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[Livre] Les saisons éternelles

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Résumé : La vie de Victoria se pare de toutes les exigences de son époque, de la difficulté à grandir au sein d’un foyer décomposé, à la construction de sa vie de femme.
Anne Boleyn cherche à trouver sa place dans un monde où seule la loi du plus fort prévaut, jouant ses meilleures cartes pour s’assurer un avenir meilleur.
Plusieurs siècles les séparent, mais elles seront pourtant confrontées à des épreuves similaires qui bouleverseront leurs existences.


Auteur : Georgina Gay

 

Edition : Evidence

 

Genre : Roman contemporain

 

Date de parution : 06 juillet 2019

 

Prix moyen : 12€

 

Mon avis : Qu’est ce qui peut bien rapprocher une reine anglaise déchue décapitée en 1536, et une jeune femme française contemporaine ?
A première vue, pas grand-chose.
Et pourtant, Georgina Gay fait bien un parallèle entre ces deux femmes qui n’ont pas vécu à la même époque, n’ont pas fait les même choix, n’ont pas été destinés au même destin ni eu les mêmes opportunités.
A quelques heures de son exécution, Anne Boleyn se raconte. Comme une confession, pour ne pas penser à la lame qui abrégera bientôt sa vie, elle raconte les circonstances qui l’ont conduite là.
La vie de Victoria, elle, est racontée à la 3ème personne, par un narrateur omniscient.
En réalité, ces deux femmes ont bien un point commun : La nature profonde de leur époux.
Moins flagrant chez Henry VIII, du fait de sa position et de sa toute puissance, cela saute aux yeux chez le mari de Victoria.
Aujourd’hui, à l’époque de Victoria, on met un nom sur ce genre de comportement, on identifie les signes. A l’époque d’Anne, ce n’était pas le cas et une femme n’avait aucun recours contre son époux (et alors quand l’époux en question est le roi…)

J’ai adoré l’histoire de Victoria et, si ses parents ont cru bien faire pour son avenir, la maintenir dans la quête permanente de la perfection et dans la recherche d’approbation, en a fait une cible parfaite.
Quant à l’histoire d’Anne… J’ai toujours eu une profonde affection pour cette jeune femme au destin tragique et profondément injuste, sacrifiée sur l’autel de l’ambition démesurée de sa famille.
J’ai beaucoup apprécié l’écriture de Georgina Gay. Le ton utilisé correspond parfaitement à Anne Boleyn.
Au début, j’ai regretté que l’auteur ne change pas de ton entre les deux histoires, mais finalement c’était plutôt bien trouvé. Je ne m’attendais pas à ce schéma de narration là. J’ai vraiment aimé ça !

J’ai aussi beaucoup aimé le découpage des étapes de l’existence tel que le présente l’auteur : la part de l’autre, la part du diable…

Je ne sais plus quoi vous dire pour vous convaincre de vous laisser tenter par ce livre qui vaut franchement le détour.
Les femmes y sont à l’honneur et, malgré les histoires difficiles qu’il raconte, je l’ai trouvé empreint de douceur, de mélancolie, et, étonnamment, d’espoir.

 

Un extrait : Les premières années passèrent sans que personne s’en aperçût. Les bougies se soufflaient à un rythme effréné, presque inquiétant, pour des parents qui voyaient tous les jours de leur vie se consumer sans pause ni refuge. Victoria, elle, profitait de chaque instant. Sa quête incessante de nouveauté épuisait sa mère, mais celle-ci s’en accommodait de bon gré. Le monde devenait un terrain de jeu propice aux expériences, tout devait être goûté, testé et pesé dans la balance de ce qui retenait son attention ou ses plaisirs.

         La première rentrée scolaire fut un supplice, mais Laurence resta infaillible. Il était temps pour sa petite fille de laisser son empreinte irréprochable dans les annales du monde de l’Éducation nationale. C’était la première étape du reste de sa vie, et de ce qui allait être attendu d’elle. Les pleurs constants qui retentissaient invariablement chaque matin ne changeaient rien à la détermination affichée du sein maternel, qui ne laisserait plus un seul caprice prendre le pas sur ses décisions. Pour le bien de celle qui était promise à un avenir radieux, ses parents lui imposaient une discipline sans faille, qu’ils nourrissaient des meilleures théories et des exemples conseillés par les plus grandes méthodes d’éducation.

         Ses activités furent choisies avec soin. La petite fille commença très tôt le piano, puis suivit des cours de dessin dans un atelier renommé. La fierté de ses parents n’avait d’égal que les regards impressionnés des amis et de la famille, étonnés de voir ce petit être se distinguer avec autant de brio de ses congénères. Pour Victoria, il n’y avait rien de plus naturel. L’approbation de ses géniteurs suffisait à son bonheur, étant prête à exécuter toutes leurs volontés pour que leurs bras accueillants s’ouvrissent et la chérissent. Elle ne souhaitait qu’être aimée de ses parents, eux qui savaient et connaissaient tout, maîtrisaient le monde, la protégeant quoi qu’il advînt. La petite fille se pliait de bonne grâce à leurs exigences, et montrait le meilleur d’elle-même pour gagner jour après jour l’affection de ceux qui avaient placé l’excellence au centre de leurs préoccupations.

         Victoria entra au cours préparatoire avec une année d’avance. Elle se serait bien passée de cette futilité pour continuer à évoluer avec les enfants de son âge, mais la messe était dite, le petit prodige était bien trop en avance pour perdre son temps un an de plus en classe de maternelle. Ses parents se montrèrent enthousiastes à cette idée, Victoria n’en fut que plus obéissante. Les journées étaient parfois difficiles pour la petite fille qui peinait à trouver sa place. Mais son père la rassurait, soutenant qu’elle était un être à part, bien capable de surmonter les difficultés et de transcender les épreuves, pour en faire des expériences positives lui permettant d’avancer dans la vie. Victoria ne pouvait qu’acquiescer, faire contre mauvaise fortune bon cœur et offrir à ses parents l’attitude de petite écolière irréprochable qui était attendue de sa personne.

         Elle persévéra donc, assidue, prête à fournir les efforts nécessaires pour trouver grâce à leurs yeux

 

Beaucoup aimé 4 étoiles.jpg

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