et je ne le ferai pas deux fois. N’accepte pas ce rôle. Crois-moi. Tu l’acceptes, tu crèves. Salope.
2
Gaia Lafayette ne savait pas qu’un homme, caché dans l’obscurité d’un break, était venu pour la tuer. Elle n’avait pas eu connaissance du mail qu’il lui avait envoyé. Des insultes, elle en recevait tout le temps. En général, elles provenaient de fanatiques religieux ou de gens choqués par ses propos ou ses tenues provocantes, sur scène et dans ses clips. Ces messages étaient lus et triés par Andrew Gulli, le chef de son équipe de sécurité. Gaia lui faisait entièrement confiance. Né à Detroit, cet ancien flic avait consacré la majeure partie de sa carrière à la protection rapprochée de personnages politiques de premier rang.
Il savait quand la situation était grave au point d’alerter sa patronne, et cette vulgaire menace, envoyée depuis une adresse hotmail anonyme, ne l’avait pas inquiété outre mesure. Gaia en recevait une dizaine par semaine.
Il était 22 heures et Gaia essayait, en vain, de se concentrer sur le scénario qu’elle était en train de lire. Elle n’avait plus de cigarettes, et ça l’obsédait. Pratap, qui était chargé de faire ses courses, était adorable, mais vraiment pas futé. Il avait acheté la mauvaise marque. Elle n’avait pas le courage de le virer, car sa femme avait une tumeur au cerveau. Elle ne fumait plus que quatre cigarettes par jour, et n’avait pas besoin de plus, mais les mauvaises habitudes ont la vie dure. Dans le temps, elle fumait à la chaîne, affirmant que les clopes étaient indispensables à sa célèbre voix cassée. Jusqu’à récemment, elle s’en allumait une avant de sortir du lit, et en laissait une autre se consumer pendant qu’elle prenait sa douche. Chacune de ses actions était rythmée par une cigarette. Elle était en train de se libérer de cette addiction, mais elle avait besoin de savoir qu’il y en avait chez elle, au cas où.
Tout comme elle avait besoin de se savoir adorée par ses fans. Elle ne pouvait pas s’empêcher de vérifier le nombre de followers, sur Twitter, et de likes, sur Facebook. Ses deux comptes étaient très suivis : le mois précédent, elle avait gagné un million d’abonnés, ce qui la plaçait loin devant celles qu’elle considérait comme ses deux rivales, Madonna et Lady Gaga. Près de dix millions de personnes recevaient sa newsletter mensuelle. Elle possédait désormais sept maisons, la plus spacieuse étant ce palais toscan, érigé cinq ans plus tôt, selon ses propres plans, sur un terrain de plus d’un hectare.
Les murs étaient couverts de miroirs, du sol au plafond, pour créer une impression d’infini. Les pièces étaient décorées d’œuvres aztèques et de posters d’elle, grandeur nature. Cette maison, comme toutes les autres, témoignait de ses différentes incarnations. Gaia s’était réinventée en permanence, au cours de sa carrière de rock star, et, deux ans plus tôt, à 35 ans, en se lançant dans une carrière d’actrice.
Alors, tentés?