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Premières lignes #58

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Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
Pour ma part, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœurs !

 

Cette semaine, je vous présente Un palais de cendres et de ruines de Sarah J. Maas

Un palais de cendres et de ruine.jpg

Rhysand

Deux ans avant le mur

Le bourdonnement des mouches et les hurlements des survivants avaient depuis longtemps succédé au martèlement des tambours de guerre.
Le champ de massacre n’était plus qu’un enchevêtrement de corps de mortels et d’immortels où, de loin en loin, une aile brisée ou la masse d’un cheval abattu se détachaient sur le ciel gris.
Avec la chaleur que l’épaisse couche de nuages ne pouvait atténuer, l’odeur deviendrait bientôt intolérable. Des mouches rampaient déjà sur des yeux fixes levés vers le ciel, sans faire de différence entre de la chair de mortel ou d’immortel.
Je me frayai un chemin à travers la plaine autrefois couverte d’herbe parmi les bannières à demi enfouies dans la boue et le sang. Je devais rassembler toutes les forces qui me restaient pour ne pas laisser traîner mes ailes sur les cadavres et les armures à terre. J’avais épuisé mon pouvoir longtemps avant la fin du carnage.
Comme les mortels à mes côtés, j’avais passé les dernières heures à combattre à l’épée, avec mes poings et sans jamais relâcher ma concentration. Nous avions tenu bon face aux légions de Ravennia. Nous avions tenu bon d’heure en heure, comme mon père m’en avait donné l’ordre et comme mon devoir l’exigeait. Le plus bref instant de faiblesse aurait porté le coup de grâce à notre résistance déjà vacillante.
La forteresse qui s’élevait dans mon dos était trop précieuse pour être abandonnée aux loyalistes, en raison de sa position au cœur du continent et surtout des réserves qu’elle renfermait. Sans compter les forges sur son flanc occidental, brûlant jour et nuit au service de nos armées.
La fumée de ces forges se mêlait à celle des bûchers funéraires qu’on allumait derrière moi tandis que je poursuivais mon chemin en scrutant les visages des morts. Je notai d’envoyer ceux de mes soldats qui en auraient encore la force ramasser les armes de ceux qui étaient tombés. Nous en avions un besoin trop vital pour nous soucier d’un code d’honneur dont nos adversaires se moquaient complètement.
Quel calme… quel calme sur ce champ de bataille après le chaos et le massacre qui avaient pris fin plusieurs heures auparavant… L’armée des loyalistes avait préféré le retrait à la défaite, livrant ses morts aux corbeaux.
Je contournai le cadavre d’un hongre bai, une bête splendide aux yeux encore agrandis de terreur dont le flanc saignant était couvert de mouches. Son cavalier gisait sous lui, presque décapité, mais non par une épée : ces profonds sillons étaient la marque de griffes.
La victoire serait ardue. Ces royaumes et ces territoires avides d’esclaves humains lutteraient jusqu’à l’épuisement de leurs forces. Et même s’ils étaient vaincus… nous avions appris à nos dépens et très tôt qu’ils n’avaient aucun respect ni pour les rites ni pour les règles de la guerre et aucune pitié pour les immortels alliés aux mortels… Ils nous écraseraient comme de la vermine.
Je chassai une mouche bourdonnant près de mon oreille d’une main couverte de sang séché, un sang qui était le mien mêlé à celui d’autres guerriers.
J’avais toujours imaginé la mort comme un paisible retour au foyer, une berceuse douce et triste qui m’accompagnerait dans l’au-delà.
Je foulai le mât d’un porte-étendard des loyalistes, maculant de boue le sanglier aux défenses saillantes brodé sur la bannière émeraude.
Je me demandai si, au lieu d’une douce chanson, la berceuse de la mort n’était pas plutôt le vrombissement des mouches, si les mouches et les vers n’étaient pas les serviteurs de la mort.

 

Alors, tentés?

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