Résumé : "Je commence par taper mon ancien nom, Ella Black.
Mes doigts tremblent. J’ai besoin de savoir qui je suis.
Je
ne
sais
pas
qui
je
suis."
Auteur : Emily Barr
Edition : Casterman
Genre : Young Adult
Date de parution : 22 août 2018
Prix moyen : 16€
Mon avis : Ella est une jeune fille perturbée. Je me suis demandée à plusieurs reprises si elle n’était pas schizophrène, ce qui expliquerait la présence en elle de cette voix qui la pousse à la violence et qui la submerge parfois.
J’ai globalement apprécié ma lecture, j’ai aimé l’écriture et le rythme de l’histoire.
J’ai aussi beaucoup apprécié le compte à rebours au début de chaque chapitre qui fait que l’on tourne les pages avec un certain sentiment d’urgence.
C’était une bonne lecture mais pas un coup de cœur, et cela tient essentiellement aux personnages.
J’ai trouvé que les parents d’Ella faisaient une montagne d’une taupinière.
Dès le moment où sa mère vient débarque au lycée, j’ai commencé à élaborer des théories au sujet de l’affreux secret qu’elle et son époux semblent cacher. Et quand on fini enfin par savoir de quoi il retourne exactement, ça m’a fait l’effet d’un soufflé sorti trop tôt du four. Je me suis dit : « Tout ça pour ça ? Sérieusement ? » Je m’attendais à tellement plus que je me suis sentie flouée.
Jack et Lily avaient, eux, l’air prometteur, surtout Jack, mais, après des pages de présentation et d’introduction de leurs personnages, ils disparaissent purement et simplement. C’est à peine si Ella fait allusion à eux par la suite.
Et Ella ? Alors on va passer sur la romance absolument pas crédible (qu’une gamine de 17 ans tombe follement amoureuse au premier regard, je veux bien le croire, mais qu’un gars de 21 ans, en vacances, fasse tout ce que va faire Christian pour une nana qu’il a vu seulement quelques heures, là, ça devient du grand n’importe quoi), qui ne gène pas vraiment car elle reste au second plan.
D’ailleurs, ce coup de cœur pour un parfait inconnu est révélateur de la personnalité d’Ella : totalement immature, déconnectée des réalités, elle change d’avis comme de chemise sans jamais réfléchir aux conséquences de ses décisions (et même pas aux conséquences immédiates).
Bien qu’elle comprenne très vite que ses parents lui cachent un secret, jamais elle ne se montre ferme en exigeant des explications. Elle pleurniche avant tout sur le fait que ses parents lui ont confisqué son téléphone plutôt que de poser les bonnes questions sur le fond du problème.
Même si l’attitude des parents est inqualifiable, il est clair que les réactions d’Ella ne va pas les convaincre de se montrer honnêtes.
Il y avait tant de choses qu’elle pouvait faire plutôt que les choix qu’elle fait.
Je l’ai de plus trouvé terriblement naïve.
Un des éléments du secret (vous comprendrez que je ne vous dise pas lequel) manque aussi totalement de crédibilité. Je veux dire que si on s’arrête pour réfléchir deux secondes, on se demande comment tout cela est seulement possible.
Ella m’a souvent fait lever les yeux au ciel et l’explication quant à sa sorte de double personnalité m’a laissée un peu perplexe.
Cela dit, le personnage d’Ella et les petites incohérences ne m’ont pas empêché d’apprécier ma lecture.
J’ai passé un bon moment, même si ce roman n’a été à la hauteur de ses promesses. Il reste néanmoins une bonne lecture.
Un extrait : Recroquevillée sur un banc, je frissonne, mais je suis occupée alors je me fiche d’avoir un peu froid. J’ai un crayon et un carnet à dessin en équilibre sur les genoux et je suis assise dans un parc, adossée à Jack qui lit un livre. Je fais face au palais de Westminster, très concentrée sur mon dessin. Pourtant, ce n’est pas la vue que je dessine – j’ai déjà quelques pages de Big Ben dans mon carnet. Aujourd’hui, c’est autre chose qui semble vouloir apparaître sur la page.
— Tu as bientôt fini ? demande Jack. Prends tout le temps qu’il te faut, bien sûr, mais il va pleuvoir et…
Il se retourne pour regarder mon dessin.
— Ah, fait-il. Ah ouais, une interprétation métaphorique du paysage ?
— C’est ça.
— Ella Black m’a fait grelotter sur un banc pendant une heure pour dessiner… Ella Black.
— Ce n’est pas Ella Black.
— Désolé de te l’apprendre, ma belle, mais je crois bien que si.
Je baisse les yeux vers le papier. Elle me ressemble, mais ce n’est pas moi. J’aimerais que Jack s’en rende compte, même si je ne vois pas comment faire. Si je lui expliquais, il finirait sans doute par comprendre, mais ça n’arrivera pas. Je laisse échapper un petit rire nerveux et lui aussi.
— Et ton livre, il est comment ? je demande.
— Génial, en fait. On est en plein dans l’apocalypse. Et tu sais quoi ? Tu as raison. Ce dessin, ce n’est pas tout à fait toi. C’est toi avec un regard de folle. Toi en train de penser à quelque chose que tu hais, pas vrai ?
Je lève les yeux vers lui et respire un bon coup.
— Oui, je dis. Oui, voilà. C’est exactement ça.
— Ce n’est pas à moi que tu penses, au moins ?
Je le regarde. Blond, quelconque, il est l’un de mes deux meilleurs amis. L’un des deux seuls amis que j’ai au monde. J’adore sa bouille. J’adore tous les secrets qu’on partage. Sauf que moi, je connais son grand secret, mais lui ne connaît pas tous les miens. Cela dit, il est possible qu’il me cache aussi des choses.
C’est même sûrement le cas.