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[Livre] Garde tout, surtout les gosses

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Résumé : Florence et Denis Leroy ont tout réussi. Ils ont une belle maison, deux belles carrières et trois beaux enfants. Mais aujourd'hui, après vingt ans de mariage, ils divorcent. Problème : ni l'un ni l'autre ne veut la garde des enfants, trois ados insupportables ! Face à ce cas exceptionnel, c'est à leurs " chers petits " que le juge remet la décision de choisir avec quel parent ils veulent vivre. Pas évident : l'aîné, 17 ans, est un ado lymphatique, la cadette, 16 ans, est en plein éveil sexuel et le petit dernier, 12 ans, est un surdoué introverti. La partie ne fait que commencer, un match que chacun compte bien remporter afin de ne plus être soumis aux contraintes familiales... 

 

Auteur : Guillaume Clicquot

 

Edition : Hugo roman français

 

Genre : humour

 

Date de parution : 15 janvier 2015

 

Prix moyen : 15€

 

Mon avis : Dès les premières pages, on constate de nombreuses différences avec le film inspiré de ce livre.
Le métier de Florence n’est pas le même et surtout sa promotion lui est proposée bien avant le divorce. Denis est plus antipathique que sa version cinéma. Dans celle-ci, s’il a bien une aventure, elle n’a lieu qu’alors que lui et sa femme ont déjà entamé la procédure de divorce. Ici son infidélité existe depuis des années, et Florence ferme les yeux, ne cherchant pas vraiment à savoir jusqu’à ce que la preuve lui saute à la figure.
Contrairement au film, la Florence du livre est affligeante de naïveté, gobant allégrement les mensonges de son mari alors même qu’elle vient de le prendre en flagrant délit quelques minutes plus tôt.
Dans le livre, Denis est beaucoup plus cruel que Florence dans ses actes pour pousser les enfants à le détester. Il en devient limite dangereux. Cependant, elle n’est pas en reste. Mais là où Denis est parfaitement conscient de ses actes, Florence est toujours dans une sorte de monde à part qui nous fait sans cesse nous demander si elle est conne ou juste inconsciente.
J’ai bien aimé vers la fin du livre, la riposte des enfants et les conséquences qui en découlent. Il est dommage que cela n’ait pas été repris dans le film parce que dans ce dernier j’ai trouvé que les gamins s’en tiraient à bon compte, sans avoir eu à vraiment prendre conscience de leur attitude.
La fin est sans surprise, et c’est dommage, mais le déroulé du livre était amusant.


Un extrait : Huit longues années que Florence s’épanchait auprès de lui des tourments de sa vie avec son cortège d’interrogations sur ses échecs éducatifs et l’affection réelle que ses enfants lui portaient. Les rares effusions d’attachement n’étaient plus que calcul et deal pour obtenir une faveur. Julien distribuait des baisers machinalement, de furtifs bonjour-bonsoir pour endormir la vigilance parentale et échapper ainsi aux questionnements sur son niveau scolaire. Emma ajustait ses câlins en fonction de ses besoins matériels, du planning de ses sorties nocturnes et afin d’obtenir l’absolution pour ses conquêtes masculines dont le turn-over donnait le vertige. Pour le dernier, Arthur, le contact physique avait toujours été une torture, surtout en public. L’obligation de tendre la joue pour dire bonjour à des inconnus sous prétexte d’être un petit le répugnait. Certes, plus jeune, il y avait quelque chose de mignon chez le dernier de la fratrie. Néanmoins, son regard méfiant, introspectif et décontenançant, repoussait les plus audacieux à le saluer. En grandissant, Arthur avait imposé cette même distance à ses parents. Florence avait donc assisté, impuissante, à la transformation de ses enfants. Aujourd’hui, Julien la désespérait. Il ne souffrait pas de procrastination, car il lui aurait fallu avoir des projets à remettre au lendemain. Il n’était pas non plus velléitaire, tant son absence d’envie émanait de sa personne; aucune volonté, aucune ambition paraissaient réveiller sa vie végétative. Il était l’aîné, celui sur qui l’on fonde tous les espoirs, celui qui profite des grandes théories éducatives qu’on expérimente, celui qui a ses deux parents rien que pour lui au début de son existence. Et pourtant que restait-il de tous ces avantages ? Rien. Néant : un légume ! Emma, pour sa part, devait suivant toute logique bénéficier de l’expérience acquise avec son frère aîné et de l’image exemplaire que lui renvoyait sa mère. Petite princesse de son papa, il n’en fut rien. Très vite la jeune fille avait su imposer ses caprices et, quand son père résistait, sans le moindre scrupule, elle basculait dans le camp de sa mère. Tantôt elle usait de ses charmes avec lui, tantôt elle revendiquait son exception féminine auprès d’elle. Emma vivait donc une vie de séductrice qui slalome et évite tous les obstacles. L’ovni de la famille, Arthur, fut quant à lui détecté « précoce » dès le CP. Loin d’être une garantie de réussite scolaire, ce diagnostic entraîna une mention particulière à son égard, l’inquiétude devenant permanente. Comme tout couple bourgeois vivant dans un secteur privilégié, Florence et Denis étaient fiers de cette nouvelle qui les gratifiait d’une ascendance génétique hors pair, chose que les deux aînés n’avaient pas confirmée. Ce qui les rassurait moins, c’était l’incroyable littérature sur le sujet, les déconvenues dont ils devaient se prémunir et les signes cliniques d’un dysfonctionnement pathogène. Une armée de spécialistes fut ainsi convoquée au chevet du petit trésor. Psy, pédo-psy, orthophonistes, thérapeutes en tous genres, chacun y alla de sa théorie pour interpréter chaque comportement suspect du garçon. Loin de se sentir humilié par cet encadrement thérapeutique comme nombre d’enfants en difficulté, Arthur avait très vite apprécié ce tête-à-tête avec ces adultes dont il décodait peu à peu la logique. Il prit le parti de se faire oublier d’eux, d’observer leur monde et d’asseoir sa propre maturité à leur insu. Il sauta deux classes et talonnait Emma. Seul inconvénient de sa situation, Arthur devait subir la jalousie de ses camarades de classe qui peinaient à obtenir la moyenne, et les rackets dont il faisait les frais compte tenu de sa petite taille. Soucieux de son indépendance, il n’en faisait jamais état, car il savait son martyre limité dans le temps. Tout cet environnement hostile ne faisait en revanche qu’accentuer son isolement, son enfermement et, surtout, son dédain pour les autres adolescents. Hissé à la hauteur intellectuelle de ses aînés, il eut pour consolation d’obtenir tous les passe-droits parentaux. À présent, il avait douze ans, mais raisonnait déjà comme un adulte.

Florence devait se rendre à l’évidence, elle avait engendré les trois tares de l’adolescence : la mollesse avec Julien, l’appétit sexuel avec Emma et l’émancipation intellectuelle avec Arthur.

 

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