Lecture terminée le : 12 décembre 2019
Résumé : Alison Wood est avocate pénaliste. À mesure que sa carrière décolle, sa vie familiale se dégrade : elle passe ses journées à plaider et ses soirées dans les bars pour décompresser. Patrick, un collègue avec qui elle entretient une liaison toxique, souffle le chaud et le froid et l'humilie tout autant qu'il se sert d'elle. Pourtant, Alison n'arrive pas à décrocher.
Quand Patrick lui confie sa première affaire de meurtre, elle se plonge dans l'histoire de sa cliente, Madeleine, qui a poignardé son conjoint d'une quinzaine de coups de couteau. Au fil de leurs entretiens, Madeleine se livre : son mari diluait la pilule contraceptive dans son thé, examinait toutes ses dépenses, prenait toutes les décisions...
Petit à petit, leurs deux vies se font écho. Qui contrôle qui ? Et si, avant de défendre les autres, Alison commençait par se défendre elle-même ?
Auteur : Harriet Tyce
Edition : Robert Laffont
Genre : Thriller
Date de parution : 21 Février 2019
Prix moyen : 21€
Mon avis : Le moins qu’on puisse dire c’est qu’au début de ma lecture, je n’ai pas franchement eu le coup de foudre pour Alison.
Elle passe son temps à se saouler et à s’envoyer en l’air avec un avocat plus jeune qu’elle qui ne prend même pas la peine de cacher le mépris qu’elle lui inspire.
Qu’elle trompe son époux, c’est son problème, mais là où j’ai eu du mal à la suivre, c’est qu’elle fait passer ses beuveries et son plan cul avant sa fille de 5 ans.
Et puis, au fil de ma lecture, j’ai commencé à l’apprécier.
D’abord pour l’acharnement qu’elle met dans son travail. Elle se donne vraiment à fond pour ses clients, sans compter. Alors oui, c’est vrai, sa vie personnelle est en vrac mais plus on voit son époux et plus on comprend pourquoi Alison se réfugie dans l’alcool.
J’ai trouvé cet homme parfaitement détestable.
Certes on peut comprendre que l’alcoolisme de sa femme l’exaspère mais j’ai trouvé qu’il ne fait rien pour l’aider.
J’ai eu le sentiment qu’il ne supportait pas la réussite professionnelle de sa femme, lui qui a été licencié de sa boite.
La manière qu’il a de toujours laisser entendre qu’elle n’est à la hauteur ni comme mère, ni comme cuisinière, m’a semblé être une manière de lui dire « tu es quand même inférieure à moi, malgré ton beau travail et ton gros salaire ».
Bien sûr, il n’est que rarement ouvertement agressif mais il m’a mise extrêmement mal à l’aise. Malgré les écarts de conduite de son épouse, je n’ai pas réussi à apprécier cet homme.
En revanche, j’ai vraiment apprécié Madeleine, la cliente d’Alison, même si elle est accusée du meurtre de son mari.
Au contact de cette femme qui a commis l’irréparable, Alison va réflêchir sur sa propre existence.
L’ambiance, dans ce livre, est lourde et souvent malsaine. Rien d’étonnant quand on voit les sujets abordés qui vont de l’alcoolisme aux violences conjugales en passant par les violences psychologiques, la manipulation ou encore le viol.
Bref, que des joyeusetés, quoi !
On a donc ici un thriller prenant, haletant, mais qui ne s’éloigne guère de la sphère domestique (ou plutôt devrai-je dire des sphères domestiques).
Le suspense monte petit à petit, on se demande avec de plus en plus d’intensité ce qui peut bien relier Alison et Madeleine, en dehors du fait que la première est l’avocate de la seconde.
Et ces questions m’ont hantée tout au long de ma lecture jusqu’au final qui a réussi le tour de force d’être à la fois attendu et surprenant.
En tout cas, fin prévue ou non, celle lecture n’a pas fait long feu puisque je l’ai dévorée en moins de 24h !
Un extrait : On se dirige vers mon cabinet. Il ne me touche pas une seule fois. Nous ne prononçons pas un mot. Je m'y reprends à trois fois pour taper le bon code d'entrée. Il me suit dans mon bureau, arrache mes vêtements sans m'embrasser, avant de me plaquer à plat ventre sur la table. Je me redresse et le dévisage.
— On ne devrait pas faire ça.
— C'est ce que tu dis à chaque fois.
— Je suis sérieuse.
— Ça aussi, tu me le dis à chaque fois.
Il rit, m'attire à lui et m'embrasse. Je détourne la tête mais d'un geste de la main, il ramène mon visage face au sien. Je garde les lèvres serrées contre les siennes, mais ça ne dure pas, je cède à son odeur, au goût de sa bouche.
Plus fort. Plus vite. Il m'enfile par-derrière, me pilonne, ma tête heurte une pile de dossiers, il s'immobilise un instant, change de position.
— Je n'ai pas dit que..., je commence à protester.
Il rit à nouveau, me fait signe de me taire. D'une main, il me tire les cheveux, de l'autre, il me maintient fermement et mes mots se transforment en sanglots. Mon souffle est court. Il me rentre encore dedans, contre le bureau, encore, encore, les dossiers glissent et tombent, dans leur chute ils accrochent le cadre, la photo de Matilda, qui bascule à son tour, le verre se casse, tout ça va trop loin, oui, mais je suis incapable de l'arrêter, je n'en ai aucune envie, et en même temps si, je veux qu'il arrête, mais il continue, il continue, il continue, et non ne t'arrête pas, ne t'arrête pas, arrête, ça fait mal, il ne s'arrête pas, jusqu'au dernier gémissement et puis il a fini, il se relève, s'essuie.
— Il faut qu'on arrête, Patrick.
Je descends du meuble, je remonte ma culotte, mon collant, je rabaisse ma jupe, la lisse sur mes genoux. Il rajuste son pantalon, rentre sa chemise. J'essaie de reboutonner mon chemisier.
— Tu m'as arraché un bouton, je m'indigne, les doigts encore tremblants.
— Tu peux toujours le recoudre.
— Je ne peux pas le recoudre, là, tout de suite.
— Personne ne va rien remarquer. Il n'y a personne de toute façon. Tout le monde dort. Il est presque trois heures du matin.
J'inspecte le sol autour de moi, retrouve le bouton. J'enfile mes chaussures, bute contre le bureau. Toute la pièce tourne, j'ai de nouveau la tête dans le brouillard.
— Je suis sérieuse. Il faut qu'on arrête.
Je me retiens de fondre en larmes.
— Comme je viens de te le dire, j'ai déjà entendu cette rengaine.
Il remet sa veste sans me regarder.
— J'en ai assez. C'est au-dessus de mes forces.
Cette fois, je pleure pour de bon.
Il vient vers moi, prend mon visage entre ses mains.
— Alison, tu es bourrée. Tu es fatiguée. Tu n'as aucune envie que ça s'arrête, et tu le sais. Et moi non plus.
— Cette fois, je le pense vraiment.
Je m'écarte de lui, j'essaie d'avoir l'air déterminée.
— On verra bien. (Il se penche vers moi et m'embrasse sur le front.) J'y vais. On se reparle la semaine prochaine.
Patrick sort avant que je puisse continuer à protester. Je m'affale dans le fauteuil d'angle. Si seulement je ne m'étais pas autant saoulée... Avec la manche de mon tailleur, j'essuie mon nez qui coule et les larmes sur mon visage, jusqu'à ce que ma tête retombe contre mon épaule et que je sombre dans l'oubli.