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[Livre] 500 expressions populaires sous la loupe

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Résumé : Dans 500 expressions populaires sous la loupe, Georges Planelles invite les amoureux de la langue française à découvrir les origines passionnantes (et souvent cocasses !) de ces petits trésors qui colorent nos conversations. Il appuie son enquête de réflexions humoristiques et de citations de circonstance, comme il le fait dans le fameux site Expressio, dont il est le créateur. Avec ce livre en main, impossible de bayer aux corneilles, c'est garanti !

 

Auteur : Georges Planelles

 

Edition : Guy Saint-Jean

 

Genre : Dictionnaire

 

Date de parution : Janvier 2015

 

Prix moyen : 19€

 

Mon avis : A vrai dire, je n’ai pas grand-chose à raconter sur ce livre. Comme l’indique le titre, l’auteur se penche en effet sur 500 expressions populaires. Alors, oui, parfois, assez rarement je dois dire, on apprend des choses qu’on ne savait pas déjà (comme le fait que l’expression est bayer aux corneilles, et non bailler aux corneilles), mais en dehors de ces quelques (et trop rares) découvertes, ce livre est globalement une déception.
Le résumé parle de réflexions humoristiques, j’en cherche encore la trace (mais l’humour, je l’admets, est très subjectif).
Il y a, en revanche, trois choses qui m’ont heurtées dans ce livre et ce bien plus qu’une simple incompatibilité humoristique :

La première : Sur bon nombre d’expressions, l’auteur ne peut pas donner d’explication ou d’origine, ce qu’il explique longuement. Si le sujet du livre avait été : les 500 expressions populaires les plus connues, j’aurais compris qu’il les cite, quitte à dire qu’il ne savait pas du tout comment cette petite phrase était devenue une expression. Mais ici, il s’agit de passer à la loupe 500 expressions. Je ne vois donc pas l’utilité de citer des expressions sur lesquelles il n’a rien à dire, puisqu’au final, il ne fait que cela : le citer, sans jamais les passer à la loupe.


La seconde : Les citations. Les citations dans ce livre sont pour la plupart horriblement frustrantes ! Pourquoi ? Parce que tout simplement, à la fin de bon nombre de paragraphes, l’auteur termine en disant, par exemple, « cette expression était déjà utilisée par Montaigne dans tel ouvrage » suivie d’une citation…qui n’a rien à voir. Alors qu’on s’attend à lire un passage de l’ouvrage dont on vient de nous parler, on se retrouve avec un extrait d’article de presse, ou extrait de roman plus ou moins contemporain. J’ai trouvé frustrant, oui, d’être alléchée par l’annonce d’un auteur et d’un ouvrage et de ne pas découvrir ce passage là.
C’est comme si dans un grand restaurant on nous vantait les qualités exceptionnelles de la viande avant de nous servir du Cabillaud…

La troisième : La condescendance de l’auteur. Celui-ci ne se mouche pas du coude, c’est une évidence, mais, à plusieurs reprises, j’ai trouvé sa condescendance envers ses lecteurs insupportable.
Un exemple parmi d’autres : L’auteur explique que telle expression, utilisée depuis plusieurs siècles, a toujours eu une origine communément admise par le peuple. Il cite alors un obscur linguiste, probablement connu et reconnu par ses pairs, mais dont la renommée ne semble pas dépasser ce cercle restreint, qui a une toute autre opinion des origines de cette expression (c’est son droit, et peut-être a-t-il raison, ou peut-être pas). Qu’il nous cite cette opinion divergente est tout à fait légitime. Mais voilà l’auteur de conclure : « Alors qui a raison ? L’érudit qui propose une opinion qu’il semble être le seul à défendre (mais à laquelle je me rallie bien volontiers, l’homme étant rarement pris en défaut) ou la masse qui en diffuse une autre ? »
C’est tout de même un comble de faire tout un livre sur les expressions populaires et d’afficher un tel mépris pour ceux qui les emploient.

J’ai vu que l’auteur avait réitéré l’expérience en se penchant cette fois sur 1001 expressions, mais, étant donné le mal que j’ai eu à arriver au bout de ces 500 là, je passe mon tour.

En extrait, je vous propose l’explication d’un des rares paragraphes qui m’ait apporté quelque chose.

Un extrait : Bayer/bâiller aux corneilles

1. Regarder en l’air, rester sans rien faire.
2. S’ennuyer.

Le verbe « bayer » qui, depuis le XIIe siècle, signifie « avoir la bouche ouverte » ne doit pas être confondu avec « bâiller » même si on ouvre généralement grand la bouche. Au XVIe siècle, par ailleurs, le terme « corneille » servait à désigner des objets insignifiants, sans importance. Ce terme pouvait aussi bien désigner l’oiseau, présent en grande quantité à cette époque, que le fruit du cornouiller.

« Bayer aux corneilles » voulait donc dire « rester bouche ouverte à regarder en l’air » ou « contempler ou désirer des choses sans intérêt ».

Le verbe « bayer » étant tombé en désuétude (il n’est plus employé que dans cette expression), on le remplace souvent erronément par « bâiller » et l’expression prend alors le second sens proposé ; les corneilles deviennent alors un complément quasiment inutile et incompris dans ce contexte.

 

Commentaires

  • Que voici une belle critique : précise, rigoureuse, courageuse… !
    Elle apporte vraiment quelque chose au lecteur potentiel et tant pis si l'auteur en question est égratigné, certains se moquent un peu du monde.
    Comme cette critique le démontre, on ne peut (évidemment) pas faire confiance aux résumés proposés par les éditeurs (de même qu'un dictionnaire ne vous dit pas comment il faut parler mais comment VOUS parlez, un résumé d'éditeur est fait pour vendre le livre, non pas pour vous dire ce qu'il est vraiment ; un éditeur n'est pas un critique, c'est un vendeur).
    J'ai beaucoup apprécié aussi votre rubrique "blogs littéraires" en colonne de gauche ; j'en ai mis certains dans mes propres signets car ce sont, sinon mes concurrents, du moins mes confrères en littérature et critique littéraire.
    Je vous signale donc en passant mon blogue "Le bien écrire" à l'adresse :: lebienecrire.hautETfort.com.
    Jetez-y un œil si vous voulez et s'il vous agrée, pourquoi ne pas le signaler dans vos Blogs littéraires ?
    Cordialement
    Brugel

  • Je ne sais pas bien si elle est courageuse (il y a peu de chance que je trouve l'auteur armé d'un fusil sur le pas de ma porte), mais j'ai du mal à rester diplomate devant la condescendance.
    Je vais aller voir votre site.

  • Merci.
    À bientôt, dans un blogue ou un autre !

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