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[Livre] Une autre idée du silence

Les lectures de Gribouille et moi-même participons à un challenge.
Ce challenge consiste à sélectionner trois livres dans la PAL de notre binôme. Celui-ci choisi lequel des trois il lira et chroniquera. Les lectures de Gribouille et moi avons choisi de lire les trois livres que chacune à choisi pour l'autre (c'est qu'on a une PAL assez conséquente à faire descendre!)

Ce livre est le premier que m'a choisi Les lectures de Gribouilles dans le cadre du challenge Livra'deux sur livraddict. Pour sa part je lui avais choisi La colline aux esclaves de Kathleen Grissom dont vous trouverez la chronique ICI

 

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Résumé : Angleterre, 1255. À seulement dix-sept ans, Sarah décide de devenir anachorète. Dévouée à Dieu, elle vivra recluse dans une petite cellule mesurant neuf pas sur sept à côté de l’église du village. Fuyant le deuil de sa sœur adorée, morte en couches, et la pression d’un mariage imposé, elle choisit de renoncer au monde – à ses dangers, ses désirs et ses tentations – pour se tourner vers une vie de prière. Mais petit à petit elle comprend que les murs épais de sa cellule ne pourront la protéger du monde extérieur. 

 

Auteur : Robyn Cadwallader

 

Edition : Denoël

 

Genre : historique

 

Date de parution : 3 septembre 2015

 

Prix moyen : 22,50€

 

Mon avis : Dans ce roman, on ne découvre les personnages et les évènements présents et passés qu’au travers deux personnages : Sarah et Ranaulf.
Ce qui m’a interpellé en premier lieu dans ce livre, c’est le manque de foi des personnages principaux eut égard à leur choix de vie.
Sarah, 17 ans, a décidé de devenir recluse. Elle se destine à passer sa vie en prière dans une cellule de neuf pas sur sept, accolée à l’église et dont tous les accès vers l’extérieur sont condamnés à l’exception d’une fenêtre donnant dans la chambre de ses servantes par laquelle on lui transmet le nécessaire et d’une meurtrière donnant dans l’église, masquée par un lourd rideau, à travers laquelle elle peux parler, mais sans les voir, à son confesseur et aux femmes du village qui viennent lui demander des conseils ou des prières.
La vie qu’à choisi Sarah est une vie de sacrifice et de dévotion envers Dieu, plus encore qu’une vie de simple religieuse. Or, la jeune fille, si elle est pieuse, n’est pas vraiment dans l’état d’esprit d’une femme se dévouant à son créateur. Elle est pleine de colère, dit ses prières sans y penser, comme une routine. Lorsqu’elle réalise que sa cellule n’est pas totalement hermétique, elle s’en offusque, mais est incapable de se couper des bruits, des odeurs, avec sérénité. On sent bien que ce n’est pas la dévotion qui l’a conduise dans ce reclusoir, mais un évènement de son passé et je ne suis pas certaine que ce soit le décès de sa sœur en couche comme le dit résumé et comme Sarah elle-même ne cesse de le rappeler.
Elle semble supporter également très mal de devoir conseiller les femmes du village, d’autant plus qu’elle ne peut rien faire de plus que prier pour elles.
Ranaulf, lui, est un prêtre copiste du prieuré qui gère la vie de la recluse. Il devient son confesseur en remplacement d’un prêtre trop âgé pour effectuer le trajet. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’en est pas content. Il affiche un mépris des femmes surdéveloppé, bien plus fort que l’église elle-même puisqu’il ne considère pas les recluses comme des saintes femmes mais comme, semble-t-il, des pécheresses qui expient leurs fautes, rien de plus.
Au niveau de sa foi, j’ai l’impression qu’il n’est devenu prêtre que pour avoir accès à ses précieux livres, il montre à plusieurs reprises que toute autre tâches dévolues aux prêtres, telle que le fait d’être confesseur ou de devoir assister aux offices, n’ont aucunes importances à ses yeux et sont même presque indigne de figurer au rang de ses activités, la copie des ouvrages étant placées au dessus de tout.

Du coté des personnes qui entourent ces deux là, on a tout un florilège de personnages, essentiellement des femmes ! Maud, Lizzie, Louise, Anna, Ellie… Les hommes, on en entend parler par elles, qu’ils soient leurs époux ou leurs voisins, à l’exception du père Simon, du père Peter et de Sir Thomas, 3 hommes que connaissait Sarah avant d’entrer en réclusion et qui vont interagir soit avec elle, soit avec Ranaulf.
Le plus antipathique, est clairement Thomas. Fils du seigneur qui a payé pour que Sarah puisse entrer en réclusion, il a hérité de cette charge de protecteur à la mort de son père. De toute évidence, il a un passé avec Sarah, que celle-ci dévoile par bribes. Son opinion sur la vie que la jeune fille a choisie est lapidaire et il ne cesse de la tourmenter pour ébranler ses résolutions.
Comme tout seigneur à cette époque (XIIIème siècle), il est convaincu de son impunité quoi qu’il fasse, ce qui le rend particulièrement dangereux pour tous. J’espère vraiment qu’il recevra la monnaie de sa pièce.
Il est impressionnant de la part de l’auteur de nous tenir en haleine comme ça dans un livre où il n’y a que peu d’action, la quasi-totalité de l’histoire se passant entre les 4 murs de la cellule de Sarah et parfois dans l’enceinte du prieuré.
C’est un huis clos presque total et pourtant, on ne peut s’empêcher de tourner les pages pour savoir la suite.

Un extrait : J’étais près de la porte, là où les femmes devaient attendre. Allongée face contre terre, bras écartés sur le sol dur qui me refusait et que j’embrassais, désirant cette vie, cette mort. Je savais qu’il y avait des gens à proximité, des villageois venus pour regarder ou pour prier, mais je n’en ai vu aucun. Des voix dans le sanctuaire qui semblaient très éloignées psalmodiaient un chant, un chant funèbre, des prières pour moi. J’en connaissais les paroles : je les avais lues et relues, mémorisées, mais à présent elles n’étaient qu’un son. L’humidité froide de la pierre m’a pénétrée jusqu’aux os ; je n’ai pas senti les gouttes d’eau sur mon dos, leur fraîcheur bienfaisante. J’étais devenue pierre.
L’évêque m’a relevée, mes jambes étaient lourdes, et il m’a guidée vers l’autel. J’ai pris les cierges qu’on me donnait ; une flamme brillait à présent dans mes mains et je ne pouvais rien voir au-delà. Quelque part à l’extérieur du halo de lumière, les paroles de l’évêque m’ont implorée :

- Aime de tout cœur Dieu et ton prochain.

Je me suis agenouillée et j’ai prié.
Il y a eu des mots, des pages et encore d’autres mots : j’ai signé tout ce qu’on me demandait. J’ai entendu tinter la chaîne de l’encensoir. Lentement, le parfum doux-amer de l’encens m’a enveloppée comme un voile, comme des bras qui m’enlaçaient.
Ils m’ont conduite jusqu’à la porte d’entrée, loin des gens et de la lumière des cierges, puis dehors dans la nuit, noire et glaciale. Nous avons traversé le cimetière ; l’herbe était mouillée sous mes pieds, les morts m’entouraient.
Un chant s’est élevé dans les ténèbres, « Que les anges te guide jusqu’au paradis » ; c’était le cantique que nous avions chanté pour maman quand elle était morte, et plus tard pour Emma. Nous nous sommes arrêtés devant la cellule et les mains chaudes qui me tenaient les bras se sont retirées. Je me suis mise à frissonner. L’évêque a lancé :

- Si elle veut entrer, qu’elle entre.

La porte s’ouvrait sur les ténèbres. J’ai pris une profonde inspiration et ai pénétré à l’intérieur. Tout autour de moi n’était qu’obscurité et je sentais l’humidité sur mon visage. Des voix douces chantaient : « fais preuve de patience, ton désir de Dieu est proche. » Ils m’ont déposée par terre ; de la poussière et des mots sont tombés sur moi, à l’intérieur de ma bouche et dans mes yeux. La mort me désirait et je l’ai acceptée :

- Je resterais ici pour toujours ; c’est la maison que j’ai choisie.

Je pouvais sentir mes os, blancs et inertes contre le sol noir ; des vers se tortillaient entre mes côtes comme de la laine sur un métier à tisser. Au cœur de ces ténèbres, je suis morte. Mon corps s’est décomposé, désagrégé, est retourné à la terre. Ils sont partis et m’ont laissée seule.

 

Commentaires

  • C'est vrai que l'extrait que tu as choisi montre que Sarah ne semble pas du tout heureuse de devenir recluse ! Elle a l'air de vivre ça comme une automate, comme si ça ne la concernait pas.

    Mais au final, tu as aimé ce livre ou pas ?

  • Oh oui, crois moi quand j'aime pas un livre, je le fais savoir. Idem quand c'est un coup de cœur. Quand je m'étend pas, c'est que j'ai aimé, même beaucoup aimé, mais ce n'est pas un coup de coeur

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