Lecture terminée le : 06 janvier 2020
Résumé : Belle est une jeune femme vive: intelligente, ingénieuse, impatiente. Curieuse, elle n'aspire qu'à échapper définitivement à son petit village. Elle veut explorer le monde, malgré les réticences de son père à quitter leur chaumière, au cas où la mère de Belle reviendrait - une mère dont elle se souvient à peine.
Mais Belle est surtout la prisonnière d'une bête effrayante et colérique - et c'est son principal souci. Pourtant, quand Belle touche la rose enchantée de la Bête, des images étranges la submergent, des images d'une mère qu'elle pensait ne jamais revoir. Plus étrange encore, elle réalise que sa mère n'est autre que la belle enchanteresse qui, jadis, a maudit la Bête, son château, et tous ses habitants. Sous le choc, Belle et la Bête doivent s'unir pour percer le sombre secret autour de leurs familles - un secret vieux de vingt et un ans.
Ceci n'est pas l'histoire de la Belle et la Bête telle que vous la connaissez. C'est une histoire de famille. De magie. D'amour. Une histoire où un seul détail peut tout changer.
Auteur : Liz Braswell
Edition : Hachette
Genre : Jeunesse
Date de parution : 15 mai 2019
Prix moyen : 17€
Mon avis : Dans les twisted tales, j’avais déjà beaucoup aimé « Ce rêve bleu » et « Histoire éternelle » fait mouche également.
Dès les premiers chapitres, il y a des différences entre cette histoire et le dessin animé de Disney dont elle s’inspire en ce sens que les chapitres alternent entre le dessin animé, enrichi des pensées des personnages ainsi que de scènes que l’on ne voit pas dans le DA mais qui ont leur importance pour la psychologie des personnages, et le passé de Maurice à l’époque où il rencontre Rosalind, la mère de Belle.
Tout bascule complètement quand Belle entre dans l’aile ouest. Au lieu de fuir devant la colère de la bête, elle s’empare de la rose, ce qui provoque la vision de sa mère, dont elle se souvient à peine, jetant la malédiction.
Ce que j’ai particulièrement aimé dans ce roman, c’est que beaucoup de choses du DA sont approfondies et expliquées, comme par exemple comment un prince qui vient de passer dix ans maudit, et dont la rose devait se flétrir au jour de ses 21 ans, peut avoir un portrait de lui adulte (ou du moins grand adolescent).
L’histoire est nettement plus sombre que celle du DA.
Le livre a beau être catalogué comme un livre jeunesse, on y parle d’une véritable inquisition, de tortures, d’expérimentations, parfois avec des détails très précis.
Quand on lit les premiers chapitres, on voit la mère de Belle comme une enchanteresse un poil susceptible mais profondément gentille. Alors quand elle maudit la bête, on se dit qu’elle doit avoir ses raisons.
Mais Rosalind a beau être une grande enchanteresse, et ses semblables ont beau avoir été persécutés, je n’ai pas réussi à lui trouver des excuses pour avoir lancé cette malédiction quand on finit par savoir comment ça s’est passé.
Je comprends sa colère, mais celle-ci l’a rendue beaucoup trop impulsive.
Concernant la seconde intrigue importante du livre, à savoir ce qui arrive aux êtres dotés de pouvoirs qui disparaissent, j’ai rapidement eu un doute qui s’est avéré exact (je n’ai aucun mérite, les indices étaient gros comme des camions). Pour autant ça n’a diminué ni mon intérêt pour la lecture, ni mon indignation (oui, j’ai ressenti beaucoup d’indignation dans cette lecture, envers beaucoup de personnages très différents les uns des autres).
J’ai vraiment été prise dans cette histoire et je commence à prendre goût à ces histoires dont le résumé pourrait commencer par « Et si… »
Et quand on voit le nombre de contes que Disney a adapté en DA (puisqu’il semble que ce soit les seuls contes à être réécrits), je me dis que les possibilités sont infinies et que je vais continuer à me régaler encore longtemps, surtout si les prochains romans sont de la même qualité que les deux premiers twisted tales que j’ai lu jusqu’ici !
Un extrait : […] Horrifié par son aspect effroyable, la bête se terra au fond de son château avec pour seule fenêtre sur le monde extérieur un miroir magique. La rose qui lui avait été offerte était une rose enchantée, qui ne se flétrirait qu’au jour de son vingt et unième anniversaire. Avant la chute du dernier pétale de la fleur magique, le prince devrait aimer une femme et s’en faire aimer en retour pour briser le charme. Dans le cas contraire, il se verrait condamné à garder l’apparence d’un monstre pour l’éternité.
Plus les années passaient, et plus le prince perdait tout espoir d’échapper à cette malédiction – car, en réalité, qui pourrait un jour aimer une bête ?
C’était une excellente histoire.
Elle divertissait souvent la femme allongée dans sa chambre obscure, menottée à son lit froid et dur.
Elle se la répétait en boucle depuis des années. Parfois, des passages lui revenaient avec quelques subtiles différences. Il arrivait que la rose soit rose comme l’aube sur la mer. Mais cela ne sonnait jamais aussi bien que rouge sang.
Quant à la toute fin – quand l’enchanteresse est capturée en quittant le château, jetée dans un coche noir qui se volatilise dans la nuit –, elle ne la trouvait pas aussi épique et grandiose que le reste de l’histoire. Elle ne la récitait jamais.
N’importe qui d’autre aurait purement et simplement arrêté de penser, à ce stade. N’importe qui d’autre aurait accepté l’inéluctabilité des basses-fosses jusqu’à en oublier sa propre existence.
Certaines de ces pensées étaient faciles. Elles passaient et repassaient dans la bouilloire desséchée qui lui servait de tête.
Si elle ne prenait pas garde, ces idées risquaient de prendre de l’élan, de se libérer, de s’échapper de son esprit fissuré. C’est ainsi que s’installait la folie. Mais elle n’en était pas encore là.
Au bout de dix années, elle avait presque oublié sa propre existence. Presque.