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[Livre] Une fille parfaite

La victime a-t-elle été choisie au hasard ?

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Résumé : « Je la suis depuis plusieurs jours. Je sais où elle fait ses courses, où elle travaille. Je ne connais pas la couleur de ses yeux ni comment est son regard quand elle a peur. Mais je le saurai bientôt. »

Auteur : Mary Kubica

Edition : Mosaïc

Genre : Thriller

Date de parution : 29 avril 2015

Prix moyen : 20€

Mon avis : Les chapitres sont du point de vue de trois personnages : Eve, la mère de Mia, Gabe, le policier chargé de l’enquête, et Colin, le kidnappeur. Ils alternent entre précédemment et après, le point de référence étant le retour de Mia auprès de sa famille.
Dans précédemment nous voyons le déroulement de l’enquête, l’angoisse de la mère et le déroulement réel du kidnapping et de la détention de Mia. Dans Après, Mia semble avoir perdu la mémoire et sa mère et le policier essaient désespérément de l’aider à la retrouver, l’une parce qu’elle veut retrouver sa « parfaite » petite fille à tout prix, l’autre parce qu’il craint que le kidnappeur n’ait eu des complices et que Mia soit toujours en danger tant qu’il n’en saura pas plus.
Il est très facile de passer d’un personnage à l’autre, bien que chacun parle à la première personne. Ce n’est pas que le fait que le personnage concerné est identifié en début de chapitre ainsi que la période à laquelle il s’exprime, mais un changement de ton qui fait que l’on sait d’instinct que l’on ne lit plus les pensées du même personnage.
Le père de Mia, James, est odieux, à plus d’un titre et on se demande ce qui a bien pu attirer sa femme chez lui. On se demande aussi comment un couple aussi conventionnel a pu élever deux filles aussi différentes l’une de l’autre. Grace, l’ainée, semble être le portrait de son père, bien qu’elle soit quasi inexistante du récit. Mia, elle, a refusée de suivre le chemin préétabli par ses parents et a décidé d’évoluer dans sa propre voie, ce qui, aux yeux de son père, semble être le pire des crimes.

Quand j’ai lu le résumé, dans un premier temps, j’avais pensé à une histoire de harcèlement. Je n’avais pas pensé à un kidnapping. Mais on comprend très vite de quoi il retourne, dès les premières pages.
J’ai beaucoup aimé l’évolution de la relation entre Mia et son kidnappeur lorsqu’ils se retrouvent dans cet endroit isolé, avec des températures si basses qu’ils doivent collaborer s’ils ne veulent pas mourir de froid.
On imagine très bien les lieux et bizarrement la maison des parents de Mia avec tout son luxe et son confort est aussi lugubre que le chalet perdu au fin fond d’une forêt, sans chauffage et plein de courants d’air. L’un est lugubre du fait de sa composition (la forêt, le lac gelé, l’isolement), l’autre l’est du fait de la froideur des personnes qui l’habitent et en particulier de James qu’on sent presque indifférent à ce qu’il se passe et seulement préoccupé de sa « réputation ».
Quand je suis arrivée à la fin de ce livre, j’ai presque eu l’impression qu’il avait deux fins distinctes : le dernier chapitre qui clôt plus ou moins l’histoire dans les sentiments et les pensées des personnages narrateurs ; et l’épilogue, le seul raconté par Mia, qui fait l’effet d’un coup de poing dans l’estomac tant on ne s’attendait pas à ce qu’elle nous révèle, à nous les lecteurs, et qu’elle a tu et continue de taire à son entourage.
Il n’y avait pas beaucoup d’action dans ce roman, et, contrairement à beaucoup de polars, il ne faisait pas peur, mais il m’a tenue en haleine jusqu’au bout !


Un extrait : Rien de bien compliqué. J’ai payé un type pour qu’il reste à son travail un peu plus longtemps que prévu. J’ai suivi la fille jusqu’au bar et me suis assis à un endroit d’où je pouvais l’observer sans être vu. J’ai attendu le coup de téléphone et quand elle a compris qu’il lui avait posé un lapin, j’ai fait mon approche.

Je ne sais pas grand-chose sur elle. J’ai vu une photo. Une photo floue d’elle sortant du métro, prise depuis une voiture garée à quelques mètres de là. Une dizaine de personnes séparent le photographe de la fille, si bien que quelqu’un avait pris la peine d’encercler son visage au stylo rouge. La cible. Au dos du cliché, les mots « Mia Dennett » et une adresse. On me l’a donnée il y a près d’une semaine. Je n’ai encore jamais fait un truc pareil. Quelques larcins. Du harcèlement. Jamais encore de kidnapping. Mais j’ai besoin d’argent.

Je la file depuis quelques jours. Je sais où elle fait ses courses, où elle donne son linge à nettoyer, où elle travaille. Je ne lui ai jamais parlé. Je serais incapable de reconnaître le son de sa voix. Je ne connais pas la couleur de ses yeux ou leur expression quand elle est effrayée. Mais je ne vais pas tarder à le découvrir.

J’ai commandé une bière que je ne bois pas. Pas question de prendre le risque d’être soûl. Pas ce soir. Pour autant, je ne tiens pas non plus à attirer l’attention sur moi. D’où la bière pour ne pas rester les mains vides. Le coup de téléphone la met en colère. Elle sort pour répondre et, quand elle revient, son visage affiche un air frustré. Elle envisage de partir, puis décide de terminer sa consommation. Elle sort un crayon de son sac et commence à gribouiller sur une serviette en papier, écoutant l’abruti qui déclame de la poésie sur scène.

J’essaye de ne pas y penser. J’essaye de ne pas penser au fait qu’elle est mignonne. Je me concentre sur l’argent. J’ai besoin de cet argent. Ça ne doit pas être bien difficile. Dans deux heures, tout sera fini.

— C’est beau, dis-je en indiquant le dessin d’un signe de tête.

C’est tout ce que j’ai trouvé. Je ne connais rien à l’art.

Au début, elle me snobe. Elle ne veut rien avoir affaire avec moi. Ce qui me facilite les choses. Elle lève à peine les yeux de la serviette quand je la complimente sur la bougie qu’elle a dessinée. Elle veut que je la laisse tranquille.

— Merci, dit-elle sans me regarder.

— C’est un peu abstrait.

Apparemment, j’aurais mieux fait de me taire.

— Vous pensez que c’est de la merde ?

Un autre homme aurait éclaté de rire. Il aurait dit qu’il plaisantait et l’aurait abreuvée de compliments. Pas moi. Pas avec elle.

Je me glisse sur la banquette. Face à n’importe quelle autre fille et n’importe quel autre jour, j’aurais tourné les talons. Je ne me serais même pas approché de la table pour commencer, la table d’une fille qui ressemble à une garce, en rogne qui plus est. Je laisse le baratin, le flirt et toutes ces conneries à d’autres.

— Je n’ai pas dit ça.

Elle pose la main sur sa veste.

— J’allais partir, dit-elle en vidant son verre d’un coup et en le reposant sur la table. Je vous laisse la place.

— Comme Monet. Monet dessine ce genre de trucs abstraits, n’est-ce pas ?

J’ai dit cela exprès.

Elle me regarde. Je suis sûr que c’est la première fois. Je souris en me demandant si ce qu’elle voit est assez intéressant pour qu’elle retire la main de sa veste. Le ton de sa voix s’adoucit. Elle prend conscience de s’être montrée un peu sèche. Peut-être pas une garce, finalement. Peut-être juste une fille en colère.

— Monet est un impressionniste, explique-t-elle. Picasso fait de l’art abstrait. Tout comme Kandinsky ou Jackson Pollock.

Jamais entendu parler de ces types. Elle a toujours l’air décidée à partir. Je ne m’inquiète pas. Si elle part, je la suivrai jusque chez elle. Je sais où elle habite. Et j’ai tout mon temps.

 

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