Résumé : Pour Emily Radley, la belle-soeur du célèbre policier Thomas Pitt, les fêtes de Noël s'annoncent désastreuses. Elle doit quitter sur-le-champ Londres, ses enfants et les mondanités pour passer ce Noël 1895 en Irlande, auprès d'une tante agonisante qui l'a demandée auprès d'elle. Brusquement plongée au cœur du magnifique et sauvage Connemara, dans un petit village perdu au bord de l'océan, Emily ne s'imaginait pas une seconde être confrontée à une affaire de meurtre commis sept ans auparavant. Tandis qu'une tempête ramène sur la grève souvenirs et remords du passé, Emily, aussi à l'aise dans les tourbières irlandaises que dans un salon de la gentry, remue les consciences de la petite communauté, en quête d'un secret bien gardé.
Auteur : Anne Perry
Edition : 10/18
Genre : Thriller
Date de parution : 18 novembre 2010
Prix moyen : 5€
Mon avis : Je comprends un peu la première réaction d’Emily. C’est sûr qu’abandonner mari, enfants et réjouissances de noël pour aller au chevet d’une tante qui n’a pas donné de nouvelles depuis 15 ans, c’est un peu raide. Mais d’un autre côté, c’est un peu délicat de répondre : « Ah non, mourrez dans votre coin, ou attendez le 3 janvier ». Même moi j’oserais pas… Alors à l’époque victorienne, pensez donc !
Certes, la région doit être magnifique, mais à une époque où il n’y a ni voiture hyperconfortable, ni avion, ni téléphone… c’est un peu… comment dire… isolé… et froid… et la tempête qui s’annonce ne va pas arranger les choses. D’autant plus que les habitants, s’ils sont vraiment accueillants, semblent quand même avoir un grain (de la taille d’un pamplemousse au bas mot).
A force de poser des questions, Emily va finir par réaliser que la chère tantine ne voulait pas tant de la compagnie pour mourir mais quelqu’un pour résoudre une énigme. D’ailleurs on comprend mieux pourquoi elle avait écrit à Charlotte plutôt qu’à Emily. Il faut dire que Charlotte a épousé un flic et a une très nette tendance à mettre son nez dans les enquêtes de son mari. Mais bon, Emily n’est pas une petite nature pour autant et elle compte bien faire la lumière sur ce qu’il s’est passé dans la communauté, 7 ans plus tôt.
On ne peut pas parler vraiment d’enquête car ce qui mène Emily vers la vérité est plus une analyse de la personnalité de chacun et une observation des interactions sociales plutôt qu’une enquête policière en bonne et due forme. Et Emily ne va pas se contenter de résoudre le mystère que lui demande sa tante, elle va également mettre à jour plusieurs secrets qui empoisonnaient la vie des habitants du village.
Ses « investigations » vont également pousser Emily à s’interroger sur ses relations avec son mari et à prendre quelques résolutions.
Et pour une fois, le « méchant » n’est pas si méchant que ça et on a du mal à le détester. On aurait plutôt tendance à avoir pitié de lui.
Un extrait : — C’est absurde ! s’exclama Emily en regardant son mari. Il a perdu l’esprit !
— Ah bon ? fit Jack en plissant les yeux. Que raconte-t-il ?
Sans un mot, Emily lui passa la lettre.
Il la lut, fronça les sourcils, puis la lui rendit.
— Je suis navré… Je sais que tu te faisais une joie de passer ces fêtes de Noël à la maison, mais nous nous rattraperons l’année prochaine…
— Il est hors de question que j’aille là-bas ! déclara Emily d’un air incrédule.
Jack se contenta de la fixer calmement sans rien dire.
— C’est ridicule ! enchaîna-t-elle. Dieu du ciel, je ne vais quand même pas aller au Connemara ! Surtout au moment de Noël ! Ce serait la fin du monde… D’ailleurs, crois-moi, c’est bel et bien la fin du monde ! Il n’y a rien d’autre là-bas que des tourbières gelées !
— À vrai dire, je crois que la côte ouest de l’Irlande jouit d’un climat tempéré, la reprit Jack. Quoique humide, c’est certain, ajouta-t-il dans un sourire.
Soulagée, Emily poussa un soupir. Le sourire de son mari continuait à la charmer plus qu’elle ne souhaitait le lui faire savoir. S’il l’avait su, il serait sans doute devenu impossible à manœuvrer. Elle posa la lettre sur la table.
— J’écrirai demain à Thomas et je lui expliquerai.
— Que lui diras-tu ?
Emily parut surprise.
— Eh bien, qu’il n’est pas question que j’y aille… Mais je le lui dirai gentiment.
— Comment pourrais-tu dire gentiment que tu as l’intention de laisser ta tante mourir toute seule à Noël sous prétexte que tu n’apprécies pas le climat irlandais ? demanda Jack avec une douceur surprenante étant donné le contenu de sa question.
Emily se figea. Et lorsqu’elle se retourna vers son mari, elle comprit que, malgré son sourire, il pensait chaque mot de ce qu’il venait de dire.