Titre original : We need to talk about Kevin
Réalisé par : Lynne Ramsay
Date de sortie : 28 septembre 2011
Genre : Drame
Pays d’origine : USA, Angleterre
Durée : 1h50
Casting : Tilda Swinton, John C. Reilly, Ezra Miller, Ashley Gerasimovich…
Résumé : Eva a mis sa vie professionnelle et ses ambitions personnelles entre parenthèses pour donner naissance à Kevin. La communication entre mère et fils s’avère d’emblée très compliquée. A l’aube de ses 16 ans, il commet l’irréparable. Eva s’interroge alors sur sa responsabilité. En se remémorant les étapes de sa vie avant et avec Kevin, elle tente de comprendre ce qu’elle aurait pu ou peut-être dû faire.
Mon avis : We need to talk about Kevin est l’adaptation du roman éponyme de Lionel Shriver. Alors, comme en littérature on est moins snob qu’au cinéma, pour le livre, le titre a été traduit en « il faut qu’on parle de Kevin » (Franchement, ils auraient pu traduire le titre, d’autant plus que ça a été fait pour le livre. Mais bon, c’est déjà mieux que quand ils mettent un titre en anglais MAIS pas le même que l’original. Par exemple la série Army Wives qui en français est devenu American Wives…).
Le livre est écrit à la première personne, à travers les yeux d’Eva, la mère de Kevin, qui s’adresse par lettre à son époux dont elle est séparée. Dans le film, on suit toujours Eva, on ne sait que ce qu’elle sait, mais il manque le côté chronologique qu’on trouvait dans ses lettres. Certes elle mêlait déjà passé et présent, mais c’était assez facile de distinguer les deux périodes. Ici les scènes s’enchaînent sans qu’on sache à quelle période on se trouve, sauf à scruter l’actrice qui a les cheveux un peu plus longs après le drame qu’avant. J’aurais apprécié que le passé et le présent soient différenciés par un changement de luminosité ou un adoucissement des contrastes, comme il est souvent d’usage de faire quand on change d’époque dans une même histoire.
Je pense que si je n’avais pas lu le livre avant de voir le film, j’aurais eu beaucoup plus de mal à entrer dans l’histoire.
Même si j’ai beaucoup aimé le film (oui, j’ai préféré le livre, mais c’est souvent le cas), j’ai eu quelques regrets.
D’abord j’ai trouvé que la réalisatrice avait pris le parti de présenter la mère comme la responsable du comportement de son fils.
J’ai trouvé un peu facile d’occulter le comportement inadmissible du père qui refuse le moindre blâme envers son fils. Dans le livre, on voit clairement que toutes les tentatives d’Eva pour contrôler et éduquer Kevin sont vouées à l’échec par l’aveuglement obstiné (et criminel) de son père (les nounous démissionnent, elles sont incompétentes, les profs se plaignent, ils n’aiment pas les enfants, les flics ramènent le gosse, ils ont forcément fait une erreur d’identification…). Tout cet aspect, bien présent dans le livre, est quasiment occulté dans le film. Ici le père n’assiste à aucune des bêtises de son fils et quand Eva le soupçonne de quelque chose, cela lui semble impossible (mais on peut le comprendre puisqu’il n’a jamais rien eu sous les yeux).
Quand à la fin du film, elle a été très nettement édulcorée. Certes, vous me direz qu’elle est déjà horrible, mais la fin du livre n’est pas seulement horrible, elle est aussi symbolique.
Un film sympa mais qui n’arrive pas à la cheville du roman.