Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[Livre] Directs du droit

directs-du-droit.jpg

Si vous désirez acheter ce livre, vous pouvez cliquer ICI ou sur l'image. Vous serez alors redirigés sur bookwitty. Si vous achetez le livre par ce lien, je touche une petite commission. Cela ne change rien au prix!

 

Résumé : Recordman des acquittements aux assises, Éric Dupond-Moretti aurait un peu trop tendance, selon ses détracteurs, à faire relaxer tous ses clients. Il nous montre ici que la Justice, elle, à une réelle propension à condamner tous ceux qui paraissent devant elle.

À travers le récit de plusieurs affaires criminelles dans lesquelles il est intervenu, traitées comme des thrillers dans des chapitres coups de poing, il dénonce les imperfections d'un système qui respecte de moins en moins les droits de la défense.

 

Auteur : Eric Dupond-Moretti

 

Edition : Michel Lafon

 

Genre : Témoignage

 

Date de parution : 18 janvier 2017

 

Prix moyen : 18€

 

Mon avis : Au travers d’affaires qu’il a traité, le ténor du barreau nous fait part de son inquiétude devant une évolution de la justice peu favorable à la défense. Véritable retour en arrière moyenâgeux, les magistrats semblent, pour certains, penser que quelqu’un qui se retrouve aux assises à forcément quelque chose à se reprocher et peu importe si les preuves de sa culpabilité sont des plus légères.
Ainsi, ils n’hésitent pas à influencer les jurés lors des délibérés, voire à modifier leurs votes quand ils ne leurs conviennent pas. La morale et la religion apparaissent de plus en plus souvent dans les débats au mépris de la règle de droit qui stipule que le droit doit s’affranchir de la morale.
Les magistrats livrent une véritable guerre aux avocats de la défense, vus comme des traîtres qui défendent les criminels, oubliant que la loi française garanti le droit à la défense à tous, même au pire des criminels. Les magistrats voudraient-ils que les avocats de la défense fassent mal leur office pour leur garantir la condamnation des prévenus ? Qu’en est-il de la maxime : Innocent jusqu’à preuve du contraire ?
Dans les sept chapitres présentés, on va pouvoir découvrir des pratiques indignes de représentants du droit : tentative d’intimidation, plainte auprès du barreau parce qu’un avocat s’est plaint d’un mauvais comportement, fuite dans la presse, audience devant la cour d’assise d’un homme, mineur au moment des faits et déjà acquitté par la cour d’assise des enfants, condamnation d’un homme pouvant prouver qu’il n’était pas présent sur le territoire français au moment des faits…
Véritable lanceur d’alerte, Éric Dupond-Moretti met en garde contre cette évolution qui tend à bafouer les droits les plus élémentaires de tout justiciable : un procès équitable et le droit à une défense.

 

Un extrait : En quatre ans, j’ai encore vu changer le monde que je connais le mieux : celui de la justice. Depuis que j’ai prêté le serment d’avocat, en 1984, ce monde est en révolution perpétuelle, pas forcément pour le meilleur. Les lois, votées à la va-vite et au doigt mouillé, les lois, propulsées dans le code pénal par le vent versatile de l’émotion alors qu’elles devraient résister à cette tornade, les lois se durcissent. Les faits divers successifs modèlent et remodèlent la hiérarchie des crimes : du temps où André Gide siégeait comme juré à la cour d’assises de la Seine-Inférieure, il était plus grave d’incendier une grange que de violer une fille de ferme. Nous étions au début du XXe siècle, avant la Grande Guerre, avant l’acquittement de Raoul Villain, l’homme qui avait assassiné Jaurès en 1914 : le pire des crimes, après la défaite de l’Allemagne, c’était le pacifisme, et la veuve de Jaurès fut même condamnée aux dépens. À la fin des années 1990, quand éclatèrent, en Belgique l’affaire Dutroux, et dans le Pas-de-Calais celle d’Outreau, la pédophilie, communément présentée comme plus grave que l’homicide, était hissée par l’opinion sur la plus haute marche de ce dérisoire podium. Depuis janvier 2015 et la tuerie de Charlie Hebdo, il n’est pas pire abomination que l’attentat islamiste. Peu importe ces échelles éphémères : les appels à la sévérité aveugle (donc injuste) se multiplient ; les établissements pénitentiaires français n’ont jamais été aussi surpeuplés, mais des députés veulent supprimer les aménagements de peine pour certaines catégories de détenus, créer des « Guantánamo à la française » pour des suspects qui n’ont pas été condamnés, transformer la Constitution en blanc-seing pour le tout-répressif. Ce n’est donc plus « surveiller et punir », comme du temps de Michel Foucault, mais punir d’abord pour mieux surveiller, au cas où. La société de ce début de XXIe siècle se met à ressembler à ce qu’avaient imaginé des auteurs de science-fiction comme George Orwell ou Philip K. Dick : j’ai peur.

 

Beaucoup aimé 4 étoiles.jpg

Écrire un commentaire

Optionnel