Quand on vous dit qu'il ne faut pas faire de stop!
Je remercie les éditions « Mon petit éditeur » pour cette lecture
Résumé : C'est l'histoire d'un dernier lieu où une improbable litanie d'individus est venue solder ses comptes. Marc est l'un d'eux. Scénariste pour séries télé, il croise, huit ans après l'avoir vu abattre deux hommes, celui qu'il a surnommé Victor-Terreur.
Condamné à fuir, courant dans Paris, Marc tombe sur une affichette qui lui soumet l'idée de se faire passer pour un pasteur au sein d'une clinique Évangélique.
Marc, y voit là le moyen d'échapper à cet homme et un clin d'œil surgi de l'enfance. Il accepte l'étrange proposition et débarque dans une curieuse clinique située à tout juste dix km du village où sa mère et sa grand-mère ont trouvé la mort six ans plus tôt, dans un étrange accident de voiture en bordure de Loire.
Dans cette demeure, Marc va, au détour des couloirs, croiser d'improbables personnages. La femme à la double vue, la fille à l'œil de verre, l'infirmière décolletée, la chanteuse de comptine, l'artiste peintre, l'archer, l'improbable neveu, le tueur retraité, l'alpiniste soupçonneux, et puis l'enfant qui ne dormait pas. Lui qui croyait échapper à son passé et à la peur, va finalement rencontrer un truc inimaginable, inintelligible et dingue.
Auteur : Laurent Bernard
Edition : Mon petit éditeur
Genre : Thriller
Date de parution : 2013
Prix moyen : 19€
Mon avis : L’idée de départ est intéressante dans ce livre, l’écriture est agréable bien que le découpage en longs paragraphes plutôt qu’en chapitres soit inhabituel.
Tout était réuni pour que le livre soit génial, et, comme on dit, il se laisse lire. Mais quelque chose me chiffonnait et j’ai mis un bon moment à mettre le doigt dessus et cela tient en une phrase : trop de coïncidences tue la coïncidence.
C’est exactement cela, il y a trop de coïncidences à un point de cela devient invraisemblable.
Bon, 8 ans plus tôt, le narrateur, Marc, se fait prendre en autostop sur la route de Carcassonne. Mauvais endroit, mauvais moment, mauvaise personne, il se retrouve complice et témoin d’un double meurtre assorti de cette menace : si je te revois un jour, je te tue.
Jusque là, ok, il faut bien un commencement.
8 ans passent et, en sortant du bureau de son patron, paf, voilà-t-il pas que Marc tombe nez à nez avec le même sale type qui bien sûr le reconnait tout de suite.
Suite à un certain nombre événements, Marc se fait passer pour un pasteur, quitte Paris, et va s’enterrer dans une clinique au fin fond de la Drôme… Et là re Paf, il se trouve que le tueur a des connaissances dans cette même clinique, est responsable d'événements dont Marc n’avait pas connaissance mais qui le touchent de près…
Bref, trop de coïncidences pour être crédible. La fin aussi est complètement inimaginable. Les événements du dernier chapitre sont comme effacés, comme s’il ne s’était rien passé, ce qui est plus qu’improbable.
Bref, ce qui domine ce livre c’est l’invraisemblance et une invraisemblance que je n’ai même pas rencontré dans des romans de fantasy (qui pourtant pourraient se le permettre).
Cela a quelque peu gâché le plaisir de la lecture. J’aurais préféré une traque en bonne et due forme. Une raison plausible de l’arrivée du tueur dans ce village perdu (travail de recherche, intimidation, voire torture de l’entourage…).
Ici rien n’est expliqué, rien ne se finit vraiment.
Un extrait : Il y a huit ans, j’en avais 22, nous venions de gagner une coupe du monde, et durant ce même été, j’avais fait un truc qu’il ne fallait pas parce que j’avais été là où il ne fallait pas.
Et aujourd’hui que je suis assis dans un compartiment de train face à un homme d’église, je ne peux m’empêcher de penser que la vie a le chic pour que ce qui était prévisible n’arrive jamais.
Je monte dans une BMW grise, 22 degrés
Lorsque la voiture s’était arrêtée au bord de la route, j’avais été soulagé. La première chose que je remarquai fut que vu le modèle, il devait y avoir la clim à l’intérieur. Une belle berline, classique, une marque allemande, gris métallisé. Je marchais déjà depuis un bon moment, depuis le matin très tôt, avec un sac à dos bien chargé et ce depuis trois semaines. Et comme tous les jours, arrivé le cœur de l’après-midi je crevais de chaud et je commençais à en avoir marre.
Le type au volant allait certainement m’avancer plus vite qu’à pied. Peut-être pas jusqu’à Carcassonne mais m’avancer quand même.
— Merci de vous arrêter, lui dis-je une fois sa voiture garée sur le bas-côté.
— Pas de souci, montez, me répondit-il.
L’homme, la quarantaine, un polo bleu uni, une veste légère posée sur son dossier, semblait en pleine forme. Un corps alerte, fort, une fine barbe soignée et un visage sec qu’on pouvait associer à ces écrivains aventuriers du début du XXe siècle.
Et l’aventure se dessinait sur ses avant-bras. Un bronzage net, des muscles saillants et deux cicatrices qui laissaient imaginer des coups de couteaux.
Alors que je montais dans sa voiture, l’homme me délivra un sourire que je jugeai à la fois bienveillant, apaisant et en même temps intimidant.
Il était d’autant plus impressionnant qu’il semblait l’ignorer. Lui et sa voiture étaient impeccables mais n’avaient pas l’air totalement à leur place sur cette route.
Je fis gaffe à ne rien salir et déposai mon sac à l’arrière. L’homme enclencha la première. Il y avait la clim, 22 degrés.
— Qu’est-ce que vous faites sur cette route, me demanda-t-il après quelques secondes.
— Je parcours le GR de château en château depuis maintenant trois semaines.
— Super, beau projet, et vous allez où comme ça ?
— Idéalement jusqu’à Carcassonne si cela vous est possible.
— Oui, mais pourquoi remonter aussi haut et aussi vite ?
— Je commence à trouver le temps long, trois semaines, et puis j’ai envie de rentrer.
— Et où ça ?
— Paris, et puis de toute façon la rentrée approche.
— Vous êtes étudiant ?
— Oui, en fac de lettres.
Le type sourit.
— Moi aussi j’aurais bien aimé faire des études de lettres, ajouta-t-il.
— Oh, pas de regrets à avoir, ça sert à rien.
— Pas sûr puisque vous êtes là.
C’est alors moi qui souris. Puis l’homme introduisit un disque dans son autoradio. The Band, Long Black Veil. Je connaissais le groupe et le morceau, des héros de mon père. Il était parti quand j’avais dix ans, une drôle de maladie, me laissant ses disques et le souvenir de deux parties de chasse alors qu’il n’aimait pas ça. Le type tapotait sur son volant.