Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[Livre] Les filles de joie – T02 – L’heure bleue

les filles de joie tome 2 l'heure bleu.jpg

Résumé : Au Magnolia, Victoire s'habitue tant bien que mal à sa nouvelle vie. La routine y est lourde, cependant, avec ces hommes qui défilent sur elle soir après soir, comme un flot qui ne s'arrête jamais. Les permissions de sortir pour se changer les idées sont rares et les filles de joie doivent se soutenir mutuellement pour supporter leur vie particulière. Cela devient d'autant plus difficile avec Madame Angèle, qui ne manque pas une occasion de leur soutirer un maximum d'argent, et avec le fils de la matrone qui se fait de plus en plus envahissant. Victoire, d'abord éblouie par cette vie de luxe, découvre le revers de la médaille. Et ce n'est pas joli à voir… Heureusement, même si Clémence est toujours la grande favorite de la maison, Victoire a su se faire une place auprès des clients. Parmi eux, il y a Laurent, qui s'est pris d'une étrange passion pour elle et qui l'invite maintenant à des soirées privées. Là, la jeune femme fait la connaissance d'Émile, un artiste peintre sans le sou qui la fait poser pour lui et avec qui, pour la première fois, elle se sent en confiance. Mais une compétition entre Laurent et Émile s'installe, et Victoire est encore trop inexpérimentée aux jeux de la courtisanerie pour en saisir les véritables enjeux. Avant tout, elle doit apprendre à se protéger. Vendre son corps, oui, mais préserver son âme à tout prix et ne jamais perdre de vue son objectif : quitter le Magnolia. Y parviendra-t-elle un jour ?

 

Auteur : Lise Antunes Simoes

 

Edition : Les éditeurs réunis

 

Genre : Drame

 

Date de parution : 2013

 

Prix moyen : 7€

 

Mon avis : Ce que j’apprécie beaucoup dans ce livre (et même dans cette série), qui nous vient du Quebec, c’est qu’il n’est pas émaillé d’expressions typiquement québécoises qui rendent la lecture difficile pour ceux qui ne les connaissent pas. Il y a certains livres que j’ai du abandonner à cause de ça. Ici, je suis déjà à la moitié du second tome et je n’ai croisé que « chicane » (et ça va, jusque là, j’y vais !).

Dans ce tome, Victoire, bien qu’encore naïve sur certains points, commence à réaliser ses erreurs et les réalités de la vie et surtout de celle qu’elle mène.
Elle s’est plus ou moins habituée à ses clients et contrôle du mieux qu’elle peut ses économies dans l’intention de rembourser au plus vite sa dette, ce qui n’est pas facile tant Madame Angèle est prompte à appliquer des amendes faramineuses à la moindre incartade (réelle ou inventée).
Deux évènements graves ont eu lieu, qui ont mis en péril cet équilibre qu’elle a péniblement acquis, mais elle s’accroche. Elle est peut être parfois butée et inconsciente, mais une chose est sûre, elle s’accroche.
Elle va même commencer à s’enhardir, consciente que le seul moyen de tourner le dos à ses activités de prostituée est de rembourser sa dette.
Madame Angèle est une vraie garce mais j’ai l’impression qu’elle oscille entre désir de conserver le pouvoir, de gagner de l’argent sans vendre son propre corps et la peur de voir sa maison s’effondrer devant la révolte des filles.
Le fils de Madame Angèle, Henri, est vraiment un salopard et j’espère toujours qu’il va recevoir la monnaie de sa pièce. Quand on se conduit comme ça avec ceux qu’on considère comme inférieur, on fini par le faire avec quelqu’un de pas très recommandable et à l’époque, un coup de couteau est si vite parti. J’espère vraiment qu’il finira par avoir ce qu’il mérite.
La décision de Victoire a de quoi surprendre quand on sait non seulement ce qu’elle a déjà vécu et ce que son amie Toinette lui a raconté.
Elle m’a surprise et j’ai hâte de lire le troisième tome pour connaître les conséquences de sa décision.

Un extrait : Cela faisait maintenant plusieurs mois que Victoire était arrivée au Magnolia. Dehors, la neige ne tombait plus aussi souvent. C’était le temps des grands froids, et l’épaisse couche blanche qui recouvrait la ville avait glacé en figeant tout sur son passage. Les rues principales, dégagées à grand mal, restaient encore praticables, mais les rues secondaires disparaissaient sous la neige et Montréal vivait au ralenti, comme si rien ne comptait plus en dehors de la chaleur des foyers. La rue Clark n’échappait pas à la règle : des congères énormes s’amoncelaient sur les trottoirs, rendant périlleuse la circulation des piétons et impossible celle des voitures. Depuis les fenêtres du Magnolia, où Victoire aimait se poster pour observer la vie au-dehors comme une chatte qui s’ennuie, il n’y avait maintenant plus grand-chose à regarder. Quant au joli jardin où les filles déambulaient habituellement pendant des heures, il était enfoui sous trois pieds de neige. On y avait ménagé quelques sentiers pour que les filles puissent se dégourdir un peu les jambes, mais le froid était si vif qu’il les décourageait. Aucune d’elles ne possédait de vêtements assez chauds pour supporter des températures si basses.

Parfois, le ciel extraordinairement bleu et la lumière vive attiraient les gens dehors. On venait alors par centaines patiner sur les étangs et sur le fleuve gelé, on organisait de grandes fêtes, on allumait partout des braseros et des flambeaux, et le peuple redécouvrait sa ville sous la neige. Mais cette vie-là ne parvenait pas jusqu’au bordel de Madame Angèle, où les filles cloîtrées ne sortaient guère que pour se rendre discrètement à l’église ou bien pour accompagner un client en ville. Elles devaient se contenter de rêver en écoutant les hommes raconter leurs sorties familiales, d’autant que la maison elle-même semblait rapetisser pendant l’hiver. On ne lésinait pas sur le bois pour chauffer les salons le soir, quand les clients étaient là et que les filles s’effeuillaient lentement tout au long des heures, mais dans la journée seul le premier des trois était allumé. Entre la chaleur relative de leurs lits, au grenier, et celle du premier salon ou du foyer de la cuisine, les options étaient restreintes pour passer la journée.

Cette vie recluse rendait Victoire nostalgique. Les grands prés immaculés de Boucherville lui manquaient, ainsi que le Saint-Laurent gelé sur lequel elle s’était toujours aventurée avec intrépidité, même lorsque la glace, pas encore assez solide, craquait sous ses pas. Elle aurait bien aimé, elle aussi, s’emmitoufler jusqu’au nez dans des pelisses et des écharpes de laine douce et aller assister aux fêtes hivernales qui se déroulaient sur le bord du fleuve, mais elle devait se contenter des jeux de cartes au coin du feu. Dans ce contexte, aider Anne à passer l’argenterie au blanc d’Espagne ou bien confectionner ces petits pains dont Dorine avait le secret devenait une activité de choix. Tout était bon pour tuer le temps, en attendant huit heures, heure à laquelle le Magnolia ouvrait ses portes. C’étaient les clients qui, en s’installant dans les salons, apportaient les nouvelles de l’extérieur et le vent frais dont les filles avaient besoin pour ne pas mourir d’ennui dans le confinement de leur maison.

 

Écrire un commentaire

Optionnel