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[Livre] Mémoires gelées

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Résumé : Un matin de décembre, dans une petite ville suédoise, Seja est réveillée par un coup de fil d’Ake Melkersson, son voisin. Ake, sous le choc, lui apprend avoir découvert un homme mort, le bas du corps écrasé par une voiture. Lorsqu’elle l’accompagne sur le lieu du crime, le fragile équilibre qu’elle avait bâti dans sa vie est bouleversé. Seja rencontre l’inspecteur Christian Tell, en charge de l’affaire. Les indices restent minces et les choses se compliquent encore lorsqu’une nouvelle victime est retrouvée, tuée dans les mêmes circonstances. Sans compter le début d’une liaison entre Christian et Seja… Pourtant la jeune femme dissimule des éléments à l’inspecteur, se gardant de lui révéler que certains aspects des meurtres lui rappellent une jeune fille connue des années auparavant. Quel est le lien entre ces meurtres et les événements qui se sont déroulés douze ans plus tôt ? Le passé ressurgit, non sans conséquences pour Seja, pour l’enquête et pour le commissaire Christian Tell lui-même…

Auteur : Camilla Ceder

 

Edition : 10/18

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 05 septembre 2013

 

Prix moyen : 8€

 

Mon avis : Dans une ville au nom imprononçable (en tout cas pour moi), un homme d’un certain âge fait un détour pour demander à un garagiste de jeter un œil sur sa voiture. Il tombe nez à nez (si on veut) avec le cadavre du bonhomme et le moins qu’on puisse dire, c’est que celui qui s’en est occupé ne voulait vraiment pas qu’il s’en sorte.
Il remonte vite fait dans sa voiture et va appeler la police (pas fou le vieux, il ne va pas rester à côté si y’a un psychopathe dans la nature). La voiture étant en train de rendre l’âme, il appelle sa voisine, une étudiante en journalisme, pour qu’elle vienne avec lui sur les lieux où la police l’attend pour l’interroger.
Le livre alterne entre le présent (et donc les meurtres) et le passé, douze ans plus tôt où on suit My, une jeune fille un peu paumée affublée d’une mère très déséquilibrée. Il ne faut pas être Agatha Christie pour se douter qu’il y a un lien entre les deux histoires ! Mais lequel ! On va le découvrir, enfin du moins s’en douter fortement, au fur et à mesure de l’histoire de My. Du coup, on se retrouve vite dans la position du lecteur qui connait des faits que les inspecteurs ignorent encore, tout en ne découvrant les indices qu’en même temps qu’eux. C’est assez étrange car on a l’impression d’en savoir à la fois plus et moins qu’eux.
L’histoire est assez fournie, les flics ne tombent pas sur la solution en un claquement de doigts, ils se lancent parfois sur de fausses pistes avant qu’un indice ne leur fasse remettre leurs découvertes en question et les remettent sur la bonne voie.
J’ai beaucoup aimé que les flics soient humain, entre celui qui a tout pour plaire : misogyne, homophobe, xénophobe et tout ce que vous voulez d’autres, mais qui est a de l’expérience et donc dont on ne peut se passer, ou le commissaire qui entame une relation avec la journaliste, qui est notée comme premier témoin dans l’affaire, ce qui est donc loin d’être déontologique. La journaliste, elle, est assez perdue, obsessionnelle presque. J’ai eu l’impression que quand un homme s’intéresse à elle, elle ne supporte pas qu’il s’éloigne d’elle, ne serait-ce que pour son travail. Certes, au début on apprend qu’elle a vécu une rupture douloureuse, mais son attitude moitié femme envahissante, moitié journaliste sans scrupule m’a souvent agacée.
J’ai bien aimé que les policiers, et donc du coup le lecteur, aient parfois l’esprit occupés par des détails inutiles. Parce que dans une enquête de police, si on ne peut négliger aucune piste, beaucoup ne donnent rien (Si c’était facile, on serait tous flics !).
La fin m’a parue un peu rapide, mais d’un autre côté, ça fait du bien de voir un thriller qui, lorsque les policiers ont la réponse à l’énigme, ne nécessite pas encore 70 pages pour l’arrestation du coupable.
C’était la première fois que je lisais un roman de Camilla Ceder, et j’ai bien aimé. Je la relirai sûrement si elle écrit un autre bouquin qui soit traduit en français.

 

Un extrait : Sa mémoire lui jouait des tours. À chaque tournant s’ouvrait une nouvelle portion de route à travers une campagne déserte. Heureusement, le jour pointait. Il discerna soudain des cimes d’arbres au-dessus de la chaussée étroite.

Si ça se trouve, il n’existe plus, cet atelier de mécanique, songeait-il en regrettant son expédition, lorsqu’au détour du virage, les phares balayèrent une vieille grange croulante. En face, la maison d’habitation n’était pas non plus en très bon état et dans la cour s’entassaient des carcasses de voitures. Un coin perdu, mais l’enseigne métallique au nom de Thomas Edell, mécanique et carrosserie figurait en bonne place. Comme dans son souvenir.

Soulagé, il gara son engin entre deux pick-up déglingués. Un silence presque religieux régnait sur les lieux. Il sortit de voiture, s’étira les jambes, respira profondément l’air glacé du matin et leva les yeux vers la maison aux planches de bois grisâtres. Les fenêtres étaient noires. Un flot de lumière sortait d’un bâtiment en tôle dans le prolongement de la grange : un garage, dont la porte était relevée.

Rien d’étonnant à 7 heures passées. Les bosseurs commencent tôt, il en savait quelque chose. En revanche, qu’on ne l’ait pas entendu arriver, dans cette guimbarde… Un silence de mort. Il tâcha de signaler sa présence, toussa et traversa la pelouse.

Le sol de l’atelier était encombré, mais il n’y avait apparemment personne. Une Nissan Micra, perchée sur l’élévateur, lui cachait la vue ; il pénétra plus avant dans le local.

— Ohé !

À la jonction avec la vieille grange, un box en contre-plaqué faisait office de bureau : mal rangé, vide, mais la radio grésillait, allumée sur moyenne fréquence. Il reconnut la station Romances et Ballades. Puis il réalisa qu’il serait en retard à son travail, à son pot de retraite, et que l’endroit, en dépit des apparences, était désert. Il regagna la pelouse et décida de faire un dernier tour.

Plus tard, il se rappellerait cette sensation de malaise qui l’avait pris au ventre. Pas seulement à cause du retard ou de la tête du directeur Englund. Une sensation indéfinissable. Il frôla la crise cardiaque quand un chat blanc et noir bondit d’une fenêtre de la cave en poussant un miaulement plaintif. Une seconde après, il vit l’homme, étendu sur la bande de gravier qui longeait la grange. Toute la partie inférieure du corps était plus ou moins… écrasée.

On l’a aplati, pensa Åke Melkersson dans un gloussement hystérique. Comme dans les BD, quand les personnages passent sous des rouleaux compresseurs et ressortent plats comme des crêpes. Sauf qu’il n’y avait jamais de sang sur ces vignettes. Là, oui : la tête nageait dans une mare de sang qui lui faisait une auréole rouge.

Åke recula et se mit à vomir. Une première fois, puis il s’essuya la bouche sur la manche de sa veste, et une seconde fois, sur son pantalon. Pas question de me présenter au boulot dans cet état. Il se précipita vers sa voiture ; une brusque marche arrière lui valut de perdre le pot d’échappement, lequel racla le sol sur tout le trajet pour rejoindre la nationale.

Une fois parvenu en zone civilisée, il osa se garer devant un arrêt de bus et composa le 112 d’une main tremblante.

La policière lui parla sans émoi, cherchant simplement à obtenir le maximum d’informations. Il se ressaisit ; alla jusqu’à proposer de retourner sur les lieux. Il ne voulait pas inquiéter Kristina en faisant venir la police à la maison, surtout pour une affaire comme ça.

 

Beaucoup aimé 4 étoiles.jpg

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