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[Livre] La dame de Kyoto

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Résumé : Kyoto, 1904. Depuis l'assassinat de ses parents, riches industriels de la soie, Myako Matsuka subit la tutelle de son frère Naoki. Lorsque celui-ci part pour le front de la guerre russo-japonaise, elle doit gérer seule l'entreprise familiale. Myako découvre alors avec horreur les conditions de travail des ouvrières et n'hésite pas à transgresser les consignes de son frère, révélant un tempérament fier et indépendant.
Mais l'amour trouble qu'elle porte à un diplomate anglais, Allan Pearson, de même que l'intrusion dans sa vie d'un jeune Français passionné d'estampes, Martin Fallières, vont brouiller les cartes. 
Torturée par le mystère de la mort de ses parents, déchirée entre ses instincts amoureux, ses responsabilités professionnelles et la fidélité qu'elle doit à sa famille, Myako va devoir choisir. Des choix douloureux qui feront éclater une vérité non moins tragique sur son passé et orienteront son avenir dans un sens bien différent de celui qu'elle envisageait

 

Auteur : Eric Le Nabour

 

Edition : Calmann Levy

 

Genre : Romance

 

Date de parution : 2012

 

Prix moyen : 20,50€

 

Mon avis : Dans ce livre on est plongé dans le japon du début du XXème siècle, même si parfois j’ai eu des doutes quant aux définitions des termes comme les meiko qui seraient le nom donné au geisha à Kyoto, alors que, recherches faites, on les appelle les Geiko… erreur de l’auteur ? Coquille ?... du coup ça m’a rendu assez méfiante pour les autres termes que je ne connais pas (et je ne vais pas aller vérifier chaque terme non plus).
Concernant les personnages, j’ai eu un peu de mal avec eux.
Bizarrement, celui que j’ai le plus apprécié est Naoki alors qu’à première vue il est assez pénible. Mais son évolution au fil du roman (ou plutôt les révélations faites qui permettent de mieux le comprendre) fait qu’on s’attache à lui.
Allan Pearson est insupportable, il n’a absolument rien pour lui, mais je pense que c’était le but.
Mais je n’ai pas franchement apprécié Martin Fallière et Myako non plus.
Le premier se comporte d’emblée comme si Myako était sa propriété et j’ai détesté son attitude. Il agit comme si Myako et son entourage avait des comptes à lui rendre.
La vieille servante m’a agacée dans sa façon de traiter Myako comme une enfant alors qu’elle est sa maitresse mais d’un autre côté, quand on voit l’attitude de la jeune femme, on peut le comprendre un peu.
Myako n’a aucune envie d’entrer dans le monde des adultes tout en ne supportant pas qu’on la traite en enfant. Pourtant, à 22 ans, il serait grand temps qu’elle se réveille un peu et qu’elle assume la conséquence de ses actes (et surtout qu’elle réfléchisse un peu avant de les commettre). Je n’ai ressenti aucune empathie envers elle.
L’histoire est un peu cousue de fil blanc et le dénouement un peu trop rapide quand on songe au temps qu’il a fallu pour y arriver.
Ça reste néanmoins une petite histoire légère et facile à lire, idéale pour reposer son esprit après des lectures plus intenses.

Un extrait : Un nom et un visage lui étaient malgré tout venus immédiatement à l’esprit : Kodo Kobayashi, l’homme que son frère voulait lui faire épouser depuis plus d’un an déjà. Que pouvait-il y avoir de plus important la concernant aux yeux de Naoki ?

Myako souffla doucement sur son thé brûlant.

Épouser Kobayashi… Ce petit homme gras au sourire faux, aux manières apprêtées, aux doigts boudinés et aux ongles manucurés dont elle n’imaginait pas qu’ils puissent se poser un jour sur elle. « Plutôt travailler dans un bordel de Gion », songea Myako. Chacune de ses visites lui était un supplice. Le « gros Kodo », comme l’appelait Hiromi, venait régulièrement au ryôkan Matsuka. Une fois par mois environ. Il apportait toujours des présents inutiles et stupides. Il s’asseyait en face d’elle, replet et satisfait, les mains posées sur ses cuisses et la dévorait des yeux avec des airs de mangouste affamée.

Aux yeux de Naoki, en revanche, Kodo Kobayashi présentait tous les avantages requis : petit-fils de samouraï, banquier et futur membre de la Diète impériale. Un parti inespéré tant sa fortune faisait des envieux dans les rangs les plus fermés de l’aristocratie japonaise. Pourtant, Myako ne parvenait pas à imaginer que le caractère inflexible de Naoki l’aveugle au point de vouloir faire consciemment son malheur.

– Je sais à quoi ou à qui tu penses, glissa Hiromi. Je sais même que ça te tient éveillée la nuit. Tu crois sans doute que je ne t’entends pas dans ton sommeil…

Myako feignit la surprise.

– Que veux-tu dire ?

– Tu le sais très bien. Ce n’est pas parce que je suis une vieille carne aujourd’hui que je n’ai pas été jeune moi aussi…

– Je n’y peux rien, gémit Myako, je ne pense qu’à lui depuis des mois.

Hiromi posa un doigt brun et tordu sur ses lèvres.

– Eh bien, arrête ! Et même oublie-le, si tu peux ! Tu sais ce que je t’ai dit à son sujet. Un homme marié, n’y songe même pas, ma belle…

– Mal marié !

– Ce n’est pas ton affaire. Voudrais-tu faire honte à ton frère ?

– Mais…

Le doigt accentua sa pression et Myako en éprouva une sensation désagréable parce qu’il lui intimait l’ordre de se taire et qu’il sentait le vinaigre.

– Il n’y a pas de mais… Allez, va voir Naoki, il doit s’impatienter…

– Mais je ne suis pas encore…

– Tu es fraîche comme une rose, il n’y verra que du feu. Et puis il préférera te voir sans apprêt plutôt que de faire le pied de grue dans son bureau. Je te l’ai dit, il est de mauvaise humeur.

Le doigt se retira. La bouilloire siffla sur le fourneau. Myako émit un soupir de désolation, se resservit du thé d’orge grillé, puis avala le contenu de son bol avec une lenteur exaspérante. Quand elle ne put reculer davantage l’échéance, elle se dirigea enfin vers le bureau de son frère d’un pas glissant sous les regards lourds de sous-entendus de la vieille femme.

 

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