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Premières lignes #86

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Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.

Cette semaine, je vous présente Un couple irréprochable d'Alafair Burke.

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En un instant, je suis devenue celle que j’étais censée être depuis le début : l’épouse qui ment pour protéger son mari.
J’ai bien failli ne pas entendre toquer à la porte d’entrée. J’avais ôté le heurtoir de cuivre douze jours plus tôt, comme si c’était suffisant pour empêcher d’autres journalistes de se présenter chez moi à l’improviste. Quand j’ai fini par identifier l’origine du bruit, je me suis redressée dans mon lit et j’ai récupéré la télécommande pour couper le son de la télévision. Luttant contre l’instinct qui me poussait à ne pas bouger, je me suis levée pour aller écarter les rideaux devant la fenêtre de ma chambre. Éblouie par la lumière de l’après-midi, j’ai plissé les yeux.
J’ai distingué sur mon perron la silhouette d’une femme aux courts cheveux noirs. L’Impala garée devant la bouche d’incendie de l’autre côté de la rue aurait tout aussi bien pu s’orner d’un panneau « Voiture de patrouille banalisée ». C’était encore cette inspectrice de police. J’avais rangé sa carte de visite dans mon portefeuille, pour éviter que Jason ne tombe dessus par inadvertance. Elle frappait toujours à la porte, et je me suis bornée à l’observer, jusqu’au moment où elle s’est assise sur une marche, avant d’ouvrir le journal déposé par le livreur.
Après avoir enfilé un sweat-shirt par-dessus mon pyjama, je suis descendue au rez-de-chaussée.
— Je vous ai réveillée ? a-t-elle lancé d’un ton réprobateur. À trois heures de l’après-midi ?
J’aurais aimé rétorquer que j’avais tout à fait le droit de me reposer chez moi sans avoir à me justifier, pourtant je me suis contentée de marmonner que j’avais la migraine. Mensonge numéro un – un petit, mais un mensonge quand même.
— Je vous conseille un mélange de vinaigre et de miel, a-t-elle déclaré. Ça marche à tous les coups.
— Je crois que je préfère encore avoir mal à la tête. Bon, si vous voulez parler à Jason, adressez-vous à notre avocate.
— Je vous l’ai déjà dit, Olivia Randall n’est pas votre avocate, c’est celle de votre mari.
Lorsque j’ai voulu fermer le battant, elle l’a écarté avec autorité.
— Écoutez, Angela, vous pensez sans doute que l’instruction concernant votre époux est suspendue. Or je suis habilitée à poursuivre mes investigations, surtout dans le cadre d’une nouvelle affaire.
J’aurais sans doute dû lui claquer la porte au nez, mais elle brandissait la menace d’une autre calamité imminente. Mieux valait la prendre en pleine figure plutôt que d’attendre qu’elle me tombe dessus par surprise.
— De quoi s’agit-il, cette fois ?
— J’ai besoin de savoir où se trouvait Jason hier soir.
Pourquoi fallait-il qu’elle m’interroge justement sur cette nuit-là ? Si la question avait porté sur n’importe quelle autre date au cours de nos six années de mariage, je lui aurais répondu en toute franchise.
J’avais déjà été informée par l’avocate de Jason que, pour ce genre d’information, je ne pouvais pas me retrancher derrière le principe du privilège conjugal. Si on me traînait devant un jury, ma réticence à répondre pourrait passer pour l’aveu implicite que je cachais quelque chose. Or cette policière ne faisait que formuler une demande simple : où était mon mari la veille au soir ?
— Il était ici, avec moi.
La dernière fois qu’un policier m’avait posé une question directe remontait à douze ans, pourtant ma première réaction était toujours de mentir.
— Toute la nuit ?
— Oui. Un ami nous avait apporté à manger pour la journée. On évite les apparitions en public, depuis quelque temps.
— Quel ami ?
— Colin Harris. Il avait acheté des plats dans un restaurant de Gotham. Je peux vous donner les coordonnées de l’établissement, si vous voulez vérifier.
— Quelqu’un d’autre peut confirmer que votre mari était ici avec vous ?
— Mon fils, Spencer. Il a téléphoné de son camp de vacances vers dix-neuf heures trente et nous a parlé à tous les deux.
Les mots semblaient jaillir tout seuls de ma bouche, s’enchaînant avec aisance.
— Vous n’avez qu’à éplucher nos relevés téléphoniques, si vous ne me croyez pas. Bon, vous allez m’expliquer ce qui se passe ?
— Kerry Lynch a disparu.
Cette déclaration m’a fait un drôle d’effet. Kerry Lynch a disparu. Cette femme qui nous harcelait s’était soudain volatilisée ?

 

Alors, tentés?

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