Résumé : " Nous avons faim, Justin, trouve-nous quelque chose ", répètent ses frères. Mais il n'y a rien à manger. Justin sent les larmes monter, la colère l'envahir aussi. Qu'est-il donc censé faire ? Justin n'a que cinq ans, ses frères ont deux et trois ans. Leur mère, héroïnomane, les a laissés seuls et affamés. Une fois de plus. La fois de trop : ce jour-là, Justin a mis le feu à la maison. Six ans et vingt foyers d'accueil plus tard, Justin est enfin arrivé dans une famille aimante qu'il a, au départ, tout fait pour rejeter.
Jusqu'au moment où il s'est progressivement ouvert et confié. Là, il est devenu évident qu'il avait atrocement souffert, au-delà de l'imaginable et du supportable...
Auteur : Casey Watson
Edition : City Editions français
Genre : Témoignage
Date de parution : 2012
Prix moyen : 13€
Mon avis : J’ai découvert cet auteur avec « la petite fille qui criait au secours ». En le lisant j’ai pu constater que c’était son second roman, sur le second enfant confié à ses soins et elle cite de temps en temps Justin, celui avec lequel elle a commencé sa « carrière » de famille d’accueil.
C’est comme ça que je me suis retrouvée avec « l’enfant que personne n’aimait » entre les mains, pour découvrir ce premier enfant et cette première expérience qui n’a pas dû être de tout repos si on en croit le résumé.
J’apprécie moins Casey Watson que d’autres personnes exerçant les mêmes fonctions qu’elle parce qu’elle semble toujours chercher la reconnaissance chez les enfants placés.
Ce qui m’a frappé dans son autre livre, et que je retrouve ici est qu’elle passe des jours à décorer la chambre qui va accueillir l’enfant, selon les goûts qu’elle imagine qu’il va avoir, et qu’elle s’attend à des cris émerveillés voire à voir le gosse se jeter dans ses bras éperdu de bonheur devant une telle chambre.
Elle oublie un peu vite que ces gamins n’ont confiance en personne, qu’ils ne la connaissent pas et qu’une chambre qui a déjà l’air d’appartenir à un autre ne va pas forcément leur plaire ou les mettre à l’aise.
Je me demande si elle a choisi ce travail par amour des enfants, ou pour le regard des autres : « quelle femme courageuse »…
La réalité du travail qu’elle a choisi va vite lui remette les pieds sur terre, même si elle et sa famille vont commettre de nombreuses erreurs dues à leur inexpérience.
Casey a beaucoup de mal avec les services sociaux. Elle ne supporte pas ceux qui traitent les enfants comme des dossiers sans se préoccuper d’eux plus que ça et le protocole qu’on lui impose lui pèse parfois car il n’est pas toujours dans le meilleur intérêt de l’enfant.
Je crois que le plus dur pour Casey dans ce premier placement a été d’accepter le fait qu’elle ne ferait que passer dans la vie des enfants qui lui sont confiés, que son rôle n’est que de les remettre sur les rails avant de passer la main à une famille d’accueil traditionnelles. Et que les enfants, s’ils peuvent décider de rester en contact avec elle après leur départ, peuvent tout aussi bien décider de couper les ponts.
Entre chaque enfant qui leur est confié, Casey et son mari n’ont que deux semaines de vacances et leur référant lui rappelle constamment que, même si elle doit se donner à fond pour les enfants qui sont placés chez eux, elle doit s’endurcir et ne pas oublier que ce qu’elle fait est un travail.
Un extrait : J’avais rencontré Justin le mardi précédent. À vrai dire, cela ne faisait qu’une semaine qu’on nous avait suggéré ce placement, et huit jours que j’avais quitté mon travail à l’établissement secondaire de notre village. La semaine avait été intense, car tout était arrivé très vite.
Et, même si Mike et moi n’étions pas encore habitués à ce mode de fonctionnement, nous avions saisi la gravité de la situation. John Fulshaw, notre contact dans l’agence de placement en famille d’accueil, avait été très clair : ce n’était pas une décision à prendre à la légère. Nous ne savions pas encore à quel point il avait raison.
John avait été désigné comme notre contact dès notre inscription à l’agence, et nous nous sommes immédiatement bien entendus. Nous le connaissions assez bien, désormais, et, si John se faisait du souci, je ne pouvais que m’inquiéter. Cela dit, nous ne nous attendions pas à ce que les choses soient faciles. Mike et moi ne nous étions pas engagés dans l’accueil traditionnel. Nous étions censés pratiquer une sorte d’accueil intense, sur du court terme, en appliquant un nouveau programme de gestion du comportement. Après que ce concept eut été testé avec beaucoup de succès aux États-Unis, certaines municipalités du Royaume-Uni avaient décidé de le financer. Il concernait les enfants considérés comme « non plaçables » – ceux qui avaient déjà été en familles d’accueil et pour qui la seule autre option était d’être confiés de façon permanente à une institution. Mais pas n’importe quelle institution ; en principe, ils avaient déjà essayé les maisons d’enfants : il s’agissait malheureusement de centres d’éducation surveillée, la plupart de ces jeunes étant coupables de délits.
— Le problème, m’avait dit John lors de notre première conversation au sujet de Justin, c’est que nous savons très peu de choses sur lui et son passé. Et ce que nous savons n’est pas d’un grand secours. Depuis ses cinq ans, il a été placé dans vingt foyers différents, sans succès. Il a connu plusieurs familles d’accueil et maisons d’enfants. Autant dire que vous êtes plus ou moins notre dernière chance. J’aimerais donc venir vous parler de lui, à tous les deux. Demain, si je ne vous prends pas trop au dépourvu.
Notre petite famille avait discuté de ce coup de fil toute la soirée, tentant de déduire ce que nous pouvions du peu d’informations révélées par John au sujet de l’enfant qu’il voulait nous confier. Qu’avait pu faire ce garçon pour avoir connu vingt échecs de placement en seulement six ans ? C’était incompréhensible. Pourquoi était-il perturbé au point d’être « non plaçable » ? Mais, étant donné le peu d’éléments dont nous disposions, il était inutile de spéculer. Nous saurions bien assez tôt de quoi il en retournait.
Toutefois, le lendemain matin, John ne nous avait pas appris grand-chose de plus. Aussitôt le café servi, il nous avait confié ce qu’il savait.
— Au départ, c’est une voisine qui a prévenu les services sociaux. Justin avait été plusieurs fois chez elle pour réclamer à manger.